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Citations de Barouk Salamé (86)


Quand on a que mépris pour la vie, quand on s'est octroyé un droit divin sur l'existence humaine, la sienne et celle des autres, plus souvent celle des autres que la sienne d'ailleurs, tout retour en arrière est impossible. Iblis (le diable) prenait le contrôle de votre âme et l'exercice du pouvoir s'accompagnait d'une insensibilité bestiale à la souffrance des autres.
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C'est parce qu'elles ont absorbé les cadres culturels et religieux de leur espace d'origine que les trois grandes religions monothéistes ont été capables d'avoir une diffusion planétaire, de traverser les cultures et les âges.
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Quelques jours après, le même marchand m'en offrait dix fois plus, toujours sans expertise. Je refusais encore, en rappelant ma proposition, celle suggérée par Tom. Je voulais qu'il finance une expertise et se contente de 15% de commission sur la vente. Tom avait raison, il accepta. Il me demanda un fragment d'une feuille de papyrus et les planches-contacts du manuscrit, un délai de deux semaines pour l'expertise. Moins de dix jours après, il me rappelait. D'après lui, c'était un gros coup, l'examen montrait que cet incunable datait de la première moitié du VIIe siècle après J.-C. Ce manuscrit était d'autant plus rare que les textes de cette époque étaient en général en cuir parcheminé et pas en papyrus. En revanche, il n'était pas arrivé à déchiffrer, car selon lui, ce n'était pas écrit en hidjâzî, mais en syriaque.
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Cet homme vit en monnayant des informations, il passe son temps à s’informer et à vendre ce qu’il a appris. C’est une seconde nature chez lui. Il nous trahira tôt ou tard, faites-moi confiance.
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Comment vous décrire les retrouvailles avec ma mère? Dans la famille, nous sommes peu loquaces en matière de sentiments, comme les Indigènes en général. Cela n'empêche pas un amour animal, sauvage, qui s'exprime par des empoignades, des crispations musculaires, des baisers furieux.
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Voici ce qui s’est passé. En 1943, quand l’Algérie était le centre de la France libre, les Algériens ont cru un instant qu’on allait rattraper le temps perdu, leur accorder les mêmes droits qu’aux Français. Après tout, ils avaient donné leur sang pour la France, et sans compter. Le mirage fut vite dissipé. Alors, de rage, le mai 1945, dans la région de Sétif et de Guelma, il y eut une tentative de soulèvement armé, dans lequel, malgré l’impréparation, Messali Hadj se laissa embarquer, persuadé que les Anglais et les Américains interviendraient. C’était si mal emmanché que l’affaire tourna tout de suite à la débâcle ; les responsables clamant que c’était une manifestation pacifique. Comme toujours quand c’est brouillon, quand le service d’ordre vient à manquer, un ouragan de sauvagerie s’abattit sur les fermes isolées et une centaine d’Européens furent suppliciés au nom du djihad.
La répression fut terrible, barbare, disproportionnée : quinze mille Indigènes furent exterminés, en majorité des innocents, pour que le souvenir soit plus marquant. Remarquez bien cette proportion : pour un Européen assassiné, on massacra cent cinquante autochtones. Un pour cent cinquante, cela vous donne le prix du bougnoule. Dans la Bible et dans le Coran, on dit dent pour dent, œil pour œil, c’est la loi du talion, une vie pour une vie. Mais les Français jugeaient cette équation largement insuffisante, il fallait réviser ces vieux codes quand il s’agissait des Nord-Africains. Cent cinquante Indigènes pour un Français, voilà le bon taux de change à la foire aux massacres ! Ce taux devint une habitude, comme on le vit dans le Nord constantinois lors de l’insurrection de 1955, où une petite centaine de victimes françaoui fut vengée par des milliers et des milliers de têtes basanées. Sans ce taux à l’esprit, les atrocités du camp de l’indépendance ne sont pas intelligibles.
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Barouk Salamé
A propos du Testament syriaque :

