Auteur prodige de 34 ans, Benedict Wells est d'ores et déjà une star de la littérature en Allemagne. Il nous présente ici son premier roman traduit en français et disponible au Livre de Poche, "La Fin de la solitude", une saga familiale au croisement entre "Harry Potter" sans la magie et "Six feet under".
En savoir plus sur La Fin de la solitude : https://www.hachette.fr/livre/la-fin-de-la-solitude-9782253074243
À lire aussi, son tout premier roman tout juste paru chez Slatkine &Co, "Le dernier été" : http://www.slatkineetcompagnie.com/catalogue/le-dernier-ete/
+ Lire la suite
Est-ce que ça serait vraiment mieux si ce monde n’existait pas? Au lieu de ça, on vit, on crée de l’art, on aime, on observe, on souffre, on est heureux et on rit. Nous existons tous sous des millions de formes différentes pour que le néant n’existe pas, et le prix à payer, c’est la mort.
Quand je lui demandai s’il aimait, Marty déclina d’un geste. L’amour , dit-il , un stupide concept littéraire, Jules. Il ne s’agit que de réactions chimiques.
J'ai pensé : une enfance difficile est comme un ennemi invisible. On ne sait jamais quand il se retournera contre vous.
- Pour découvrir son véritable moi, il faut remettre en cause tout ce qu’on a reçu à la naissance. Et même en perdre une partie, car c’est souvent dans la douleur qu’on comprend ce qui nous appartient vraiment… C’est dans les ruptures qu’on apprend à se connaître.
Objectivement, la mort est la meilleure chose qui puisse arriver aux humains. Elle les oblige à affronter la vie, à jouir de chaque seconde et à se réaliser. Elle est la seule fin concevable, un mal nécessaire et une motivation puissante. (…) Subjectivement, bien sûr, la mort c’est nul.
Beck garda le combiné dans la main pendant quelques minutes. Il devenait jaloux. De ce Marc Schumann, mais surtout de Lara. Elle se bougeait les fesses et allait au-devant d'une vie meilleure. Quant à lui, il alla vers le réfrigérateur. Beck considéra dans sa main la bière qu'il s'apprêtait à boire. Lara était déjà si loin, presque impossible à rattraper. Il fallait qu'il mette un terme à ces beuveries du soir s'il voulait rester à la hauteur.
Comme il se savait faible, il vida sa bière dans l'évier et fit de même avec les bouteilles restantes. Sinon, il avait peur qu'elles ne l'appellent alors qu'il serait déjà au lit en train de s'endormir.
Quand on regarde l’histoire d’une vie, un écart minuscule suffit parfois à casser l’équilibre, à tout faire basculer d’un côté ou de l’autre. Et pour finir, c’est le hasard qui décide, beaucoup plus souvent qu’on ne le pense.
Je n'avais jamais eu le courage de la séduire, mais j'avais toujours eu peur de la perdre.
Ils ne lui donnaient plus que quelques semaines. Je l'ai répété pour moi-même. Plus que quelques semaines.
Nous avions beau nous y attendre depuis longtemps, nous avions gardé jusqu'au bout l'espoir d'une guérison miraculeuse. Et même après ce diagnostic impensable, je n'arrivais pas à y croire. C'était sûrement une hallucination, l'instant d'après, nous allions tous nous retrouver à table pour le dîner, puis nous jouerions à des jeux de société. Ça ne pouvait pas être vrai. Ça ne devait pas.
(moi: "Etre tout le temps seul, ça me tue." Alva: "Oui, mais l'antidote à la solitude, ce n'est pas de chercher au hasard la compagnie de n'importe qui. L'antidote à la solitude, c'est un sentiment de sécurité." Moi, faisant signe au serveur: "ça s'arrose!")