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Critiques de Benoît Heimermann (35)
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Albert Londres : La plume et la plaie

1ère Opération mass critique (what took me so long?)



Albert Londres. Je connaissais le Prix, dirigé par Annick Cojean, elle-même lauréate. Naïvement je me préparais à parcourir un album photographique. Maintenant je sais que Londres n’est pas un photographe mais un reporter, l’un des plus célèbres de son temps avec Kessel ! Il n’est pas anglais, mais d’origine hispanique. Il a grandit à Vichy. Il voulait être poète et à commencer à s’ennuyer sévère comme comptable.



Vous croyez au Kaïros ? Car à l’époque, la presse écrite est en pleine expansion, on cherche des journalistes car les français sont des millions à lire le journal, la poésie ne nourrit pas son homme et Londres devient journaliste.

Albert Londres s’investira dans les reportages de guerre mais c’est surtout sa dénonciation des conditions de détention des bagnards, dans l’entre-deux-guerres, ces Jean Valjean vivent dans des conditions inhumaines, promiscuité (50 par cellules parfois), maladies, et lorsqu’ils ont purgé leur peine en Guyane, il restent encore des années à travailler gratuitement avant de pouvoir rentrer en métropole.



Pour “le Petit Parisien”, Londres dénonce la condition inhumaine des travailleurs africains dans son voyage, après Gide, et avant Tintin, au Congo. Les intentions sont bonnes certes mais Londres, qui reste favorable à un destin commun de la France et ses colonies, entretient les clichés racistes de son temps.



Londres est le témoin des premières émigrations juives vers la Palestine dans les années 1920. Les peuples juifs d’Europe vivent déjà l’exclusion, avec toutes les insécurités et violences, notamment les pogroms, que l’on connaît encore si peu. Le reporter a déjà l’intuition que la cohabitation avec les autochtones musulmans en Palestine ne sera pas facile.



Ce livre est d’intérêt pour qui s’intéresse déjà à Albert Londres, sa vie et son temps, le biographe, Benoît Hameirmann, contextualise beaucoup et met en perspective l’oeuvre du journaliste à l’aune de notre temps. La curiosité m'as piquée mais pas au point de mettre en pause, séance tenante, mes lectures en cours ou à venir.



j’en profite pour remercier Babélio d’offrir des livres contre une critique. Les lecteurs ça compte, moi-même je regarde souvent avant achat ce qu’on dit d’un livre, surtout dans mon entourage de babéliotes. Merci d’ailleurs à vous d’allonger (alléger parfois) ma PAL de toutes ces découvertes !



A l’année prochaine !
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Titayna : 1897-1966



L'auteur aurait pu sous-titrer cette biographie "La femme pressée" car il nous raconte la vie d'une personne qui de ses 25 à 43 ans a constamment brûlé les étapes. Non seulement les jobs et les voyages s'enchaînent, mais pour aller plus vite, elle se déplace de préférence en avion à une époque où cela était plutôt rarissime.



Née le 22 novembre 1897 à Villeneuve-de-la-Raho à une dizaine de kilomètres de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales, comme l'aînée de 7 enfants du couple Louis et Jeanne Sauvy, prénommée gentiment Elisabeth, elle précède de 12 mois la naissance d'un petit frère Alfred, né le 31 octobre 1898, qui deviendra l'illustre démographe et sociologue de réputation mondiale.



Déjà trop pressée comme gamine, ayant "un mal fou à admettre la discipline", lisant beaucoup, nourrie de Jules Verne et Jack London et disposant d'une imagination débordante, ses études ne sont guère brillantes. En plus, dans ses gênes elle a le goût de l'aventure et du voyage de son grand-père maternel, le général Bernard-Justin Tisseyre (1838-1937), qui avait pris part à l'expédition de Maximilien d'Autriche au Mexique et qui lui raconte ses souvenirs de Chine et d'Extrême-Orient. Gamine, elle est convaincue que chacun "porte en lui un petit Christophe Colomb et le regret qu'il n'y ait plus d'Amérique à découvrir".



Son départ d'une vie fulgurante se situe en 1922 avec une annonce de l'ambassade du Japon qui cherche une dame de compagnie pour la princesse Kitashirakawa, soeur de l'empereur Taishô et tante de Hirohito, de passage à Paris. Le nombre de candidates est élevé, mais avec un cran et un culot qui deviendront un de ses traits de caractère, elle se présente et emporte cette nomination qui lui ouvre de nombreuses portes inespérées. Le 2-4-1922, près de Bernay a lieu un terrible accident de voiture dans lequel meurt le beau-frère du mikado. Elisabeth a été éjectée de la bagnole, est blessée au genou gauche, se retrouve en convalescence à l'hôpital pendant 3 semaines d'où elle donne des interviews à la presse et touche une sérieuse indemnité nippone.