Grâce à ce roman, j'ai pu remettre des paroles sur une musique que j'avais en moi.
(...)
Le Coran est un texte poétique, quasi elliptique, voire incompréhensible si on ne l'éclaire pas par la lecture de la sunna (la tradition). En outre, comme l'ont démontré Umberto Eco ou Jim Nisbet, le roman policier permet de composer des livres riches, sophistiqués, soignés, qui touchent un large public.
(...)
Il n'y a rien eu de systématique ou de concerté, j'ai simplement cherché ce qui pouvait alimenter mon roman. Je crois beaucoup à ce que Stendhal nommait "les petits faits vrais". A un moment, vous êtes tellement imprégné par vos lectures que vous pouvez faire, à l'instar de Borges, de l'érudition fictive et émettre des hypothèses comme si vous étiez un historien.
(...)
Quand la machine romanesque s'est mise en branle, soudain, entre l'écriture et les recherches que je poursuivais, je suis devenu schizophrène, explique-t-il. Le problème alors a été de savoir si j'allais ou non écrire ce testament. Finalement, je l'ai fait, en pensant que je ne le conserverais peut-être pas.
(...)
Pour que votre livre ne devienne pas bâtard, il n'y a pas de mystère, il faut couper encore et encore.
(...)
L'érudition s'est faite peut-être au détriment des personnages. Je sens à présent qu'ils ont envie d'exister un peu plus.
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Pour les musulmans de lelivredelislam.com, tout était bid'a (innovation) et comme tel, haram (péché, illicite). Les gestes quotidiens commencés du côté gauche, les pantalons et les cheveux courts pour les femmes, les mentons imberbes pour les hommes, la brosse à dents, la perruque, le papier toilettes, les poils sur le pubis. Ils s'appuyaient sur une prétendue parole du Prophète :
Il n'est de pire chose que la nouveauté. Toute nouveauté est une innovation, toute innovation une erreur, toute erreur conduit au feu éternel.
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Mon prénom est Serjoun, Serge en français. Bien que je sois à peine un adolescent, j’ai décidé de rédiger mes mémoires de l’été 1962, l’été qui a vu l’indépendance de l’Algérie, pour ceux qui l’auraient oublié. Comme disait Grand-mère, paix à son âme, il faut savoir tout craindre, mais aussi tout tenter.
Il s’est passé beaucoup d’événements atroces pendant cet été à Oran, des histoires plus terribles que celles des films américains, des tragédies qui valent bien celles de l’Antiquité. Les adultes pourront tirer profit de mon témoignage car malgré mon jeune âge, j’ai été aux premières loges de l’embrasement final, le massacre des Européens et la bataille fratricide des combattants algériens. L’indépendance fut une fête dans tout le pays, mais dans la ville d’Oran, le méchoui avait le goût de la chair humaine.
Dans notre famille, aussi loin que l’on remonte, nous avons toujours vécu en Algérie, autochtones parmi les autochtones des États barbaresques, Indigènes au service des Indigènes de la Barbarie, puisque c’était ainsi qu’on nommait cette terre jusqu’en 1830. Beaucoup de gens perçoivent dans cette période reculée le temps de l’ignorance, font débuter l’Histoire du pays avec la naissance du FLN, le déclenchement de l’insurrection du 1er novembre 1954. Ce sont eux les ignorants. Grand-mère avait vu passer les insurrections bolchevique et kémaliste, la guerre du Rif, la fin du mandat français en Syrie, deux conflits mondiaux, la libération de l’Indochine ; elle m’a donné une vision beaucoup plus vaste des choses, avec plein d’autorités pour clore le bec des ignorants.
Les Français n’ont jamais compris les Algériens. Ils ont toujours cru que l’édification d’un État moderne pouvait tout disculper, le machinisme pallier l’injustice.
« Il y a trois mondes dans l’Algérie française, disait un boulanger algérois, dont la famille avait fui l’Alsace occupée en 1871 : l’Olympe de notre communauté laborieuse, un îlot de bicots argentés qui a les moyens de paresser au soleil, et l’immense plèbe de dégénérés qu’il faut dresser au travail. »
Ce malentendu devait coûter sa terre natale à la souche européenne installée là depuis cinq générations.
Les Turcs n’étaient pas des tendres, ils ont dû en brûler des villages par-ci par-là, le meurtre politique était leur technique de gouvernement, mais ils ne jugeaient pas les autochtones comme une espèce inférieure d’humanité ; ils craignaient leur révolte, ils épousaient leurs filles, ils les associaient à la conduite du pays. Aucun de leurs administrateurs n’aurait osé dire que faire entrer le peuple algérien à l’Assemblée, c’était prostituer la République. En trois siècles d’occupation, le Grand Turc n’avait jamais déplacé deux millions de personnes, brûlé des régions au napalm, instauré des zones interdites et des camps de regroupement.
Les produits manufacturés de qualité, les ports florissants, les réseaux de bus, de chemins de fer et de lignes aériennes, les hôpitaux et les écoles, les villas de maître et les voitures rapides, les journaux, la radio et le cinéma, c’est intéressant quand tout un pays en profite. Or la civilisation française, jusqu’en 1958, n’avait touché que le littoral algérien et les plaines voisines, partout ailleurs, hors les villes de garnison, c’était un monde archaïque, réglé par la course du soleil et les apparitions de la lune, une terre de hauts plateaux caillouteux et de dunes étouffantes, remuée péniblement à l’araire et à la houe pour les uns, foulée en quête d’herbes vives pour les autres, où la richesse était une bonne santé, des enfants et quelques moutons ; le luxe, un cheval fringant et un vieux fusil Lebel, et pour le reste, la magnanimité d’Allah.
L’honneur avait toujours eu plus de valeur que la vie humaine sur cette terre famélique : l’on thésaurisait le respect comme ailleurs l’argent. Et c’étaient ces Indigènes passés maîtres dans l’art de la survie, pointilleux sur les signes honorifiques, plus irascibles que des Iroquois, que le colon, par la mécanique infernale du régime colonial, expropriait, volait, bastonnait, bafouait.
Guy de Maupassant, qui s’était immergé dans ce monde plus vieux que la machine à vapeur, disait : l’Arabe supporte tout, puis il tue. Nous les Indigènes, berbère ou judéo-berbère, noir ou sang-mêlé, descendant ou non des fils de l’Orient, étions tous des Arabes en ce sens.
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Si elle mentait, c’était soit une grande comédienne, soit un agent ayant reçu une formation appropriée. Ce n’était pourtant qu’une conservatrice du Musée du Louvre. Elle eut l’idée d’appeler Serge pour lui demander conseil.
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Les femmes qui s’imposent dans un métier d’homme me fascinent. Je compte écrire un livre sur le sujet.

