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Critiques de Benjamin Hoffmann (14)
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American Pandemonium

J’avoue, avant de commencer ce livre, j’avais un peu peur de saturer du genre post apocalyptique, j’en ai lu trop ces dernières années, mais j’y suis allé pour un challenge de lecteurs. Bien m’en a pris.



Dès le début, on sent quelque chose de différent, de nouveau par rapport à tout ce qui a été écrit dans cette catégorie.



Tout d’abord, l’auteur relie directement l’apocalypse aux évènement politiques récents, les 11 septembre 2001, la traque de Ben Laden, les tensions avec l’Iran, Israel, la crise des migrants… Et les protagonistes sont des personnages qui semblent bien réels, jamais idéalisés.



Ensuite, le récit est parsemé de réflexions subtiles avec des problématiques qui nous concernent réellement, un réalisme politique assez glaçant, des considération sur les médias, l’information, la culture, la littérature, la réalité, la manipulation…



Le tout est servi par une écriture riche, parfois poétique, parfois triviale, l’équilibre est juste, bien rythmé et mis en place avec dextérité, les mots sont choisis avec précision, et quelques envolées lyriques viennent nous faire perdre pied, toujours quand il faut.



Il y a aussi une suite de portraits formidables qui viennent ponctuer le récit, j’ai adoré les “écrivains de l’apocalypse”, qui n’interviennent pas dans l’action, des petits moments futiles qui apportent du sel au roman. Il y a peut-être le passage avec un des rares personnages féminins de l’histoire, Ophélia, qui est un peu trop caricatural, mais cela ne nuit pas à l’ensemble.



On est loin de la littérature codifiée associé à ce genre (“post apocalyptique” destiné à un public “jeune adulte”), même si j’apprécie cette catégorie, ce roman-ci va beaucoup plus loin, il propose une mise en abyme absolument jubilatoire, il questionne, surprend, étonne, nous prend au dépourvu. Benjamin Hoffmann joue avec son lecteur. C’est le livre qui relie Mad Max à la grande littérature. Rien à voir avec une grosse production hollywoodienne, la réflexion prend le dessus sur l’action spectaculaire, on est plus proche de “Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes”, de Jack Kerouac, ou encore du Road Movie que de “Divergente” ou “L’épreuve”.



Cela ne veut pas dire que l’action reste en berne, l’histoire est absolument haletante et se dévore goulument, on prend le livre en main, on ne peut plus le lâcher.



Aujourd’hui, je n’hésite pas à en faire mon livre référence dans le genre post apocalyptique, et c’est une de mes plus belle découverte de l’année, alors je tiens à remercier chaleureusement PinkCatReading sans qui je serai sans doute passé à côté.
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L'île de la Sentinelle

Si vous recherchez l'île de la Sentinelle sur Google maps, vous n'aurez pas de mal à la situer, à l'Ouest de l'archipel des Andaman et au sud de la Birmanie mais... vous ne verrez qu'une tâche verte à côté d'un grand blanc car c'est probablement l'un des seuls territoires au monde dont on ne sait rien !

Et pour cause, depuis plusieurs siècles, des petits hommes farouches et opiniâtres repoussent curieux, envahisseurs ou touristes à coup de flèches souvent mortelles.

En novembre 2018, un touriste américain a bravé l’interdiction d’aborder l’île et s’est immédiatement fait tuer dès qu’il a posé le pied sur l’île. Ce fait-divers a ravivé le mystère flottant autour des Sentinelles et a rappelé qu'il existe encore un peuple qui vit totalement coupé du monde.

C’est autour de cette île étrange donc, que se tisse le roman de Benjamin Hoffmann avec pour protagonistes deux amis improbables : l’un, Krish, est indien, immigré aux Etats-Unis et anthropologue, l’autre, Markus, est un richissime héritier américain au comportement indéchiffrable.

