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Citations de Andreas Becker (26)


Dans les temps j'ai eu-t-été une petite fille, une toute petite Allasse.
Je m'appelassais Angélique.
Avec mes tresses brunâtres aux reflets roux ou rougeauds, orangé cendre et pourpre dégoût, je m'inscrissais en faux, ça pour sûr, oh oui, ça pour sûr, jurassé-crachoté sur la tombe de ma mère. Ça métastait bien égalière, complètementalement égalière, je m'en fichassais et m'en foutassais pour tout vous disiser, au point d'éjacujouir de mes vérivanités à moi. Je faisassais plutôt trop de lettres, de la lettrerie comme je me disisais, et je faisassais plutôt trop de poids, de la kiloterie. Plutôt de trop que de pas assez, jurasse, crachoté dans ma figure. Et comme j'aimassais donner dans le trop de lettrerie c'était à dégommer toute espèce d'esprit ; encore et encore, encore plus ; et plus encore, je me leurrais : je n'aimassais point, je n'avas-sais jamaissu ce que cela voulassait dire : aimasser.
Je me faisassais appelasser Angélique, ça pour sûr.
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Ça dure rarement longtemps quand on se voir trop beau. À peine quatre ans comme l’intervallerie entre deux Jeux Olympiques, mais bon, c’est déjà pas si mal que ça quand on s’attaque au monde entier comme un foldingue, ça laisse le temps d’exterminer quelques millions de juifs, d’homosexuels et autres communistes, ça laisse le temps de repeindre toutes les femmes en blond et de les transformer en machines utérinales, ça laisse le temps d’envoyer toute une populace au front et d’en faire des barbares, le temps de gueuler trop fort, de s’arrachalasser le bras droit, de violasser quelques millions de Russériennes et de brûler leurs maisons, ça laisse le temps de virer tout un monde en enfer, de faire de nous des nazillons, de faire des nous des plus-bas-que-terre, de faire des nous des destructeurs de générations de vie. Et s’il y a ne chose qu’on ne peut pas nous reprocher c’est de ne pas nous être appliqués, ça au moins nous savons le faire, nous avons à fond détruit, avec méthode et sang-froid.
Mais en face, ils ne sont pas plus couillons que ça, ils ont juste besoin de temps pour s’organiser, c’est l’été quarante-trois maintenant.
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Hommes et femmes violés devenant tous petite fille. Toute petite fille, oh, petite fillasse, sans aucune défense, non, si cassable, à la peauté transparente, à jamais culpable dans l’âme d’avoir eu-t-été.
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Dans les temps j’ai eu-t-été une petite fille, une toute petite fillasse.
Je m’appelassais Angélique.
Avec mes tresses brunâtres aux reflets roux ou rougeauds, orangé cendre et pourpre dégoût, je m’inscrissais en faux, ça pour sûr, oh oui, ça pour sûr, jurassé-crachoté sur la tombe de ma mère. Ça métastait bien égalière, complètement égalière, je m’en fichassais et m’en foutassais pour tout vous disiser, au point d’éjacujouir de mes vérivanités à moi. Je faisassais plutôt trop de lettres, de la lettrerie comme je me disisais, et je faisassais plutôt trop de poids, de la kiloterie. Plutôt de trop que de pas assez, jurassé, crachoté dans ma figure. Et comme j’aimassais donner dans le trop de lettrerie c’était à dégommer toute espèce d’esprit ; encore et encore, encore plus ; et plus encore, je me leurrais : je n’aimassais point, je n’avassais jamaissu ce que cela voulassait dire : aimasser.
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Des ambulances passaient. Une infirmière fumait sous le clin d’oeil d’un médecin urgentiste, un petit soleil jaunasse perçait les nuages de novembre. Sur les affiches publicitaires s’exposait une bouteille de vin rosé bien frais entouré d’une famille heureuse. À côté, trois mètres sur quatre, les publicitaires misaient sur le sérieux des travailleurs dans une distillerie. Le bonheur écossais du whisky. Le père de famille au cognac. La fête, les jeunes, les bières aromatisées et extra-intenses, se saouler au plus vite et s’amuser, vive la jeunesse. Les belles femmes, les beaux mecs, le champagne. L’âme russe, la vodka. Le carnaval, le Campari. Tout était bon à consommer, prévenait le ministre. A consommer. Avant d’ajouter l’excuse fallacieuse : avec modération. Toujours les mêmes slogans, les mêmes mots : famille, plaisir, légèreté, joie.
