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Critiques de Bashô Matsuo (87)
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Le Sac à charbon

Lorsqu’on aime les haikus, lire Bashô est un incontournable. Poète japonais du XVIIe siècle, Bashô a consacré sa vie à cette poésie fugace et concise du quotidien. A la recherche de la simplicité, il parle du temps qui passe et de la beauté des choses humbles qui nous entourent et qu’on ne voit plus. Son regard de poète donne une autre dimension aux choses du quotidien



« Sur le séchoir de bambou

Le pongée couleur de thé

Roulé par le vent »



Dans « le sac à charbon », on découvre des haikus mais également des hokku et des renku. Trois jeunes poètes, disciples de Bashô, Rigyû, Yaba et Ransetsu, mêlent leur voix à celle du maitre et nous offrent des regards différents sur les mêmes thèmes. Comme, par exemple, un coucou.

Bashô écrit :

« Cachées par les arbres

Les cueilleuses de thé auront

Ouï le coucou »

Tandis que Rigyû écrit :

« Le coucou chante

Et chante tandis que le vent

Tourne à la pluie »



Les poèmes sont présentés sur la page de droite tandis que celle de gauche propose des explications et nous éclaire sur la civilisation japonaise et sur le bouddhisme qui a eu une influence sur l’œuvre de Bashô.

« Mince comme un fils

Environ le premier jour

La lune du soir. » (Rigyû)



L’humour aussi est présent

« Sur le dos d’un moine un manteau

De pluie voilà qui est cocasse. « (Kikaku)



Il y a deux lectures pour ce recueil : soit une lecture complète en lisant les commentaires, soit une lecture limitée à la forme poétique pour se laisser bercer par le rythme. Chaque lecteur trouvera celle qui lui convient le mieux.

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La sente des contrées secrètes : Carnet de voya..

Journal de voyage de Bashô, dans le Japon du XVIIe siècle, parsemé de haïkus inspirés au débotté des paysages traversés. Chaque chapitre est suivi d'un commentaire du traducteur. Fichtre ! Barbe ! Poisse ! une exégèse me dis-je, craignant mille et une chinoiseries infligeant d' innombrables camouflets à ma quichitude ; mais non, au fur et à mesure de la lecture mon intérêt s'est même paradoxalement inversé entre le texte originel et ces commentaires piquants sur l'histoire du Japon.





Ces haïkus de voyage sont à apprécier comme des polaroids métaphysiques ; une vision étreint Bashô, il s'immobilise en héron, et un serpentin de mots baptise cet instant unique. Une redoutable banalité apparente, tout en étant allusive jusqu'au sibyllin : il faut savoir percer les voiles exigeants de l'extrême simplicité, sans quoi ils feront l'effet juste agréable de la rosée sur un Anatidé de type mandarin sans parvenir à toucher le sous-duvet.



J'avoue avoir préféré d'autres styles de haïkus plus pétaradants , j' y carminais, voire pamoisais sous l'effet d'une sauce samouraï premier choix, celle des 17 syllabes au goût définitif .

Prévoir donc de retravailler son hosomi ( l'amour des choses humbles) ainsi que le wabi-sabi ( wabi, plénitude et modestie devant la nature; sabi, nostalgie devant la patine du temps), sans oublier le shiori ( suggestions qui émanent du poème) pour en apprécier tout le suc.





Il n'empêche que les siècles qui nous séparent de Bashô fondent sans effort , quand ses émotions s'embrassent finement aux pins ondulants, aigles glissants, cascades frémissantes.



‌Si l'on devait encore raccourcir cet extrême du concentré qu'est le haïku ce serait : un point d'exclamation .

Un unique point d'exclamation devant le monde .

Par quelques mots, il libère les sensations engourdies, les émotions incongrues devant un clapotis, un pied d'insecte.