Ils se passionnent tous les deux pour le mystère qui plane autour de l’île de la Sentinelle pendant leurs années d’université puis la vie les sépare et les confronte à des difficultés très différentes : conjugales pour Krish, familiales et professionnelles pour Markus, jusqu’à ce que la Sentinelle se rappelle à eux de façon violente…

Si je n’ai pas été particulièrement intéressée par les déboires amicaux, conjugaux, familiaux et professionnels de Krish et Markus, la découverte de l’archipel des Andaman et plus particulièrement de cette mystérieuse île de la Sentinelle m’a littéralement captivée : un roman à découvrir donc !

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American Pandemonium

La Côte Est des États-Unis a été bombardée. Et le reste du monde? Que se passe-t-il? Les médias s'affolent, se contredisent, on ne sait pas qui, pourquoi, comment. Marc, écrivain au succès mitigé voit dans cette catastrophe l'occasion d'être LA voix, la figure qui sera le témoin de ce tournant de l'histoire. C'est certain, il écrira un livre qui marquera le visage défiguré de ce nouveau monde à réinventer. Il rencontre Colin. Lui aussi à une quête : retrouver son frère.



J'ai choisi ce livre offert à l'occasion d'une Masse critique pour son thème post-apocalyptique sans en savoir vraiment plus. Mais l'histoire ne résume pas à cela. Au travers de ses deux personnages principaux aussi antinomiques que le terme "tumeur bénigne", Benjamin Hoffmann traverse les genres (post-apocalyptique, dystopie, anticipation, roman géopolitique) dans une écriture savante, riche mais fluide. Je me suis retrouvée dans La route de Cormac McCarthy, dans les films Mad Max, dans le jeu Fallout, dans la série TV Jéricho avec le gros plus qu'apporte Benjamin Hoffmann. En effet, le contexte d'attaque terroriste dont on ne connait finalement pas tous les tenants et aboutissants ne sert que de toile de fond pour étudier la nature humaine (classique !) mais aussi, et cela est bien plus rare dans ce genre d'histoire, la place des médias et le rôle de la fiction pendant et après un conflit de grande ampleur.



Un roman dur mais distrayant et très intelligent ! Si le Moyen-Orient venait à s'embraser encore plus brutalement que ce que nous connaissons déjà voilà ce qui pourrait peut être se passer...



Je remercie Babelio et les Editions Gallimard pour cette opération Masse Critique.

Lu dans le cadre du Challenge Multi-Défis Babelio 2016
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L'île de la Sentinelle

Il est des romans qui passent étrangement inaperçus alors qu'ils méritent bien plus d'attention que la plupart des ouvrages squattant les pages "Livres" des journaux. Beaucoup d'ouvrages sortis avant ou juste au moment de la guerre en Ukraine sont passés à la trappe. On peut citer le passionnant "Le silence d'Ingrid Bergman" de Denis Lachaud paru chez Actes Sud début mars mais aussi "Lîle de la Sentinelle" de Benjamin Hoffmann sorti lui juste avant et qui vient d'être un peu remis en lumière lors du salon Faites Lire du Mans en obtenant ce week-end le prix des lecteurs de la ville.

Bien sûr, en cette période de rentrée littéraire, il n'est pas certain que vous trouverez ce fascinant récit sur les rayons des libraires ( plus dans les bibliothèques) , mais n'hésitez pas à le réclamer car, il serait idiot de se priver d'une enthousiasmante lecture inspirée par tous ces récits fleurant bon le voyage et l'aventure que des générations de jeunes lecteurs ont pu avaler, de Tintin au "Lord Jim" de Joseph Conrad.

Vous découvrirez une île, celle de la Sentinelle, existant réellement dans le golfe du Bengale, où, à l'heure actuelle, les rares étrangers qui ont insisté à y poser leurs pieds ont été trucidés par un peuple encore mystérieux bien qu'occupant ces lieux depuis plus de 50 000 ans.

