"La Source des femmes" est d'abord un film de Radu Mihaileanu, présenté au Festival de Cannes en 2011 et accueilli plutôt favorablement. Inspiré par un fait divers qui s'est déroulé en Turquie en 2001 et par la lecture de Lysistrata d'Aristophane, le film prend "la forme d'un conte oriental contemporain". Je veux donc écrire quelques mots ici sur ce livre qui pourrait être l'album photo du tournage. La page de présentation du livre ne mentionne pas Julian Torrès comme photographe, aussi, je pense qu'il m'appartient de combler cet oubli.
Comme dans ses précédents films, le réalisateur d'origine roumaine aborde ses œuvres comme moyen de rendre hommage à la vie comme une nécessaire transmission entre les générations. Deux photos symboliques en témoignent : à la page 317, celle de la jeune fille qui joue avec une pellicule photo comme avec un voile ou plutôt comme avec un bandage pour s'auto-momifier, ainsi que celle du père du réalisateur dont voici l'émouvante légende : "Mon père a fait le premier clap de chacun de mes films. Cette fois-ci, lui, le Juif roumain, a terminé son petit discours par "Inch'allah !"… Qui sait si demain cette fillette du village ne réalisera pas un très beau film ?"
Puisse Mihaileanu trouver le courage un jour de porter un projet similaire dans un village roumain. Il affirme que "l'histoire n'est pas située dans un lieu spécifique", mais au cinéma l'image transporte bon gré, mal gré le spectateur.
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Bénédicte Martin me serait restée inconnue si je n'avais lu par hasard qu'elle avait été la compagne de Sylvain TESSON et quelle compagne !
Elle est connue pour ses talents d'écrivains et ses approches sans tabou sur le sujet de la féminité. Ses essais sur Colette et sur Simone de Beauvoir me tenteraient.
Cette autobiographie suscitait d'autant plus ma curiosité que comme vous le savez je m'intéresse beaucoup à Sylvain TESSON l'auteur mais aussi à sa personnalité.
Avec L'homme nécessaire j'ai été servie !!!
L'ouvrage est très intéressant à plusieurs titres.
L'écriture de Bénédicte Martin est talentueuse. Son style sans fard est direct. A la fois moderne et poétique selon les passages.
On découvre une femme d'une extrême sensibilité et d'une angoisse profonde et intime concernant notre monde et son avenir.
Mais surtout c'est une confession de femme passionnément amoureuse de S. TESSON depuis sa jeune adolescence alors qu'elle était l'amie d'une de ses soeurs.
Cette passion torride qu'elle décrit avec force détails psychologiques et sexuels et qu'elle vivra avec lui pendant deux ans (ils ont vécu ensemble) ira jusqu'à l'abnégation. L'amour qu'elle a pour lui qu'elle adore depuis toujours "à en crever a d'ailleurs certainement participé à beaucoup de ses choix personnels.
Elle accompagnera Sylvain TESSON en Russie, dans sa cabane, le suivra en escalade sur les parois rocheuses. Dans tous ses dangers, ses rêves, ses folies.
On découvre deux êtres terriblement angoissés (elle encore plus que lui), en errance et questionnements perpétuels sur la vie et le monde. Elle, addicte aux antidépresseurs et aux somnifères, lui à l'alcool.
On suit ce couple fabuleux, érotique et d'une grande intelligence, réunis par l'amour de l'écriture et de la lecture jusqu'à l'accident de TESSON et les jours qui suivent.
Ce qui m'a passionnée dans ce récit c'est l'analyse qu'elle fait de leur deux quêtes individuelles, réunies à la fois dans la fusion et la désespérance.
Le portrait sans concession qu'elle dresse de Sylvain TESSON cet amour absolu (qui n'aura dans sa vie aucune déclinaison possible) est féroce. C'est parfois un règlement de comptes (il y a de quoi aussi !) et parfois une ode à un amour quasi mystique.
Cet homme si fort devait la sauver du monde qui court à sa perte (de nombreux passages sur les dangers écologiques qui entraîneraient la planète à sa destruction font froid dans le dos).
Je brûle de vous en dire plus mais je m'abstiendrai !
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Quelle claque... Ce roman, (auto)biographie à peine déguisé, est d'une force rare. La plume, quoique assurée, révèle les faiblesses de son auteur et c'en est d'autant plus bouleversant. Quelle justesse, dans les sentiments décrits, quel rythme, quelle fuite en avant...