Autre caractéristique : son art de tirer un parti maximum de n'importe quelle occasion qui se présente. Ainsi, profitant du scandale qu'a provoqué la parution du roman célèbre de Victor Margueritte "La garçonne" et du "Diable au corps" de Raymond Radiguet, Elisabeth Sauvy réussit à faire publier, la même année 1922, son conte sur l'union libre et les amours adolescentes. Par la même occasion est née le pseudonyme qu'elle n'abandonnera plus et qui trouvé son origine dans la mythologie catalane : Titaÿna.



Ce sont les voyages et les découvertes qui la font rêver. En fin de volume, Benoît Heimermann produit une liste impressionnante d'une page et demie de ses voyages, commencés en 1923 à Vienne, Prague et Budapest et qui se terminent en 1937 au Guatemala, Rio et Honduras. À première vue, il ne manque que le Vatican !

Dans un billet que je vais faire de son récit de voyage "Une femme chez les chasseurs de têtes" de 1934 et qui contient également son "10.000 kilomètres à bord des avions ivres" de 1929 et "Mes mémoires de reporter" de 1937, je reviendrai sur les exploits de cette infatigable globe-trotteuse.



Ici, je veux me concentrer sur sa vie et personnalité peu commune et même un court résumé de ses pérégrinations me mènerait trop loin.



Après ses récits de voyage à l'exemple de Joseph Kessel et Albert Londres, c'est le journalisme qui la tente. Et, sans grande formation spécifique, Titaÿna réalise quelques fameux coups d'éclat : elle trouvé le moyen d'interviewer Mustafa Kemal Atatürk à Ankara en 1924, le prince Carol de Roumanie à Bucarest, Abdelkrim el-Khattabi au Maroc et à la Réunion, Elefthérios Venizélos à Crête, le roi Alphonse XIII d'Espagne à Madrid, Benito Mussolini à Rome en mars 1935 et Adolf Hitler à Berlin en janvier 1936.



Simultanément elle continue ses ouvrages : "Mon tour du monde" en 1928 ; "Loin" l'année suivante ; "La caravane des morts" en 1930 ; "Nuits chaudes" en 1932 ; "Les ratés de l'aventure" en 1938, etc. et ses articles de presse pour Vu, Voilà, L'Intransigeant, Paris Soir et est même nommée directrice de la revue Jazz en 1928.



Titaÿna est la coqueluche du Paris mondain et connaît toutes celles et ceux qui y ont nom : Arletty, Colette, Blaise Cendrars, Pierre Mac Orlan, l'auteur du magnifique "Le quai des brumes" qui l'apprécie beaucoup, Francis Carco, Henry de Monfreid, Jacques Benoist-Méchin, Jean Luchaire et sa fille Corinne, le maréchal Lyautey, Pierre Lazareff, André Chamson etc. En somme, trop pour les énumérer tous, quoique je tiens à explicitement mentionner 2 noms : celui de Jean Cocteau, qui dans "Mon premier voyage" de 1936, à la première page, a noté "à Titaÿna. Je t'aime et je t'embrasse du fond du coeur" et d'Antoine de Saint-Exupéry qui a fait pareil avec "Vol de nuit" en 1931, où il a écrit "Pour Titaÿna qui a connu tout ça..."



Il est vrai que notre Elisabeth avait l'art et la manière d'apparaître en public avec sa coiffure à la garçonne, ses choix vestimentaires spéciaux (souvent des ensembles en cuir - en hommage à l'aviation), sa façon de se mouvoir et de s'adresser aux autres. Elle ne passait certainement pas inaperçue et tout le monde n'était pas nécessairement séduit par ses apparitions. Marthe Lambert, sa belle-soeur et l'épouse d'Alfred, par exemple, n'aimait pas "ses toilettes tapageuses et son côté m'as-tu-vu" (page 183).



Au point de vue relations, elle a eu plusieurs liaisons et s'est mariée avec Jules-Edmond Courtecuisse, qui se faisait nommer Maurice Bréval, en 1922, mais le mariage n'a pas duré 3 mois. En fait, son grand amour a été le médecin Ernest Edmond Desmarest, un ami de Romain Rolland et de Paul Valéry, à qui elle a lié sa destinée dès 1924 et avec qui elle s'est mariée en 1940.



1940, les méfaits du colonialisme qu'elle a constaté lors de ses voyages, le laxisme français et le drame de Mers el-Kébir où la marine britannique attaque la flotte française en juillet pour éviter qu'elle ne soit livrée aux nazis, mais tue 1295 marins français parmi lesquels son frère préféré Pierre de 30 ans font que Titaÿna opte pour les Allemands. Du 18 août 1940 au 6 juin 1941, elle va écrire des articles virulents dans la presse collaborationniste, tels "Les Nouveaux Temps" et "La France au travail" et faire des déclarations à "Radio Paris" pro-allemande. Surtout son antisémitisme est totalement incompréhensible et impardonnable.



J'avoue que j'ai été choqué et foncièrement déçu en lisant cette prose lamentable, d'autant plus que j'avais beaucoup d'admiration pour son courage, son caractère trempé et ses initiatives.

