AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Benoît Cursente (4)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Les cagots

Quoi que nous soyons Cagots,

Peu nous importe les mots :

Nous sommes tous fils d'Adam.

Victimes de ségrégation, les Cagots ont aussi leur légende : énigme des cagots, mystère des cagots, secrets des cagots, les cagots, race maudite, le fantastique n'est jamais bien loin de l'histoire.

Il s'agit d'un livre exigeant qui s'appuie sur une documentation, dont Benoît Cursente à éloigné tous les faits non avérés ou pas assez étayés par des documments.

J'admets mon incompétence vis-à-vis de cette approche de l'histoire mais toutefois c'est un livre formidable.

Les cagots ont peuplés une partie du sud-ouest de la France, Navarre, Béarn, Gascogne...

Ils ont porté différents noms : Crestians, cagots, agots, capots, gahets, gézitains ...

Les ségrégations varient d'une commune à l'autre et au fil des siècles et sont locales : habitat séparé, lieu de sépulture séparé, union matrimoniale séparée, exclusion de la communauté, accès séparé aux actes liturgiques (petite porte)...

Leurs origines sont floues : lépreux, goths, descendant des cathares, hispani fuyant l'islamisation ... beaucoup de suppositions.

A la fin du livre, une annexe traite des caquins bretons et des burakumin japonais.

Peut -être cette ségrégation était-elle justifiée au départ mais j'aurais tendance à penser que d'autres raisons peut-être économique ce sont greffées et ont fait perdurer cette situation mais ce n'est que mon humble avis.

Qui s'intéresse aux cagots est en droit de savoir sur quel registre se situent les informations et opinions dont il peut avoir connaissance. Ce livre s'efforce de présenter un maximum de données documentaires et de les soumettre à une grille de lecture critique, tout en exposant le scénario que dessinent les résultats récents de la recherche... Lequel induit, à son tour, de nouvelles questions. Les zones d'ombre qui enveloppent le thème des cagots sont loin d'être dissipées ! nous dit l'auteur et comme les descendants des cagots préfèrent reser discrets, nous ne savons pas tout.

De chaleureux remerciements à Benoît Cursente, aux éditions Cairn et à Babelio pour cette lecture enrichissante.

Commenter  J’apprécie          4918
Les cagots

Les Cagots ! Qui a entendu leur histoire a forcément éprouvé le désir de percer leur mystère. Merci à Nathalie pour m’avoir acheté ce livre de référence sur le sujet, que je désirais lire depuis longtemps. Pour ceux qui ne les connaissent pas, une petite présentation s’impose : les Cagots étaient un groupe de personnes, disséminées dans tout le sud-ouest de la France, qui du Moyen-Age jusqu’au milieu du XIXème (et parfois au-delà) firent l’objet d’un ostracisme féroce et de discriminations systématiques : interdiction des mariages entre Cagots et non Cagots, exclusion des cérémonies et des fêtes, obligation de vivre dans des quartiers séparés et d’utiliser un bénitier et une porte spécifique dans l’église… Et on ne sait pas pourquoi.



On a fait des Cagots les descendants marginalisés des Néanderthaliens, des chasseurs-cueilleurs ayant refusé le passage à l’agriculture, des Wisigoths, des Sarrasins, des Cathares… On a cherché sans succès des caractères physiques (l’absence de lobe de l’oreille a longtemps été noté), des marqueurs génétiques. Au fil du temps, une foule d’exagérations, d’interprétations bancales et de pures inventions se sont accumulées dans les livres consacrés aux Cagots, et dans cet ouvrage Benoit Cursente fait d’abord un énorme travail de nettoyage des connaissances.



La rigueur méthodologique de l’historien est très impressionnante. Avant tout, il souligne à quel point le phénomène des Cagots a été extrêmement mouvant. De personnes dotées de places particulières dans les plaines de Gascogne à la fin du Moyen-Age, on passe peu à peu à des petites communautés marginalisées dans les hautes vallées pyrénéennes à la fin du XVIIème, qui se transforment en villages d’artisans spécialisés au cours du XVIIIème !



