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Critiques de Baptiste Morizot (79)
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20 penseurs pour 2020

Une anthologie des meilleurs textes de la presse internationale par Philosophie Magazine, ça donne une certaine vision de la société, avec des idées que l'on ne croise pas forcément tous les jours, assez éloignées d'un recueil de brèves de comptoir pour donner un ordre d'idée (même s'il y a aussi une forme de philosophie autour des zinc).

Disparates, hétéroclites, variés et riches, ils abordent différents évènements dont certains inévitables comme les gilets jaunes, le mouvement metoo questionné sur son avenir, le réchauffement climatique, Trump, la dictature chinoise, etc. Certains peuvent paraître plus inattendus comme celui sur le travail par exemple, du moins sa fin anticipée avec l'avènement de l'intelligence artificielle (je l'ai beaucoup aimé celui-ci, peut-être mon côté oisif enfin déculpabilisé).

Il serait dommage à mon avis d'être rebuté par l'aspect philo, sans être spécialiste en la matière beaucoup de textes m'ont paru abordables, même si d'autres demandent de s'accrocher un petit peu parfois. Quelques allusions par ci par là à Kant notamment, et quelques discussions autour de préceptes bien sûr. D'ailleurs tous les auteurs ne sont pas philosophes ou du moins exclusivement, il y a par exemple Franzen le romancier (et le seul que je connaissais). D'autres peuvent être sociologues, avocat, agricultrice.

Bref, une bonne idée lecture pour changer ou couper de ses habitudes, avec un article à picorer par-ci par-là.



Merci beaucoup à masse critique pour cet envoi, ainsi qu'à « Philosophie magazine éditeur ».
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Manières d'être vivant

Si vous ne savez pas quoi lire pendant le confinement, foncez sur Manières d'être vivants de Baptiste Morizot. Ce mec est à la fois enseignant-philosophe à la fac d'Aix et passionné de pistage. Il court les forêts pour suivre les sentiers sauvages de loups, renards, putois ; il a appris à hurler avec les loups (qui lui répondent !) ; et parlent de ses expériences dans une langue incandescente, une écriture qui colle au poème.



C'est cet alliage terrain/pensées qui font de ce bouquin un essai de philosophie remarquable. Vivant. Pas de la philosophie hors-sol aux concepts abrupts et dont on ne sait pas bien que faire. Non, Morizot parle des vivants dans une langue vivante et il réveille ce qu'il y a de plus vivant en nous : il nous arme. Il nous équipe de concepts pour repenser le monde - c'est-à-dire ce qu'un-e philosophe digne de ce nom est censé faire, mais qu'on oublie un peu à l'heure où des trouducs comme Onfray, BHL ou Enthoven peuvent squatter sans honte ce qualificatif de « philosophe » sans rien produire de pensée articulé ; mais là je m'égare…



De quoi ça parle, finalement, ce bouquin ? Tout d'abord, c'est un recueil de textes, disparates de prime abord mais qui finalement s'articulent et font sens par la bonne intelligence croisée de l'auteur et de l'éditeur (je ne peux que vous recommander cet excellentissime collection « Mondes sauvages » d'Actes Sud qui, à chaque lecture, m'a pour le moment balancé un uppercut de plaisir). Les premiers chapitres sont des comptes-rendus des expéditions de l'auteur sur la trace des loups dans le Vercors. Il piste, suit, sniffe, hurle et dialogue ; et de ces expériences avec le loup il se questionne sur sa façon (au loup) de voir le monde, de nous voir nous, de communiquer.



Morizot essaye de penser les termes d'une « diplomatie interespèces » : comment communiquer quand on ne se comprend pas, quand tout nous oppose à ces « aliens familiers » que sont les autres vivants terriens (animaux, végétaux). Et avec qui on partage pourtant des millions d'années de co-évolution qui nous font fait tous ensemble, et desquels on est interdépendants.



Et puis, on change de texte et le ton se fait plus abrupt. C'est un peu soudain, on est déstabilisé. Mais, doucement, Morizot sait nous faire retomber sur nos pattes. Il reste plus qu'à galoper pour suivre le fil de ses pensées. Délaissant un peu les habits du pisteur (sans jamais trop s'en éloigner, cependant) pour regagner ses breloques de philosophe, l'auteur plonge à bras le corps sur une analyse du rapport au monde des humains dit « modernes » avec cet impossible duo Nature/Culture. Dualité qu'il déconstruit méthodiquement, usant à la fois des acquis des sciences ethologiques et évolutionnistes, et de la puissance conceptuelle d'une philosophie qui assure un héritage spinoziste (avec des accents volontiers nietzschéens).



Voilà que je m'emballe à mon tour et que j'utilise trop de grands mots. Ce qu'il faut retenir, c'est que le livre se conclut par un don, un don de concepts. Morisot nous arme pour penser le monde plus finement, ne pas choisir son camp, se faire « diplomate », relationnel, oserais-dire loupvoyeur.



En fin d'ouvrage, une postface d'Alain Damasio… remercie Morizot, en gros. Il tente une synthèse du bouquin qu'on vient de lire avec ses mots incadenscents à lui, et c'est assez beau de deviner la rencontre entre ces deux écrivants qui sont aussi deux penseurs parmi les plus stimulants de notre époque.