Extrême élégance aussi des joutes verbales qui rivalisent de beauté et d'habileté, exploits métaphoriques. Comme il nous tarde de voir nos chefs du monde s'infliger de cruelles estocades d'éloquence et plier le genou devant la maestria manifeste et incontestée de leur adversaire.





Ce livre nous instruit encore sur les relations du Japon entre ses diverses contrées, notamment des populations très hétérogènes comme les Aïnous, ou avec les autres pays, au cours des 1000 dernières années. On est surpris de voir la vivacité du commerce et l'intrépidité des voyageurs. L'arrivée de quelques samouraïs à Saint-Tropez en 1615 fit par exemple son effet ( baguettes, mouchoirs en papier, sabres ! ), pendant que d'autres firent souche à Séville où se trouvent toujours leurs descendants.

Ceci avant que le Japon ne se referme à l'influence extérieure, en particulier celle des missionnaires, rabattant silencieusement les pans du palanquin .



Merci à Babelio et aux éditions Olizane pour ce beau voyage à travers les yeux de Bashô et ce panorama du Japon archaïque .
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Haïkus - Les paysages d'Hokusai

C'est un petit livre à glisser partout, à ouvrir au hasard des pages, un Remède à la mélancolie, pour reprendre le titre d'une belle émission de France Inter à laquelle il conviendrait parfaitement.

Il est beau, le papier est doux à caresser, 58 Haïkus illustrés avec poésie et douceur par Hokusai.

Sa palette de couleurs est restreinte pour chaque planche, les lignes sont courbes, les dessins sont plein d'imaginaire.

Basho, Buson, Chiyo-Ni, Dakotsu, Issa, Joso, Kyorai, Ryokan, Ryota, Shiki, Shusai, Teishitsu vous entraineront dans leurs états d'âme, avec délicatesse et profondeur…

Laissez-vous porter par ce livre magnifique que je vais avoir bien du mal à rendre à la bibliothèque…





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Haïkus - Les paysages d'Hokusai

Voilà une anthologie à déguster lentement sous un plaid.

Cet ouvrage au format poche fait partie de la belle collection « classiques en images ». Il propose cinquante huit paysages fameux d’Hokusai (1760-1849) réalistes ou imaginaires, tous empreints de spiritualité et, en écho, cinquante huit haikus de poètes japonais d’époques variées : Basho, Buson, Chiyo-Ni, Dakotsu, Issa, Joso, Kyorai, Ryokan, Ryota, Shiki, Shusai, Teishitsu. La sélection des poèmes et les choix iconographiques sont l’œuvre d’Elisabetta Trevisan.



Lire le haïku comme explication du paysage peut se révéler décevant. J’ai préféré vagabonder librement.

Les reproductions des estampes de paysages du « Vieux fou de peinture » sont toutes merveilleuses. Harmonieuses, délicates, contrastées. Les terrifiants rouleaux bleus de la Vague, l’imposant et immuable Mont Fuji, les cascades monstrueuses, les brumes légères, les sombres rochers, les violentes rafales de pluie , les calmes soleils couchants, les pins paisibles et puis les gens tout petits, tout petits. Humbles pêcheurs ou belles dames de cour, élégantes lavandières, frêle enfant posé sur une branche. J’ai tout aimé.



L’estampe (ukiyo-e) nécéssite un travail en trois étapes : le dessinateur réalise un modèle que le graveur reproduit sur une plaque de bois. Puis l'imprimeur se charge de la polychromie. La polychromie date du XVIIIe.

À l'origine « ukiyo » signifiait “bas monde de misères et de souffrances“ puis plus tard à l’époque d’Edo (1603-1868) quand les guerres se terminent enfin , le fait de jouir des plaisirs d’une vie précaire. « Ukiyo-e » désigne « les images du monde flottant » ces “peintures”qui représentent ces instants insaisissables. Elles se rapprochent donc de l’esprit du haïku, ce petit poème élégant et raffiné qui saisit lui aussi un bref instant fugitif en jouant sur les contrastes et les rythmes.



