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Critiques de Banana Yoshimoto (104)
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Kitchen

Une auteure prénommée Banana qui écrit Kitchen, je me dis: ça démarre bien, quelle poilade, go.

Evidemment à côté de la plaque totale. Car les thèmes de prédilection de Banana Yoshimoto tournent plutôt autour du deuil, de la mort, de l'abandon, de la solitude. Oups... Donc de poilade même pas le début d'un soupçon d'une micro-miette ici. Hop, on dégage le nez rouge, on sort les mouchoirs.



Au fil des deux nouvelles, on va donc croiser la mort sous toutes ses formes : maladie, meurtre ou accident, avec cette même conclusion : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Yoshimoto (on oublie Banana, on se concentre) illustre le célèbre vers de notre Alphonse en jonglant entre violence de la perte de l'être cher et douceur et force des protagonistes. Tous ont en commun d'avoir perdu la personne la plus proche d'eux, leur repère, leur raison de se lever le matin. Le monde s'écroule alors, douleur et isolement envahissent les coeurs, le goût de vivre s'estompe. Mais autre point commun, tous sont jeunes, la vingtaine, âge auquel la vie prévaut, les larmes laissant vite place à la perspective de jours meilleurs (âge aussi de l'auteure lorsqu'elle publie Kitchen). Allez hop, rangez les mouchoirs.



Yoshimoto signe finalement un ouvrage épuré, empreint d'onirisme et débordant d'espoir et de sensibilité bien plus que larmoyant ou marqué d'un pathos affecté.

Le deuil amènera nos héros à réfléchir plus tôt que prévu sur le sens de la vie, et leur jeunesse, leur optimisme et leur fraîcheur les aideront à surmonter la détresse et se reconstruire. Sans effacer une tristesse palpable et inévitable, l'amitié, l'amour, la sincérité et la simplicité des sentiments apaiseront les douleurs.

 

La poilade, on l'oublie définitivement, pour ne retenir qu'un doux moment de pureté, de délicatesse et un éloge à la vie avant tout.
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Kitchen

Mikage, la vingtaine, seule au monde après le décès de sa grand mère, invitée par le jeune fleuriste Yûichi et sa drôle de mère Eriko.

Satsuki, la vingtaine et le réconfortant Hiiragi. Dans le même accident elle a perdu Hitachi et lui Yumiko.



Avec délicatesse et subtilité Banana Yoshimoto aborde le deuil difficile quand l'adieu n'est plus possible, le réconfort d'une amitié tellement plus forte que l'amour, d'adorables personnages décalés, comme Hiiragi qui porte les tenues de lycéenne de sa copine décédée, la mystérieuse Urara à l'instinct animal.



C'est plein de fraicheur comme un jogging dans l'aube bleue de la rivière.

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Kitchen

En 1988 est publié un recueil d'un roman et une nouvelle d'une auteure japonaise de 24 ans, Banana Yoshimoto, dans laquelle, paraît-il, s'est reconnue toute une génération. J'ai moi-même découvert Kitchen bien plus tard, au moins dix ans après la publication, et seulement après avoir lu son recueil de nouvelles Lézard qui venait de paraître. Lézard m'avait tellement emballée que je me suis très vite jetée sur Kitchen, qui fait partie des livres que j'ai les plus relus. Avec le temps, je n'ai plus ressenti le besoin de le lire aussi souvent - ça faisait partie de mes lectures réconfortantes quand j'avais un coup de mou -, et les nombreuses relectures ainsi que l'âge y étant pour beaucoup, j'ai perdu peu à peu des petits morceaux de mon engouement premier. Mais j'y reste très attachée et je ne sais pas pourquoi, j'ai eu envie de le relire cette année.





Kitchen, c'est deux histoires, Kitchen proprement dit et Moonlight Shadow. Les deux sont des histoires liées à la mort, mais tandis que Kitchen raconte la naissance d'un nouvel amour, Moonlight Shadow s'attarde sur le deuil d'un amour. Les deux héroïnes ont en commun d'être des jeunes filles ordinaires de dix-huit/vingt ans, et d'être à un moment de leur vie où elles se sentent bloquées, un moment crucial où elles devront trouver comment avancer.