À partir de cette date ce n'est plus la même Titaÿna ou même Elisabeth Sauvy. Pendant le reste de la guerre, elle est inscrite aux abonnés absents, fera 11 mois de prison pour collaboration et partira aux États-Unis en 1946, où elle meurt d'une attaque cardiaque à San Francisco, le 13 octobre 1966, à l'âge de 68 ans.



Benoît Heimermann s'est pour cette biographie très bien documenté et a fait preuve de beaucoup de tact, sans pour autant devenir aveugle pour ce qui est finalement inadmissible.



Malgré ma déception pour son coup de théâtre en 1940, je dois dire que j'ai eu une forte sympathie pour cette dame extraordinaire d'avant cette date fatidique et qui mérite d'être mieux connue.

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Le gardien des pôles

Dès la couverture, l’explorateur polaire Borge Ousland, emmitouflé dans sa parka, nous accueille de son regard bleu glacier qui brille d’une volonté peu commune. On aperçoit quelques cristaux de glace dans sa barbe, comme un mimétisme avec le paysage polaire.

Il faudra pourtant attendre plusieurs pages avant de rencontrer le héros solitaire et discret, car l’auteur préfère nous parler de ses prédécesseurs, ces aventuriers du froid qui ont bravé le danger et la glace pour atteindre des lieux inexplorés. Ce sont ses compatriotes, norvégiens comme lui, Fridtjof Nansen et Roald Amundsen, qui sont admirés et célébrés dans leur pays.

L’aventurier est déterminé, marcher sur la trace des plus grands ne le satisfait pas, il veut aussi être le premier à réaliser l’exploit de l’aventure de l’extrême.



« Ce qu’il veut, ce n’est pas rallier le pôle sud (après tout Kagge l’a déjà fait !) mais traverser le continent antarctique de part en part sans s’accorder le moindre ravitaillement ni soutien ! »



Son rêve va se réaliser puisqu’il sera bien le premier à rallier le pôle Nord et le pôle Sud en solitaire et entière autonomie. A cela, s’ajoute la traversée du continent Antarctique et de l’océan Arctique, toujours en solitaire et en autonomie.

Borge Ousland ne cherche pas le vedettariat, non, c’est un passionné authentique. Ce qui l’intéresse, c’est le dépassement de soi, l’exploit sportif. Et il est la preuve vivante qu’un homme bien entrainé peut survivre sans aide sur des terres hostiles, plongé dans le climat le plus rude qu’on puisse trouver sur la planète.

Et comme il ne veut pas s’arrêter en chemin, l’explorateur a le projet de traverser les glaciers les plus imposants afin d’alerter sur leur état de santé.

Rien ne semble pouvoir l’arrêter

« Ford de son avantage, Borge est en droit de faire valoir ses mérites, mais il est aussi confronté à un dilemme : s’inventer de nouveaux arguments pour assouvir sa passion, de nouveaux obstacles à franchir, de nouvelles histoires à raconter. »

Un album photo inséré au centre du livre retrace les grands moments de la vie et des explorations du norvégien.

Ce récit, fort bien documenté du journaliste Benoît Heimermann, n’est pas d’une lecture facile. Pour qui n’est pas familiarisé avec la géographie des pôles, il y a, heureusement, deux cartes en fin d’ouvrage pour mieux éclairer notre lanterne.

Pour ma part, la lecture a été plutôt ardue.





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Albert Londres : La plume et la plaie

Ce bel ouvrage retrace le parcours de celui qui a donné son nom à l'un des plus prestigieux prix décerné aux journalistes : Albert Londres.

Celui dont le nom même évoque le voyage a eu un parcours particulièrement riche et qui honore le métier qu'il avait choisi.

Loin de la complaisance qui pouvait émailler le métier à l'époque, et bien plus loin encore de ceux qui s'autoproclament aujourd'hui journalistes, Albert Londres avait choisi de "tremper sa plume dans la plaie".

Le parcours décrit par ce beau livre nous en donne la preuve par l'image et par le texte.

On suit ainsi le journaliste du Panthéon où fut inhumé Jean Jaurès, aux tranchées de la première guerre mondiale, en passant par les pays de l'Extrême-Orient alors colonisés et par les bas-fonds de la prostitution.

Toujours, Albert Londres donne un témoignage fidèle et juste de ce qu'il voit. Toujours, il se situe à hauteur d'homme et toujours il parcourt le monde pour montrer à l'humanité ce qui est loin des idéaux de l'époque.

Ouvrage intéressant et richement illustré, ce livre nous permet une vue sur une époque révolue dont beaucoup d'aspects ont contribué à faire de notre monde ce qu'il est, dans ses réussites comme dans ses échecs.
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Ils ont écrit le tour de France

Benoît Heimermann, « grand reporter à l'Equipe Magasine, écrivain, auteur de documentaires et président de l'Association des écrivains sportifs » (cf. 4ième de couverture), réussi sans conteste un Tour magistral des écrivains qui ont écrit autour et sur le Tour de France.