J'ai toujours du mal à dire du bien des livres que j'ai adoré. C'est dur à expliquer, ça : pourquoi une pensée nous stimule, qu'elle braise elle fait naître en nous.



Donc simplement : LISEZ. Franchement, Morizot ça vaut le coup 🙂
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Raviver les braises du vivant

Le vivant actuel n’est pas une cathédrale en flammes mais le vivant qui s’éteint. « Nous n'avons plus d’envie, plus de temps à perdre en arguties, en postures puristes, en compromis vagues, en romantisme révolutionnaire. » Le défendre, explique Baptiste Morizot qui entend nous fournir un « levier d’action écologique », pour en finir avec notre sentiment d’impuissance, c’est l’aviver : raviver les braises du vivant.

(...)

« Les problèmes, disait Albert Einstein, ne peuvent être résolus avec les modèles de pensée qui ont conduit à eux. » Aussi, Baptiste Morizot s’est-il employé, au fil des pages, à déconstruire les mythes et concepts qui nous contraignent à réfléchir en opposition dualiste, et à nous proposer d’autres paradigmes. Car c'est d'abord une bataille culturelle qu'il faut mener, afin de pouvoir défendre un pluralisme des bons usages de la terre, contre tous les usages insoutenables.



Article complet sur le blog :
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Manières d'être vivant

Manières d'être vivant est un ensemble de récits et de réflexions sur la place du vivant, de la nature, de l'homme.

Dans un premier temps Baptiste Morisot s'attache au récit de ces différents pistages de loups dans le Vercors.

Dans le deuxième partie du livre il devient philosophe pour nous parler d'interdependance , d 'égards ajustés, de diplomatie.

Cette partie là est plus difficile à lire et à suivre pour les non initiés à la philo

La postface d'Alain Damasio permet une belle synthèse et une bonne compréhension du texte de Baptiste Morisot.

Néanmoins sans être un féru de philo, cet essai et ces récits apportent une réflexion sur le vivant tout à fait compréhensible .

Les passages à la suite des loups dans le Vercors sont magnifiques et ancrer la réflexion de Baptiste Morisot dans la réalité.

Cette réalité nous rappelle que la nature n'est pas une ressource. Ressource extractive ou productive. La nature est le creuset de milliers de manières d'être vivant. Et que ces milliers de manières font que depuis la nuit des temps l'évolution de l'homme ( une manière parmi tant d'autres d'être vivant ) et de la nature est imbriquée. Ne pas oublier que nous venons de l'océan et que le sel nous est indispensable.

L'homme est amalgamé par les manières d'être vivant du passé mais aussi celles du futur.

Nous ne sommes qu'une manière d'être. Et nous ne pouvons décréter soumettre la nature et les autres formes du vivant sous peine de disparaître.

Nous devons mettre en place des interdépendances, des diplomaties.

Prenons l'exemple des loups et des brebis et de leurs bergers.

Certain défendront à tout crin la réintroduction du loup.

D'autres défendront vehementement le pastoralisme et le travail des bergers et des patous.

Chacun dans ces certitudes.

L'interdépendance C'est d'être d'un bord mais penser que dans l 'autre bord il y a des choses justes qui pourraient faciliter et accroître la réussite de chaque bord.

En définitif nous devons avoir des égards ajustés. Jusqu'à récemment, nous avions peu d'égards pour la nature. Nous la traitions comme une ressource . Peu d'égards envers les abeilles avec l'intensification des pesticides.

Pourtant sans abeilles ,pas de pollinisation, pas de fleurs pas de printemps.

Les égards ajustés sont nombreux, tout comme les manières d'être vivant. Ne n'oublions pas.

C est ce que nous dit cet essai . Il peut être érudit et difficile mais il est salvateur.

Ça vaut le coup de prendre le temps de lire et de réfléchir aux manières d'être vivant.


Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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Manières d'être vivant

Quel est le point commun entre des loups, une éponge et Spinoza ? Et comment peut-on passer de Proust aux canidés ? La première question trouve sa réponse dans Manières d'être vivants, recueil de communications au premier abord un tantinet hétéroclite mais qu'une même visée militante et démonstrative ramasse. C'est un itinéraire de lectures par discussions, rebonds, et recommandations qui répond à la deuxième. Merci aux amis précieux qui permettent la maturation d'une réflexion toujours en chemin.



« Une saison chez les vivants » vous met à l'affut des loups dans le Sud-Vercors. Dans les sous-bois, là où la neige est plus molle, à l'écart des pistes de ski, à l'aplomb d'une paroi, on piste les traces. Des empreintes divergentes ou de la rectiligne trajectoire dans laquelle ils auront été pourtant au moins cinq à mettre leurs pattes, on extrapole les comportements, le museau au vent ou le ventre à terre, l'ouïe aux aguets. En mimant, d'après les laisses odorantes et les traces, ce qu'a dû être sa gestuelle, on imagine la meute. Et de cet exercice qui impose son éprouvé, la puissance d'un corps dans un environnement commun, on ressent le vivant en partage. Je suis nous loup aussi et c'est bon ! nous dit Morizot. A ce stade, je hurlais mon contentement en retour.