Même si le roman nous offre des informations sur cette contrée aussi précises que passionnantes, nous ne sommes pas chez Claude Lévi-Strauss mais bien dans un vrai récit d'aventures où deux amis vont essayer de réaliser le rêve d'explorer cette île. Benjamin Hoffmann, auteur bien français, va nous embarquer dans ce périple dangereux mais le double d'un grand récit psychologique au coeur de l'université de Yale, digne des meilleurs auteurs américains, où la profondeur de l'analyse d'une amitié un soupçon ambiguë, symbolisant les extrêmes de ce pays ( un riche, un immigré pauvre, parfait miroir avec civilisation vierge et civilisation au bout du rouleau) ne va jamais nuire au rythme soutenu du roman.

On referme "L'île de la Sentinelle" avec l'impression d'avoir participé à une sacrée aventure, mais aussi découvert un auteur français qui sort brillamment des sentiers rebattus de la bourgeoise du 6ème qui couche à la mère du petit ami de sa fille et qui se pose des questions existentielles. Doté d'un style impeccable et avec le projet d'embarquer le lecteur tour en le faisant réfléchir sur son humanité, Benjamin Hoffmann, grâce à sa créativité, son grand talent de conteur et cette chose si rare en ce moment de parier sur l'intelligence du lecteur, nous réconcilie comme jamais avec le roman français ! Et signe que ce roman possède quelque chose de plus que 90 % de ses voisins de rayonnage, il est en cours de traduction pour les USA ! Vivement le prochain !
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American Pandemonium

« Le Pandémonium désigne la capitale imaginaire des Enfers où Satan invoque le conseil des démons. Depuis, ce mot est également utilisé pour désigner un lieu où règnent corruption, chaos et décadence. »

(Wikipédia)



C’est un peu compliqué de débuter cette chronique, j’ai peur de m’emmêler les pinceaux face à la richesse de ce roman. Une richesse en genres, tout d’abord : bien qu’on puisse le considérer principalement comme une dystopie, on échappe pas à une ambiance post-apocalyptique qui m’a rappelé La Route (je n’ai pas été étonnée de le retrouver dans les remerciements) mais aussi, étonnamment, le dernier Mad Max. Une richesse de réflexions également, mais aussi de personnages tous différents et fascinants, à commencer par l’écrivain, Marc. Je vais conclure en évoquant la richesse de styles (non, le pluriel n’est pas involontaire) de l’auteur qui a une plume magnifique.



American Pandemonium m’a happée comme un cauchemar, violent, insensé et pourtant douloureusement réaliste. La majeure partie du roman trace l’errance de Marc dans ce monde perdu : après le bombardement, il devient impossible d’obtenir des informations de la part des autres pays, plus rien ne filtre et personne ne sait ce qu’il reste des États-Unis, si toutes les villes ont subi le même sort que New York ou si des zones civilisées subsistent. L’auteur voit ici une occasion en or de conter son expérience, allant jusqu’à se confronter à des conflits qu’il avait déjà pressenti juste pour les voir en niant tout instinct de survie.



L’effondrement de la société mène à un renversement des forces et à un déferlement de violence. Si des idéalistes croient encore à une possibilité de recréer une civilisation de partage et de respect au début du roman, leurs espoirs sont vite détruits par la peur et l’instinct de mort de leurs congénères. Chacun sa vie, chacun ses problèmes. Les êtres les plus vils sont aux premiers rangs pour façonner de petits groupes armés que Marc rejoint sans trop d’hésitation. Par la suite, il sera embauché avec Colin pour concevoir la machine de guerre la plus impressionnante qui soit : le Béhémoth. Je vais éviter de trop en révéler sur ce passage du roman qui est l’un des plus marquants, enrichi par un délire utopiste de Marc qui me restera longtemps en mémoire.



