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Citations de Béatrice Wilmos (26)


En cette fin d’hiver 1917, au marché noir, dans les queues devant les magasins vides, dans les journaux, on ne parle que des grèves dans les usines et des manifestations, des combats de rue, des crimes crapuleux, de la mutinerie des soldats et des exécutions sommaires des officiers, des incendies dans les campagnes, des anciens maîtres battus à mort, des enlèvements en pleine rue, des fosses communes. Pour elle, un quotidien harassant, la peur des mouchards, l’angoisse à cause de Serioja, les courses dans la ville à la recherche de lait, de pommes de terre et de pain. L’espoir de trouver un morceau de viande, pas le plus beau, ni le plus tendre. Elle n’est pas exigeante. Elle se contenterait d’un de ces morceaux qu’il faudra faire bouillir des heures pour l’attendrir et donner du goût au bouillon. Le retour à la maison avec des carottes, des pommes de terre, une ration de lait pour Irina, sans viande. Elle chauffe le lait et en donne une part à Alia. Il est vite bu. Il faudra donc repartir demain matin, encore plus tôt pour ne pas rater la distribution, montrer à temps ses tickets qui lui donnent droit à une ration supplémentaire. p. 105
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Il avait si souvent vu, dans les champs qui bordaient ces routes, les moissonneurs et les femmes qui ramassaient les gerbes, les envols de perdrix, comme un éparpillement gris dans l’air tremblant, les enfants pieds nus qui le hélaient et lui offraient, riant et se bousculant, de gobelets de kvas glacés. Puis, la fraîcheur sous le couvert des arbres et le blanc argenté des bouleaux, le tapis de mousse et les fleurs des sous-bois, les marais jaunes et le sifflement des alouettes. Tout cela avait passé.
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Esther posait la main sur son bras, d'un geste tendre et distant à la fois. Elle le questionnait en allemand, il opinait de la tête, elle lui souriait. Jeanne était bouleversé par leur manière d'être ensemble, si présents l'un à l'autre, si apaisés. Thomas, avec son silence pensif, tombé au milieu d'une conversation, songeur, étranger parfois à ce qui se passait autour de lui. Esther, accueillant ce silence surgi entre eux, repliée dans ses pensées, les doigts faisant et défaisant distraitement les noeuds d'une ficelle abandonnée sur la table.
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Son carnet était toujours dans sa poche, il ne s’en séparait jamais. En quittant Leningrad, il avait gardé cette habitude et il lui semblait parfois qu’il ne pourrait plus jamais voir les paysages et les hommes autrement qu’à travers les noirs et les blancs de ses propres dessins. Il savait que c’était une manière, un peu dérisoire, de se protéger de l’absurdité de la guerre et de tenir la peur à distance. D’oublier la douleur aussi, une certaine forme de douleur, celle dans laquelle l’avait plongé la destruction d’une beauté qui lui était familière.
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Les gendarmes avaient expliqué que Thomas partait pour le camp des Miles, installé dans une tuilerie près dAix en Provence, à 80 kms de là.
Un camp pour les réfugiés allemands, surveillé par l'armée.
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Un été et un automne, la faim et la peur avec, pourtant, la sensation d’une sorte de bonheur, par à-coups, comme une décharge dans le coeur, brève, intense. Une façon d’être ensemble dans le malheur, de rire de nous-mêmes, d’aimer la tache de couleur d’un bouquet d’arroches dans les pierres ou une gorgée de vin de Moselle. Au milieu des ruines, celles de la ville et celles de nos existences, la moindre petite chose qui surgissait, imprévue, bienfaisante, nous émerveillait.

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Il aurait suffi de si peu pour la sauver. Une tartine. Une pomme. Un petit morceau de viande, une tasse de lait, un bol de gruau, quelques légumes bouillis. Une poignée de sucre candi. Une crêpe de son comme elles en avaient mangé – mais pas Irina – il y a si longtemps chez Balmont.
