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Citations de Radu Bata (155)


Le sommeil est une page blanche que la nuit offre à tous les gens avec un crayon gomme.
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Les mots sont mes seuls amis, mon équipage dans la tempête de tous les jours.
Je mange avec eux, je ris avec eux, je souffre avec eux, je rame avec eux dans ma galère de survie.
Cependant, depuis que je veille avec eux, le vent du large mord le ciel de notre amitié : ils ont commencé à quitter le navire.
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Se payer la tête du pôle monétaire

il est encore temps
de tout prendre en dérision
les hommes et les gouttes de pluie
les femmes et les flocons de neige

il est sain de rire des étoiles du marché
des plans à trois des astres du Top 50
des solos de guitare de la lune
des plans d'épargne de l'arc-en-ciel

on peut même prendre en ballon le globe
les ambitions du soleil
et les sourires niais de l'univers
tant qu'on y est

mais il ne faut jamais
se moquer des nuages
des nuages
qui nous habitent
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Sous les feux nourris de la nuit

avancer vaillamment dans l'année
comme un hippopotame sur la pointe des pieds

traverser le corps de la semaine
comme une petite poupée de porcelaine

marcher sur le fil du soir
comme une lumière sur une balançoire
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Poisson d’amour
Pendant que je trompais ma femme,
entre trois heures et trois heures trente,
avec une nymphette aux cuisses d’écailles,
à l’autre bout du lit, dans la chaleur de la nuit,
elle se laissait séduire par un hippocampe plus entreprenant.
Au réveil, on avait du mal à dissimuler les nageoires
qui nous avaient poussé.
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Truisme d'époque : les gens parlent mais n'échangent (presque) plus. Ils parlent comme Narcisse au lac, ou, plus souvent, ils parlent pour tirer profit : mystifier, entourlouper, enfariner, c'est le lot gagnant de la "communication" d'aujourd'hui. Les bouches s'ouvrent mais les mots du partage ne sont plus articulés qu'accidentellement ; au travail, dans la rue, même en famille, les bouches manipulatrices sont légion.
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Mimétisme

le chat
est entré
dans la clepsydre
et le temps
a miaulé
deux fois

depuis
dans le sable
de la litière
les filles de la plage
donnent l'heure de l'amour
avec des moustaches
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Un héritier de Cioran, poète à ses heures pour le bonheur du lecteur.

L'insomnie, la nuit et le rêve sont des prétextes pour se distancier du jour et circonscrire ses chimères. Pour composer des aphorismes, réduire le monde des hommes à une pelote basque et afficher un faux/vrai désabusement cioranien.
Un exercice funambulesque d'écritures avec des références culturelles en "étages". Peu pourront monter au sommet car l'accessibilité reste assez hermétique. Mais le premier (et le deuxième) niveau de lecture a déjà de quoi nous enchanter. On est surpris tout le long de ce journal-roman-recueil par des sujets qui alternent, leur traitement stylistique, le jeu sémantique et ses multiples facettes.
Dans les kyrielles de produits "littéraires", enfin, de la fraîcheur !
Un ton, une "voix", une ambiance.
Vivement recommandé !
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j'ai cherché l'amour sur tous les méridiens
du flux danubien au cirque parnassien
au fin fond de Rangoon de la brousse africaine
dans les venelles de La Paz et les faubourgs d'Athènes
les arrondissements de Paris les malls des Etats-Unis
sur les aires d'autoroute les plages de la mer Noire
sur l'ile de Tasmanie dans la vallée de la Loire
je l'ai cherché avec les jumelles la loupe la bougie
la lampe frontale
dans le vertige des peaux brûlantes dans la folie du village global
je me suis tué mille fois dans une foule de relations
il me jouait toujours des tours de perfide Albion

chaque fois que je pensais l'attraper il me faussait compagnie
quand je croyais le voir rue de l'Union il fuyait
rue de l'Indépendance
quand je pensais le voir place de la Concorde il courait
Place de la Liberté
quand je l'approchais au Pays du Soleil Levant il se couchait
au Pays des Merveilles
quand enfin je le coinçais dans la chaleur de l'Equateur
il partait comme un missile se rafraîchir au Cercle Polaire

chaque fois que j'imaginais tenir l'amour il me glissait
entre les doigts
j'ai vérifié pendant des mois ses 248 000 000 occurences
sur google il n'y en avait aucune pour moi
et puis ce dimanche nuit le dictionnaire des ombres m'a appris
qu'on ne disait plus jamais amour de toi
que les humains ne savent plus dire qu'amour de soi.
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Cristina Hermeziu chronique Radu Bata

Il cuisine les mots au feu follet du lyrisme impertinent et on découvre que le plat (politiquement correct) de nos vies ne se mange pas toujours froid. Dans ses poèmes d'amour Radu Bata frôle la grâce d'un Boris Vian ou d'un Charles Trenet qui traduit Rimbaud ou Verlaine en langue jazzy.

http://www.actualitte.com/critiques/radu-bata-feu-d-artifice-dans-l-angle-mort-de-la-langue-2421.htm
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rêvaison
----------
(tu fais quoi à ton âge
quand il fait beau ?
je fais du jardinage :
j'arrose les fleurs de peau)

je rêvaisonne jour et nuit
entre ce temps qui désunit
car le chaos est de saison
entre le rêve et la raison

je rêvaisonne les yeux ouverts
avec l’amour à découvert
entre la faille et le dessert
quand l’espérance se met au vert

je rêvaisonne en noir et blanc
quand tous les autres font semblant
quand tout le monde est au volant
je rêvaisonne en cerf-volant

je rêvaisonne sans but précis
comme dans une belle anesthésie
quand le futur se rétrécit
en endeuillant la poésie