L'histoire d'amour, exceptionnelle, rentre en résonance avec nos propres turpitudes, comme si l'universel de la littérature touchait ici au plus intime : l'impuissance d'une amoureuse, les impuissances d'un amant.
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L’homme nécessaire /Bénédicte Martin
Ce roman est véritablement une histoire d’amour, un amour passionné et mouvementé, celui de deux âmes tourmentées, intriquées et emmêlées, toujours au bord de la catastrophe personnelle et intime ou cosmique et universelle. C’est l’amour des corps et des âmes de deux êtres qui ne sont bien nulle part dans un monde mouvant au destin incertain comme le leur.
Et on part en voyage forcément vers d’autres horizons, en Russie, en Sibérie, au Maroc, aux Antilles, en Asie avec une femme aux prises avec les tranquillisants et un homme asservi à l’alcool, tous deux victimes de songes emplis d’une succession d’alarme cataclysmique sur notre civilisation et la fragilité de nos existences qui ne tiennent qu’à un fil.
« Trois semaines passèrent ainsi en Sibérie. Des baisers, du thé, du patin à glace sur le bleu craquelé du lac. Des lectures, de la pêche, de la baise. »
« J’étais heureuse dans les anxiolytiques, lui dans son alcool. »
Une suite de scènes torrides, de digressions en tout genre aux allures wikipédiennes souvent intéressantes d’ailleurs, émaillées d’innombrables citations de grands auteurs, le tout dans style flamboyant certes, usant volontiers de la paronomase, -(Exemple : Dans nos privautés, je me suis revue flatteuse et fellateuse.) - quelquefois agaçant et prétentieux, souvent poétique mais parsemé d’excréments conférant une certaine vulgarité aux propos, le langage passant du sublime au plus cru, au plus trivial, sans érotisme aucun. L’auteure ne suggère rien et ne fait guère appel à notre imagination : tout est dit crûment et sans détour, livré comptant.
Une sorte de roman fourre-tout, écologique, fait le plus souvent de phrases courtes et péremptoires.
La gosse et son mentor extravagant sans écharpe pour un épithalame un peu spécial nous entrainent dans une suite de péripéties sur le fil du rasoir où les prouesses sexuelles prennent une place non négligeables dans une ambiance préapocalyptique pour vivre vite et pleinement une vie qui va s’achever : « En fait, nous vivions en viager le postlude de l’humanité…Le devenir de la grande histoire de l’homme était devenu bien douteux…L’homme à présent piégé à tout jamais dans ses ordures, dans la prétention qu’il a eu sur la nature, dans son inculture, dans son immense gâchis… » Dans son désespoir et un éclair d’espérance, l’homme dit avec émotion pour tenter de pérenniser son amour pour Bénédicte : « Gosse, va avec moi jusqu’à la fosse. Tu comprends ? Là, je te demande de m’épouser. Tu vois, tout n’est pas si désespéré. »
Se peut-il qu’une telle liaison amoureuse puisse perdurer quand Bénédicte lance à son amant dans les moments de tension : « Avec tes dehors soignés, tes joues pourprées d’air frais, les tunnels dérobés de tes formules, le lexique désuet de tes propos verbeux, tu saccages les beaux chemins de l’aventure. » C’est bien écrit certes, mais ça fait mal ! Et cela continue : « …ta phraséologie un peu pompeuse, la verbosité, la sensiblerie calculée, la désinvolture paramétrée, les formules stéréotypées … »
En définitive, ils ne sont jamais bien nulle part, qu’ils soient ensemble ou séparés.
La conclusion : « L’angoisse n’est rien devant la puissance du destin… La fin du monde se fera comme il se doit, mais ce sera plus long. Inéluctable, elle viendra et ça m’importera peu car grosse de mes batailles, j’aurai appris l’impermanence des choses et des êtres. »
Un roman à deux visages, un peu hétéroclite, mais qui se laisse lire.
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Un moment de lecture pas désagréable, un peu impudique forcément dans la mesure où toute ressemblance avec les personnages réels est fort probable.
La plume est alerte, l’ auteur attachante, jolie et sexy à faire se damner un saint, fragile et instable, chimiquement dépendante ; le blabla ecologico - anxieux est un peu répétitif et fait un peu bourre-livre mais l'essentiel n'est pas là et on assiste impuissants au spectacle d'une ravissante tomber dans le panneau de ces pseudo aventuriers préoccupés uniquement de leur image et de leur ego, pleurer, survivre et revivre.