Dans Kitchen, Mikage vient de perdre sa grand-mère, avec qui elle vivait et qui était la seule famille qui lui restait. Devant quitter l'appartement q'elle occupe, elle va se retrouver à vivre chez Yuichi, un jeune homme qu'elle connaît assez peu, et sa mère, un personnage haut en couleurs. Mikage adore les cuisines, toutes les cuisines, elle y trouve du réconfort ; l'enthousiasme qu'elle va développer pour l'art de la cuisine ainsi que les six mois qu'elle vivra chez les Tanabe vont l'aider à passer l'étape du deuil ; quand Yuichi sera lui aussi atteint par la mort de sa mère, ils évolueront vers une relation amoureuse, à petits pas, avec des difficultés, mais en prenant leur temps.





Dans Moonlight Shadow, Satsuki vient de perdre dans un accident de voiture son amoureux, avec qui elle vivait une relation depuis quatre ans. Elle passera deux mois à végéter plus ou moins chez elle, n'arrivant pas à dormir correctement la nuit. La pratique du jogging au petit matin va l'aider à tenir le coup, et lui permettre de rencontrer une jeune femme très étrange qui lui dévoilera un phénomène curieux, lui faisant passer le cap du deuil et lui permettant enfin d'avancer.





C'était une grosse découverte pour moi quand je suis tombée sur Banana Yoshimoto, mais c'est difficile d'expliquer ce qui m'a tellement séduite il y a une vingtaine d'années. Quelque chose dans son écriture qui donne dans le contemplatif, mais d'une façon légère. Dans Moolight Shadow, par exemple, ce qui m'a le plus marquée c'est probablement la thermos de Satsuki. Lorsqu'elle court le matin, elle marque une pause sur un pont pour boire son thé chaud, avant de repartir. Plus tard elle va choisir une thermos dans un grand magasin. Je ne saurais expliquer clairement pourquoi, mais ce détail de la thermos m'est toujours, toujours resté en tête, avec cette impression que je pouvais sentir la chaleur du thé bu par Satsuki. D'ailleurs, c'est quelque chose qui me reste encore et toujours vaguement en tête quand j'utilise moi-même une thermos. C'est peut-être un peu moins prononcé, mais ce qui touche à la cuisine, et notamment l'épisode où Mikage mange du katsudon dans Kitchen, m'a laissé un peu la même sensation. Je crois que c'est ça qui m'a touchée dans ce recueil, cette façon d'éprouver des sensations très physiques, très pragmatiques, qui relèvent du quotidien. Et néanmoins, Banana Yoshimoto mêle toujours une touche de surnaturel à ce quotidien très palpable - on pourrait carrément parler de paranormal dans le cas de Moonlight Shadow, mais c'est plus subtil que ça. J'entends parler de réalisme magique, mais je n'aime pas coller une expression générique sur cette écriture qui reste pour moi spécifique et relève à la fois du tangible et de ce qui est moins palpable.





Je le disais plus haut, j'ai perdu de mon engouement pour Kitchen au fil des années, sans doute parce que je m'éloignais en âge des personnages et de l'auteure de 1988, mais aussi parce qu'à force de relectures, j'ai détecté des défauts qui m'étaient passés au-dessus de la tête pendant des années. Quand Banana Yoshimoto s'attarde un peu trop sur les sentiments de ses personnages, elle perd en finesse et en charme - d'autant que, justement, l'utilisation du quotidien teinté d'onirisme et d'irréel permettent de s'affranchir de tout propos teinté de psychologie. Et puis on sent des erreurs de jeunesse, comme la tentation de trop utiliser des métaphores, par exemple, ou des dialogues parfois surfaits (le problème de passer du japonais au français pouvant y être pour quelque chose, je n'en sais trop rien). Surtout, je crois que le texte Kitchen aurait gagné à être resserré, alors que l'auteure a tendance à s'éparpiller un chouïa.