– Oh ! Irina ! Si tu étais encore en vie, je te nourrirais du matin au soir. Irina ! S’il y a une chose que tu sais : c’est que je ne t’ai pas envoyée à l’orphelinat pour me débarrasser de toi, mais parce qu’on m’avait promis qu’il y aurait du riz et du chocolat. p. 92
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(Les premières pages du livre)
Samedi saint, 28 mars 1920. Veille de Pâques. Marina note la date sur son carnet. La fenêtre dans le toit est ouverte. Déjà le soleil réchauffe le bois de la table sur laquelle elle écrit. Alia dort encore. Irina aurait eu trois ans le 13 avril prochain.
Elle a très peu pensé à elle ces derniers jours. Vivante, elle était si souvent absente que cette absence-là, celle de la mort, inéluctable, définitive, ne lui semble pas si différente. Qu’Irina fût là, dans le palais-grenier, ou à Bykovo, dans la maison de campagne de Lilia, ne changeait rien. Elle ne fut jamais pour
elle une réalité. En fait, elle n’a même jamais cru qu’elle grandirait. Elle ne pensait pas à sa mort. Elle n’imaginait pas qu’elle mourrait dans l’enfance. Ce n’était pas cela, non. Simplement, c’était une créature sans avenir. Elle l’avait toujours su. Elle ne l’avait jamais aimée au présent, toujours en rêve. Elle ne la connaissait pas, ni ne la comprenait.
Elle regarde les trois photos qui ont été faites d’elle. Sur la première, prise par Lilia, elle a un petit visage rond, encadré de boucles, un immense front un peu bombé, des yeux sombres, profonds. Elle était tout juste revenue à la maison, pleine de santé et les joues rosies par le grand air après deux semaines à Bykovo. C’était au début de l’automne dernier. Il faisait encore beau à Moscou. Elle chantonnait d’une voix si juste
et bouleversante les premiers mots d’une comptine, « Pipeau zoue Pipeau zoue Pipeau fus’lé Pipeau doré ». Elle caressait la tête de Marina en disant « a-i-i, a-i-i-, a-i-i », ce qui voulait dire « gentille » avait traduit Lilia. Elle souriait, d’un sourire pudique, comme embarrassé, d’un sourire si rare comme rares étaient les fois où Marina l’avait prise sur ses genoux. Elle le faisait au retour d’une longue absence qui lui avait laissé croire qu’elle allait aimer Irina. Mais l’attrait de la nouveauté passait, l’amour tiédissait. Ne demeurait plus que la stupide et étrange Irina qui ne comprenait rien à rien, la gloutonne qui salissait sa robe, qui mâchouillait son chiffon et cachait son visage dans son bras replié. – Elle se cache pour échapper à tout, elle se fait son nid, disait Nadia, la nourrice à laquelle Irina s’était attachée. Elle se nichait dans ses bras, la tête enfouie contre son épaule, abandonnant son chiffon, laissant courir ses petites mains dans son cou et sur ses joues. Nadia la serrait contre elle, soufflait sur ses yeux, faisait mine de la dévorer de baisers. Irina riait. Marina n’en éprouvait aucune jalousie. Au contraire ! L’amour que Nadia portait à Irina la dispensait, elle, de l’aimer. Elle observait de loin les gestes précis et tendres qu’elle avait pour savonner Irina, l’essuyer doucement avec la serviette et recoiffer ses beaux cheveux souples et dorés.
Elle se réjouissait de n’avoir pas à le faire elle-même. Elle était incapable de cette tendresse, elle le savait. Elle lavait Irina en la brusquant et l’enfant gémissait, la tête détournée, son torse maigre et ses petits bras raidis sous l’eau froide et le linge rêche avec lequel elle la frottait. Elle détestait plus que tout la
mettre sur le pot, ordonnait à Alia de le faire, voyait sa mine apeurée et dégoûtée, et se détournait.