Bien loin d'un dualisme qui mettrait l'homme d'un côté, la Nature de l'autre, la raison au-dessus, les pulsions tout en bas, l'humain ici, les animaux là, on communie dans un vivant qui fait remonter à fleur de peau les réminiscences d'ancestrales ascendances. Car il s'agit de penser l'évolution « comme accumulation sédimentaire d'ascendances animales, parfois végétales, bactériennes aussi, dans chaque corps vivant. » Ces couches se manifestant non par une géologie de la profondeur mais dans une disponibilité à la surface, « comme des spectres qui vous hantent » et vous constituent. du pouce opposable à l'attachement pour tout bébé, de la capacité à reconnaître le rouge d'un fruit mûr dans le vert d'une frondaison, « nous avons tous, nous vivants, un corps épais de temps, fait de millions d'années, tissé d'aliens familiers, et bruissant d'ancestralités disponibles. »



(Parenthèse pour happy few : Des milliers de réminiscences constitutives d'autant d'ascendants variés, ça vous a une autre gueule que la seule cristallisation d'une identité autour de quelques souvenirs d'enfance momifiés !)



Aussi, quand il s'est agi de se mettre dans la peau d'une éponge, j'étais prête. Bon, ça m'a moins emballée. J'ai été enchantée de l'hommage au sel. Cette idée qu'aujourd'hui encore, comme en des temps immémoriaux où nos ancêtres étaient aquatiques, nous sommes constitués d'eau et que, lorsque nous salons notre pitance, nous faisons allégeance à cette lignée. Me convainc bien moins que ce soit cette prise de conscience qui nous empêchera de détruire faunes et flores sur le principe que chaque extinction prive l'avenir d'un potentiel d'intelligence et de développement au moins aussi stimulant que ce qu'a donné l'évolution de l'éponge jusqu'à l'homme. C'est Mozart qu'on assassine dans chaque espèce de bactérie sacrifiée. D'un point de vue philosophique et évolutionniste, j'ai envie de dire, oui et alors ? Il n'y a aucune nécessité à ce que quoi que ce soit advienne en particulier. Et si l'homme anéantit tout son environnement, ça ne contrariera pas plus que ça n'exaucera aucun plan. Par contre, ça exige sa petite larme catastrophée d'un lectorat sensible à une cause militante. Et ça, c'est pas vraiment compatible avec une réflexion philosophique qui devrait se faire absolument préservée du souci de son influence, non ?



Le chapitre « Philosophie politique de la nuit » a pour cadre l'observation d'une zone où loups et troupeaux cohabitent vaille que vaille. Au sein d'un dispositif officiel visant à pacifier les rapports entre les uns et les autres, Baptiste Morizot théorise le rôle de diplomate, de traducteur inter espèces qui lui permet de sortir d'un dualisme loup méchants / brebis gentilles, de donner du poids aux contraintes et points de vue des différents partis. Cette fonction, il la définit, l'endosse avec une abnégation que j'ai trouvée presque ostentatoire et un peu pénible.

Certes, depuis ma fenêtre, confortablement installée, je dispose d'une tranquillité que n'a ni le loup affamé ni l'éleveur de brebis, ni l'écolo désespéré. Mais j'ai trouvé là encore un mélange des genres qui m'a dérangée. La curiosité pour cet autre qu'est le loup, l'urgence à répondre à l'extinction massive des espèces arment le propos du philosophe d'une volonté d'agir, là où une observation attentive et la moins engagée possible, une conceptualisation pure m'auraient davantage convenu. Comme si, après les idéologies qui imposaient qu'on fasse une révolution prolétaire, après le devoir d'ingérence et ses sacs de riz, il s'agissait désormais, au nom de la survie de l'humanité, qu'on s'enrôle dans une nouvelle guerre armée. Qu'on fasse allégeance à une nouvelle utopie. Verte cette fois. Mais toujours avec ses héros, ses donneurs de leçons qui prennent avantageusement la pose, exhibant le romantisme tragique de leur condition, celui qui leur va si bien au teint. Bof. Sans moi.



J'ai gardé pour la fin « cohabiter avec ses fauves » car c'est le chapitre qui m'a procuré le plus de plaisir, m'a le plus puissamment fait réfléchir. Pour un hors-série sur Spinoza dans Philosophie Magazine, Baptiste Morizot a livré une lecture de l'Ethique au moyen d'une métaphore animalière. Je ne vais pas refaire la démonstration mais j'ai pisté à mon tour ces fauves que sont nos désirs, j'ai ressenti la nécessité d'écouter celui qui me procurait le plus de joie, qui m'élevait le mieux. J'ai retrouvé dans la méthode recommandée quelque chose d'éprouvé, à savoir qu'il faut, par l'observation fine du « comportement délicat et ardent de sa vie affective », par des habitudes et des bricolages, continuer de nourrir le désir qui nous permet de persévérer dans l'existence. Reconnaître aussi que « les passions nocives n'existent pas en soi comme l'autre de la raison, elle ne sont (…) qu'une forme individuée du flot de désir qu'est un être humain » mais détournées. Et s'interroger sur les causes du désir afin d'en saisir parfaitement sa nature exacte. Cohabiter avec ses fauves, partager l'espace, vivre de leur puissance qui est notre essence. Quelle justesse ! Et quelle magnifique perspective si on déploie ce rapport de soi à soi à soi au monde ! Extension et explication d'une essence qui se réalise dans la puissance vitale de la joie : Ahouuu !!