De toute façon, j'ai la certitude que Kitchen restera un livre important pour moi, même s'il n'est pas mon livre préféré entre tous. Un livre que je connais quasiment par cœur aujourd'hui (donc pas besoin de l'emporter sur une île déserte), qui m'a touchée dès la première lecture d'une façon peu commune, et donc un livre que je ne n'imaginais même pas critiquer un jour jusqu'à ces derniers temps. Quant à réussir à rivaliser avec Sept histoires de souris ou Les Hauts de Hurlevent, c'est une autre histoire !
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Kitchen

Kitchen se compose de deux nouvelles, le première du même nom et la seconde, Moonlight shadow. Elles ont en commun d'avoir pour personnage principal une femme jeune qui vient de perdre un être cher.

Dans Kitchen, Mikage a perdu le dernier membre de sa famille, sa grand-mère. Désormais seule au monde, elle trouve refuge chez Yûichi et sa mère Eriko. Là, elle trouve peu à peu la force de se reconstruire, entourée de l'affection du jeune homme et de sa mère excentrique qui autrefois était son père. C'est en apprenant la cuisine qu'elle pourra enfin voler de ses propres ailes et se rapprocher de Yûichi.

Dans Moonlight shadow, Satsuki pleure Hitochi, son fiancé mort dans un accident de voiture qui a aussi coûté la vie à la petite amie d'Hiiragi, le frère d'Hitochi. Ces deux cœurs brisés vont se soutenir dans cette difficile épreuve.

Perte, deuil, tristesse, chagrin...et pourtant les deux récits de Banana Yoshimoto ne sont pas larmoyants. Au contraire, ils sont lumineux et porteurs d'espoirs. Peut-être est-ce dû à la jeunesse des protagonistes mais c'est bien la vie qui gagne à la fin. Les personnages, blessés, fragiles, chancelants, ne se complaisent pas dans la douleur. Ils finissent par vaincre leur chagrin et se relèvent, plus forts et prêts à affronter le monde.

Beaucoup de poésie, d'émotions, de fraîcheur et d'optimiste servis par l'écriture épurée d'une autrice, fille spirituelle de Murakami. On retrouve chez les deux auteurs la même simplicité qui cache une belle profondeur et cette touche de fantastique qui s'intègre merveilleusement au récit. Une lecture douce et émouvante.
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N.P

J'avais beaucoup aimé Kitchen. D'après Olivier Barrot (voir vidéo) N.P est le roman de la maturité. Houuuuuu ! Je préfère son roman de jeunesse. Je me suis redoutablement ennuyée.

Kazami, une jeune étudiante en littérature enquête sur le mystère qui entoure un recueil de nouvelles, intitulé N.P (North Point). Son auteur est un écrivain japonais, Sarao Takase, qui écrivait en anglais et qui avait émigré aux États-Unis. Il s'est suicidé en laissant deux enfants, Saki et Otohiko ainsi qu' un recueil de nouvelles qui ne sera jamais publié en japonais. Shoji le petit ami de Kazami s'est suicidé quelques années auparavant après avoir traduit la 98ème nouvelle. Et voilà que Saki puis Otohiko réapparaissent. Elle les avait rencontrés à un salon de littérature….

Je pensais que j'allais adorer ce livre, que c'était une histoire policière fantastique sur une malédiction autour de la traduction et qu'il y aurait beaucoup de poésie. Ben non. J'ai trouvé le récit très lourd, très mal construit, inutilement complexe avec des péripéties abracadabrantes : non seulement une nouvelle maudite et des suicides mais trois incestes. Si, si trois. Mais les gens sont quand même sympas. Les dialogues, c'est surtout plein de dialogues, ne sont pas naturels du tout. Je n'ai ressenti aucune émotion.

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Kitchen

Ce livre n'a reçu que des critiques élogieuses dans le cercle des lecteurs de ma bibliothèque ; je l'ai lu à mon tour, et j'ai été conquise par l'écriture de cette autrice japonaise qui décrit par petites touches les sentiments de ses personnages et les objets qui leur correspondent, comme dans une estampe.