Les directeurs de pub dans les départements marketing lisaient les mêmes études que les addictologues, les mêmes livres feel good, les mêmes guides de banalisation pseudo-psychologique pour ne former qu’un seul brouhaha autour du nouveau mot maître des tiroirs-caisses : le bonheur, ah, le bonheur ! Le bonheur, le bonheur qui réglait tout, qui était la solution comme l’alcool était avant tout une solution, une aide, avant que le buveur ne tombe dans le piège. Il fallait acheter, il fallait payer, il fallait être heureux consommateur, à tout prix. Le bonheur toujours, le bonheur d’un verre, sur une terrasse, entre amis, le bonheur du vin du Sud, du whisky d’Écosse, du cognac de France, le bonheur de la bière belge, le bonheur d’une Prune, d’une Mirabelle, du champagne de chez nous, le bonheur des moines de la Chartreuse, le cava des plages de Barcelone, le rhum des Caraïbes.
Savaient-ils seulement ce que ça faisait dans mon corps, savaient-ils ce que ça vrille sans cesse dans le cerveau troué d’un alcoolique ? Oui, ils savaient, ils savaient très bien, et ils comptaient sur nous. C’était nous, leurs meilleurs clients. Les petits comptables du malheur alcoolique avaient bien étudié la question.
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Et pouis qu’il nous est resté – fallait pas piper aux comiteux que c’était un des autres – on en avait rien à cirer comment qu’il pelotait pas le farançais – nous non plus on donnait pas dans la prononciassiation avec nos dents dans la thoraxerie – Max, sa gueule en abîmé était comme les nôtres – qu’il souffrait autrement en allemanesque ça non plus on pouvait pas l’affirmater – on finassait par se ressembler entre nous à viande vive – on accrochait pas de médailles sur la chair brute…
Dans des circonstances assez nébuleuses qu’il avait sauté, qu’il bafouillait de son farançais bien à lui – qu’il prétextendait dans ses grands jours que lui aussi que ç’avait été mission spéciale – c’était concurrencement avalanché entre eux avec Jacques – qu’il avait été envoyé par les boches la nuit – il se gênait pas lui de dire les boches – de gueuler sales boches dans tous les recoins de l’asile – boche qu’il était après tout un peu plus que moi, Georges de Blanchemarie, d’Jura moimien…
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Je m’appelle Jeanne. Jeanne Saint-Georges. J’aime l’alcool, j’ai toujours aimé l’alcool, je l’aime d’un respect prudent et de loin, de très loin. J’avoue, je n’ai rien à cacher, je n’ai plus rien à cacher, c’est terminé. Oui, je l’aime, l’alcool, je l’aime mais sans passion, et pourtant, quand il me fait un clin d’œil, je me dis que je retournerais bien dans ses bras. Je n’ai pas oublié les heures de folie que nous avons partagées, je n’ai pas oublié l’amour que nous avons fait, je n’ai pas oublié les caresses, je n’ai pas oublié nos disputes, nos luttes, je n’ai pas oublié la fin douloureuse.
Je n’ai rien oublié. Rien. Alcool Mon Amour. Oui, c’était ça, pendant des années, et maintenant, c’est fini. Les vieilles amours, un moment donné, c’est bon, on tire un trait, et on est soi-même étonnée que ce soit fini et que la vie soit belle. On y pense, parfois avec un peu de nostalgie, et on passe à autre chose. Je ne bois plus depuis, attends cocotte, faut compter, depuis deux ans, dix mois et vingt-trois jours. Nous nous aimons platoniquement, l’alcool et moi, d’un amour chaste et fané comme des vieux amants qui se retrouvent et se demandent ce qu’il y avait de si passionnant entre eux.