Cette dilection mit Benazir mal à l’aise. Elle venait déranger l’intimité d’une femme qui ne lui voulait que du bien.
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Pour créer Mekka, Nedjma était partie de là, l’origine de l’humanité selon l’islam, la culture dans laquelle elle avait grandi. D’après les légendes musulmanes, Adam était mort à Ceylan, mais Ève était morte à Djedda, la ville où le premier couple avait eu tous ses enfants (Nedjma souriait à ce récit et Anna lui rendit son sourire).

De cette pierre-nombril, Nedjma avait dérivé vers la Pierre noire de la Kaaba, car le monde avait oublié le tombeau d’Ève, comme il risquait d’oublier les magnifiques bouddhas géants détruits en Afghanistan par les Talibans.
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L’art avait besoin de matière pour exister. Il était présence.
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C’était la plus belle déclaration d’amour qu’il avait jamais entendue. Il n’avait jamais été père et aucune femme n’avait songé qu’il en fût capable. Longtemps la paternité lui était apparue comme un mécanisme biologique sans intérêt. Avec Benazir, il pressentait que ce mécanisme pouvait receler beaucoup de bonheur, des émotions inconnues. Que pouvait-il répondre ? Lui dire qu’il l’aimait à la folie ? Elle le voyait dans ses yeux. Mais il avait peur pour elle.

Les services secrets étaient un panier de crabes, où le pouvoir nouait et dénouait les alliances, où l’on pouvait tuer un collègue si un ordre habillé en raison d’État l’exigeait. C’était pour cette raison qu’il avait quitté la Brigade antiterroriste de la Police judiciaire, la simplicité des crimes crapuleux correspondait mieux à son esprit.
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Avant de devenir mère, je veux terminer en beauté, comme soldat et pas comme directrice d’une ONG… Je n’ai pas passé plus de dix ans de ma vie à apprendre le métier des armes pour finir par des ronds de jambe devant des technocrates et des financiers.
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Les idées d’Ibn Arabi ont eu une influence énorme sur le sunnisme et le chiisme. Il a rendu à la beauté et à l’amour charnel leur caractère divin, il a fait du monde le miroir de Dieu.
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L’Amour ne se cueille pas comme une fleur,

L’Amour ne se vend pas dans les échoppes.

Si d’Amour tu es en quête, que tu sois prince ou gueux,

Offre d’abord ta tête.
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C’était un rêve dans un rêve, il rêvait qu’il rêvait et dans le rêve premier, il voyait Benazir dans un appartement-témoin, ouvert à tous les regards, sautant du lit, faisant des pompes forcenées, boxant dans le vide en poussant des hans ! agressifs, se douchant à l’eau froide dans une baignoire, puis se maquillant devant la glace en jurant, alors que lui ramait désespérément dans une barque pour atteindre le quai où se trouvait cet habitat transparent.
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Quand elle ne s’entêtait pas, ou ne cherchait pas à le rouler, il aimait cette jeune fille. Son insolence destructrice le touchait. Elle avait un franc-parler rafraîchissant sur la situation qu’ils vivaient tous. Bien qu’elle essayât de faire bonne figure, sous le masque du maquillage, le manque la faisait souffrir et elle ne pensait qu’au moyen de soulager sa souffrance.
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Anna s’était habillée comme une artiste d’art moderne, implacable et ambitieuse. Elle fit son numéro avec talent, mais le vigile savait beaucoup trop de choses, y compris sur l’implication de la Central Warriors Group dans cette affaire. Son rôle mineur n’aurait pas dû lui permettre de posséder autant d’informations. Tonio ou Falier l’avait mis au parfum, c’était évident.
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