Dans cette nouvelle et la suivante d'ailleurs, des jeunes gens doivent faire le deuil d'être qui leur sont chers, souvent décédés brutalement. Le chemin difficile vers le dépassement de cette souffrance est abordé subtilement.

Dans le premier cas, la jeune fille surmonte sa douleur et va de l'avant grâce à l'apprentissage de l'art culinaire (d'où le titre), le plaisir de vivre dans une cuisine parfaite, lieu de la maison qu'elle préfère et les débuts d'une histoire d'amour avec un garçon qui a subi d'une certaine façon la même perte qu'elle-même, celle d'un être extraordinaire et inoubliable (je ne peux pas trop en dévoiler...).
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Kitchen

Kitchen se compose de deux récits, Kitchen et un Moonlight shadow



L'écriture de Banana Yoshimoto est simple, composée de phrases courtes, mais j'ai rarement vu une telle capacité à engendrer une focalisation interne aussi réussie. Par le choix de ses mots, le rythme, l'auteur réussit à créer la voix narrative du personnage principal de manière très convaincante. De ce fait, je me suis senti très proche des deux personnages principaux des récits, d'autant plus que les dialogues, très bien conçus, donnent des tirades à d'autres personnages et sans tomber dans la digression inutile on voit leur personnalité transparaître de façon très convaincante.

Sans être d'une complexité psychologique étouffante, le récit tient avant tout sur la fragilité de ses personnages. Le récit est ainsi tissé peu à peu au rythme des émotions et états d'âme des personnages, le tout dans un rythme superbement orchestré.



Mais ce qui rend à mes yeux cette oeuvre précieuse, c'est sa luminosité. Les personnages de Banana sont confrontés à le perte d'un proche, au difficile travail de deuil et à la reconstruction qui s'ensuit. Mais plutôt que de s'écrouler, petit à petit ces accidentés de la vie parviennent par touches ténues mais constantes à se reconstruire. Ce lent processus est très touchant, et est de plus rare chez des auteurs japonais marqués généralement par un grand pessimisme, ce qui rend ce livre d'autant plus précieux



De plus, Banana Yosimoto m'a beaucoup réjouie car le personnage le plus charismatique de Kitchen est sans nul doute Eriko, iconique transsexuelle. Trop rares sont les livres qui abordent le sujet des personnes transgenres et les présentent sous un jour bienveillant. Ajoutons à cela que les personnages principaux de ce livre sont des jeunes femmes certes fragiles mais qui se révèlent indépendantes, et on trouve dans Banana Yoshimoto un auteur engagé, l'air de rien !



Pour conclure, un livre brillant sous des dehors modestes. A lire !
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Kitchen

Kitchen est composé de deux nouvelles dont la première donne son nom au recueil et la deuxième est Moonlight Shadow.

Kitchen s'attache à Mikage, vingt ans, qui vient de perdre sa grand-mère avec qui elle aimait cuisiner et elle décide de vivre et dormir dans la cuisine. Un ami étudiant, Yûichi, sensible à sa solitude, lui propose d'habiter chez lui avec sa mère Eriko, Mikage y découvre une famille aimante mais surtout atypique car Eriko était en fait le père de Yûichi, qui, à la mort de sa femme, a voulu se substituer à elle en temps que mère et a changé de sexe. Un trio qui cohabite et une amitié entre les deux jeunes gens qui évolue lentement.

Moonlight shadow évoque Satsuki qui vient de perdre Hitoshi qu'elle aimait profondément, le souvenir de cet amour la poursuit sans cesse et la plonge dans une mélancolie permanente qui l'isole du monde. C'est lors d'une promenade près de la rivière qu'elle fait la connaissance d'Urara, une jeune fille qui semble connaître ses sentiments de tristesse. Au fil de plusieurs rencontres, Urara convie Satsuki un soir de pleine lune lui promettant de vivre une expérience rare, celle peut-être de revoir Hitoshi pour lui adresser un dernier adieu.