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Sur la piste animale

Je ne lis pas le Morizot dans l'ordre. Ce livre est un de ses premier succès, me semble-t-il, et je le découvre après les autres, petit paradoxe !

L'auteur y développe déjà les thèses qu'il reprendra et étayera plus tard dans tous ses ouvrages et articles. La séparation arbitraire entre nature et humanité depuis les premiers temps de la civilisation judéo-chrétienne, jusqu'à aujourd'hui occupe la première place, et représente la première cause de nos problèmes avec le climat aujourd'hui, entre autres...



Baptiste Morizot, bien que philosophe, déploie un langage simple, raconte des expériences personnelles et ne s'appuie pas sur des tonnes de citations ou de références abstraites. Pourtant ses réflexions sont bien appuyés sur des travaux antérieurs et des idées philosophiques réelles, et bien argumentées.



A mon sens, il s'agit d'un très bon équilibre entre les réflexions et les exemples, clair, précis, concret et qui donne des pistes à tout un chacun pour analyser sa pratique de la "nature", du "dehors", et sa relation avec eux.



Un livre qui donne envie de prendre des jumelles et de se planquer dans les bois dans l'attente d'une merveilleuse apparition animale...
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Manières d'être vivant

Un essai passionnant, en tout cas, il m’a réellement passionné et les réflexions de l’auteur résonnent toujours en moi un mois après l’avoir terminé.



Baptiste Morizot est enseignant en philosophie mais il consacre aussi du temps à pister les loups. Quel est le rapport me direz-vous ? Et bien, si dans un premier temps, on peut se poser la question, tout prend sens au fil de la lecture de cet ouvrage.



Après un long et brillant chapitre d’introduction sur notre rapport au vivant et à la nature, l’auteur nous emmène sur la piste d’une meute vivant dans le Vercors. Puis nous voilà avec lui à observer la cohabitation des loups et des troupeaux dans le Var pour une étude au long cours. Et ensuite, il nous entraîne dans ses réflexions de philosophe sur notre rapport faussé à la Nature et au vivant. Et pour finir une préface d’Alain Damasio.



C’est dense et intelligent même si parfois la lecture a été un peu difficile. Si les idées de l’auteur sont plutôt limpides et percutantes, son style et son vocabulaire m’ont semblé parfois un peu trop complexes et pas vraiment à la portée de tous (ce sera ma seule réserve).



Observation des autres êtres vivants (ici les loups), tentative de communication avec ces « aliens familiers » (car il n’hésite pas à hurler avec les loups !!!), connaissance nécessaire du monde dans lequel nous vivons. Et pour finir, la nécessité absolue de respecter le vivant et tout ce qui le compose et de retrouver les égards que nous avons perdus après deux mille ans de civilisation judéo-chrétienne et une révolution industrielle. Remettre l’homme à une autre place. En finir avec l’idée que la Nature est un décor ou une réserve à piller.



Voilà il y aurait encore une tonne de commentaires à faire. Mais le mieux est de lire ce magnifique essai qui sème une multitude de pistes de réflexion.

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Manières d'être vivant

"Sortir des systèmes, réconcilier l’humanité prédatrice avec le monde animal et végétal, lutter contre l’aliénation et promouvoir un vivre ensemble hors liens de pouvoir ; sept récits de rencontre pour réparer le tissu du vivant. "

Pierre-Romain Valère in Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
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20 penseurs pour 2020

Bien plus qu'aujourd'hui ces philosophes, ces penseurs nous focalisent sur ce monde dans lequel nous évoluons, qui nous entoure et sur nos comportements, notre évolution et nos réactions à ceux qui nous gouvernent. Ces réflexions philosophiques, quelquefois accessibles, à ma hauteur, quelquefois plus hautes et appelant à la relecture, à la compréhension, auront, pour moi, fatalement, une résonance du fait, simplement, de les vivre et les avoir vécues. Alors sans recul, comme pour l'histoire, certainement, quoique notre temps offre des possibilités immenses de pleinement, pour qui le souhaite, participer à la vie de notre monde sans don d'ubiquité, tout en restant chez soi bien que sans approfondissement.

On aura pu lire, par exemple, des articles de journaux sur les "gilets jaunes", des unes de grands quotidiens étrangers sur le sujet.

Alors, bien qu'il en soit question, l'ouvrage répertorie quelques auteur(e)s du vaste monde publiant ou ayant publié dans la presse internationale.

Des créateurs de google qui veulent créer un monde des loisirs, Elon Musk et sa transmission de pensée (il n'est d'ailleurs pas le premier: voir "Le matin des magiciens" de Pauwels & Bergier), euthanasie ou choisir sa mort ou sa fin de vie, la cryptomonnaie, le climat, Trump et le populisme, etc., chacun des rédacteur(e)s apporte sa vision sur le sujet avec son explication.

A nous soit de la partager, soit de conserver notre propre entendement mais pour ceux qui chercheraient une voie, une ouverture, ce livre peut aider à la trouver.

C'est bien écrit, forcément et, donc à conseiller.