J’ai adoré ce petit recueil et je me procurerai les autres ouvrages de la série.
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Cent onze haiku

Bashô Matsuo, poète japonais du XVIIème siècle, est considéré comme un des plus grands maîtres du haïku et l'un des plus vénérés au Japon. Les cent onze haïkus qui composent ce petit recueil sont extraits de l'ensemble de son oeuvre, particulièrement riche.

*

Chaque poème tente de capter et figer l'insaisissable, le temps qui s'enfuit.

D'un simple trait de sa plume sur la toile vierge, Bashô dessine, avec légèreté et délicatesse, la beauté contenue dans la fugacité de l'instant, celui du plongeon de la grenouille, des stridulations de la cigale ou du chant de l'alouette, des pétales de roses jaunes qui tombent dans le silence, du fracas assourdissant du torrent, de la lumière du soleil.



Les mots qui me viennent à l'esprit sont « équilibre », « harmonie » et « accord ».



« Ah ! le vieil étang

une grenouille y plonge

le bruit de l'eau »



Hymne à la nature, à sa beauté.

Des moments autant ordinaires que magiques, aussi éphémères qu'éternels et immuables.

Des moments que malheureusement nous négligeons et n'apprécions pas à leur juste valeur.



Sa palette, uniquement composée de mots, cristallise ces moments uniques.

Chaque mot, évoquant l'écoulement des saisons, la beauté de la nature, le temps qui file, trouve sa juste place.



Et pendant le court instant de la lecture, le poème prend vie, le temps et l'espace s'évaporent avant d'être immortalisés sur la toile, laissant le lecteur avec des images, des sensations, des couleurs, des bruits, des émotions.



« Sur une branche morte

un corbeau s'est posé

crépuscule d'automne »



Le mouvement, figé dans l'immobilité de l'instant, est fugitivement esquissé.



« Au cours de sa chute

elle a déversé son eau

fleur de camélia »



Les mots, délicatement choisis, ont la légèreté du silence, l'opulence et la plénitude d'une vie simple et solitaire.



« Parfois des nuages

viennent reposer ceux qui

contemplent la lune ! »



Dans la sagesse et l'effacement, se cache l'étendue des émotions.



« le son de la rame

frappant les vagues glace mes entrailles

cette nuit – des larmes »



« On a l'impression

qu'il a cent ans ce jardin

tant de feuilles mortes »



La dualité saisit le lecteur.

Jeu de contrastes.

La légèreté des mots, pareils à de la soie, s'oppose au poids des idées, de leur sens et des non-dits.



« Ah ! Tranquillité

et jusqu'au coeur des rochers

le chant des cigales ! »



Souvent, les mots éclairent l'obscurité de la nuit.



« La nuit de printemps

s'achève, le jour se lève

sur les cerisiers ! »



Le poète suspend l'écoulement du temps, la perception de l'instant.

Il touche les émotions liées à la vie : le contentement, les regrets, la solitude, la vieillesse, la mort.

Apaisement. Plénitude. Acceptation.



« le pont suspendu

et comme enlaçant nos vies

les plantes grimpantes »



« Usé par le temps

mon coeur le sait et le vent

transperce mon corps »



« Elles vont mourir

pourtant pas le moindre signe

le cri des cigales »



*

Souvent mystérieux, parfois obscur en raison de la distance culturelle et temporelle, ce petit recueil d'une richesse et d'une profondeur infinie, se compose d'une succession de petites toiles de maître. Il offre des instants de sérénité où le silence est d'or.



A chaque nouvelle lecture, des images apparaissent, des souvenirs effleurent la pensée, des émotions dans lesquelles chacun peut se retrouver.

Des émotions qui sont propres à chacun.



Petite parenthèse dans notre vie trépidante, il se déguste dans la solitude, lentement, en prenant son temps.

Juste quelques lignes avant de s'endormir.

Une invitation à la rêverie et la contemplation.

