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Citation de Barbara_Coach_Happiness


16 juin – Texto
Un peu comme les fleurs, les textos ont leur langage. Un langage moins poétique, certes, qu’il est pourtant indispensable de savoir décoder pour en comprendre l’intention sous-jacente. Édouard Baer, sors de ce corps.

Téléphoner est devenu complètement ringard. À part z’Homme qui s’entête encore à m’appeler sur mon portable pour me rappeler qu’il n’y a plus de pain, tous les membres de la famille équipés de smartphone sont passés comme un seul homme aux SMS et à WhatsApp. Faire sonner le téléphone c’est préhistorique (allô quoi !), presque autant que d’écrire un mail. Bon y’a pire, y’a le courrier postal apporté par le facteur, mouahahaa, trop la loose. Restons sérieux, aujourd’hui on ne s’appelle plus : on se SMS, on se texte, voire on se sexte.

Cette nouvelle habitude de communication crée de nouveaux réflexes et il est intéressant de constater à quel point l’être humain peut être créatif lorsqu’il s’agit de transposer ses schémas mentaux et culturels à d’autres supports. Édouard, dernier avertissement, SORS DE CE CORPS.

C’est ainsi qu’à force de me planter dans les grandes largeurs, j’ai fini par comprendre et maîtriser l’art subtil et efficace du SMS. Ainsi, quand le Grand m’envoie : « Je suis chez David, on est posés tranquilles, ne m’attend pas pour manger », ce qu’il veut vraiment dire c’est : « On picole à mort, vaut mieux que tu voies pas dans quel état je vais rentrer ». Il ment mais c’est pour la bonne cause. Je peux faire semblant d’être rassurée tandis qu’il peut tranquillement se murger, en toute bonne conscience. Ça s’appelle une situation gagnant-gagnant.

De même, pour préserver le fragile cessez-le-feu entre nous deux, ma fille m’écrit diplomatiquement : « J’ai invité Mumu à manger, j’espère que ça ne te dérange pas ? ». Il faut reconnaître que ça passe mieux que : « J’ai invité Mumu à manger et je me fous de ton avis. Si ça te plaît pas tu pourras toujours manger dans ton coin». De même, le diplomatique « Tu es où là ? » qui est synonyme de « Qu’est-ce que tu fous bordel ça fait une heure que je me les gèle en t’attendant ! ». Il faut bien avouer que c’est moins violent.

Comme on apprend des meilleurs, je n’ai pas été bien longue à adopter la même stratégie. Désormais, quand les gosses m’envoient des SMS qui me gavent, je leur répond en 1 mot : « OK ». Ce qui veut dire soit : « ce que tu m’écris ne me plaît absolument pas et tu vas prendre cher », soit : « j’ai pas le temps alors je mets OK parce que y a que 2 lettres à taper, je t’expliquerai ce soir pourquoi c’est pas OK ».


10 juillet – Serial Grilleur
La saison des grillades est ouverte. Z’Homme se frotte les mains, il va enfin pouvoir se gaver de protéines animales en toute impunité. Moi je tire la tronche, une merguez ça va, trois merguez bonjour les dégâts.

Z’Homme est le chef du barbecue, le maitre rôtisseur, le mâle alpha de la viande braisée. Bon je m’emballe un peu. En vrai, il ne maîtrise pas le feu au sens néanderthalien du terme. D’abord ça le met sur des charbons ardents, ces « saloperies de braise qui ne veulent pas prendre ». Et puis suer comme un porc ? Très peu pour lui. Lui, il préfère la jouer à la Johnny : allumer le feu, allumer le feu-eu-eu et voir grandir la flamme-eu dans ses yeux-eux.

La flamme bleue, bien sûr, celle de la bouteille de gaz qui s’allume par simple bouton pressoir. Le bleu de la flamme est coordonné à son tablier rouge de « Roi des grillades » sponsorisé par Charal. De toute façon, toutes ces polémiques sur le barbecue électrique, ça lui fait ni feu ni flamme, à mon z’Homme, véritable adepte des plaisirs simples : griller la viande puis nettoyer la grille. Pour lui, chipo ou merguez, telle est la vraie question. Le reste n’est qu’affaire de cuisson.