Peut-être que la période actuelle aurait permis une vue différente, quoique....

Merci à Babelio et sa masse critique de m'avoir fait profiter de cette lecture et à Philosophie Magazine de me l'avoir fait parvenir.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Sur la piste animale

Un livre facile à lire et exigeant en même temps ! Facile à lire parce que Baptiste Morizot emploie un langage simple et donne des exemples très concrets. Il dénonce l’idée trompeuse de nature et son emploi dans le langage courant et cherche des moyens de les remplacer sans recourir pour autant à des néologismes ou des tournures politiquement correctes alambiquées (aller dans la nature devient aller au grand air ou, en reprenant une expression de coureur des bois canadien aller «s’enforester») Il nous embarque avec lui sur les traces du loup sur le plateau de Canjuers dans le Var, de l’ours dans le parc de Yellowstone, de la panthère des neiges au Kirghiztan, nous entraîne à la recherche de leurs traces, ce qui implique de penser comme l’animal, de se mettre à sa hauteur, quasiment à sa place pour appréhender l’environnement avec les mêmes contraintes que l’animal. Et Baptiste Morizot est un excellent conteur, nous ressentons avec lui toutes les émotions du pisteur et qui plus est, il a une belle plume, parfois presque poétique. Ce livre est aussi exigeant car tous ces récits sont au service d’une réflexion philosophique sur les rapports entre hommes et animaux, sur ce sur quoi repose notre difficulté à nous percevoir comme animal et ce qu’elle implique. Après cette lecture difficile de ne pas avoir l’oeil un peu plus aux aguets lors d’une sortie «au grand air» !
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Manières d'être vivant

C'est peut-être le livre le plus renversant, au sens propre, que j'ai lu ces 20 dernières années : en parcourant simplement ses pages, j'avais le sentiment de vivre déjà, de réaliser pleinement, d'accéder enfin à la plus belle des réponses à cette question classique de la philosophie : comment faut-il vivre ? La réponse est évidente, elle est là sous nos yeux à tous, depuis la nuit des temps, en plein lumière à chaque pleine lune, limpide comme le cours d'eau, aussi évidente et majestueuse que l'arbre, troublante aussi, fascinante même, et finalement belle telle une meute de loups, « superbes animaux » disait le poète.

« E pluribus unum » : voilà la seule façon d'être vivant, de l'être pleinement, respectueusement de la vie même. Le sociologue aime dire que « l'homme est animal suspendu dans les toiles signification qu'il a lui-même tissées ». Le philosophe, surtout quand il se fend d'être aussi éthologue a plus raison encore de dire la primeur au vivant (appelez-le « la nature » si cela vous plait davantage), car nous sommes tous suspendus dans les toiles de l'interdépendance et, si nous l'oublions complétement, nous pourrions bien chuter tous. On n'est jamais vivant seul, ou alors on l'est contre, et ce n'est plus que de la survie. On est pleinement vivant que lorsque l'on sait les liens qui nous relient, les différences qui nous réunissent, les dépendances qui nous soutiennent. Que lorsque l'on comprend quelle est sa place et qu'y rester n'est pas une entrave mais bien la seule liberté, la seule vérité.

Le livre de Baptiste Morizot est aussi beau qu'intelligent. Il prend aux tripes, touche au plus profond de la chair, inonde d'émotions, pénètre au creux du cœur et de l'esprit. Une pure merveille, un grand, très, très grand livre !

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Manières d'être vivant

e m’accroche et m’épuise à lire Manières d'être vivant.



Baptiste Morizot, c’est devenu un incontournable du moment, qu’on croise partout quand on lit sur l'écologie.

Il est passé à la Grande Librairie et « c'était merveilleux » me dit mon libraire. Soit, je suis allée l’écouter et c’était, je dirais plutôt, intéressant. Et il a belle gueule, en plus. Chez mon libraire, 4 piles réparties habilement dans le magasin. Chez un autre libraire, grosse pile à la caisse.



Bon, il semble falloir le lire.



Alors, oui, il y a des (quelques) pages magnifiques , et même plus que ça, sur le pistage des loups, la vie de la meute, la solitude et la grégarité. Oui, il y a un message de co-habitation inter-espèces, l'homme, ce n’est guère nouveau même si ce n'est guère appliqué, est un vivant comme les autres, et ça ne mange pas de pain de le redire encore et toujours.



Mais…



Mais JE NE COMPRENDS RIEN.



Je ne suis pas une lectrice de philo, mais je ne suis pas idiote non plus, et je ne comprends rien à la prose érudite et abstruse de cet auteur.



C'est son droit d'écrire comme ça, aucun problème.



Mais l’opération marketing qui consiste à le faire vendre comme des petits pains à tout public émoustillé par une bonne comm, et qui va se retrouver face à cet objet hautement intelligent mais totalement obscur, je ne suis pas sûre que cela rende service à la cause écologique, à la lecture, aux éditions Actes Sud et encore moins à un bon nombre de lecteurs.



On s’est foutu de moi et de mon porte-monnaie. En faisant semblant d’œuvrer pour la bonne cause, en plus. Et en voulant me faisant la leçon,à moi, vilaine humaine qui me comporte mal. Ça me débecte.