Nadia ne couchait jamais Irina sans lui chanter une berceuse. Parfois, un petit sanglot interrompait le chant. Il se faisait un silence puis la berceuse reprenait. – Il faut lui caresser la tête, disait-elle en sortant de la chambre, sinon Irina ne s’endort pas.
Alia pose avec sa petite sœur sur les deux autres photos, prises dans le studio du photographe de la rue Bolvanovka. C’était juste après l’anniversaire des sept ans d’Alia, fêté avec une poignée de sucre candi et des crêpes de son sur lesquelles Alia avait fiché deux cierges à moitié consumés que lui avait
donnés la vieille femme de l’église Boris-et-Gleb.
Est-ce vraiment ses filles, ces visages mornes, ces poses figées dans un décor artificiel ? Irina avec ses yeux comme des billes, écarquillés et d’encre noire, sa petite bouche serrée, la couronne duveteuse de ses cheveux au-dessus de son grand front, une expression d’attente et d’incompréhension dans le regard. Alia apparaît toute frêle dans une robe trop courte qui dévoile ses jambes maigres, chaussée de grosses bottines bien peu enfantines. Ses yeux cernés semblent démesurés. Ses cheveux sont coupés au bol. Sur la première photo, elle a appuyé sa tête contre celle d’Irina. Un geste de tendresse et de protection peut-être. Mais non. Alia n’aime pas vraiment Irina, elle en a un peu peur. Le photographe a dû dire – Rapprochez vos
têtes mes petites, sinon vous n’entrez pas dans le cadre. Alors elle a incliné sa tête pour obéir et l’a bien vite redressée quand tout a été terminé. Sur l’autre photo, Irina est juchée sur un tabouret et Alia se tient debout à côté d’elle, un livre ouvert à la main. Le photographe a enroulé le pied du tabouret dans une étoffe qui lui donne l’aspect d’un rocher factice. Irina a ce même regard grave et interrogateur, une esquisse de sourire apeuré. Ses petites mains sont posées dans les plis de sa robe, une robe blanche toute chiffonnée. Marina avait fait tirer ces photos pour les envoyer à Serioja. Elle voulait qu’il voie combien ses filles avaient grandi. Mais elle avait renoncé. Elle ignorait où il était.
Irina, telle qu’elle l’a vue pour la dernière fois à l’orphelinat, ne ressemblait à aucune de ces photos. Elle déambulait entre les lits du dortoir, amaigrie, son cou tendu comme celui d’un oisillon, les cheveux en bataille, ses yeux sombres, immenses, vides. – Irina ! Regarde qui est venu te voir ! a crié une surveillante. Mais Irina s’est détournée, sans un sourire, et elle a continué son chemin, chancelante dans sa robe d’indienne rose raidie de crasse, un croûton de pain serré dans sa main. – Marina ! Excusez-moi mais elle ressemble affreusement à un phoque ! Affreusement ! a dit Alia.
À qui parler d’Irina ? À personne ! Alia ne sait pas. Elle ne lui a pas dit qu’Irina était morte. Elle a repoussé dans le débarras le fauteuil où elle dormait. Alia n’a posé aucune question et elle ne paraît pas s’étonner de l’absence de sa petite sœur. Sans doute la croit-elle encore à l’orphelinat.
Marina retarde sans cesse le moment de lui dire la vérité.
À Lilia et à quelques rares amis, elle a raconté qu’Irina était morte d’une pneumonie et leur a fait comprendre qu’elle ne voulait plus aborder le sujet.