Deux nouvelles sensibles et délicates dans lesquelles Banana Yoshimoto évoque le deuil et la renaissance grâce à l'amour, celle de Mikage qui renaît avec cette famille inhabituelle dans laquelle elle va réussir à faire son deuil et surtout avec Satsuki, choisie par Urara, une apparition intercesseure, qui va lui transmettre sa force et sa résilience et la rendre capable de faire son deuil. Avec ces deux textes, Banana Yoshimoto fait preuve d'une grande poésie, évoquant avec candeur et naïveté deux personnages féminins qui restent ingénues et expriment avec simplicité les sentiments humains les plus profonds et universels lors du deuil.

Une très belle découverte, sensible et poétique.
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N.P

Je continue sur ma lancée avec la relecture de Banana Yoshimoto, N·P représentant pour moi l'exact opposé de Kitchen. J'ai lu ce roman après l'avoir emprunté en bibliothèque au début des années 2000, et j'ai été carrément et extrêmement déçue.





L'héroïne Kazami va rencontrer trois personnes de la même famille, et des relations assez fortes vont se nouer très rapidement entre elle et eux. En tout cas ça paraît être le sujet du livre. Sauf que c'est pas si simple. Banana Yoshimoto en a fait des tonnes, d'abord en démarrant son roman avec une vague histoire de livre maudit, qui fait beaucoup penser à Ring - excepté que le livre de Suzuki n'était pas sorti quand a été publié N·P. C'est tout sauf une histoire horrifique, mais c'est surtout sans intérêt, le livre et les suicides de ses différents traducteurs ne semblant être qu'un prétexte à faire de la psychologie à la petite semaine. En plus, le personnage masculin, Otohiko, couche avec sa demi-sœur, Sui, qui auparavant couchait avec son père, qui est donc aussi celui de Otohiko et de Saki la sœur jumelle d'Otohiko. Quand je dis que l'auteure en a fait des tonnes, je pense qu'on ne peut guère m'accuser de mauvaise foi.





Le fait est que j'ai retrouvé dans ce roman tout ce que je considérais comme des petits défauts, ou des défauts acceptables, dans les autres livres que j'avais lus de Banana Yohimoto. En plus des dialogues qui sonnent souvent un peu faux, elle reprend pas mal de thèmes qu'elle avait déjà traités dans Kitchen, donc je n'ai pas vu l'intérêt de se répéter, mais en moins bien. C'est pas long en nombre de pages mais c'est beaucoup trop long quand même. Si Kitchen souffrait de quelques longueurs, ici l'histoire s'étire interminablement pour dire pas grand-chose. En revanche, je n'ai pas retrouvé du tout ce qui faisait le charme de Kitchen et Lézard, cette capacité à faire ressentir physiquement au lecteur des toutes petites choses de la vie quotidienne. Et pour compléter le tout, c'est bourré d'incohérences, de contradictions. Tout le roman manque énormément de cohésion et part dans tous les sens. Seules quelques petites phrases sortent du lot de ci de là. Je ne vois pas quel est le but de N·P, si ce n'est s'appesantir sur les malheurs pas du tout crédibles, et sur le mal-être pas du tout prégnant de jeunes adultes, qui vont finalement aller de l'avant - exactement comme dans Kitchen...





Pour moi, c'est un ratage, où l'ambiance propre à l'auteure s'est évaporée au fil des trop nombreuses pages. Et malgré ça, j'ai sauvé ce livre du pilon en l'achetant à la braderie de ma médiathèque il y pas mal d'années, parce que je n'avais pas envie qu'un roman de Banana Yoshimoto finisse mal, même mauvais, même m'ayant laissé un piètre souvenir. J'avais tous ses autres livres traduits en français à la maison, et je suis probablement trop sentimentale. Après tout, ça m'aura permis de le relire afin de voir si, les années passant, ma lecture de N·P serait tout autre. Conclusion catégorique : absolument pas.
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Kitchen

Je relis ce roman pour la deuxième fois depuis des années. La première devait être à la sortie de l'édition française en 1994. C'est toujours le même sentiment étrange que j'éprouve face à une certaine littérature japonaise. Ce livre traite avant tout de la mort et de la nourriture. La construction du récit est inversée. Elle commence par sa situation actuelle et se termine par un passage de la vie antérieure de Mikage, l’héroïne. Je ne sais pas si c'est important mais cela créée pour le lecteur l'obligation de se recentrer sur l'intrigue à partir du chapitre intitulé « Moonlight shadow ». Et il s'agit, à mon avis de faire revivre des morts, ce qui nous ramène au début. Quel peut être le lien entre la mort et la nourriture ? On mange pour ne pas mourir ?