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Journaux de voyage

Un livre comme je les aime.

Basho nous emporte dans ses contemplations et ses réflexions méditatives sur le temps qui passe. A travers les temples, les paysages, ses rencontres, ses poèmes, il nous fait revivre ce Japon révolu.

Un livre à savourer, en prenant son temps, pour retrouver un peu de paix intérieure.
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Haïkaï

Depuis que je lis des haïkaï, je suis fascinée et envoûtée par cet univers d'apparence simpliste, qui porte la poésie à un très haut niveau et demande beaucoup de rigueur.

Ecrire un haïku c'est voir, ressentir et immortaliser un moment de grâce. C'est une photographie écrite qui capte l'émotion d'un instant.

Poésie épurée, poésie d'émotion que je découvre depuis quelques années.
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L'intégrale des haïkus : Edition bilingue françai..

Bashô aide à apprécier l'instant. A éprouver la poésie du présent grâce à quelques syllabes. Il a l'art incomparable de saisir concrètement l'insaisissable, ce qui nous touche et nous dépasse en même temps. Ses haïkus sont simples et légers, au plus près des saisons, en résonance avec sa spiritualité et son mode de vie de moine pèlerin. Cette édition chronologique et intégrale de ses haïkus permet de suivre tout le parcours de ce fils de samouraï devenu moine bouddhiste. Elle nous fait aussi approcher grâce à ses petits instantanés colorés et sonores, non sans malice, sa vie quotidienne dans le Japon du XVIIe siècle. On est très loin du Soleil et tout près de la lune.
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Seigneur ermite - Intégrale

Je suggère cet ouvrage, Seigneur ermite, à quiconque veut s’initier à l’art des haïkus. Vous savez, ces très courts poèmes japonais. Trois courts vers. Ce recueil regroupe les différents haïkus composés dans la seconde moitié du XVIIe siècle par Basho au cours de sa vie, de ses nombreuses pérégrinations à travers le Japon médiéval. En fait, c’est l’intégrale de son œuvre poétique. Toutefois, ne vous laissez pas impressionner par ce mot (intégrale) ni par l’épaisseur du bouquin. Ça se lit facilement et rapidement. Je l’ai terminé dans un temps record et je le regrette beaucoup : ces jolis haïkus, il ne faut pas les enchainer mais plutôt les lire lentement pour bien les apprécier.



D’abord, dans la présente édition, on retrouve une introduction très instructive qui explique l’évolution de l’art du haïku. Ensuite, une biographie de l’auteur, riche d’informations précieuses (famille, occupations, ermitages, voyages, etc.) et d’anecdotes. Après tout, Basho est étroitement associé à cet art. Il ne l’a pas inventé mais l’a profondément transformé et il en est devenu son meilleur représentant. Du moins, à l’étranger. Puis viennent les haïkus eux-mêmes, précédés de leur version en japonais et de leur transcription avec l’alphabet latin. Enfin, l’ouvrage se termine par une assez longue section de notes. Chaque haïku y a son entrée, où peuvent être expliqués des expressions anciennes, des noms propres auxquels réfèrent les poèmes (souvent, des noms de lieux, parfois, des individus), ou bien des fêtes locales ou n’importe quoi qui permet de mettre en contexte les jolis poèmes.



Les haïkus en eux-mêmes sont intéressants. La plupart se réfèrent à la nature, à de beaux paysages, au passage du temps (le soleil couchant, la lune, etc.), parfois aussi à des jolies femmes dans leur kimono ou à de fiers jeunes hommes tenant leur sabre. Il ne faut pas s‘attendre à des chutes ou à des jeux de mots ou figures de style trop sophistiqués. Et encore moins être renversé par les émotions. Chez nos amis orientaux, surtout ceux de l’époque, la retenue et la pudeur régnaient en maitre. Particulièrement les Japonais. Leurs haïkus, dans leur forme définitive, se limitaient à une seule phrase. Tout est dans la brièveté et dans l’association d’images obtenues. Dans la manière d’organiser des fragments et en former un ensemble, un sens.