Conséquence logique, la nature des discriminations subies varia énormément. L’obligation de porter une marque distinctive (un morceau de tissu rouge en forme de patte d’oie), très emblématique, n’eut cours que dans une zone limitée pendant une durée assez courte ; les bénitiers et portes séparées dans les églises arrivèrent tardivement. Il insiste également sur le fait que les Cagots étaient présents sur les deux versants des Pyrénées, délimite géographiquement leur présence (grosso modo, de l’Ebre à la Garonne), date leur apparition aux alentours de 1300 grâce aux documents d’époque, et surtout souligne que le mot ‘’cagot’’ est récent. La première appellation attestée est ‘’chrestian’’ (chrétien) ; et il y en eut beaucoup d’autres : agot, capot, ladre…



Le mystère des origines est brillamment éclairci : les lépreux. Au Moyen-Âge ce mot recouvre à peu près tout type d’affection de la peau. Considérée comme très contagieuse et héréditaire, ceux qui en souffrent sont tenus de vivre à l’écart, dans des bâtiments dédiés : les léproseries. Ceux qui n’avaient que des affectations bénignes ou au stade initial de la maladie eurent des enfants, sains puisque la lèpre n’était pas héréditaire, mais les populations alentour continuèrent à les considérer comme lépreux, et ils durent rester dans les léproseries. Quand l’épidémie et la peur de la lèpre reculèrent en Europe, Benoit Cursente montre, documents à l’appui, que la plupart des anciennes léproseries devinrent… Des cagoteries.



Mais le rejet dans la population persista, prenant généralement la forme d’une peur de la contagion et d’une obsession pour la pureté. Très tôt, les Cagots tentèrent de lutter contre les préjugés dont ils étaient victimes. Au XVIème siècle ils en appelèrent au Pape, qui condamna les discriminations – mais ce ne fut pas pris en compte localement. Ils se tournèrent alors vers les pouvoirs civils et temporaires… Et c’est là que les choses se corsent, car dans l’ancien régime de nombreuses régions avaient leur propre parlement et leur propre corpus de lois ! On l’oublie, mais la Révolution fut avant tout une vaste entreprise de simplification administrative et juridique.



Les cagots en appelèrent au roi, et parvinrent peu à peu à faire tomber les arrêts qui les discriminaient ou leur posaient des interdits. Mais la population résista farouchement, et les discriminations et les vexations n’en devinrent que plus subtiles et plus complexes. L’intégration ne se fit que lentement et progressivement. Vers 1850 elle était très avancée, la première guerre mondiale l’acheva. Le tabou des mariages entre Cagots et non Cagots fut le dernier à tomber – encore en 1950, l’auteur rapporte que la découverte d’origines cagotes pouvait parfois compromettre un mariage !



Un mystère de plus cède face à la rigueur et au travail d’un homme de science. Il ne nous reste plus, comme lui, qu’à saluer le courage et la ténacité des Cagots, qui luttèrent infatigablement pendant des décennies contre les discriminations dont ils étaient l’objet.
Commenter  J’apprécie          424
Les cagots

Début 2015, en voyage au Pays Basque, j'avais visité Ciboure et photographié ce panneau à l'usage des touristes accroché sur l'église St Vincent : "(...) l'église était entourée de deux cimetières, dont l'un réservé aux cagots, nombreux à Ciboure. (...) Les cagots accédaient à l'intérieur de l'édifice par une petite porte située au fond de l'église et possédaient leur propre bénitier. (...)"

C'était la première fois que je rencontrais ce mot de "cagot", et à ce stade rien ne me permettait encore de savoir de qui il s'agissait exactement. Sans doute une caste à part, mais après tout cela pouvait autant être des privilégiés que des laissés pour compte.

J'ai attendu d'être rentré chez moi avant de me renseigner plus avant (il n'y avait pas la wi-fi dans l'appartement pour la petite histoire) et j'ai découvert cette discrimination et son ampleur avec un brin de stupéfaction.

Alors quand j'ai vu passer ce bouquin dans la sélection Masse Critique de Babelio (merci à eux et aux éditions Cairn pour cet envoi), je me suis dit que c'était une excellente occasion d'approfondir le sujet.

Disons-le tout de suite parce que ça peut en calmer plus d'un : ce n'est pas un ouvrage de vulgarisation, mais bien un livre d'histoire, il en a toutes les caractéristiques, tant sur la rigueur que sur l'académisme. Une lecture exigeante, donc, mais qui n'en est pas moins intéressante.