« Ne pleure pas sur moi, ô Mère, toi qui m’as mis au tombeau… » Cette prière que chantaient les Flagellantes, moniales sans monastère errant par les chemins, résonne dans sa tête. C’était à Taroussa, à la Maison des Sables, au matin du Samedi saint. Elle courait hors de son lit et se précipitait à la barrière du jardin. Les femmes se tenaient là, avec de grands rameaux de saule aux chatons gris, cueillis dans les bois. Impatiente et excitée, elle attendait qu’arrivât sa mère qui donnerait des œufs, de la farine et des fruits
confits pour que les Flagellantes puissent confectionner le koulitch de Pâques. Elles la bénissaient et l’invitaient à rompre le jeûne avec elles. Sa mère refusait d’une voix sèche et l’entraînait vers la maison. Il faisait encore froid. La rivière Oka se libérait à peine de la glace. Les bancs de sable et les roseaux étaient couverts de neige. Au-dessus des champs dépouillés tournoyaient les milans.
Une première strophe jaillit.
Deux mains reposent doucement
Sur la tête du petit enfant
Elles m’étaient données
Une pour chaque tête.
La poésie comme une urgence pour attester de ce qui existe, l’arracher à l’indifférence, empêcher l’effacement. Car – écrire, c’est vivre. C’est vouloir que quelque chose soit, et soit, peut-être, de manière éternelle. Quand ce n’est pas vivre, la main se refuse à la plume.
Deux mains reposent doucement… Un poème rendra-t-il Irina plus vivante dans sa mémoire ? Ne pas croire à sa mort, ce n’est pas pour autant l’imaginer vivante et en bonne santé. C’est plutôt, comme les ronces du chemin tiraillent et arrachent le bas de la robe, garder accrochés à la conscience, en dépit de la volonté, la petite silhouette d’Irina recroquevillée dans le couloir de l’orphelinat de Kountsevo et le détour qu’elle a fait pour qu’elle ne la retienne pas, puisque de toute façon elle existe si peu alors qu’Alia est malade, seule dans l’immense dortoir, et pleure de rage et de peur.
Malgré les deux mains serrées
Les plus hargneuses possible
J’ai arraché aux ténèbres l’aînée
Je n’ai pu protéger l’autre !
Habillée de sa robe en laine à carreaux, Alia était allongée sous une mince couverture d’une repoussante saleté, le crâne rasé et les yeux irrités d’avoir pleuré. Elle poussa un cri de désespoir à la vue de Marina – Oh! Marina! Que de malheurs! Que de malheurs! Et sortant de sous son oreiller une mèche de ses cheveux, elle dit en sanglotant – Je l’ai gardée pour vous, en souvenir.
Dans les lits voisins, des petits gémissent ou somnolent, couchés tête-bêche, à peine couverts. Tous ont les cheveux rasés. À cause des poux, a expliqué la directrice.
Deux mains pour lisser, caresser
Les deux têtes sublimes
Deux mains et voilà qu’une
Est en trop, en une nuit !
Elle a emporté Alia loin de l’orphelinat et laissé Irina.
J’ai arraché aux ténèbres l’aînée
Je n’ai pu protéger l’autre !
Comme la mort fait peu de bruit, comme elle est simple.
– Ni tonnerre, ni éclairs, ni « ça commence !!! » Mais simplement et tout à coup : la personne ne respire plus. Sans crier gare !
Sans crier gare ? Vraiment ?
Le jour de la mort d’Irina et peut-être même à l’heure de sa mort, un oiseau est entré dans la chambre où dormait Alia et trois petites bougies ont roulé sur le plancher. Marina y a vu un signe du destin mais elle s’est trompée sur sa signification.
Pas un instant, elle n’a songé à Irina. Seule Alia occupait son esprit. L’oiseau et les trois bougies étaient signes de guérison. Elle en était d’autant plus heureuse que le 2 février, on célébrait la Présent
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Le chagrin est toujours partagé, par celui qui s’éloigne et par celui qui reste. Jeanne ne doit pas l’oublier, ni croire que les choses sont plus faciles pour les uns que pour les autres.
