Citations de Benedict Wells (139)
Est-ce que ça serait vraiment mieux si ce monde n’existait pas? Au lieu de ça, on vit, on crée de l’art, on aime, on observe, on souffre, on est heureux et on rit. Nous existons tous sous des millions de formes différentes pour que le néant n’existe pas, et le prix à payer, c’est la mort.
Quand je lui demandai s’il aimait, Marty déclina d’un geste. L’amour , dit-il , un stupide concept littéraire, Jules. Il ne s’agit que de réactions chimiques.
J'ai pensé : une enfance difficile est comme un ennemi invisible. On ne sait jamais quand il se retournera contre vous.
- Pour découvrir son véritable moi, il faut remettre en cause tout ce qu’on a reçu à la naissance. Et même en perdre une partie, car c’est souvent dans la douleur qu’on comprend ce qui nous appartient vraiment… C’est dans les ruptures qu’on apprend à se connaître.
Objectivement, la mort est la meilleure chose qui puisse arriver aux humains. Elle les oblige à affronter la vie, à jouir de chaque seconde et à se réaliser. Elle est la seule fin concevable, un mal nécessaire et une motivation puissante. (…) Subjectivement, bien sûr, la mort c’est nul.
Beck garda le combiné dans la main pendant quelques minutes. Il devenait jaloux. De ce Marc Schumann, mais surtout de Lara. Elle se bougeait les fesses et allait au-devant d'une vie meilleure. Quant à lui, il alla vers le réfrigérateur. Beck considéra dans sa main la bière qu'il s'apprêtait à boire. Lara était déjà si loin, presque impossible à rattraper. Il fallait qu'il mette un terme à ces beuveries du soir s'il voulait rester à la hauteur.
Comme il se savait faible, il vida sa bière dans l'évier et fit de même avec les bouteilles restantes. Sinon, il avait peur qu'elles ne l'appellent alors qu'il serait déjà au lit en train de s'endormir.
Quand on regarde l’histoire d’une vie, un écart minuscule suffit parfois à casser l’équilibre, à tout faire basculer d’un côté ou de l’autre. Et pour finir, c’est le hasard qui décide, beaucoup plus souvent qu’on ne le pense.
Je n'avais jamais eu le courage de la séduire, mais j'avais toujours eu peur de la perdre.
Nous étions trop jeunes pour savoir conserver nos amitiés.
Ils ne lui donnaient plus que quelques semaines. Je l'ai répété pour moi-même. Plus que quelques semaines.
Nous avions beau nous y attendre depuis longtemps, nous avions gardé jusqu'au bout l'espoir d'une guérison miraculeuse. Et même après ce diagnostic impensable, je n'arrivais pas à y croire. C'était sûrement une hallucination, l'instant d'après, nous allions tous nous retrouver à table pour le dîner, puis nous jouerions à des jeux de société. Ça ne pouvait pas être vrai. Ça ne devait pas.
(moi: "Etre tout le temps seul, ça me tue." Alva: "Oui, mais l'antidote à la solitude, ce n'est pas de chercher au hasard la compagnie de n'importe qui. L'antidote à la solitude, c'est un sentiment de sécurité." Moi, faisant signe au serveur: "ça s'arrose!")
S’était-il absenté si longtemps, avec cette croyance puérile que les beaux moments arrêtaient le temps ?
La vie n'est pas un jeu sans gagnant ni perdant. Elle ne nous doit rien et les choses arrivent comme ça. Parfois c'est juste et tout a un sens, et parfois tellement injuste qu'on doute de tout. J'ai arraché son masque au destin et, en-dessous, je n'ai trouvé que le hasard.
En fait, j'ai toujours lu pour m'échapper, pour être consolée par quelques phrases ou par une histoire. Autrefois, je voulais absolument devenir un personnage de roman. Être immortelle et vivre pour toujours dans un livre, où chacun pourrait me déchiffrer et m'observer de l'extérieur. C'est dingue, je sais. (Un regard gêné.) Quoique, en toute franchise, je préfèrerais encore être un personnage de roman.
- Jules, arrêtez avec ça, avait-il dit. Certaines choses n'ont pas de réponse, c'est comme ça. Nous autres hommes, nous sommes entièrement livrés à nous-même ici-bas. Quel intérêt d'avoir un monde dans lequel chaque prière serait entendue et où nous aurions la certitude que la vie continue après la mort ?
A quoi nous servirait la vie, puisque nous serions déjà au paradis ? Vous connaissez ce proverbe : Donne un poisson à un homme et tu le nourris pour une journée, apprends-lui à pêcher et tu le nourris toute sa vie ? C'est exactement pareil ici. Dieu veut que nous apprenions à nous débrouiller seuls.
D'un coup, j'ai honte de m'être retranché ces dernières semaines comme un enfant dans son univers imaginaire. Mais c'est le seul endroit où Alva vit encore. Celui où vivent aussi mes parents. Le souvenir, l'ultime refuge des morts.
Tout ça, c'est comme une semence. L'internat, l'école, ce qui est arrivé à mes parents. C'est semé en moi, mais je ne peux pas voir le résultat. La récolte viendra quand je serai adulte et là, ce sera trop tard.
Regarde-toi, me suis je-dit, pourquoi veux-tu si souvent être seul quand tu es en groupe, alors que ne supportes presque plus la solitude?
C'était douloureux pour moi de les voir échanger des regards complices. De voir, à quel point elle aimait sa façon d'être, son sourire entendu, comme s'il était le seul à avoir remarqué quelque chose de drôle et qu'il le gardait pour lui.
Je sentais au fond de moi que tout ça, ce n'était pas ma vraie vie. Et que j'allais pouvoir l'échanger contre celle où mes parents vivaient encore. Cette pensée surgissait sans arrêt, c'était comme une malédiction qu'on aurait tissée dans mon âme.