Le roman amène à des sujets de réflexion essentiels dans la société d’aujourd’hui : le pouvoir des médias et de la fiction, le coût de la liberté, la facilité avec laquelle une démocratie peut sombrer dans une dictature, l’influence du groupe sur l’individu et le dernier, mais pas des moindres, la nature humaine. American Pandemonium vaut la peine d’être découvert car Benjamin Hoffmann lie habilement cette profonde réflexion avec une histoire aussi passionnante que violente et je regrettais de devoir mettre ma lecture en pause pour dormir, j’aurais bien volontiers dévoré tout ça d’une seule traite…



Je remercie Babelio ainsi que les éditions Gallimard pour m’avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique du 20 janvier 2016.
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American Pandemonium

Dans un contexte géopolitique qui rappelle vaguement quelque chose, des bombardements frappent New-York, réduisant la Grosse Pomme en compote. Comment s'organise alors la vie après le chao ? Pillage, désordre et violence. Marc vit cela comme une aubaine : il tient enfin un sujet pour son nouveau bouquin. Davantage pour alimenter son récit que pour fuir la barbarie ambiante, il décide de quitter Manhattan et d'aller voir par lui-même, puisque plus aucun moyen de communication n'est fiable et que règne la désinformation, comment cela se passe dans le reste des Etats-Unis.

"Une histoire ambiguë narrée à plusieurs voix peuplée de salauds et de monstres mégalomanes", voici comment le narrateur décrit son American Pandemonium et je n'aurais pas dit mieux. J'ai été enthousiasmée par le début du roman, le style d'écriture et la lecture fluide. J'ai déchanté lorsque la cruauté et la destruction massive sont devenues omniprésentes mais uniquement par goût personnel. J'ai retrouvé du plaisir à la fin et le doute qui plane entre la réalité et la fiction n'est pas pour me déplaire.
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Écrivains d'Italie

Il est des ouvrages où le plaisir du lecteur est démultiplié. Habituellement un livre fait pénétrer dans l'univers d'un écrivain à travers une de ses oeuvres. Écrivains d'Italie propose au lecteur quatorze écrivains italiens choisis par quatorze auteurs français à qui Philippe Vilain a demandé ”de décrire un écrivain italien qui a particulièrement marqué leur parcours d'écriture et qui a contribué à nourrir sa pratique et son imaginaire”. Or comme une lecture entraîne souvent une autre lecture, l'envie vient non seulement de lire ou relire l'oeuvre décrite mais aussi les ouvrages de celui où celle dont la plume a su si bien partager sa prédilection. Un effet domino qui offre un vaste choix et une grande variété de styles et d'époques. De Dante à la mystérieuse Elena Ferrante en passant par Pasolini, Primo Levi ou Pirandello, et d'autres encore, plus ou moins connus, avec Pierre Adrian, Mona Azzam, Pierre Vilain et d'autres auteurs français contemporains, confirmés ou novices, l'Italie vient à nous pour un voyage littéraire, amoureux, intimiste, passionné et passionnant. Bravo à Philippe Vilain d'avoir eu l'idée de ce recueil, palette haute en couleurs et belle occasion de découvrir une littérature italienne quelque peu méconnue de notre hexagone. Une réussite.

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L'île de la Sentinelle

Un roman dont on a peu ou pas parlé mais très intéressant aussi bien par les sujets que par la construction; je l ai pris en médiathèque car j avais entendu parlé de cette ile dans un roman indien il y a quelques années



J'ai trouvé un livre riche de plusieurs sujets très bien traités et avec une fin très inattendue & d'une belle écriture



A découvrir & faire découvrir. Un auteur à suivre



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L'île de la Sentinelle

Aujourd’hui je vais évoquer L’île de la Sentinelle roman formidable et haletant de Benjamin Hoffmann. C’est l’histoire de l’amitié entre les deux personnages principaux en lien avec cette île indienne mystérieuse.