Je ne suis pas une grande fan du Tour de France, mais ma curiosité m'a encore amenée à pousser les limites de mes réticences en sélectionnant cette œuvre parmi les livres de la Masse Critique de Babelio. J'ai reçu ce livre avec quelques réserves, je l'avoue. J'avais peur de me retrouver face à l'Histoire du Tour de France, celle qui s'étire longuement et sans fin et de ne jamais connaître le Tour de France qui « se lit autant qu'il se voit ».



Léger, frais, vivant et convivial, mes craintes se sont rapidement envolées lorsque j'ai intégré le peloton intemporel des écrivains qui en quelques pages, chacun à leur Tour, racontent, chantent, expriment, crient le Tour. Je me suis retrouvée dans une véritable embardée de souvenirs, d'histoires, d'émotions. J'ai traversé les époques, les mœurs, les pratiques d'antan. J'ai apprécié les accents chantants, les moments d'ivresse et les souvenirs insolites. J'ai parcouru les foules aussi vite et aussi efficacement qu'un flash et j'ai ressenti avec les mots et les images.



Voir le Tour de France avec l'oeil de l'écrivain, et non du téléspectateur, a été pour moi une réelle expérience littéraire, originale et singulière. Je ne me suis jamais sentie aussi proche du Tour, Je l'ai vécu de l'intérieur et j'ai trouvé l'aventure bien plus enrichissante et intéressante.



Benoît Heimermann donne ici tout son sens à une pratique qui pour moi n'en avait pas spécialement. J'ai compris le Tour de France.



En cette période de l'année, je trouve que cette lecture tombe à pic ! Quoique même en hiver, elle ne serait pas désagréable, pour celui qui souhaiterait revivre quelques temps chaleureux et vivifiants. Je conseille ce livre à quiconque se sent de vivre une épopée « cycliste » en dehors de tout sentier battu et aux curieux du Dimanche. Du reste, il est évident que les Fans du Tour de France ET/OU de littérature se complairont incontestablement dans cette « grande boucle vue par les écrivains ».



Enfin, je n'oublie pas de remercier les Editions Flammarion ainsi que Babelio grâce à qui j'ai pu faire la découverte de cette œuvre « estivale » et « rafraîchissante ».
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Albert Londres : La plume et la plaie

Vous ne savez pas utiliser un appareil photo, ni conduire une auto, ni même nager, vous ne parlez aucune langue étrangère et vous êtes méfiant à l'égard des nouvelles technologies, vous n'appréciez guère le téléphone et la machine à écrire, vous avez horreur de prendre l'avion et de surcroît vous n'êtes pas sportif. Alors, pourquoi ne pas devenir grand reporter ? C'est le défi que s'est lancé Albert Londres pour devenir l'un des journalistes les plus célèbres du XXe siècle. Né en 1884 à Vichy, un grand-père chaudronnier, des parents petits commerçants, Albert Londres a 19 ans il écrit de la poésie et décide de monter à Paris pour devenir apprentis journaliste. En quelques années de sa courte vie il va parcourir le monde, infatigable voyageur il ira partout sur le globe pour dénoncer les injustices et l'oppression, entre janvier 1919 et novembre 1922, soit un peu moins de 4 ans, il va visiter 80 pays. Mais sa carrière de globe-trotter ne s'arrêtera pas là il visitera aussi le japon, l'Indochine, l'Inde, l'Amérique et la Chine. le premier grand reportage qui le révélera au public est celui qu'il fera en Guyane pour mener une enquête sur le bagne de Cayenne. Ses articles dans le petit Parisien sont sans complaisance pour les autorités pénitentiaires. Il décrit le manque d'hygiène, la faim, les cellules étroites et obscures, les mauvais traitements. Il publiera 25 articles sur ce sujet et contribuera à l'abolition du bagne en Guyane et au retour progressif des condamnés en France. Albert Londres se rend ensuite en Afrique du Nord pour mener la même enquête sur le bagne de Biribi. Il enchaînera avec la visite des asiles d'aliénés en France en se faisant passer pour un membre du personnel médical. Après le tour du monde, il va couvrir le tour de France. C'est tout naturellement qu'on lui attribuera la célébrissime formule des « forçats de la route » pour qualifier les coureurs du Tour de France.