Ce sont des êtres qui se cherchent, qui cherchent leur place dans la société, dans le monde. Il s'agit d'ailleurs de personnages et de situations improbables : Erika, la mère de Yûichi est en fait son père, qui, a la mort de sa femme a décidé de se faire opérer et assume sa transsexualité dans un bar gay. Tout cela est au premier abord un peu abracadabrant mais très vite la mort s'insinue en même temps que la nourriture dans les interstices du récit. Et finalement, toutes ces aventures mises bout à bout provoquent un curieux malaise, comme une sublimation de la mort par la nourriture et une certaine légèreté des personnages. Tout paraît facile même lorsqu'ils sont déprimés. Comme s'ils évoluaient dans un univers parallèle, fait de fantômes. J'extrapole un peu mais c'est l'impression que me donne ce roman. D'ailleurs, pour les Japonais, les morts restent vivants, d'une certaine manière, et gardent leur place dans le foyer.
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Kitchen

Un livre lu il y a longtemps qui m’a durablement marquée, mais je ne suis pas la seule, puisque toute une génération de jeunes japonais se reconnait dans la sensibilité et de cet auteur.



Vous aimez cuisiner ? Alors ce livre est pour vous.



Si non, alors il est quand même pour vous : on a tous un jour ou l’autre trouvé du réconfort dans une cuisine ou ressenti un frémissement devant un parfum ravivant tel épisode de notre vie ou rappelant telle personne côtoyée il y a longtemps. Se lover contre un frigidaire finalement, est un évènement qui nous arrive à tous un jour ou l’autre. Comme la perte d’un être cher.



Mikage qui vient de perdre sa grand-mère, surmonte son deuil en cuisinant ce qui lui donne l’impression que « les cellules se multiplient dans son cerveau ». Elle s’installe chez Yûichi qui possède un canapé très confortable et surtout une cuisine qui lui paraît tout de suite séduisante, malgré son aspect dépareillé : « des récipients pour chaque usage : de grands bols en terre cuite pour le riz, des plats à gratin, d’immenses assiettes, et encore des chopes de bières munies d’un couvercle… »



Elle surmonte ce deuil par de petits gestes quotidiens. Entre une salade de concombre et une bouillie de riz, la narratrice nous livre sa vie intime, ce qui la froisse, lui pèse, reprend une pincée d’instants partagés avec sa grand-mère et replonge dans un plat, sert une louchée de soupe à telle nouvelle collègue de travail. Et la vie reprend, les froissements d’un souvenir se convertissent en une mélancolie liquide et fondante. Et la cuisine partagée devient ce liant qui entretient les rapports entre elle et les autres, car les relations sont « fragiles comme un fétu de paille ».



Une ribambelle de plats défilent, et le goût du bonheur retrouvé par pointillé redonne à la cuisine tout le poids qu’elle mérite. Même notre chère cuisine française dont l’excellente réputation n’est plus à faire s’invite en fin de récit, dans ce roman d’apprentissage ; et notre narratrice reprend goût à la vie !



Un très beau roman qui nous plonge dans un univers particulier à cheval entre celui de Murakami et de Yoko Ogawa. Banana Yoshimoto réussit avec sa plume très particulière à nous plonger en quelques minutes dans un univers atemporel où nos propres questions s’enfoncent dans une ouate délicieusement accueillante. Et on en ressort avec une envie très simple : retrouver et apprécier les petits gestes du quotidien.



Un roman que j’aime bien offrir en automne, parce qu’il y a des plats de saison comme il y a des livres de saison.



4/5
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Kitchen

[...]