(A vrai dire j’avais eu le même problème avec Les diplomates, mais comme Morizot n’était pas encore une star médiatisée, ça ne m’avait pas gênée comme ça, juste déçue de ne pas être à la hauteur)
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Raviver les braises du vivant

Baptiste Morizot est un auteur dont on commence à connaître le nom, et à voir les livres en librairies, ou sur les quelques plateaux télé qui parle livres. Il produit les essais, les réflexions et les articles à un rythme élevé depuis quelques temps.

La question en achetant celui-ci, un énième, c'est "sera-ce toujours aussi bien et novateur ?"

La réponse, assez clairement, est OUI.

Bien sûr, l'auteur ressasse quelques thèmes qui lui sont chers, reparle des mêmes idées, redonne ses propositions phares, mais axe son livres sur autre chose que ceux que j'ai pu lire jusque là.

Cette fois-ci il entend déconstruire l'idée que l'on se fait de la nature et rebâtir une nouvelle métaphysique à la fois moins anthropomorphique, gestionnaire et dualiste de cette nature.

Depuis l'antiquité en effet l'homme occidental a séparé nature et culture, Hommes et bêtes, sauvagerie et aménagement par lui apporté, nature inutile et champs productifs.

De là découle aussi notre conception de la protection de la nature, pas forcément la bienvenue, ou plutôt trop manichéenne pour être efficace.

Baptiste Morizot déconstruit l'idée de la protection, de la gestion (type parc à l’américaine dont l'origine est symétrique des réserves d'indiens) et prône plutôt une levée des forçages, des barrages qui font obstacle à l'abondance naturelle du vivant qui n'a besoin de personne pour croitre et multiplier !

Il cite volontiers les livres et actions menés par Gilbert Cochet et son épouse (ré-ensauvageons la France, ou l'Europe ré-ensauvagée), notamment l’initiative récente de l'ASPAS qui a acheté un bout de forêt en Vercors pour en faire une réserve intégrale.

De cette paillette dans la forêt, il tire les fils pour désamorcer les conflits qui ont pu naître, les crispations que cette initiative a engendrée. Ces oppositions sont fausses, la seule qui existe est celle face à l'agriculture et l'industrie insoutenable, qui détruit la nature, c'est à dire nous, puisque nous humains sommes la nature, intrinsèquement liés à tous les autres vivants du globe dont nous sommes.

Nous sommes le vivant qui se défend, voilà un mantra maintes fois répétés par l'auteur au cours de cet essai.

Un slogan convaincant qui donne envie d'agir !
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Manières d'être vivant

Ce livre regroupe différents textes et articles de Baptiste Morizot. Je n'ai lu que Les Diplomates de ce même auteur, et on retrouve bien la patte et la pensée qui m’ont séduit dans ce premier ouvrage !

A travers des textes tout à la fois ou tour à tour philosophiques, éthologiques, politiques, journalistiques, romanesques (presque !) Morizot donne à voir un axe de pensée nouveau, un paradigme comme on se plait à le dire aujourd'hui qui doit changer: nous ne sommes pas hors de la nature, la nature n'est pas une ressource disponible pour notre bon vouloir (issu du grand Dieu !) mais elle (la nature) n'est pas non plus sacrée, angélique et à muséifier ; il s'agit au contraire de reconstruire, de retrouver les liens multiples et immenses qui nous rattachent à elle et qui font de nous, humains, une partie du tout.

Il faut réapprendre à communiquer avec nos concitoyens en monde, avec nos moyens modernes, être diplomates, comprendre que faire vivre les autres est aussi sauver nos vies, que laisser une forêt se développer, ou un prédateur chasser n'est pas une perte pour nous, mais une chance si on peut aménager la relation...



Avec Morizot, on piste le loup, on chante, on crie, on discute avec tout le monde, on découvre des pensées, des êtres humains et des textes fondateurs.



Merci pour tout ça...
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Manières d'être vivant

Un philosophe pisteur de loups, de cols en vallons, hiver comme été, n’hésitant pas à hurler au crépuscule avec la meute quand celle-ci se rassemble pour chasser, afin de susciter une réponse. Bref, un philosophe tout terrain.

Sa grande connaissance des loups et du territoire où ils évoluent lui a permis de saisir les différentes interactions à l’oeuvre : non seulement entre les loups, mais aussi avec les bergers, les chiens, les moutons et le milieu que ceux-ci arpentent.



Cette expérience de terrain lui permet de proposer une diplomatie interespèces des interdépendances. Dans ce contexte particulier, le diplomate est celui qui se laisse saisir, toucher par les acteurs en conflit et leurs impératifs : le loup, la nécessité de chasser pour survivre ; la brebis, le besoin d’être protégée ; le chien, sa mission de garder le troupeau ; le berger, son attachement à ses bêtes et le capital qu’elles représentent. Sans oublier la prairie qu’un pâturage trop intensif peut mettre à mal. Le diplomate se met à l’écoute des différents partis et composent avec leurs intérêts divergents. Il travaille essentiellement pour les relations car ce sont elles qui permettent une cohabitation viable pour tous.



Jean-Baptiste Morizot étend ce concept à toutes les relations qui peuvent exister sur un territoire mais aussi aux collectifs humains, comme un nouveau mode d’action dans une société où le conflit l’emporte sur le dialogue. C’est aussi une alternative aux oppositions systématiques qui empêchent tout compromis.