Partout où il y a des exploités, des démunis, des drames, il apportera son témoignage. En 1927 il fera une grande enquête sur la prostitution "la traite des blanches" et publiera un livre sur ce sujet. En 1928 il se rend en Afrique pour y dénoncer la condition des noirs soumis aux colonisateurs. le sort des juifs et la question du sionisme lui feront encore parcourir des milliers de kilomètres en partant de Londres pour arriver à Tel-Aviv en passant par Prague. La Chine l'intéresse également, il s'y rend au moment du déclenchement de la guerre Sino-Japonaise. Ce sera son dernier reportage en 1932. Après quelques mois d'enquête, il décide subitement de revenir en France et s'embarque à bord du George-Philippar. Quelques jours après le départ un court-circuit déclenche un incendie qui devient rapidement hors de contrôle. le capitaine ordonne l'évacuation du navire. Cinquante personnes (sur 700 passagers) restent bloquées dans les cabines, parmi celles-ci se trouve Albert Londres. Personne ne pourra lire sa dernière enquête. La veille du départ, il avait confié à son gendre « Ah mon cher ami, quelle enquête je rapporte, c'est de la dynamite ! Énorme ! » Il n'en faut pas plus pour que la presse s'emballe et parle d'un complot pour empêcher la publication de ses articles susceptibles de compromettre jusqu'aux plus hautes personnalités de l'État. Cette fin théâtrale est à l'image de la vie étonnante d'Albert Londres qui restera une figure mythique du journalisme.



Le livre de Benoît Heimermann raconte toutes ses péripéties en s'appuyant sur de nombreux documents. Ce beau livre, solidement relié, imprimé sur un beau papier, est agrémenté d'une très riche iconographie, de dessins d'époques, de nombreuses photos inédites en double page, d'extraits de coupures de journaux et de cartes postales envoyées par Albert Londres à sa fille Florise. Une lecture très agréable qui nous renseigne sur une époque et un métier en devenir, celui de grand reporter. Une manière de parcourir le monde pour comprendre et informer en faisant de son témoignage un moyen de pression pour changer les politiques en faveur des opprimés. Un bel hommage à l'oeuvre d'Albert Londres, le pionnier du journalisme d'investigation dont le style imagé et passionné a impressionné tous les lecteurs de son époque et qui reste encore aujourd'hui un modèle.



« Je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de choeur… Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie… Mon oeuvre ? Elle consiste uniquement à prêter une voix, si faible soit-elle, à ceux qui, cependant, ont à se plaindre… » Citation d'Albert Londres (page 152).



— « Albert Londres, La plume et la plaie », Benoît Heimermann, Paulsen (2020) 221 pages

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Ils ont écrit le tour de France

Dans le cadre de Masse Critique, je viens de lire un attrayant florilège de textes, pour les cent ans du Tour de France, rassemblé par Benoît Heimermann, grand reporter à l’Equipe Magazine, écrivain, auteur de documentaires et président de l’Association des écrivains sportifs



Dans son introduction, l’auteur revisite l’Histoire du tour de France au fil de ces 10 décennies, ainsi que les plumes célèbres qui l’ont encensé, magnifié..



Auparavant, l’auteur, nous parle avec beaucoup de justesse de l’objet

« Bicyclette », symbole extraordinaire dans l’histoire des hommes….



Une phrase à la première page de l’introduction qui condense à elle-seule l’importance de cet objet, hautement symbolique, techniquement et humainement : « Deux apprentissages prioritaires occupent l’enfant à l’aube de son plus jeune âge : maîtriser l’écriture et maîtriser une bicyclette » (p.9)



« Depuis son invention, la bicyclette a été le véhicule privilégié d’un futur prometteur et radieux » (…) « Codicille non négligeable : le vélo jouissait à cette époque d’une cote de popularité exceptionnelle. Vedette de l’Exposition universelle de 1900, la « fée bicyclette » chevauchait les avantages conjugués de la perfection et de l’agrément. (p.12)



Jules Romains admet qu’il « apprend la bicyclette pour apprendre à se conduire dans la vie » (p.13)



L’auteur rappelle les grands noms de la littérature, inspirés par le Tour de France : Albert Londres, Yves Gibeau, Kleber Haedens, Armand Lanoux, Pierre Daninos, Pierre Benoît, Jean-Pierre Chabrol, Jacques Perret…pour arriver au nom incontournable : Antoine Blondin qui entre 1954 et 1982, suivit quelques 27 tours de France, au fil desquels il ne donna pas moins de 524 chroniques à l’Equipe.. « Journal où, à l’entendre, il se sentit plus en confiance qu’au sein de n’importe quel cénacle littéraire » (p.18)



Cette anthologie est présentée en huit parties thématiques, avec à chaque chapitre, des sélections de textes d’écrivains, avec une brève notice biographique pour chacun.