Certains m’échappaient un peu (peut-être parce qu’ils font référence à des épisodes très personnels dans la vie de Basho), d’autres me paraissaient répétitifs de par leurs thèmes récurrents. Toutefois, la plupart m’ont plu et en voici trois qui m’ont particulièrement interpelé :



Ma vie de voyageur,

Le va-et-vient

D’un paysan labourant la rizière



Attendre

Le premier chant du coucou,

Une éternité!



Elles mourront bientôt

Et pourtant n’en montrent rien –

Chant des cigales



Ces haïkus et les autres qui forment ce recueil, ils constituent un voyage dans le temps et dans l’espace. Un voyage dans le Japon d’autrefois, à une époque plus simple où il était plus facile d’apprécier les douceurs de la nature (même les hivers froids apportent un bien quelconque). C’est peut-être un encouragement à nous arrêter un peu, à nous détourner ne serait-ce qu’un peu de notre monde effréné d’Occidental et à apprécier les beautés qui nous entourent? En ce sens, la poésie de Basho est intemporelle.



Sur ces mots, je vous souhaite une bonne journée et une bonne lecture.
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Cent onze haiku

Observant la nature, Basho collecte de minuscules moments, qu'il traduit en termes concrets.

L'expression est simple, descriptive et épurée. Réduite au minimum, elle provoque l'éblouissement.



L'infiniment grand (majestueux, immortel et constant) est confronté à l'infiniment petit (fugace, simple et sans cesse répété).



« De loin et de près

s'entend le bruit des cascades -

la chute des feuilles »



« Désolation hivernale -

dans le monde monochrome

le bruit du vent »



« Le lever du jour -

tournoyant dans la brume

la voix de la cloche »



L'évocation puissante de l'instant dépose dans le cœur l'empreinte de l'esprit (à moins que ce ne soit l'inverse ?).
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Haïku : Poèmes japonais classiques

Basho, Buson, Issa, Shiki… Quatre grands maîtres du haïku et, pour chacun d'eux, une sélection d'une vingtaine de poèmes en version bilingue ; un bref retour historique sur les origines et la forme du haïku ; une petite notice biographique pour chacun des poètes… Au total, une centaine de pages absolument magnifiques, proposées – dans cette édition de luxe (mais à petit prix) – sous la forme d'une reliure traditionnelle chinoise.



L'édition est splendide, le papier et la calligraphie le sont tout autant ; quant aux poèmes…



« Soleil d'hiver –

Ombre gelée

Sur mon cheval »

(Basho)



« Un vieux puits –

L'obscur clapotis d'un poisson

Gobant un moucheron »

(Buson)



« le printemps frappe

En sabots boueux

A toutes les portes »

(Issa)



« Une branche taillée

Et l'aube descend aisément

Jusqu'à ma petite fenêtre »

(Shiki)



Ce que nous offrent ce superbe recueil et ces quelques poèmes, c'est une présence attentive au monde, à ses beautés cachées captées en un clin d'oeil. Instantanés, éblouissements, révélations foudroyantes et intimes, propres aux haïkus. Les splendeurs de l'instant dévoilées en quelques mots, l'émerveillement…



A lire et à s'offrir, entre amis qui se veulent du bien, ce très beau livre déniché hier en librairie fait désormais partie des complices de mon chevet !

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Cent onze haiku

Le livre est sobre, de grandes pages blanc cassé, presque vides, un haïku calligraphié à la verticale sur la gauche, l'équivalent en écriture latine en haut et la traduction en bas, trois vers.

Un grand espace, donc, un peu intimidant, mais qui donne aussi une impression de lecture facile et rapide.