Le titre du roman, L’île de la Sentinelle, évoque le cadre fantasmé car inaccessible où se déroule une partie de l’intrigue. Le narrateur précise : « l’île de la Sentinelle est un navire fantôme. A de longs intervalles elle émerge dans la conscience occidentale, observée par un voyageur hardi qui en esquisse les contours. Puis elle disparait pendant plusieurs décennies ou plusieurs siècles, ignorée, oubliée, jusqu’au jour du prochain surgissement. » Il ne s’agit pas d’une fiction, cet endroit existe réellement : « leur isolement, les Sentinelles le doivent à leur résistance mais aussi aux caractéristiques de leur territoire. Déjà, il n’a pas grand-chose pour exciter la convoitise. (...). C’est le dernier inconnu, l’ultime frontière à la surface du globe, le parachèvement de cinq siècles de conquêtes et d’iniquités » C’est Krish qui raconte mais le roman est une mise en abime puisqu’il existe un roman dans le roman qui est l’œuvre de son ami Markus. Krish est d’origine indienne il a grandi à Bombay avant d’obtenir une bourse pour étudier aux Etats-Unis ; lors de son séjour à l’étranger ses parents et sa sœur meurent, il s’installe donc définitivement en Amérique où il rencontre Markus, fils d’un richissime marchand d’art. L’amitié improbable entre les deux jeunes hommes est éclatante. Ils sont de deux mondes en opposition ; d’un côté un immigré qui a tout à prouver pour obtenir une vie digne, de l’autre un fils de qui n’a que des privilèges et des facilités. Ils partagent tous les deux une fascination pour la Sentinelle, l’île interdite, peuplé de tribus éponymes qui refusent tout contact avec l’extérieur. Ensemble ils discutent souvent et expriment leur désir secret d’accoster à Sentinelle. Au milieu de l’histoire contemporaine, Krish évoque en s’appuyant sur les rares documents historiques les grandes dates des Sentinelles. Il devient un brillant anthropologue, il se marie. La relation avec Markus se distend un peu, il reste proche de Victor un autre ami de sa jeunesse qui lui prodiguera divers conseils lors des épreuves de la vie. Krish a des déboires sentimentaux, son épouse est dépressive, il voudrait être père mais elle n’est pas prête puis une fois enceinte elle est victime d’une fausse-couche. Les certitudes de Krish vacillent, à un moment il se dit : « j’avais enfin compris qu’être adulte, c’est précisément cela : faire le deuil des possibles. Et mettre toute l’énergie qu’on perd à rêver d’une autre vie dans l’effort pour embellir la sienne. » Les parents de Markus meurent dans un accident de voiture, avec sa sœur il hérite de la fortune et doit diriger les galeries d’art. Markus est un peu paumé, il se rêve en écrivain mais son projet de roman semble être un naufrage. Sa disparition inquiète sa sœur qui contacte Markus pour qu’il le retrouve. Il apparait évident qu’il a mis en œuvre une expédition pour rejoindre l’île maudite. Dans la mémoire collective la mésaventure tragique de John Chau reste présente. Krish part dans la région des Andaman et retrouve la trace de son ami disparu. Mais si sa mort ne fait aucun doute, il ne parvient pas à localiser son corps. Il passe quelques minutes haletantes sur place : « il me reste trente minutes pour trouver la trace de Markus si je veux garder le temps de revenir sur mes pas. Je cours et ne sais plus si c’est la mort que je fuis ou vers elle que je me hâte, elle à qui je suis venu me confronter, elle qui m’observe en ce moment même, derrière les arbres, prête à décocher une flèche qui me frappera à la colonne vertébrale. » Le roman se termine par une dystopie, le peuple autochtone a été exterminé, l’île est devenue un sanctuaire de leur mémoire où les touristes peuvent se rendre accompagnés. Avec son épouse et sa fille Krish se rend sur place et est le seul à comprendre l’origine d’une montre trouvée auprès d’ossements. Il s’agit des restes de Markus et la montre est celle que Krish avait oubliée dans l’appartement lors d’une soirée étrange au cours de laquelle il s’était demandé : « dans la fascination qu’il m’inspirait depuis des années, devais-je reconnaitre une forme d’attrait sexuel, jusqu’à présent refoulé ? »

L’île de la Sentinelle est un roman aux allures de faux polar. Le cadre de la mer du Bengale avec cette île fascinante parce qu’inconnue est bien documenté, le lecteur fantasme sur ce lieu toujours inaccessible sorte d’ultime frontière sur la planète. Les histoires d’amitié et de couple, les drames traversés par les protagonistes sont passionnants, ce gros roman se lit avec facilité.

