- Se faire trouer le ventre pour des gros qui cherchent à doubler leur fortune ! Il vaut mieux manger une fondue ... Sans compter qu'après cette guerre, il n'y en aura plus de guerre.
Fini !
Les guerres, c'est le relent de la barbarie ...
Braves gens de mon pays, à vous qui avez séché des larmes, à vous qui ouvrez vos coeurs à la douleur du monde, à vous qui chantez la liberté descendue des monts, je dédie ces pages où glisse et s'allonge l'ombre du loup cherchant sa proie ...
- Dis, tu y crois, toi, au bon Dieu ?
- Que veux-tu que je te dise ! Il ne monte jamais jusqu'au cinquième. Je l'ai jamais vu.
Et puis, s'il y en avait un, est-ce qu'il mettrait des engelures aux mains des gens qui travaillent, aux mains des gens qui n'ont qu'elles pour vivre ! ...
Dans les tranchées, invisibles, veillent l'ange de la résignation, un doigt sur la bouche, l'ange de la persévérance dont un bras est tendu vers l'ennemi.
Nul héroïsme apparent.
C'est noir, c'est tragique, c'est fatal.
Des soldats ronflent, étendus sur la paille, d'autres gardent les issus du boyau, d'autres parlent à voix basse.
Obéir. Durer ...
Le tocsin de la guerre ! ... Et soudain l'avalanche qui broie, l'ouragan qui lance ses tourbillons à l'assaut, l'incendie qui secoue sa torche, le sang, la folie, les ignominies.
Et on a vécu là dedans, subi, maigri, courbé l'échine, souffert jusqu'à l'épuisement du corps et de l'âme ...
Le loup, le loup au dessus de tout ! ...