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Je fabule, je me rafistole, je brise entre mes bras de forçat une ville de carton. C’est cinoque maboul, c’est névrose et perversion, une ville réelle avec des biographies dedans, avec des chiens qui aboient maladifs entre les poubelles, les balais- brosses, l’eau qui coule à l’envers dans le caniveau remontant des collines, crachée par des égouts vers des balayeurs vert fluo et qui rient comme je ris, je t’entends, toi l’eau qui coule dans le caniveau, et les balais-brosses de leurs voiturettes qui caressent les trottoirs, peau nue contre peau nue, dans le glouglou des canalisations.
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Les répétitions, je les connais, je n’ai plus assez de mots, je cherche, je m’applique, mais la langue, je veux dire que.
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Les pastis, les vins rosés, les bières, les toilettes, les vomissements dans les toilettes, les allers, les retours, le troquet, le supermarché, le caviste, y en a partout à boire, on est sauvé, partout. Ensuite, oui, je sais, je suis tombé du banc public, ça oui, je sais, je sais, et ensuite plus rien, plus rien de l’ambulance, du studio de chez moi où j’ai mis le feu, rien de l’hôpital, supermarché, caviste, foire aux vins, bar café son zinc, ambulance, gyrophare, promotion, et moi, moi là-dedans, sevrage, perfusion, Valium double dose, pyjama en papier bleu, Assistance Publique, carte vitale, chambre 17, ce n’est pas la première fois, je connais.
Pardon, pardon, je pleure pardon. Je suis crétin mauvais, baigné d’alcool et de sueur.
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Elle n'avait jamais rien gardé d'elle. Elle, pour posséder, déjà elle aurait dû participer. Elle n'a jamais participé. Elle n'avait jamais pris part. Elle n'avait d'avis sur rien. Elle ne savait pas ce que cela voulait dire, avoir un avis. Les avis, sur elle ça glissait comme de l'eau sur une pierre. Elle souriait quand il était question d'avis. Pour avoir un avis, il aurait fallu avoir des mots, au moins des mots comme ça, des mots sans profondeurs, au moins des mots qui soufflent, glissent, respirent, se disent, au moins ça. Elle n'avait pas ça non plus.
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C’était ça, la petite fille qu’on appelait Ulla. C’était son drôle de prénom jusqu’à la fin de ses jours. C'est ça qu'elle commençait par une voyelle gutturale, une lettre chaude, qui sortait de ses intérieurs d'elle, c’était qu'elle attaquait sa vie comme ça, par cette lettre ouverte vers les hauteurs, vers les rêves, les espérances, cette belle lettre comme un berceau. C’était une lettre qu’on entrait pas facilement dedans, mais elle était des celles qui protègent, qui chauffent, qui illuminent. Mais ça, ça n'allait jamais plus loin.
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Dedans ce vécu abrouptissant des Dœtchelandais, les forsythias fleurissaient une fois an, au trop court princetemps, pour s’abandonner dans un dès-lors fatigué et pétrir dans des bourrasques salées et sous les grains d’une pluie déprimante. Et puisé, il y avait les porcs, et les patates, les carottes et les blés, les orges et les malts, les mariages et les enterrements, il y avait les lalacolles et les pièces d’or trébuchantes, et pis voilà, qu’on n’en parle plus. C’était des vies de silence, des vies de trahidition, des vies vécues en défaut, des vies d’éruptions fiévreuses de leur perversité enselevie qu’il fallait à tout prix museler dans les platitudes de leurs paroles.
Et avec ça, les Dœtchelandais avaient construit des villes, et dans ces villes, ils avaient posé des vies comme à la tombola des naissances. Ils s’enqueulaient aux quartiers chauds devant les écrans noirs des sexe-ô-shops. Par l’engoulûment des pièces de cinq dœtchemarks dans la fente prévue à cet effet, les mascoulains prosternants du Nord y bouscoulaient vers un cul pornohontographique. Dans les cabines des table-dances, annahalant au rythme du poignet, surchargeant veines et artères ils se masturbataient si fort qu’ils faisaient s’ébranler tout un quartier de bric et de broc, de baraquements en carton-pâte, tout un bidonville de dépravanation et de tapinage et qui portait le nom de Saint-Paul. Ils suffoquaient la langue enflée, emboutonnaient les peaux autour du nez et des bouchures et congestionnaient tout fluide de leurs corps gras dans une constipation d’abominables. Leurs yeux sortaient des crânes à force d’hypertension, de suppression d’emploi et de relations commerciales au plus haut niveau.