En réalité, lire les trois vers au bas de la page suffit pour en un instant révéler un monde aussi sensoriel que visuel. Par exemple:

Au parfum des pruniers

soudain le soleil se lève -

sentier de montagne!

et aussitôt je vois ce sentier s'ouvrant, face à la montagne, sur la clarté poudreuse de l'aube et je sens cet air frais du petit matin après une nuit à la belle étoile. Magie du haïku!



Bashô est né en 1644 près de Kyoto et a consacré sa vie aux haïkus et aux voyages, voyages à pied, dans le dénuement le plus total, se débarrassant du superflu, de l'encombrant, pour se révéler à l'essentiel. Son écriture est celle de la fugacité, de l'instant et de manière plus générale de la beauté du paysage traversé en chemin.

Voici encore un exemple parmi tant d'autres:

Au bord du chemin

un hibiscus - le cheval

vient de le manger!



Merci à monsieur Dany Laferrière pour cette belle découverte, si je n'avais pas lu Je suis un écrivain Japonais, je ne me serais sans doute jamais intéressée à ce maître du haïku!
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Journaux de voyage

Voyage pèlerinage dans les pas de Bashô dans le Tôhoku (nord-est du Japon).

L’introduction de René Sieffert le traducteur de ce précis est très instructive. On y apprend l’histoire de la naissance des haïkaïs poèmes dont Bashô fixa les règles. Les deux premiers vers se lisent à la suite et le troisième constitue « le choc poétique de la fin » qui ouvre notre imaginaire. Plus tard au XIX siècle on parlera de haïkus qui est en fait la contraction de haïkaï et hokku (deux formes poétiques anciennes et libres non encore codifiées et qui faisaient l’objet de jeux concours entre les poètes)

Bashô amoureux des paysages baignés dans la brume ou la nuit au clair de lune fait surgir ses souvenirs littéraires et partage les haïkaïs de ses compagnons. Il chemine de monastères en monastères et fait mille détours pour contempler les pins de Shiogoshi, la lune au sommet d’un mont, l’eau d’une cascade… sa capacité d’émerveillement est infinie et son écriture poétique nous émeut au fond de l’âme.

Les japonais ont coutume de dire que les occidentaux ne peuvent apprécier à leur juste finesse les Haïkus, sûrement, il faudrait être érudit dans l’histoire du Japon tant les références historiques sont nombreuses. Mais notre sensibilité nous permet de saisir toute la subtilité, la pureté poétiques et la fulgurance des haïkus.

Si vous aimez la poésie arrêtez vous longuement sur ce petit bijou. Avant, plongez dans « L’esprit du haïku suivi de Retour sur les années avec le maître Sôseki » de Torahiko Terada et surtout ne zappez pas l’introduction !

Un pur moment de sérénité et de bonheur !!

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Haïkus en voyage

"Emporte-moi

loin du quartier

cerf-volant"

Tama



Ces recueils de Haïkus publiés aux éditions du Seuil sont une petite merveille.



Avec cet opus ci, Bashô et bien d'autres poètes japonais nous emmènent en voyage.

A chaque haïku correspond une estampe japonaise illustrant à merveille les trois vers divins.

C'est un vrai plaisir de s'y plonger.

Simplicité, sérénité, émerveillement et dépaysement sont les maîtres mots de ce recueil enchanteur.



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L'intégrale des haïkus : Edition bilingue françai..

Lire les poèmes courts de Bashô,

C'est comme faire une visite au plus profond du Japon d'antan. Cheminements incessants sur des sentiers perdus, au milieu de paysages vierges de présence humaine. Déambulation romantique et périlleuse dans des contrées parfois dangereuses, émerveillement permanent, devant une nature exhalant ses beautés et ses odeurs enivrantes. Mais aussi face au patrimoine historique et aux traditions des ancêtres que l'auteur respecte infiniment.