Voilà, je vous ai donc parlé de L’île de la Sentinelle de Benjamin Hoffmann paru aux éditions Gallimard.


Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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L'île de la Sentinelle

Un récit équilibré qui oscille entre l’histoire de vie, le polar et une surprenante dystopie.

L’île de la sentinelle du nord est ce morceau de monde vierge de modernité dont les habitants refusent violemment et depuis toujours le moindre contact avec notre civilisation.

Kris un indien dont la famille est morte dans un attentat va migrer aux États Unis pour y faire de brillantes études d’anthropologie. Dans l’école prestigieuse où il est accepté il fait la rencontre de Markus fils d’un milliardaire marchand d’art. Tous les deux sont subjugués par cette île et le comportement de ces habitants mystérieux qu’ils rêvent de rencontrer. On suit grâce aux études de Kris toute l’histoire réelle de La sentinelle du Nord et c’est assez fascinant.

Malgré leur profonde amitié et leur attirance l’un pour l’autre la vie les séparera. Les rebondissements multiples de leur amitié’, de leur famille, de leurs amours sont parfois un peu longs mais restent captivants. Après la mort de ses parents Markus va se trouver à la tête d’une immense fortune mais il disparaît étrangement. C’est pour le retrouver que sa soeur va retrouver Kris (l’ami de toujours) et lui demander de partir sur les traces de son frère. En menant son enquête Kris retourne dans le pays de ses origines.

La fin offre une perspective surprenante sur l’avenir et le retournement de situation est habilement mené.

Un livre aux multiples facettes qui mérite d’être lu.

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L'île de la Sentinelle

L'ile de la Sentinelle abrite, surement, l'une des dernières tribus au monde qui n'ait pas été étudié et qui soit resté à l'écart de la mondialisation. Les tentatives de contact ont été multiples mais se sont toutes soldées par des échecs, les habitants (qui ne seraient plus qu'une cinquantaine) tirant des flèches sur les étrangers pénétrant sur leur île. (on peut comprendre les raisons quand on sait que, dans le passé, on leur a apporté des maladies).



C'est à partir de ce fait réel que l'auteur construit son roman. On va découvrir les différentes expéditions qui ont été tentées sur cette ile, à travers les yeux d'un anthropologue. En parallèle, on suivra la vie de ce dernier de ses études à l'université à sa mort. La toile de fond était sa fascination pour cette ile qu'il partage avec son ami d'université.



J'ai adoré ce roman. D'abord, parce que je ne connaissais rien de ce peuple et de cette île isolée. Ce roman, je l'espère, permettra peut être de les protéger un peu plus longtemps d'une intrusion ...

Ensuite, je me suis vraiment attaché aux personnages qui sont tous enfermés (allégorie de l'ile) dans leur vie, schéma de pensée ou couple. Ils ne sont pas caricaturaux et leurs évolutions réciproques sont surprenantes. La relation complexe entre les deux amis d'université, que tout oppose, m'a vraiment bouleversé.
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American Pandemonium

Résumé :

Le monde connaît des troubles politiques grandissants. Des conflits éclatent au Moyen-Orient. L'Europe croule sous les migrants. La situation s'envenime et l'extrémisme monte en flèche. Jusqu'au jour où New-York est bombardée.

Notre protagoniste, Marc, écrivain, se fait témoin direct de la vie après cette catastrophe où les moyens de communication ont pratiquement disparus, où la désinformation empêche de savoir quelle est l'ampleur de la guerre qui s'étend au delà des ruines. Alors, Marc entreprend de raconter l'Histoire au travers des personnes qu'il rencontre et se raconte lui aussi, dans un voyage au cœur de l'Amérique.



Avis :

Si j'ai en effet senti quelques longueurs de temps en temps et parfois trouvé quelques phrases longuettes, ce sont bien les seuls reproches que j'ai à faire à American Pandemonium, car ce livre est sensationnel.