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À Pâlebourg on mourait toujours seul. Pâlebourg, la mort ça ne s’y disait pas, pas dans une ville qui avait connu des milliers de cadavres en quelques heures de bombardement. Pâlebourg, ça vivait de son port, de ses putes, de ses banques et assurances. De ça, on était fiers jusqu’à l’écoeurement. C’était qu’on avait reconstruit une ville comme un quartier d’affaires. Les immeubles portaient leurs façades clinquantes comme des forteresses, des larges autoroutes urbaines permettaient le drainage en voitures. Il y avait des ascenseurs et des trahisons de bureau, il y avait là, comme des carrières de l’argent et du pouvoir. C’était ça qu’on appelait une ville.
Autour, dans les faubourgs sans nom, ronronnaient les femmes. C’était dans ces campagnes vides que se déroulaient leurs vies vides. Les plus courageuses d’entre elles mouraient d’alcool. C’était des morts lentes, atroces qui se produisaient là, entre les caisses des supermarchés et à la sortie de l’école. Pour que ça meure propre, on avait dressé des haies autour des jardins. La pluie battante c’était ça comme des rideaux devant les fenêtres, sinon on les bouchait avec des plantes vertes. La vue, c’était ça qu’on ne voulait pas voir, surtout pas, comme les mots qu’il ne fallait pas prononcer, les sentiments qu’il ne fallait pas avoir. Les sentiments, c’était ça qui était remplacé par les briques rouges des pavillons, c’était les briques rouges qui contenaient les morts.
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Elle avait vu le médecin, lui avait dit l’eau dans le ventre, l’eau dans les jambes, le lui avait dit, la bouteille de whisky par jour. C’était ça, depuis des années. Maintenant, ça, elle n’en avait plus besoin, c’était condamné. Le foie, c’était irréversible, le ventre bombé, les varices, les hématomes, les saignements. Les reins foutus, les artères bouchées.
Le cœur est bon, c’est ça le drame. Ç’avait dit ça, le médecin. Ça faisait lui rester trois mois. Jusqu’à Noël. Elle, ça elle ne savait pas que ça lui faisait rester trois mois, c’était pas ça qu’avait de l’importance. Autour d’elle, l’important il n’y en avait plus. C’était pas non plus qu’on puisse dire qu’elle attendait. Non, c’était autre chose. C’était autre chose comme rien. Mais elle, ce qu’on ne peut pas dire d’elle c’est que c’était rien. Elle était là encore comme pas là, mais elle était là. C’était elle encore comme d’un corps. Il y avait ça encore en elle qu’on ne sait nommer autrement que ça.
Mais de ça, elle ne manifestait rien. Elle écoutait quand on lui parlait. On lui disait de se lever. Ça il faudrait se le dire toujours, on lui disait de se lever. C’est ça, oui, qu’elle écoutait. Elle ne se levait pas. Elle n’avait pour ce qu’elle écoutait qu’un sourire. Elle, ce qu’elle faisait qu’elle se levait quand elle était seule, c’était la bouteille de whisky. Elle la cachait entre les casseroles. Elle se mettait à genoux, elle buvait une gorgée, elle se couchait. Ce n’était plus qu’elle en avait besoin, c’était par presque comme de l’amour.
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(description du nord de l'Allemagne)

Ça je me souviens qu'il fallait pleurer en silence.
Les campagnes du Nord ça ne supporte pas les pleurs, tant qu'il pleut trop. Les terres c'est gorgé de mers et d'océans, c'est gorgé de nuits et de brumes. Les terres c'est ondulé tant c'est gorgé d'eau, les campagnes c'est bombé d'eau stagnante. La campagne c'est la peau ridée d'alcool, c'est raviné de flots de whisky. La campagne du Nord c'est la mer de pleurs. Mais personne ne le dit. Les vents du Nord ce sont des vents de silences, ce sont des souffles derniers. Mais personne ne l'avoue.