Là-bas, au Japon, dans une cuisine, il y a une jeune fille Mikage, seule, qui pleure et qui ne parvient à trouver le sommeil que dans sa cuisine. Elle vient de perdre sa grand-mère et le doux ronronnement de son réfrigérateur la maintient à flot.



Elle croise la vie d’un camarade de classe, Yûichi Tanabe, qui vit avec sa mère qui est en fait son père… Elle s’installe chez eux et semble vivre comme un parasite avec beaucoup de gêne et de respect pour ces deux personnages humains. Et puis la mère de Yûichi qui est en fait son père succombe d’une mort violente, sombre histoire que celle-là. Nos deux solitaires se retrouvent.



Reconstruction après le deuil. Avec Banana Yoshimoto, le deuil devient poésie. Sa plume me transporte dans un monde onirique où même une cuisine devient un endroit irréel sur lequel le reflet de la lune se déverse sur le carrelage brillant du sol.



[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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N.P

Banana Yoshimoto fait partie de ces écrivains japonais qui nous décalent un peu de la réalité. On retrouve cette ambiance dans Kitchen. Ainsi que dans bon nombre de romans contemporains japonais. Je viens de lire "L'appel du pied" de Risa Wataya et « Des os de corail, des yeux de perle » de Natsuki Ikezawa. On retrouve ce même décalage concernant le quotidien. C'est difficile à décrire. Mais j'ai l'impression que le quotidien est comme suspendu, éthéré. L'instant présent, dans la tâche la plus anodine ou la plus triviale, est allongé, investi d'une importance particulière, et aboutit souvent à un questionnement existentiel. La mort est omniprésente dans ce livre comme dans le recueil d'Ikezawa. La vie et la mort sont les deux facettes de l'existence. Puisque dans les deux livres, il y a vie après la mort. La question du suicide, trame centrale dans le roman de Yoshimoto est presque naturelle et se présente comme une alternative quand on perd le contrôle de sa vie. C'est ce qui m'intéresse dans ce genre de récit. Au-delà de l'intrigue, qui, d'ailleurs ici se tient très bien, c'est ce questionnement que l'on trouve de manière plus ou moins apparent ou en filigrane dans la plupart des romans japonais. Peut-être l'influence du Shinto ? Les esprits sont omniprésents. Les éléments naturels, la mer, la forêt… sont comme habités. Les morts sont parmi les vivants. La scène finale où Kazami et Otohiko font un feu de camp sur la plage est éloquente. Tout se rejoint.
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Kitchen

Je crains que ce Kitchen ne rentre dans la catégorie « vite lu, vite oublié ». Il y a également une nouvelle qui suit ce premier texte et qui n’est guère plus marquante.



Ce petit roman raconte l’histoire de Mikage, jeune fille ayant perdu successivement tous les membres de sa famille proche, et se retrouvant complétement désorientée et seule. Elle est recueillie par Yuichi et sa mère excentrique et retrouve peu à peu goût à la vie dans leur appartement.

Les termes abordés sont graves, en particulier l’expérience du deuil, même si le ton reste assez léger. La lecture est très facile.



Mais je dois avouer que ni l’histoire un peu « tirée par les cheveux », ni les personnages ne m’ont véritablement accroché. Je n’ai pas été spécialement émue alors que le thème est tragique. Cette distance résulte certainement d’un petit côté artificiel qui se dégage de l’ensemble, un manque de vrai et des personnages trop effleurés. Enfin, le style n’évite pas non plus quelques facilités.

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Kitchen

Kitchen se compose de deux romans, le premier a donné son nom au livre de Banana Yoshimoto et le titre du second est « Moonlight Shadow ».

Je pourrais dire que Kitchen et Moonlight Shadow ont en commun un même sujet qui est celui de la mort d’un être cher.

Dans Kitchen, Mikage jeune fille de vingt ans vient de perdre sa grand-mère, elle est à la recherche d’un avenir capable de combler le vide laissé par la mort de sa parente.

Yûichi Tanabe, accueille Mikage dans l’appartement de sa « mère » Eriko, personnage ambigu, transsexuel à la beauté éblouissante qui va mourir de façon violente.