Bashô a vécu sa poésie comme sa vie, celle d'un poète voyageur avenant en mouvement et à contrario, celle d'un ermite ascète retiré du monde. Deux lignes de vie contradictoires, mais qui au final font la synthèse de cet être surdoué, aimant parfois la convivialité et d'autre part le silence d'un endroit isolé de tout. Paradoxe d'un homme dont le talent inégalable prend toute sa dimension poétique, au travers de ses courts vers de haiku où toutes ses impressions, émotions ressortent avec brio. Explosion de couleurs, de senteurs, de joie, de tristesse mélangeant le réel et le rêve idéalisé. Bashô adepte d'une philosophie plutôt zen, nous laisse surtout une leçon de vie, en exprimant avec ses poèmes et ses expériences diverses, un simple message : vivons en harmonie avec tout ce qui entoure, les éléments, les humains et la nature.
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Haïkaï

Belle musicalité des vers, des mots, de tonalité!

On s'y immerge avec volupté!!

Même les nuages sombres vous sourient

Ça vous titille le cœur comme les pattes d'une souris...

Belle découverte!

D'une candeur couverte!
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Cent onze haiku

Comment un moine japonais du XVIIè siècle peut-il m'émouvoir autant ? Tout est simple, allusif, léger. Tout est toujours là, dans l'instant. Le cri de l'alouette, la fraîcheur du torrent. Pour l'éternité.



L'édition Verdier est épurée. Elle présente un seul haïku par page avec le texte japonais dans le sens vertical , la transcription des vers en écriture romane ( ce qui permet de percevoir rythme et jeux de sonorités) et enfin la traduction simple et fluide de Joan Titus-Carmel.
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La sente des contrées secrètes : Carnet de voya..

Ce livre des éditions genevoises Olizane, avant même d'être plaisant à lire, est plaisant à regarder, avec sa couverture zoomant sur un paysage maritime japonais, tiré de l'estampe "Le moine fou de la lune" de Kitagawa Utamaro. Cela commence bien, et la suite impressionne par le travail colossal réalisé par le traducteur et auteur Jean-Marc Chouvanelle, que j'appellerai ici notre guide, par commodité.



Quitte à être un peu long en introduction, l'ouvrage resitue Bashô dans la période d'Edo (l'ancienne Tôkyô, pour mémoire), puis son art du haïku dans l'histoire de la poésie japonaise, le waka. Cela va du recueil du Manyoshû au 7ème siècle, dominé par quelques figures masculines encore assez mal identifiées, aux illustres poétesses du temps de Heian (l'ancienne Kyôtô), Murasaki Shikibu et Sei Shonagon, puis à la révolution du haïku, expression elliptique d'un dépouillement ultime.



Notre guide prend ensuite quelque 40 pages pour nous plonger dans la biographie de Bashô, le père du haïku. Ce jeune surdoué, né Matsuo Kinsaku, édite déjà une anthologie de ses courts poèmes en 1662, à l'âge de 19 ans. Fils de samouraï, il prend le nom de Matsuo Munefusa, mais renonce finalement à son clan pour devenir poète et gagner Kyôto. Après avoir continué de publier sous de nouveaux noms d'emprunt, il finit en 1680 par se fixer sur celui passé à la postérité, après que certains de ses disciples eurent décidé de planter sur sa propriété un bananier (bashô), plante nouvellement introduite au Japon. Son talent hors du commun lui conféra une aura remarquable auprès d'un foisonnement de disciples. En 1689, Bashô entreprend avec quelques-uns d'entre eux un grand périple au travers du Honshû, de Edo jusqu'aux contrées du Tohokû en remontant la côte est, avant de rejoindre la côte ouest et la bourgade de Kisagata, puis de rentrer en longeant cette côte vers le sud et le Hokuriku, jusqu'à Ogaki, près de Nagoya.

Chacun des disciples littéraires de Bashô est en outre présenté largement. Trop peut-être, au risque de quelques longueurs...