A lire en diagonale pour une immersion Paris Match avant de retourner aux lectures sérieuses.
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Livre acheté au hasard de la rentrée littéraire. Lu d'une traite.
C'est le premier ouvrage de Bénédicte Martin que je lisais, je n'avais donc aucun a priori. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Peut-être à une bluette sentimentale. Ce ne fut pas du tout le cas.
L'auteur maîtrise son récit même si parfois les phrases sont à mon goût (trop) amphigouriques (pour ne pas dire pompeuses) ; j'aime plutôt la simplicité et le minimalisme, un peu fourre-tout (l'écologie, les cataclysmes), et souvent très violentes et crues ; les scènes de sexe sont déballées à la face du monde sans voile, sans pudeur aucune.
Mais finalement ça fonctionne très bien.
L'histoire : un road movie amoureux aux quatre coins de la planète. le décor est posé dès les premières lignes.
Elle : la Gosse.
Lui : l'homme sans écharpe.
On reconnaît immédiatement un certain Sylvain T., pour peu que l'on ait lu ses ouvrages ; l'incontournable écrivain voyageur —l'infatigable, le grand baroudeur qui baroude, bourlingue, qui s'est cassé la figure en tombant d'un toit, qui cavale sans jamais se séparer de ses trois cartes Gold et Amex (j'ai bien ri à l'évocation de ce passage en pensant à Kipling, London, Kessel ou Cendrars) ; et l'auteur.
Ils s'aiment, ils se détestent ; nous ne sommes pas dans une très légère oscillation, mais embarqués dans des montagnes Russes. Comprenez : on est loin de la routine et du ronron d'un vieux couple pantouflard devant un bon feu de cheminée. Ça baise, ça nique, partout, souvent, très souvent, ça s'aime, ça écrit, ça voyage, ça s'écrit, ça se murmure des mots d'amours, ça s'insulte, ça se ronge, ça se grignote, ça part, ça revient, ça s'essouffle, ça se quitte, ça bande, ça mouille, ça débande, ça n'arrive plus à bander, etc).
L'image médiatique de l'homme sans écharpe s'effrite à mesure que l'on tourne les pages; et le moins que l'on puisse dire , c'est que Bénédicte Martin n'y va pas de main morte.
L'auteur égratigne, lacère le costume de cet homme qui semble pourtant si poli et si lisse ; elle dépiaute peu à peu l' âme bien pensante de son fougueux amant, celui qui fréquente souvent les plateaux de télévision pour y gouailler et y vendre ses ouvrages.
B. Martin excorie son amant, le racle. Puis hachure, rature à grands coups de crayons nerveux et indélébiles les aphorismes poétiques et lyriques dont lui seul a le secret.
La plume de l'auteur est affûtée, les phrases cinglantes. Ça fait mal. Ça fait très mal.
Les mots sont corrosifs et perforent lentement l'homme sans écharpe. À l'instar d'un talon aiguille d'une paire de stilettos à semelles rouge sang qu'elle enfoncerait dans son poitrail, tandis qu'il git sur le sol, ruiné une fois de plus dans les vapeurs d'éthanol.
L'homme sans écharpe apparaît sous les traits engourdis et éculés "d'un grand bourgeois débraillé avec son cigare mouillé", d'un bavard "rebellocrate" au compte bancaire bien pourvu ; d'un être tourmenté qui lui fait payer chèrement la facture d'un monde qu'il déteste, lui flanque en pleine face ses nombreux doutes, ses névroses et ses penchants pour la boisson.
Si vous cherchez un roman d'amour fleur bleue, tiède et sans saveur, ce n'est pas le bon choix ; si vous voulez un livre incisif, factuel, irrévocable, irréfragable et aux accents de sincérité, alors vous êtes en plein dedans.
Je me suis posée une question en terminant le livre . le roman de Bénédicte Martin est-il une fiction ? Un roman à clef ? Un roman d'amour ?
En tous cas, c'est courageux. Ça fait du bien.
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Bénédicte Martin règle ici ses comptes vis-à-vis de son ancien amour: l'aventurier et écrivain Sylvain Tesson. Une immersion presque trop voyeuse dans la vie de cet ancien couple.
Ou bien est-ce une ultime déclaration d'amour... ?