(p. 86)
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je rentre
----------
(grains d’amour
tremblements des vagues)
allez viens ma belle boire un café
jusqu’à ce que ce vent mordant quitte la ville
allez viens boire ce jus aux copeaux de chocolat
tu es toute glacée et ton foulard est minuscule
les chiens aboient et pourtant
tu dois être sereine
pendant que les voitures passent
mais elle s’enveloppait encore et encore
dans son petit foulard sans fin
ne te perds pas dedans je lui ai dit
et doucement je lui ai enserré les épaules
et elle a esquissé un sourire doux
comme un coucher de soleil
qui tombe de fatigue
des journaux jaunis volaient dans les rues
et au tournant une paire de chaussures grinçait des dents
ne regarde pas je lui ai dit
le monde est ainsi fait
le café n’est plus loin et il y fera chaud
elle a acquiescé de sa main gantée
je te crois je lui ai dit pour la rassurer
allez viens sauter ce fossé
par lequel passaient les grecs et les romains
de la cité d’autrefois
d’un pas leste elle fut de l’autre côté
et sur ma rive est restée son odeur
laisse le parfum à dieu et vas-y je me suis dit
il y a encore deux rues à parcourir
comme deux contes de fées
voilà on y est le café est bondé
on voit comme dans un rêve la buée
dans laquelle se drapent les gens
tu t’installes ma belle et tu m’appelles
quand tu deviens réelle
d’ici là je rentre sur la terre ferme
d’une nébuleuse molle
comme un caramel

(Mircea Țuglea)
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Radu Bata
who’s who
—————-
(je ne suis pas le moineau que tu vois
mais j'ai une plume qui me fait voler)

le monde marche sur la tête
avec des béquilles et des bâtons
qui s’appuient dans le ciel

le monde marche sur la tête
aussi ne voyons-nous plus que la détresse
qui fleurit sur ses semelles

le monde marche sur la tête
les malades soignent la santé
et les blaireaux sont des chasseurs

il est normal alors qu’on prenne
les injures pour des compliments
et les tueurs pour des rêveurs
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châteaux de sable
l'été
je dessine des filles
sur la plage

quand je réussis
les grains de peau

elles m'invitent
dans le tableau
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Paul Vinicius – Vous êtes des vampires sans passeport
(mais avec des transfusions dans le compte)

laissez le poète trancher le ventre de la lumière
laissez-le en sortir les entrailles des songes
ensuite laissez-le rédiger les nuits les jours les séparations
les taupes
l’abîme
la vie

comme s’il avait encore à boire à fumer à aimer
comme s’il avait encore des jours sur la planche

et seulement après pendez-le
et seulement après appelez les chiens affamés
les molosses des mauvaises herbes

et seulement après lavez le sang de vos mains
comme des gens exemplaires du futur

quand vous aurez mis en lieu sûr le passé
témoin gênant de vos forfaits
une carte qui cherche toujours ses origines
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Radu Bata
les mots d’ouate
————————
du saltimbanque
————————
l’unesco a tiré
le signal d’alarme :
50% des langues du globe
vont disparaître

et je ne pense pas
qu’il ait pris en compte
dans le calcul
ma langue

bien que
je la tire
souvent
à tout le monde
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la bouteille à la mer
qui traverse ton ciel
-------------------
(laisse-toi aimer par la nuit
elle est le meilleur coup
qui puisse t'arriver)

tu reçois une carte postale de montevideo
et tu reconnais ton écriture dessus
ton problème est insoluble dans l'atlantique
puisque tu n'as jamais été
en amérique du sud

le globe ne tourne pas rond
tu te dis à juste titre
et le mystère s'épaissit
quand tu essaies de comprendre
le message

« accroche-toi à la nuit »
tu t'écris à toi-même
et il ne te reste qu'à t'obéir
si tu veux avoir une chance
de te comprendre

toi et ton quotidien
fait d'amour et de nuages
et de petites lâchetés
qui ne traversent pas
l'océan

(p. 43)
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suivre son étoile
————————————
(si les chemins de la foi
s'enfoncent dans les averses
nous allons nous sauver
par des chemins de traverse)

les jours n'en font qu'à leur tête
ils s'en fichent des ordres présidentiels
des lunes ramassées dans les dividendes
des trahisons des corruptions des infections
et même de leur espérance de vie :
ils savent bien qu'ils peuvent compter
sur la nuit
pour se sauver

(p. 209)
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Une autre fois, pour échapper à un malaise, je devais gagner un concours de haïku, vous savez, le poème japonais de dix-sept syllabes. Je vous rapporte ici, mes vers, tels que je me rappelle les avoir écrits dans mon rêve:

Le sourire est rond
Le destin fait des bonds
Le temps est sans fond

(p. 37)
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pas de grâce pour les braves

(nous sommes les génies d’une lampe
que personne ne frotte
sauf les espèces disparues)

on est condamné
à la vie
dès la naissance

les malchanceux
exécutent la peine
en totalité
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