I-Tour d’Enfance

II-Campionissimo [sur les grands champions de la route, depuis 100 ans]

III-Qui m’aime me suive [Le Tour est un compagnonnage, avec son noyau d’assidus]

IV.La kermesse héroïque [3 semaines de fête, de mythes et légendes]

V. C’est mon tour [Les chantres du Tour ne sont pas que des spectateurs, mais souvent, de purs pratiquants qui sacrifient au culte de la petite reine]

VI. Les femmes aussi [Le Tour est misogyne-Quelques pionnières ont accompagné le Tour, et en ont fait des chroniques ]

VII. Drôles de drames [ Le Tour en dehors des enthousiasmes et des victoires, ne va pas sans accidents, tricheries, et mensonges]

VIII. Le Tour est un roman [« Le Tour est une fiction sans cesse recommencée »]



Il y aurait mille choses à citer, souligner dans cette anthologie, j’ai opté, par parti pris, je l’admets, de parler des noms de la littérature, plus confidentiels…Au départ, je souhaitai, mettre en exergue le chapitre consacré aux plumes féminines : Colette, Gabriele Rolin, et Annie Ernaux, mais les textes sont décevants, sauf celui de cette dernière, qui a servi de préface au Tour du Tour par trente-six détours, de François Salvaing, 1990



-Le mercredi 26 juin 1963, un jour gris et moite, le Tour de France arrive à Rouen. Une étudiante- c’est moi-, écrasée par la fatigue des examens, se réveille à 17h 30 dans sa chambre de la cité universitaire. A ce moment, tout l’absurde de l’existence se résume à ceci pour elle : elle vient de rater ce qui a été le grand désir de ses quinze ans, voir passer le Tour de France.

Nous sommes des millions à avoir des moments de notre vie inséparables du Tour. Bobet, Anquetil et les autres font partie de notre mémoire, de notre imaginaire, de nous-mêmes. Source de rêves et d’émotions, ils nous ont d’une façon ou d’une autre, à un moment, aidés à vivre. C’est cela même qui définit une culture. Le Tour de France a été, demeure, l’épreuve sportive la plus populaire. (…)

Le Tour de France est comme l’accomplissement extrême de cette humanité. Il devient donc épopée. L’espace se fait géographie (…) Le temps se fait histoire, étape après étape, celle d’une communauté d’hommes, avec ses luttes internes, ses drames, et le dur désir de durer dont parle Eluard, de durer jusqu’au bout au moins, de gagner, peut-être.-



Parmi les artistes que j'ai découverts, Paul Souchon (1874-1951)- Poète et dramaturge qui a voué sa vie à Victor Hugo, et à sa maison-musée de la place des Vosges, dont il fut longtemps le conservateur . je choisis de citer

quelques strophes d’une de ses poésies : « Compagnons du Tour de France » [Les Chants du stade-1923]



Naguère, la canne à la main,

Le baluchon sur les épaules,

Les Compagnons, sur le chemin,

Sifflotaient à l’ombre des saules.



Nous sommes d’autres compagnons,

Mais, esclaves d’une machine,

Nos mains se crispent aux guidons

Et nous courons, courbant l’échine

(…)

La route ! Nous la conquérons

A chaque coup de nos pédales,

Avec elle nous pénétrons

Dans les villes aux belles dalles.

(…)

Enfin, là-bas, voici paris

Qui nous attend au bord du fleuve

Ses applaudissements fleuris

Sont la couronne de l’épreuve.



Offrons-lui, vaincus ou vainqueurs,

Gonflés de joie et d’espérance,

Les derniers efforts de nos cœurs

Où palpite toute la France.



Cette anthologie de par sa variété, son éclectisme devrait contenter un grand nombre de passionnés du Tour de France et de la littérature, avec la découverte d’auteurs moins médiatisés : Jean Meckert, James Waddington, François Bott, Olivier Dazat, Jacques Sternberg, Christian Laborde, Ludovic Janvier (poète et auteur de deux études sur Samuel Beckett),etc. et des extraits d’œuvres aux tons les plus colorés.-Ce florilège est enrichi de deux bibliographies.



J’achève sur les lignes enthousiastes d’Aragon parues dans Ce soir, juin 1947.



-Le Tour…c’est la fête d’un été d’hommes, et c’est aussi la fête de tout notre pays, d’une passion singulièrement française : tant pis pour ceux qui ne savent en partager les émotions, les folies, les espoirs ! Je n’ai pas perdu cet attrait de mon enfance pour ce grand rite tous les ans renouvelé. Mais j’ai appris à y voir, à y lire autre chose : autre chose qui est écrit dans les yeux anxieux des coureurs. La leçon de l’énergie nationale, le goût violent de vaincre la nature et son propre corps, l’exaltation de tous pour les meilleurs…-



Avant ma lecture, j'avais quelque réticences, n'étant pas une inconditionnelle du cyclisme...mais cette anthologie, comme ce type de florilège, offre le plaisir de découvrir sur un sujet de prédilection, des points de vue, des perceptions, des écrits d'époques et de tons, très variés, qui nous font faire de jolies découvertes...Ceci au fil d'une lecture, qui n'est pas obligatoirement linéaire, nous permettant de vagabonder, piocher au fil des humeurs et des envies



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Albert Londres : La plume et la plaie

Membre depuis fort fort longtemps du réseau Babelio – précisément depuis le 25 novembre 2011, outch ça me rajeunit pas -, j’apprécie énormément le site sur lequel je poste toutes mes critiques bouquins. D’ailleurs, pour ceux qui liraient cette bafouille directement sur Babelio, hello ami-babelionaute ! Bref j’aime l’endroit : il me permet de découvrir d’autres points de vu sur ce que je lis, me donne des envies de lecture et, qui plus est, m’offre des opportunités de partenariat via les opérations Masse Critique. C’est lors de l’une d’elles que j’ai demandé l’ouvrage qui nous intéresse aujourd'hui, Albert Londres, la plume et la plaie.