Dans Moonligt Shadow, Satsuki rencontre Hiiragi, frère de Hitoshi, son petit ami mort dans un accident de voiture en compagnie de Yumiko, la petite amie de son frère. Satsuki et Hiiragi se soutiennent mutuellement.

Banana Yoshimoto raconte deux belles histoires sans pathos, toute deux porteuses d’optimisme, riches en événements et de lecture agréable.
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N.P

Comme une mise en abyme, les protagonistes de l'histoire sont liés par une nouvelle dont l'auteur s'est donné la mort, et ils cheminent fabuleusement leur destins entremêlés.



Ce court roman de Banana Yoshimoto, tout empreint d'onirisme et d'émotions, explore le romanesque avec une intéressante construction psychologique des personnages, une ambiance intime et une intrigue prenante.



Le style très vivant de Banana Yoshimoto, bien que minimaliste va à l'essentiel mais avec poésie voir lyrisme. Après Kitchen, N.B est son second roman que je lis en quelques heures d'abandon total à l'atmosphère qu'elle sait créer. Les personnages que l'auteure anime et le climat dans lequel ils évoluent sont si diablement attachants qu'il est cruel de les abandonner...



Il y a un peu de tragédie grecque, de fantastique, de polar, de roman psychologique, une touche karmique de surnaturel dans ce joli opuscule que nous livre Banana Yoshimoto. Merci à elle pour ce très bon moment de lecture !
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N.P

Je ne connais pas beaucoup l'œuvre de Yoshimoto. Comme plusieurs, j’ai été introduit à ses livres par le très connu “Kitchen” que j’ai bien aimé ! Alors pourquoi pas continuer de découvrir cette auteure japonaise.



N.P. : Ce titre c’est “North Point” titre d’une vieille chanson triste et également de la 98ème nouvelle écrite en anglais par Sarao Takase. Suite à son écriture, l’auteur se suicide. Le recueil qui contient cette dernière nouvelle n’a jamais été publié en japonais. Chaque personne qui a entamé sa traduction est menée à la mort.



Écrit avec simplicité et efficacité, on se croirait parfois dans un polars … mais pas du tout. Un roman très particulier …



Je pense que cette malédiction qui accable le dernier traducteur et conjoint de Kazimi n’est qu’un prétexte à l’histoire du roman. On parle beaucoup plus de relations humaines, entre frère et soeur, entre demi-sœurs, entre jumeaux, des amitiés qui se nouent, de la volonté de prendre ce que l’on veut lorsqu’on est encore en vie, …. le destin de quatre personnes: Kazami, Saki, Otohiko et Sui.





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N.P

Voilà un livre qui ne me laissera pas une grande impression. L'histoire ne tient pas franchement la route. Les personnages sont caricaturaux à l'extrême.



La seule chose que j'ai trouvé intéressante est la description des sensations corporelles vis à vis de la météo... un peu à la Camus.



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Kitchen

Le livre se compose de deux nouvelles Kitchen et Moonlight shadow. Les personnages principaux des deux nouvelles sont des jeunes femmes confrontées à la mort brutale d'un proche.

L'auteur n'avait que 23 ans en 1988 lorsque Kitchen est parue pour devenir un best seller. Cette jeunesse transparaît dans l'écriture fraîche, moderne, libre, directe, un brin fleur bleue malgré les thèmes abordés: la mort, le deuil, la solitude. Mais à côté de l'évidente mélancolie, de la difficulté des personnages à revivre et à communiquer leurs émotions, c'est la vitalité qui m'a surprise et captivée surtout dans la nouvelle Kitchen.
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Kitchen

Dans un style minimaliste Yoshimoto explore dans le même temps le deuil, la transsexualité, la confusion des sentiments... en bref l'intime. Un joli tour de force pour un livre qui demeure léger malgré la profondeur de son propos. Kitchen se lit d'une traite et laisse un goût empirique comme un voyage qui se termine...
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Préparer de temps en temps de la bouillie de riz
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