Pour l’auteur, il est primordial de bien connaître son territoire et les relations qui s’y nouent comme préalable à l’action politique. Il nous fait également partager son émerveillement face à un monde qui révèle ses beautés et ses mystères à ceux qui savent le contempler. Il nous introduit dans la complexité des interdépendances et nous rappelle que nous faisons partie intrinsèquement de la communauté des vivants.



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Manières d'être vivant

Encore un beau livre de Baptiste Morizot. A travers ses récits de traques des loups et ses réflexions philosophiques, il nous pousse à décaler notre regard, à changer de perspective sur le monde "sauvage" qui nous entoure. Il nous aide à penser de nouvelles formes de relations avec le monde vivant, plus respectueuses et moins anthropocentrées. Un livre pour préparer une nouvelle société.
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Manières d'être vivant

Baptiste Morizot, nous emmène dans des réflexions philosophiques très riches sur notre rapport aux autres vivants, au travers d'expériences vécues sur le terrain, dans ses campagnes de suivi de meutes de loup, pour en appréhender la complexité de leur organisation et identifier des voies de sortie aux conflits stériles entre bergers victimes et loups prédateurs.

Comme toujours, la réalité n'est pas telle qu'on nous la dépeint et oui, un équilibre entre les deux vivants, entre une vie sauvage et un pastoralisme respectueux est possible.

Mais ce n'est pas par la seule expérience de la vie avec les loups que Baptiste Morizot étaye son propos, c'est aussi en nous rappelant toutes les interdépendances dont nous sommes la résultante, dont nous sommes fait et qui nous obligent à reconsidérer combien notre monde moderne s'est détaché du vivant, en en perdant les égards dont devrions être redevables envers ce vivant sans qui nous ne pourrions pas être.

Les notions partagées et réflexions proposées sont parfois subtiles et pas tours aisées d'accès, mais elles nous invitent à une relecture, à prendre le temps de nous les approprier pour enfin en appréhender toute la signification.

C'est un livre qui m'a fait beaucoup réfléchir et que j'ai trouvé des plus intéressant à lire dans le monde où le consumérisme est devenu si prégnant dans nos existences et que je recommande vivement.
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Sur la piste animale

Philosophe et pisteur d'animaux sauvages, la carte d'identité de Baptiste Morizot est plutôt originale !

Il a su lier ses deux passions : philosopher c'est à dire raisonner, argumenter pour répondre aux problèmes posés par l'existence, et pister," voir l'invisible" en suivant les traces des vivants non humains " Pister, ici, c'est décrypter et interpréter traces et empreintes, pour reconstituer des perspectives animales : enquêter sur ce monde d'indices qui révèlent les habitudes de la faune, sa manière d'habiter parmi nous, entrelacée aux autres." (p 21)

Une des questions les plus importantes auxquelles l'auteur tente ici de répondre est : comment faire monde commun avec eux ?

Quelle jolie et intéressante formule !



Et ce qu'il nous livre de ses réflexions est fascinant ; le langage utilisé déjà interroge souvent le lecteur, comme "s'enforester" par exemple, B. Morizot est toujours très précis dans le choix des mots qu'il emploie. La description des heures d'affût ou de promenades qui permettent de se mêler à la nature, le fait de scruter tout près ou bien très loin qui nous fait devenir "animal" sont exposés d'une manière qui nous amène, nous les lecteurs, à réfléchir différemment de d'habitude...



Tout au long du récit, nous pénétrons dans les souvenirs et les expériences du narrateur : les rencontres avec le loup, Canis lupus, sur le plateau de Canjuers (Var), les ours dans les forêts du parc de Yellowstone, et la panthère des neiges au Kirghizistan.

Pister ne permet pas toujours de voir l'animal suivi, est-ce si ennuyeux ? " C'est le jour du départ. La panthère de chair est restée invisible sur les crêtes. Mais nous l'avons sous la peau désormais,... Et puis à force de la chercher depuis l'intérieur de son point de vue sur le monde, nous avons fini par la connaître..." (p 111)



Entremêlant récit de pistage et réflexion philosophique, l'auteur met l'accent sur la peur qui peut surgir à tout moment - quelle leçon en tirer ? -, n'oublie pas de citer le sens de signes amérindiens, décortique le lien entre mobilité et intelligence et bien d'autres notions absolument passionnantes comme celle de savoir comment et pourquoi l'homme s'est extrait du monde vivant et s'est placé en position dominante... Alors évidemment mythes fondateurs et religions sont évoqués, nous ne sommes pas, nous les humains, de la "biomasse"...



Baptiste Morizot a un réel don d'écrivain, il sait recréér le monde perçu " Un seul ours invisible transforme toute une chaîne de montagnes, il la recouvre d'un autre éclat. Il donne du relief à chaque buisson, qui a désormais un derrière caché. il creuse une autre profondeur dans les taillis, qui retrouvent leur dimension d'habitats. Il empêche que la nature ne devienne l'arrière-plan d'un selfie..." (p 71)

Il a écrit un livre magnifique et captivant, qui donne une toute autre dimension à notre lien au vivant et nous permet de prendre du recul sur notre rapport à l'ensemble de la nature ; mais surtout il nous met "à la place de" l'animal sauvage, nous fait comprendre son comportement, nous aide à savoir plus et mieux.