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Elle est jolie et montre sa petite culotte sur la couverture. Mais cela ne suffit pas à « Warm up » de Bénédicte Martin pour être un bon livre.
Il s'agit de textes courts (pas de nouvelles car ils ne font que 2 à 3 pages seulement) qui racontent des histoires érotiques. le narrateur témoigne d'une expérience romancée mais il n'est jamais le même, il est tantôt fille, tantôt garçon, et c'est assez perturbant car il faut attendre le moment où il parle de son sexe pour l'identifier.
Alors, même si ce livre a été encensé par Arnaud Viviant, critique littéraire du masque et la plume sur France Inter (entre autre), je n'ai pas été émoustillée.
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Monomaniaque, bien que à voile et à vapeur.
Texte impudique ou insolent, libéré ou nymphomane, rather funny or pretty shocking, selon votre sensibilité.
Dans le genre il y a mieux.
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Quand j'ai un coup de coeur pour un auteur j'aime continuer dans une démarche de curiosité.
Après m'être emballée pour "L'homme nécessaire" puis "Brisa" voici l'essai "La femme" où Bénédicte Martin fait un vrai travail de réflexion sur la condition de la femme à travers divers sujets. Une réflexion très moderne, intelligente et philosophique comme je n'en avais pas encore lue au niveau de la forme.
Le propos est très intéressant fondé toujours sur son autobiographie et ses connaissances personnelles.
De plus, décidément, j'adore son style littéraire.
Cet essai se lit quasiment d'une seule traite, une lecture très agréable et dynamique comme son écriture. Parsemée de poésie en prose ou en vers (cela fait partie de son style), c'est un régal.
Les chapitres courts ont des titres explicites à l'instar des philosophes d'antan, comme :
De Colette à Warm up
(c'est le titre d'un de ces essais dit érotique et qui semble n'être pas que cela)
De la jupe
De la contraception
Du viol
Du poids
De la masculinisation
Du shopping
De la presse féminine
De la galanterie
De la garde des enfants
De la famille
Des salopes et des chiennes
De la prostitution
De la religion, et de la dévotion
De mon fils
De la mort
Je pourrais vous donner avec plaisir les 55 titres de chapitres. Tout est juste, fort, jubilatoirement réjouissant.
Chaque chapitre est introduit de citations toutes plus révélatrices les unes que les autres, dont les auteurs vont de Sacha Guitry, De Gaulle, James Joyce, Colette, Stendhal, Jésus, Marceline Desbordes-Valmore, en passant par Frédérice Dard et Mirabeau. J'en passe.
Les essais de Bénédicte Martin soulèvent mon intérêt car il s'appuie sur du vivant, sur son vécu, son histoire, ce qu'elle est profondément. Sans fard, avec une transparence rare, elle dit tout d'une plume recherchée. C'est une jeune femme érudit, née d'un couple atypique et bi-racial. Elle a déjà vécue plusieurs vies alord qu'elle est née en 1978. Sa démarche de création, profonde, est touchante. On sent en elle ses "mères spirituelles" qu'ont été Colette et Simone de Beauvoir.
En cours de texte, on devine ce qui s'appuie sur sa passion pour TESSON, son expérience du mariage court avec l'acteur Jean Paul Rouvre, père de son fils Clotaire, et son combat réel avec le monde littéraire.
Il est incroyable comme tu le dis Sylvie G qu'elle soit si peu connue. Elle doit déranger par sa personnalité, parfois sa violence assise sur la colère. Et pourtant elle est femme à part entière et impressionnante de diversités...
Vous l'avez compris. A ne pas rater.
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Gros coup de cœur pour ce livre, entre l'essai, la poésie, le coup de gueule, la plaidoirie...
Bénédicte Martin est authentique et enflammée, elle nous donne à voir ses failles et ses blessures, et surtout la lionne qui est en elle - en chacune de nous, peut-être ?
J'ai été touchée au delà des mots par cet ouvrage, que j'ai dévoré puis relu, puis picoré les jours suivants. Bénédicte Martin m'a touchée en plein cœur.
Je ne partage pas tout ses avis ni toutes ses prises de position, mais je les admire ; j'aime voir une personne qui a la force de ses convictions. Et puis qu'importe, car nous vivons toutes notre féminité à notre façon - et j'aime que ça soit assumé.
Un ouvrage brulant de vie et bouleversant.
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Warm up /Bénédicte Martin.