Je ne vais pas faire semblant de posséder plus de culture générale que je n’en dispose ami-lecteur… Avant de me plonger dans le livre de monsieur Heimermann, Albert Londres était, pour moi, un prix avant tout et si je savais vaguement que le bonhomme en question était journaliste, c’était à peu près tout ce dont j’avais connaissance. Voilà pourquoi je ne me tenais plus de joie quand j’ai reçu le bouquin et découvrais, ravie, cette belle édition : papier épais qui sent bon – parce que oui je sniffe les livres et je suppose que tu fais tout pareil -, nombreuses photos, mise en page soignée et aérée. Bref, j’étais impatiente.



Il s’agit donc d’une biographie illustrée de monsieur Albert Londres, écrivain et journaliste, grand voyageur et plume lyrique. Sincèrement j’ai été soulagée en comprenant que l’ouvrage de Benoït Heimermann n’avait rien d’une hagiographie naïve et partisane. Si l’auteur nous montre tout le talent de Londres, il ne nous cache toutefois pas ses faiblesses. Le portrait est complexe, le portrait est passionnant, le portrait est surprenant. Car sur le papier, Albert Londres ne semblait pas prédestiné à devenir grand reporter : pas du tout sportif, ne sachant pas nager, ne parlant aucune langue étrangère et appréciant le confort moderne, Albert semblait plus à même de mener le destin de poète qu’il a d’abord désiré. Heureusement pour nous, et pour beaucoup, le destin ne le laissa pas faire et il devint journaliste. Un journaliste prompt à s’indigner, aimant prendre son temps, subjectif, patriote et profondément humain. Albert Londres, la plume et la plaie nous offre une biographie très agréable à lire, pléthore de photos et un récit jamais ennuyeux. Au fil de la vie de cette figure littéraire, c’est aussi l’histoire mondiale que nous voyons se dérouler. Au fur et à mesure des pages, j’ai fait de fréquentes pauses pour quelques recherches sur le Net, non pas que l’ouvrage ne soit pas complet mais parce qu’il avait ouvert mon appétit de savoir sur plein de sujet différents : le bagne, les pêcheurs d’huîtres, les établissements psychiatriques de l’époque et même – ô miracle – le Tour de France. Le seul défaut du bouquin reste parfois le manque de clarté quant aux données factuelles, c’est à dire dans la chronologie exacte des évènements ou bien les trajets précis des pérégrinations du journaliste.



C’est presque avec regret que je refermais cette belle biographie, avec l’envie d’aller, peut-être, voir de plus près d’autres ouvrages sur Albert Londres. Et pour conclure cette petite critique, laisse-moi citer Albert Londres lui-même avec des propos passés à la postérité et qui ont donné son titre au livre de monsieur Heimermann :



Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Les champions d'Hitler

"Les champions d'Hitler" retracent le destin de champions sportifs allemands que le régime nazi instrumentalisa pour les besoins de sa propagande. Pourtant, selon l'auteur, tous connurent l'échec, mettant à mal l'image d'infaillibilité de l'homme aryen. Le livre alterne chapitres consacrés au mouvement et à l'administration du sport sous le régime nazi et de courtes biographies de sportifs.





Les chapitres consacrés à l'histoire du sport nazi constituent aussi une biographie du Reichssportführer, Eckart von Tschammer und Osten, qui finit par diriger tout le mouvement sportif allemand. Opportuniste, il devint un nazi convaincu pour éliminer ses rivaux et fit du sport un instrument de propagande, aidé par Goebbels, alors qu'Hitler n'éprouvait guère d'intérêt pour ce domaine. En même temps il exclut les athlètes juifs, même les plus doués.





Ils montrent comment les luttes internes étaient fortes au sein du régime, où chaque dirigeant défendait sa baronnie contre ses rivaux : ainsi von Tschammer und Osten dut s'imposer aux dirigeants du mouvement olympique allemand, s'opposa à von Schirach, führer des Jeunesses hitlériennes, et étendit son influence à d'autres organisations, comme la SA ou la Kraft durch Freude.





Ces chapitrent montrent aussi les compromissions des dirigeants sportifs internationaux, en particulier ceux du CIO, prêts à minimiser le sort des Juifs et à exalter le régime pour sauver les jeux olympiques. Quand aux dirigeants politiques étrangers, ce ne fut pas mieux, ils furent prêts à toutes les bassesses pour apaiser Hitler. Un aspect comique : la rivalité sportive par procuration entre Mussolini et Hitler, même après leur alliance.





Le destin des sportifs biographiés fut varié. Mais tous furent exploités par le régime, parfois à contrecœur, souvent jusqu'à l'usure totale.