On a vraiment le sentiment d'exhaustivité quand on referme ce bouquin : B. Cursente le commence aux plus anciennes sources connues du crestianisme vers l'an 1000, pour finir avec les adaptations cinématographiques et les spectacles vivants du XXIe siècle. Il passe en revue à peu près tous les ouvrages écrits sur le sujet (et leurs auteurs), tente humblement d'en trier le bon grain de l'ivraie, n'affirme rien dont il ne puisse être sûr, et prévient d'emblée : ce n'est pas la quête des origines des cagots. Et pour cause : comme sur de multiples autres sujets historiques, il faut tout simplement reconnaître qu'il est maintenant improbable que l'on détermine ces origines un jour avec certitude. Tout au plus peut-on repousser sans trop craindre de se tromper les hypothèses les plus fantaisistes, et retenir la plus vraisemblable : la ségrégation des malades de la lèpre, cette maladie qui faisait des ravages au début du second millénaire. C'est la conclusion assez rapide de B. Cursente et ses arguments sont pour le moins convaincants. Passé ce postulat, il va nous faire traverser les siècles jusqu'au XIXe, qui sonne (enfin, serait-on tenté de dire) le glas de cette discrimination, décrivant et analysant avec rigueur l'évolution de ces pratiques discriminatoires, et montrant à bien des reprises – ce qui m'a surpris – un pouvoir royal éclairé et poussant ces malheureux vers l'émancipation, tandis que les notables locaux, eux, n'auront de cesse de résister aux ordonnances et de braver la justice pour tirer encore et toujours leurs boucs-émissaires vers le bas, comme s'ils en avaient à tout prix besoin pour se sentir supérieurs à quelqu'un.

La lèpre, origine probable de cette mise à l'écart, avait disparu depuis 300 ans qu'il était toujours interdit de toucher des descendants sains depuis des générations et attestés comme tels par la médecine, et même de les regarder dans les yeux, et c'est sans doute cela la terrible leçon qu'il y a à tirer de cette histoire. Qu'est-ce qui pousse l'homme à discriminer son prochain ? Est-ce bien le "maléfice", quel qu'il soit, qu'on lui prête, ou le besoin irrépressible de faire partie d'une élite, même fondée sur du vent ?
Commenter  J’apprécie          50
Les cagots

Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Cairn pour m'avoir envoyé ce livre lors d'une masse critique.

L'idée de ce texte n'est pas une fois de plus d'essayer de trouver l'origine de cette population "maudite". Mais de proposer un état des lieux de la connaissance que nous avons des Cagots. En écartant les théories fantaisistes.

Les auteurs ne cherchent pas à absolument percer le mystère des origines. Au contraire, en présentant les sources fiables de leur histoire, ils cherchent à démontrer que les Cagots ne sont pas une entité homogène mais que cette appellation recouvre des réalités diverses, plurielles.

Leur territoire est vaste, et nous parlons d'une histoire de plusieurs siècles. Par conséquent, il est normal qu'il y ait des disparités locales.

Par exemple, les Cagots auraient été obligés de porter sur la poitrine une patte d'oie rouge, cousue. Eh bien, grâce aux recherches approfondies des auteurs, on apprend que cette obligation ne concerne qu'une zone géographique et une période historique très limitées.

J'ai beaucoup aimé le ton employé par l'auteur pour nous emporter dans ce livre. Il fait preuve d'une grande clarté quand il explique sa démarche d'historien. Et, n'y connaissant pas grand chose aux Cagots, je me suis plongée très facilement dans la lecture de cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          50


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Benoît Cursente (10)Voir plus

Quiz Voir plus

William Irish au cinéma

Un jaguar apprivoisé qui s'est échappé, un cadavre, une chanteuse de music-hall, le Panama.... Alibi Noir a été adapté en 1943 par le grand Jacques Tourneur sous le titre:

L'Homme Puma
L'Homme Léopard
L'Homme Chat

9 questions
20 lecteurs ont répondu
Thèmes : adapté au cinéma , adaptation , cinema , romans policiers et polars , roman noir , hollywood , littérature américaineCréer un quiz sur cet auteur

{* *}