Des petites tranches de vie un peu polissonnes et voluptueuses constituent ce recueil d’aventures licencieuses toutes à connotation sexuelle à la recherche du plaisir, de la jouissance à tout prix sans jamais mêler l’amour à ces exercices impudiques. C’est net et précis sans mélodrame et sans détours ou circonlocutions. Narratrices en chaleur et narrateurs lascifs se succèdent pour des ébats hétéros, saphiques et même incestueux.
Une recommandation pour faire durer le plaisir : lire seulement un ou deux chapitres par jour, car lire tout à la suite a vite fait de lasser au lieu de vous remuer les sangs, car on s’aperçoit que dans ce domaine, il n’est pas très facile d’innover sauf à faire du hors sujet ! La banalité a vite fait d’être au rendez-vous.
Ce petit florilège d’instantanés de plaisir libertin et délicieusement sensuel, arrosé de cyprine avec des amants nombreux pour des soirées décadentes, est bien écrit.
Au terme, peut-on dire que « la jouissance est un trait d’union entre le ciel et les enfers, une voie de passage pour les anges et les démons ? »
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Un recueil de nouvelles trop courtes pour vraiment me toucher.
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Ce livre est une bombe! Il m'a plu autant sur le fond que la forme. Bourrée de références d'écrivains et dans un style impeccable, c'est un ovni littéraire entre l'essai philosophique, le recueil de poésies et le récit biographique. Cela pourrait être une version moderne du 2e sexe de S. De Beauvoir. En bref, la condition des femmes s'est améliorée mais le combat continue ! Ce livre est le meilleur texte -selon moi- pour comprendre ce qu'il se passe dans la tête (et le corps) d'une femme d'aujourd'hui et parle aussi bien aux femmes et aux hommes. Indispensable dans une bibliothèque.
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Après la lecture de L'homme nécessaire, Bénédicte Martin comme écrivain a soulevé ma curiosité.
Brisa m'a beaucoup plu.
Ce récit autobiographique est une enquête familiale. Bénédicte Martin fouille le passé de trois femmes qui ont marqué inconsciemment sa vie.
En mettant en lumière le destin atypique de ses arrière et grands-parents elle se réconcilie avec elle-même et ses parts d'ombre qu'elle revendique.
Brisa était la grand-mère paternelle de Bénédicte. Avec Pierre dans les années 1960/1970 ils ont mené une vie de luxe, une vie tourmentée et riche en rencontres.
Le récit commence par le personnage d'Eleonore, qui n'est pas de la famille. Elle sera nommée plus tard dans le roman Madame Yvonne.
Des photos de Madame Yvonne ont toujours trôné mystérieusement dans l'appartement du couple Brisa et Pierre qu'occupe aujourd'hui l'auteure.
Hantée par le passé secret de la famille, Bénédicte remonte le temps et rencontre ces figures phares et tutélaires hors normes et en avance sur leur époque qui ont déterminé ses propres choix de vie.
Alcool, drogue, bordel, liberté sexuelle, le récit est passionnant, très vivant. A la fois profond et sans fard.
Interpellé par le style souvent direct de l'auteure, on ne peut plus lâcher ces femmes toutes en non dits, trouble , fantaisie, rébellion et sensualité.
J'ai appris beaucoup de choses sur l'ambiance socio-politique à Paris relative à l'après guerre d'Algérie des années 1960/1970, Pierre ayant été commissaire à la Goutte d'Or.
L'Histoire, les goûts familiaux et leurs événements sont mêlées.
Madame Yvonne qui est le personnage le plus trouble et le plus puissant du récit est attachante, malgré sa férocité, son détachement, sa dureté. Elle tombera follement amoureuse de Brisa après être devenue l'amie et la complice de Pierre.
Le lecteur arrivera à Domino et Daniela les parents de Bénédicte à la personnalité et aux origines fortes.
Quel héritage !
Le talent de Bénédicte Martin pour donner de la force à des récits intimes est indéniable, son écriture empreinte de modernité balance entre phrases directes ou crues et poésie fine.
En racontant l'histoire de Madame Yvonne, de Brisa et Pierre et de Marcelle l'arrière grand-mère maternelle, l'auteure fait le parallèle tout le long du récit avec ses propres choix, ses errances et son goût pour le sexe.
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Belle surprise. On apprend plein de choses sur le plan écologique en parallèle d'une histoire d'amour destructrice.
Très belle plume
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