Et justement, dès que son pote, le BBQ Weber, sort de la cabane de jardin où il est resté confiné tout l’hiver, z’Homme est pris d’une frénésie carnée. Il n’a de cesse d’inviter nos amis passés, présents et futurs, week-end après week-end, tous les prétextes étant bons pour faire un bœuf. Enfin se faire une côte de bœuf. Ce n’est pas le moment de lui rappeler qu’on peut cuire autre chose au barbecue que de la viande, restons sérieux me répond-il, pourquoi pas du tofu tant que t’y es. Comme je ne tiens pas à jeter de l’huile dans le gaz ou de l’eau sur le feu, je glisse sur le grill quelques saucisses végétales dont-il-ne-faut pas-dire-le-nom.

Une fois à table, son morceau de cadavre sanguinolent me coupe l’appétit. Quand je lui demande comment il fait pour avaler ce truc, il me demande si j’y pense, moi, au cri de la carotte. Je lui réponds que pour élever les animaux qu’il bouffe, ça en fait des carottes qui chialent. Ambiance.


20 novembre – La vie de Pioupiou

Pioupiou, c’est notre petit dernier, un poussin de sept ans (quand même déjà). Particularité : il pépie 24h/24 et son gazouillement incessant berce notre vie.

Ça c’est la version Walt Disney, avec les petits oiseaux bleus, genre Twitter avant l’heure, qui tourbillonnent autour de Blanche-Neige. La vraie vérité est plus proche de l’univers conte de fées glauque de Tim Burton. Parce que quand t’es honnête avec toi-même, c’est-à-dire après quelques verres de vin en général, même si tu penses incarner la maman parfaite, enfin sauf pour les principaux intéressés, un enfant HYPER bavard c’est surtout mignon quand ça te récite sans bafouiller le poème de la Fête des Mères avec des « Je t’aime » tous les trois mots ; après, c’est plus proche des minions, ces petites créatures jaunes qui te casseraient les schnitzels si tu en avais.

Non parce que Pioupiou, il cause dès qu’il ouvre l’œil, le bon ou le mauvais. Sa journée, elle commence tôt et elle démarre aussi tôt, au trot ou au pas – de course -, qu’il se lève du bon pied ou pas. Et d’abord, chaque jour, quand il se réveille, il me raconte sa nuit. T’hallucines. Parce que même quand il dort, il trouve encore des choses à raconter, figure-toi. La plupart du temps, je le laisse parler en bruit de fond et j’allume France Info. Quand ça fait trop larsen, je lui demande d’aller préparer la table du petit-déjeuner. Cinq minutes de répit, c’est toujours ça de gagné.

Autant dire qu’à table, si Pioupiou est là, t’en places pas une. Le Grand ça le dérange pas, de toute façon il cause pas. Mais Louloute, ça l’énerve vu que c’est une fille et que – surprise - elle aime papoter. Sauf qu’avec Pioupiou, la concurrence est déloyale. Comme elle recommence trois fois sa phrase et qu’il la boucle toujours pas, elle lui décoche des coups de pied vicieux sous la table. Du coup, il part grave dans les aigus, Louloute surenchérit en soprano et z’Homme, qui a l’oreille musicale mais pas une voix de ténor, fait profil bas dans cette cacophonie ; bref, c’est l’ambiance souk à Marrakech dans la pseudo Famille Bélier, sans les sourds d’oreilles hélas, mais avec un ado mutique. Seule parade : le Roi du silence. Qui dure deux minutes chrono mais y’a pas de petites économies.

Depuis peu, j’ai trouvé une autre astuce : le coup de fil à une amie. J’écoute une copine me raconter son week-end et pendant que je fais des « hmmm » à intervalles réguliers pour faire genre je t’écoute, Pioupiou me raconte le 42ème épisode de Naruto dans les menus détails, celui où machin chose combat truc et lui enlève ses super pouvoirs à grands coups de sabre laser. Bon j’ai peut-être pas tout suivi attentivement. Quand je raccroche, Pioupiou s’exclame : « Eh ben, t’es une vraie maman bla bla bla, toi. Qu’est-ce que tu bavardes ! » Gné ???
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