D'abord il nous fait parcourir de long en large une Amérique détruite, à la manière d'un récit de voyage.

Ensuite, la polyphonie des voix, rendues par Marc de diverses façons, nous permet d'avoir plusieurs points de vues différents sur la catastrophe et donc plusieurs niveaux de sensibilité. Chaque compagnon de Marc a droit à une biographie plus ou moins courte, qui permet de comprendre de quelle manière il en est arrivé là, à errer après cette catastrophe et quelles sont ses motivations. Cela nous met en immersion dans le récit. De plus, le point de vue du narrateur est parfois différent, tantôt Marc s'exprime à la première personne, tantôt il prend la voix d'un autre personnage qui va s'exprimer lui aussi à la première personne et d'autres fois le récit est raconté à la troisième personne.

J'ai aimé cette mise en abyme de l'écriture. Cela a apporté beaucoup de particularités à ce livre. La temporalité est éclatée et les récits enchâssés (pas de manière complexe au point que l'on s'y perde), ce qui produit une attente et une "ritournelle" car chaque rencontre apporte son propre récit de vie, tandis que l'intrigue continue.



Ce livre, qu il faut l'avouer surf sur le genre de la dystopie, donne aussi un aperçu sociétal : comment les hommes survivent à une catastrophe, quelles sont les réactions individuelles et collectives, à partir de quand les hommes vont-ils perdre espoir de recevoir du secours, vers quel leader vont se tourner les survivants, quelles vont être les nouvelles règles dans ce monde où il n'y a plus de justice ?



American Pandemonium aborde une diversité de sujets qui lui permet d'atteindre une complétude : l'écriture, la société, la folie, la (dé-)communication, la survie, les rapports entre les hommes, la justice,... Ce livre permet de réfléchir sur notre société et à mes yeux il est en plein dans l'actualité.
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L'île de la Sentinelle

L’île de la Sentinelle, à mille kilomètres à l’est de l’Inde, en pleine Baie du Bengale, est peuplée d’une tribu qui vit en harmonie avec la nature et tue ses assaillants depuis des millénaires.

L’île de Benjamin Hoffmann, 375 pages, à portée de libraire, au contraire accueille le lecteur.

Approchez-vous et partez en voyage, vous ne risquez aucune flèche empoisonnée mais seulement la lecture d’une plume érudite qui mêle histoire contemporaine romancée, irruptions du réel, amitié, amour, surprises et aventures.

Un cocktail… implosif !



Car pourquoi diable cette île fascine-t-elle autant ?



Est-elle si mystérieuse et objet de fantasmes simplement parce qu’interdite d’accès ?

Car l’on connait tout d’elle : ses habitants, leur histoire ancienne, leur mode de vie, leur faiblesse immunitaire, leur nombre au cours des ans ; ses paysages aussi, les plages de corail écrasé, immaculées sous le soleil ou rincées de tempêtes, son lagon dévasté par le tsunami de 2004, sa forêt classique et tropicale, verte, drue, pénétrable seulement par ses Sentinelles.



Ou bien est-elle une métaphore de la quête de l’autre ?

Benjamin Hoffmann nous présente l’entourage de son héros. Mais cet ami, cette épouse qu’il croit si bien connaître parfois ferme l’accès, le rejette ou l’oublie sur son embarcation où il se retrouve perdu et solitaire, prêt à subir l’orage ou des brûlures solaires.



Ou encore, est-elle le reflet de ma propre personne ?

Serais-je cette Sentinelle à moi-même inaccessible, prête à m’autodétruire ?

C’est cela peut-être, la question que Benjamin me laisse avec son refrain de déjà-vu qui parsème l’existence de son héros : si je m’aventurais jusqu’à moi, au fond, trouverais-je la mort, ou la paix ?


Lien : https://pecayral.fr/lile-de-..
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American Pandemonium

Viens de finir ce livre au scénario légèrement cauchemardesque digne d'une mega production américaine... Je n'ai hélas pas spécialement été séduire par ce roman!
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