Ce jour-là, j’ai perdu foi en l’humanité et en mes chances de sortir un jour du merdier dans lequel j’étais née.
Il y a des gens qui ont tout, qui sont nés au bon endroit, dans la bonne famille, et la vie ne leur fait que des cadeaux. Et il y a des gens comme moi, nés pour souffrir, pour échouer ou pour avoir mal.
J'ai beau lui dire que je n'ai pas besoin de lui, c'est faux. Il est mon centre de gravité.
Chapitre 5 :
Alec
«… Elle était passionnée par les constellations.
Je m’approche lentement pour ne pas briser le charme. Ma voix me paraît presque irréelle quand je prononce son nom.
– Clara ?!
Elle se retourne d’un coup sec et me regarde comme si elle venait de voir un fantôme. Un fantôme du passé.
Ses yeux, ses cils foncés et longs qui tranchent complètement avec son regard bleu acier. Mes battements de cœur. Mon cerveau qui part en vrille. Le courant qui électrise chaque pore de ma peau.
C’est elle ! … »
Même la beauté de ce ciel ne peut pas rivaliser avec tes yeux.
Chapitre 7 :
Ella
«… Il se retourne vers moi et remarque que je grimace de douleur.
– Je t’ai fait mal ?
– C’est maintenant que tu t’en soucies ? craché-je.
– Désolé, j’ai cru que tu étais…
– Une Mexicaine venue te vandaliser. Oui, tout le monde sait qu’on est qu’une bande de criminels nous autres Latinos, fais-je, la voix tremblante.
Je sens que je suis au bord des larmes et j’essaye de ne pas craquer.
– N’importe quoi !
Il passe une main sur son visage un peu confus.
– Je n’ai jamais dit ça. Et puis si tu ne t’étais pas mise à courir comme si tu avais quelque chose à te reprocher aussi.
Mon premier sanglot s’échappe bruyamment sans que je puisse l’en empêcher. Je cache mon visage dans mes genoux en essayant de me ressaisir mais rien n’y fait.
Mon départ de Chicago, les retrouvailles fiasco avec ma mère, cet endroit, ces inconnus qui me traitent comme de la merde. C’est trop pour une seule journée. Je me sens seule, tellement seule.
– Hé, hé, hé ne pleure pas je suis désolé de t’avoir bousculée.
Une main hésitante se pose sur mon épaule je fais un geste brusque pour le sommer de ne pas me toucher. Il se retire immédiatement. Mais comme je ne me calme toujours pas, il revient à la charge. ...»
- Alors je serais ta bouée de sauvetage, Zack. Jusqu’à ce que tu retrouves goût à la vie. Tu peux te reposer sur moi. Je serais là chaque jour, à chaque fois que tu aura du mal à respirer ou que tu perdras pied. Je serais aussi là pour te botter le cul si nécessaire. Et t’obliger à aller de l’avant. Parce qu’on est obligés, Zack. Parce que c’est la vie. Parce que si on n’avance pas on tombe.
Je suis consciente de ne pas être comme les autres, à la mode ou grande gueule. Et s’il m’arrive parfois de l’oublier, je peux compter sur ces pimbêches pour me le rappeler en m’humiliant. Je ne comprends pas le plaisir que l’on puisse trouver à se moquer de quelqu’un qui ne vous a rien fait et qui passe le plus clair de son temps à raser les murs pour ne pas être repérée.
Chapitre 3 :
Rocky
«… Il grogne.
— Arrête de dire des conneries et donne-moi ta bouche, bébé.
Je me fige.
— Je ne veux pas que tu me donnes un petit nom ! C’est bien trop intime pour un plan cul.
Il fronce les sourcils et essaye de lire en moi des choses que je ne veux pas dévoiler, mais dans cette position, je me sens particulièrement vulnérable et plus capable de jouer à la forte tête qui maîtrise tout.
Il se redresse, encercle ma nuque de ses grandes mains, puis susurre à mon oreille.
— Continue de te raconter des histoires et d’ériger des règles stupides, si ça peut te rassurer, mais toi et moi savons très bien qu’une fois ne nous suffira pas.
Je m’apprête à protester mais il ponctue son propos d’un coup de reins qui m’arrache un cri guttural.
— C’est beaucoup trop bon pour qu’on s’en contente, Rocky !
Il m’enserre la taille pour me plaquer contre lui...»
Je sais que c’est une erreur. Je sais que cela contredit tout ce que j’ai dit, mais il est comme ce dernier verre qu’on ne peut s’empêcher de boire un soir d’ivresse. Je me réveillerai demain avec une gueule de bois phénoménale, mais pour l’heure, j’ai envie de me laisser intoxiquer par Jude Hartnett.
« Ris de tout, Ella, profite de tout ce qui dure comme de ce qui ne dure pas, disait-elle tout le temps. Le temps passe vite et la pire des choses qui puissent t’arriver, c’est d’être vieille dame comme moi avec des rides et des regrets. »