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Pour que je cesse de le juger et de le détester, il avait fallu du temps encore, et les mots d'Uhlworm, sa tristesse, son affection intacte pour Andrei et le regard désemparé qu'il posait sur moi, quand il essayait de m'expliquer -ce que je savais mais que je n'étais plus capable d'entendre- que la frontière du mal ne rejette pas d'un côté ou de l'autre les bons et les mauvais mais partage l'âme de chacun en d'invisibles territoires. "Et n'oublie jamais que le poids de la souffrance de l'un d'entre nous ne pèse pas lourd dans la balance de notre faute à tous" m'avait-il dit.
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Je donnerais dix fois la collection pour voir arriver mon père et mes soeurs, vivants et en bonne santé. L'album de Menzel, c'est différent. Ses pages renferment un peu de notre maison et de notre campagne, et c'est les perdre tout à fait que de ne plus posséder ces dessins.
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La poésie du quotidien est sa seule consolation.
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- Soyez le sculpteur de votre âme, petite fille slave ! a dit le prêtre qui lui semblait très vieux mais sans doute ne l'était-il pas.
Sculpteur de son âme ! Pas de ciseaux ni de maillet mais la plume, le papier, les carnets, les mots pour sculpter son âme.
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De cette année 1919, elle a gardé la sensation de journées froides et d'un quotidien chaotique et absurde, de courses dès cinq heures et demie du matin pour ne pas manquer la ration de lait à laquelle elle a droit. (...) Dans la rue, elle troque des vieilles bottes contre des carottes et un pot de miel à une vieille paysanne.
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Elle était fourbue, d’âme et de corps, sans ressort ni force pour écrire, ou à peine quelques phrases brèves, jetées sur la page. – Personne ne sait quel désert est ma vie. À peine ai-je plongé dans la journée que je relève la tête et c’est la nuit. Je sais ce que je suis: une Danseuse de l’Âme. p. 76
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Ces vers de Pouchkine qu'elle connaît par cœur et qui sont en exergue du livre
Le repos de la nuit avive la morsure
des remords, intimes serpents ;
ma rêverie s’affole ; mon cœur, tenaillé par le spleen, déborde de noirs sentiments ;“
le souvenir, sans un mot, à mes yeux déroule sans fin son volume et, relisant ma vie avec horreur,
je la maudis en frémissant… p. 43
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la fatigue de vivre parfois si violemment éprouvée. La solitude comme un joug sur les épaules et le cou. p. 42
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Elle composait alors ses poèmes avec une facilité exaltée, les relisait comme s’ils n’étaient pas d’elle, s’en étonnait, les reprenait en traquant le mot le plus juste, s’en remettait à Dieu, non qu’elle implorât auprès de lui la rime qui lui manquait mais bien plutôt la force de la chercher. Elle savait ce qui relevait de son talent et de ses efforts, elle ne demandait que le courage de s’y plier sans faillir. Jamais elle ne doutait de son don poétique et de sa gloire future – Je ne connais pas de femmes plus douées que moi en poésie. Un « second Pouchkine » ou bien « le premier poète-femme », voilà ce que je verrai peut-être de mon vivant! p. 38
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Ce soir, seule à Marseille, Jeanne ne désire qu’une seule chose : revenir à ses joies de petite fille. Ne plus penser à l’inquiétude des grandes personnes, à la douleur de sa mère. Ne plus entendre la voix de Thomas qui lui avoue : Blanche est malheureuse à cause de moi. Bientôt, elle le sera encore plus et sans doute elle me détestera …
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J'ai retrouvé le grand saule et le banc à l'ombre des branches, et je suis restée assise longtemps. Je n'ai pas lutté pour écarter les tableaux qui se pressaient dans mon esprit et, pour la première fois, j'ai regardé en face la mort de tous les membres de la famille et celle des gens du domaine, non plus comme une épouvantable tuerie où ils avaient dû avoir si peur mais comme un effacement derrière une porte, refermée sur leur sourire et leur main levée en un ultime adieu.
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