Puis vient le coeur de l'ouvrage, le récit de son voyage (Kikô) que Bashô nous livre ici, ponctué de haïkus, finalement parcimonieux, mais cela ne gâche en rien le plaisir dès lors qu'on ne s'y trompe pas a priori : le présent ouvrage n'est pas un recueil de haïkus, ce n'est pas son objet. Si c'était ce que l'on cherchait, on ira voir avec grand bénéfice du côté de l'intégrale de ses haïkus chez Points Seuil. Une fois la carte du voyage présentée, on découvre donc le récit de chacune des étapes qu'en fait Bashô. le texte est présenté en langue japonaise et traduit en français sur la page en vis-à-vis, ce qui est très appréciable quand on ambitionne une démarche d'apprentissage ou perfectionnement de la langue nippone. S'ensuit un commentaire, plus ou moins long, souvent long d'ailleurs, de notre guide pour nous aider à comprendre ce qu'a voulu dire Bashô, en resituant le contexte évoqué, notamment les lieux et personnages cités et leur histoire. Il y déploie l'étendue de ses connaissances monumentales sur l'histoire ancienne du Japon, notamment politique, religieuse, culturelle. C'est souvent passionnant, le lecteur en apprend énormément, tant sur les jeux de pouvoir des daimyo et shôgun contemporains de cette époque, les Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et la lignée des Tokugawa, unificateurs du pays, que sur l'influence considérable et séculaire des multiples sectes bouddhistes et shintoïstes sur la sphère politique. Dans une sorte de tour spirituel en 42 étapes, Bashô nous fait visiter des lieux sacrés, temples et monastères, et partager la beauté simple de la nature, un pin maritime ou un saule étant sujet d'émerveillement.



Ce livre est précieux par sa forme, son originalité et l'immense somme d'informations qu'il apporte au lecteur. Il a les quelques défauts de ses qualités, dans la mesure où un tel déploiement érudit dans le commentaire atténue la portée du texte brut de Bashô lui-même, qui passerait presque au second plan. L'ordonnancement des chapitres récit étape N – commentaire - récit étape N+1 – commentaire, etc…accentue cette impression d'un fil quelque peu discontinu. C'est un peu dommage. Mais en même temps, il sera facile de l'ouvrir sur une envie future à un chapitre du voyage et lire le commentaire qui s'ensuit, indépendamment du reste



La sente des contrées secrètes (Oku no hosomichi) est cependant un bel ouvrage, que je suis heureux de compter désormais dans ma bibliothèque déjà très japonaise. Pour cette découverte masse critique, je remercie vivement l'éditeur suisse Olizane, et bien sûr l'équipe de Babelio.

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L'intégrale des haïkus : Edition bilingue françai..

Lire Bashō c'est voyager avec lui à travers le Japon du XVIIème siècle. A l'écart du bruit des villes, privilégiant les temples et retraites d'ermites, le poète observe la nature et cherche à laisser les choses exister pour ce qu'elles sont, en se vidant de toute autre considération.



Rosée goutte à goutte -

Pourrai-je y laver

les poussières de ce monde ?



L'art de l'épure est poussé à son comble, sous l'influence du bouddhisme zen. Au fil des saisons, un monde minéral et végétal se déploie par petites touches, dans une efflorescence impressionniste. Ces petits poèmes tracent chacun à sa façon une étape de la "sente étroite du bout du monde", un cheminement minuscule qui nous ouvre à l'infini.



A l'extrémité de la feuille

au lieu de tomber

la luciole s'envole
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Journaux de voyage

Bashô vécut comme un moine itinérant libéré de ses entraves, et comme un poète, contemplant la lune et les montagnes. Ces carnets de voyage sont tous imprégnés d'un univers poétique inspiré par l'érémitisme de la poésie chinoise dont Bashô était l'héritier ainsi que par le bouddhisme. Bashô visite de nombreux temples et sanctuaires, au milieu d'une nature encore sauvage. Ses nombreux voyages effectués dans des conditions des plus rudimentaires sont aussi des pèlerinages qui nous font découvrir le Japon du XVIIème siècle.
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