Le choc qui suit est tellement brutal que son chariot dévie de 90 degrés. Obnubilé par l'heure, Warren en a oublié de regarder devant lui. Il relève les yeux pour croiser plusieurs clients à la mine accusatrice. Il leur offre un rictus de contrition puis se tourne vers la droite et l'autre chariot qu'il vient littéralement de défoncer.
Derrière celui-ci, un homme hébété et entre ses mains, à hauteur de poignée, une petite fille apeurée.
On pense que le bruit d'un cœur qui se brise ressemble à celui d'éclats de verre, mais en réalité, c'est celui d'un déchirement. La douleur qui l'accompagne est infinie.
« Thé vert aux mangues et caramboles », en lui servant une tasse.
« Original comme mélange », en enlevant ses lunettes et ses gants.
« Toxique à haute dose », précise-t-il.
« Voilà qui est rassurant », un rien perplexe.
« Tu ne crains rien », inébranlable alors qu’il rempli la deuxième tasse.
« Je sais », redevenant sérieux.
Les silences font partie de leurs conversation, Chip s’y est habitué et n’en éprouve plus aucune gêne. Il y a, dans l’écho de ce « tu ne crains rien » comme une réponse à toutes les questions qu’il n’a eu de cesse de se poser depuis leur première rencontre.
On ne peut pas entrer deux fois en collision avec la même personne deux jours de suite sans que le destin y soit pour quelque chose.
Kian vit la voiture se garer dans l'allée. Raiden en sortit côté passager, un autre homme côté conducteur. Celui-ci fit le tour de la voiture, lui serra longuement la main puis s'éloigna vers une autre voiture parquée à quelques mètres. Raiden lui fit un signe de la main puis quand la voiture disparut, il releva la tête vers l'aile Est.
Raiden ne le voyait pas, mais il savait que Kian était là. Il le sentait. Il rentra. Il avait besoin de dormir, de se reposer. Besoin de réfléchir aussi. Il lui fallait trouver un moyen de communiquer avec Kian autre que les regards et les non-dits. Il voulait briser les murs de sa prison comme Kian avait brisé les siens, même si ceux de sa douleur muette devaient être bien plus épais et hauts. Comment pénétrer dans ce monde construit par un être perdu en son sein depuis trois décennies ? Raiden avait eu beau fouiller sur le net, le cas de Kian restait unique dans les annales. Cela ne l'aidait pas.
Il vient juste de décider que Todd et sa fille, qui ne l'est pas vraiment, feront partie de sa vie, d'une manière ou d'une autre. Peu importe la place qu'ils accepteront de prendre dans son existence. Tant qu'ils voudront bien partager un bout de route avec lui, tout lui va.
Tout est tellement plus simple quand la lâcheté vous prend par la main pour vous entraîner au loin
« Kyle ne regretta jamais son choix. Cette maison avait été le lieu de leurs renaissances. Cette maison était son chez lui. Leur chez eux. Clara serait fière de lui. La vie avait repris ses droits. Dans ces murs, témoins silencieux d’une évidence. »
𝑻𝒖 𝒇𝒂𝒊𝒔 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆 𝒇𝒂𝒎𝒊𝒍𝒍𝒆, 𝒕𝒖 𝒆𝒔 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒕𝒆 𝒍𝒆 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒎𝒂 𝒗𝒊𝒆 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒎𝒆𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔
S’il y a bien un truc que je n’aime pas chez toi, ce sont tes réflexions moralisatrices. Tu es obnubilé par l’hygiène, le savoir, toutes ces choses idiotes dont un guerrier peut très bien se passer. Le ton monte. Je suis plus grand que toi d’une tête, deux fois plus large et pourtant, au combat à mains nues, je ne t’ai jamais battu. Toi non plus, d’ailleurs, avec tous les coups que l’on s’est déjà envoyés, juste par jeu. Tu es vif, rapide et... vicieux. Tu viens de m’envoyer un coup dans les bijoux de famille qui me fait tomber à genoux en couinant comme une femelle. Et toi, tu ris, enfoiré ! Malheureusement, tu n’es pas le seul.