[...]le faible mais entêtant bruit de fond électronique des TGV, une climatisation polaire précipitant le voyageur estival sur une banquise roulante en plein blizzard, ou encore [...]
La plongée dans les indicateurs horaires se révèle un excellent vecteur de l'imagination.
Pour le commun des voyageurs, ces pages se limitent à d'austères, voire d'incompréhensibles notes sur la circulation des trains.
En revanche, un esprit rêveur sera établir à partir de leur lecture une déambulation presque poétique, au charme infini, mêlant nostalgie, mythe et littérature.
p.12:"Si je ne conserve guère le souvenir de cet épisode, le ballet des trains au freinage assourdissant-qui, comme chacun sait, appartient au paysage sonore de toute maison voisine d'une gare, et, partant, n'incommode nullement ses riverains-, sur cette voie unique de moins de 10 kilomètres, représente la première émotion ferroviaire d'une longue série."
De fait, une large part de la poésie du chemin de fer – de la magie du rail, osons le mot -, qui à elle seule justifie l’attente, les contretemps et les mille et un désagréments, réside dans cette imprévision constante, dans une plongée au cœur des virtualités dont se berce l’imagination. Un train manqué vient renverser le cours prévisible d’une journée et bouleverse l’emploi du temps.
p.35: "L'ombre d'un doute" et "L'inconnu du Nord-express d'Alfred Hithcock, la grande gare constitue pour nombre de cinéastes la métaphore idéale de la psyché humaine, perdue entre destinée et libre arbitre"
"le paysage de l'Orléanais et de la Beauce fait moins travailler l'imagination que les forêts du Limousin."
p.23:"L'arrivée du TGV, à une époque où le credo architectural réside dans les vastes ouvertures et la primauté accordée à la lumière, a conduit à l'érection de magnifiques bâtiments- parabole idéale de la gare de Lyon-Saint-Exupéry,"
p.73:"parcours... inscrits dans la chair même de l'histoire et du paysage, mettent en place à chaque voyage un nouveau récit peuplé d'expériences individuelles véritables, adossé à l'histoire politique et économique du pays parcouru."
p.43:
« SUAVE, MARI MAGNO »
Traduction
Il est doux, quand la mer est agitée....
Lucrèce, poëme de la Nature, liv. II, vers 1.
Lien : http://www.abc-lettres.com/proverbe-latin/suave-mari-magno.html
p.70:"contre toute logique géographique, je me représente spontanément des scènes du "Château" de Kafka. en traversant la campagne hongroise."
p71:"Les trains mythiques comme l'Orient-Express ou le Transibérien éveillent en moi des sentiments contrastés. La circulation du premier, qui part de la gare de l'Est tous les jeudis matin"....
je l'ai vu celui-là