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J’avais beau me dire que non, et que c’était si, si, je regrôterais et je pleurerais le grand-frère jusqu’à mes jours derniers. Je pouvais haïr ce grand-frère, je ne pouvais l’oublier. C’était ça qui collait à ma peau, c’était ça qui ne s’enlèverait plus. On ne laissait pas sa peau au premier venant. Il n’y avait pas de porte-manteau pour la peau dans n’importe quel bistrot. Et sous ma peau j’étais nu jusqu’à la peau du grand-frère. Et les regrôts, c’était un cafard qui enfantalisait sous le lit entre les bocaux avec dedans les phallustes avortons d’une mascoulinité condamnée. Et le cafard avait des pattes pour grouiller et des yeux pour voir dans les obscurs.
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Cela telqu’un début. Je fallasifiais ces dépuiseries profondes et lâches depuis quelques siècles déjà. Je m’excristolais, je zozotais, j’avalouais entre les couvertures de mon vieux lit, de mon vieux cher lit. Je trembloïtais dans ma chambre d’hôtel, rue des Deux-Rives, Paris, vers la gare du Nord, là-haut. J’y persilistais dans une toujouterie démographique, au bout de huit cent trente ans de mon existence trébuchante, approximativemental.
La ville alentour gargouillait, crissait et falabochait. C’était les décembres de chaque année, les soldées, les mois du blanc et du camping-car ; la biologie se divertissait, les théâtres s’ouvraient Sarah Bernhardt en avant-première, dans les musées coulaient des radeaux, la liberté guidait le peuple, les colonnes Morris jalousivaient les fontaines Wallace, Poubelle rejoignait Haussmann au chevet de Bienvenüe, une masse indistincte de tourouloustiques saluait queue leu leu Eiffel : dans les artères bouchées de Paris c’était l’hypertension des tramways, les bousculades des globules rouges, la débrisure des langues étrangelées dans des neiges artificielles, la circonscription des vitrinales ; bientôt Noël.
Je me pilongeais dans mes annales tartuffées de grossièretés transpardonnables, je me dépilosais dans ma langue décomplexée, j’étais saltimbanque de mes propres mots, clown de mes surannées, ce jour-là où il fallait survivacer à mes huit cent trente et un ans, commémoration de la plus grande catastrophe naturelle de l’humanité : ma naissance, un vingt-quatre décembre, ça ne s’inventait pas. Rien ne s’inventait.
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C’est ça qu’il faudrait dire faux avec des mots fautifs. C’était autour d’elle cette belle lumière du Nord, cette lumière fautive. C’était le pavillon, le salon, la baie vitrée et le jardin, c’était ça, fautif. Il y a sa vie comme une vie fautive, une vie comme pas vécue, une vie pour rien, qui se termine là, dans un souffle, sans effort, c’est là, sa vie comme un malentendu. C’était faux, elle, là, faux comme corps. C’était faux comme ce corps qui allait finissant sans avoir fleuri.
Ce n’est pas qu’elle perdait connaissance, elle n’en avait plus vraiment. Elle allait de plus en plus rarement à la bouteille. Elle oubliait les pilules. Elle oubliait qu’elle voulait se tuer avec l’alcool et les pilules, elle n’a jamais voulu se tuer, c’est faux, ça aussi. Mais elle voulait tuer ses organes, un à un, les reins, le foie, la rate, les poumons, finalement le coeur. C’était ça, comme un plan établi. Elle voulait, par là, tuer le monde. Tuer ses enfants, tuer son mari, tuer son amant, venger son monde. Elle était là, sur le canapé, la vengeresse terrible d’un monde qui n’avait pas voulu d’elle. Elle était la vengeresse souriante, celle qui ne vous oublie pas.
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Elle, elle était allongée sur le canapé, sur le dos, une main sur son ventre bombé d’eau. C’était ça, elle, là. Elle n’était rien d’autre que ça, là, le canapé contre un mur blanc, un mur vide. C’était dans les vapes qu’elle était. Quelque part là, oui, sans doute. Il faudrait dire ça plus exact peut-être, mais on ne peut pas. Ce qu’on ne peut pas, il faudrait l’essayer ici.
Le canapé était bouteille vert, ça je me souviens.
Ça ne disait rien, elle.
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