" Le pistage revient à emprunter de temps en temps,...le corps d'un autre animal qui est une perspective configurant le monde autour." (p 134)


Lien : https://www.les2bouquineuses..
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20 penseurs pour 2020

Grâce à cet ouvrage, "Philosophie Magazine" nous permet de découvrir ou redécouvrir des articles de la presse internationale, parus cette année.



A titre liminaire, j'aimerais faire un commentaire sur la forme. J'ai trouvé la couverture du livre très attrayante et de très bonne qualité.



Sur le fond, les articles de presse sont bien choisis, ils balayent l'essentiel de l'actualité de cette année, si ce n'est, pour certain du XXIème siècle en général, puisque sont soulevés des questionnements sur l'écologie, la démocratie, le capitalisme, les animaux, le numérique, le populisme, le don d'organes... et tant d'autres sujets encore.



Reste qu'il faut préciser, cela ne vous aura pas échapper, que ce livre étant publié par "Philosophie Magazine" ces articles portent tous, pour la plupart, une forte empreinte philosophique, ce qui peut parfois perdre le lecteur non averti, voire simplement, non habitué.



Le choix des articles, orientés à l'international, nous permet de découvrir de nombreux auteurs (en tout cas, ce fut mon cas), initiative qui m'a beaucoup plue. Oserais-je dire, qu'à tort ou à raison, peu d'entre eux sont français ? Les anglo-saxons ont, encore une fois, la majorité. Je salue aussi le panorama de spécialités représentées : historiens, sociologues, philosophes, psychologues...



Je me suis vue contrainte d'enlever une étoile car j'ai regretté l'absence de fil directeur. Les articles sont mis les uns à la suite des autres, sans agencement particulier. En revanche, j'ai beaucoup apprécié les notes de bas de page, notamment celles indiquant dans quelle revue l'article avait été publié, dans sa version longue ; ainsi que les petites biographies des auteurs, à la fin de l'ouvrage.



En bref, je recommande cet ouvrage à tous les curieux, soucieux de voir s'éclairer le monde actuel. Et, bien sûr, je remercie Masse critique pour l'envoi de ce livre.





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Les Diplomates : Cohabiter avec les loups s..

Comment vivre parmi les autres ?



Au croisement de nombreuses disciplines (biologie, philosophie, géographie, géopolitique, éthique, éthologie ...), Baptiste Morizot nous parle de diplomatie inter-espèce et nous invite à repenser nos rapports aux vivants non humains et plus largement à la vie.



Lorsque des éleveurs s’insurgent contre l’attaque de leurs troupeaux par les loups et proposent d’éradiquer les loups, l’auteur nous propose ici une nouvelle façon de cohabiter avec les loups en établissant avec eux une relation nouvelle dite diplomatique.



L’idée pourrait surprendre tant elle est éloignée des deux principaux courants de pensée. Le premier, le plus ancien, est le grand partage qui repose sur la séparation des humains et de la Nature où les sociétés humaines se sont extraites de la Nature et la Nature qui se retrouve comme une réserve de moyens où le progrès consiste à mieux s’approprier cette Nature.



Le second est récent et caractéristique d’un certain anthropocène qui prétend que nous sommes dans entrés dans un monde « post-nature »/hybride où la Nature ne serait plus discernable de nous, mais coconstruite par l’activité des humains, si bien que plus rien nous n’est inaccessible/étranger. Se retrouve ainsi abolit l’intact et l’isolé, le sauvage.



Pour concilier ce paradoxe de nature sauvage intacte et la cohabitation nécessaire, que la « cohabitation diplomatique » prend tout son sens.



Cette relation diplomatique repose essentiellement sur la négociation inter-espèce qui en est le cœur. Pour cela, il suffit que l’interlocuteur « soit social, territorial, intelligent. Il n’est même pas nécessaire qu’il veuille négocier. Il suffit qu’il sache recevoir des messages ».



Pour que cette négociation soit efficiente, l’auteur décrypte pour nous les comportements du loup et propose des stratégies concrètes pour une meilleure cohabitation avec les loups, comme par exemple en dissuadant une meute de s’aventurer dans des pâturages en déployant d’invisibles frontières d’odeurs mimant la présence d’une meute rivale.



Ce livre est fort intéressant puisqu’il développe une véritable réflexion écologique appliquée au champ politique incluant les animaux. Il n’est plus question d’une confrontation dualiste entre deux pôles séparés et antagonistes (nature et humains), ni même d’hybridation mais plutôt de cohabitation entre des humains et d’autres cohabitants non humains qui sont parmi nous mais « par eux-mêmes ».



Il raconte ainsi quel type de relation envisager envers des êtres qui ne sont plus seulement des ressources, ou des choses, et qui sont entrelacés à nous de manière indiscernable, mais sans y perdre leurs altérités.



Ce genre de pensée me semble donc adapté aux conflits qui nécessitent de négocier avec les vivants non humains et ne permet sans doute pas d’appréhender tous les enjeux écologiques issus de l’activité humaine.
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