Et tous connurent l'échec sportif alors qu'ils étaient présentés comme les gloires du pays. Le sauteur en longueur Luz Long fut battu par Jesse Owens, le tennisman von Cramm ne parvint pas remporter la coupe Davis, le boxeur Max Schmeling fut battu par Joe Louis, le coureur de 800 mètres Rudolf Harbig, malgré un programme innovant de préparation physique, vit sa carrière stoppée par la guerre. Quand au pilote automobile Bernd Rosemeyer il perdit son record de vitesse au profit des Américains puis la vie dans un accident.





Leurs destins personnels varièrent : Lutz et Harbig moururent à la guerre, von Cramm fut compromis dans un scandale homosexuel, Schmeling devint le prospère représentant de Coca Cola en Allemagne.





Trois chapitres sont consacrés à des aventures collectives : l'épopée du dirigeable Hindenburg qui finit en catastrophe, l'équipe allemande de football qui était pas vraiment au niveau et du intégrer, après l'Anschluss, une sélection autrichienne, elle au niveau. Quand au chapitre consacré à l'alpiniste Heinrich Harrer, c'est le récit des meurtrières expéditions allemandes dans l'Himalaya.





Je ne vois pas trop ce que fait l'aviateur Ernst Udet dans ce livre; il était surtout un soldat, un pilote d'essai et un théoricien de l'aviation.





Une histoire donc de grands sportifs dépassés par le rôle qu'un régime dictatorial leur fit jouer.
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Ils ont écrit le tour de France

Le cyclisme est le sport qui a sans doute inspiré le plus d'auteurs, romanciers et même poètes.

Chacun a sa façon de voir le Tour de France, chacun ou presque, à son anecdote personnelle.

Ce livre ressemble à un roman fleuve, avec un très grand nombre d'épisodes ou chaque écrivain fait un scénario, et qui, en fin de compte, retrace les 100 ans de Tour.

Tous, à quelques exceptions près, vivent ou ont vécu cette épreuve avec plaisir, bonheur, certains l'expriment simplement d'autres sont plus dytirambiques. Et il y en a ainsi pour tous les goûts.

L'éventail des auteurs est très large, masculin à 95 %, allant du "sportif de salon" au mordu de vélo.

Un livre regroupant donc des morceaux de romans, de revues, de journaux, de pamphlets, pris au fil des 50 ou 60 dernières années de la libération cyclistique française. Un très gros travail de recherche... Côté littérature tout un chacun connaît tout le monde et côté "vélo", l'occasion de se remémorer ou d'évoquer de croustillants souvenirs.

Merci donc a Babelio et son opération Masse Critique ainsi qu'aux éditions Flammarion pour la découverte de ce livre.
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Albert Londres : La plume et la plaie

Ce beau livre retrace la vie d’Albert Londres (1884-1932), journaliste et grand reporter du début du XXe siècle. Illustré par de nombreux documents d’époque issus des archives, il nous fait voyager à travers les continents et les reportages de l’écrivain. En creux se dessine le portrait de tout le secteur de la presse, en pleine mutation, et confronté à la modernité (appareils photographiques, voitures, avions, etc.) : « Longtemps cantonnées dans un rôle d’agents d’opinion, les quotidiens dernier cri sont devenus, au fil des années, des outils de loisir, des instruments d’éducation et de socialisation. » (page 21).



D’abord passionné par la littérature, Albert Londres jeune s’imagine en poète, mais il se consacre rapidement au journalisme dans lequel il insuffle une dimension plus littéraire. Sa vie en elle-même est un roman, tous les ingrédients sont réunis : aventure, mystère, prises de position passionnées, etc. Il va couvrir les grands événements du début du siècle dernier : la Grande guerre, le bombardement de Damas, etc.. Il va aussi s’intéresser à des sujets de société : la condition des bagnards en Guyane, les pêcheurs de perles, la condition des africains sous la domination coloniale, etc. Son dernier reportage en Chine reste un mystère suite à la disparition tragique du reporter.



Benoît Heimermann présente la méthode de l’écrivain pour ses grands reportages : la part de documentation, le travail de collecte des témoignages sur place puis l’écriture elle-même. Loin d’un Joseph Kessel écrivant dans l’immédiateté, Albert Londres a besoin de temps pour rédiger ses reportages. Leur qualité font de lui le journaliste vedette des grands quotidiens qui l’emploient.



Aujourd’hui Albert Londres est surtout pour le grand prix qui porte son nom et qui consacre chaque année un travail journalistique en presse écrite, audiovisuelle et un livre. La plupart de ses reportages sont disponibles au format poche.



J’ai beaucoup aimé cette biographie qui m’a fait découvrir une figure, celle d’un grand reporter investi dans les dénonciations du système. L’ouvrage se lit comme un roman d’aventure. Il donne envie aussi de se plonger dans les œuvres d’Albert Londres.



— Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse critique de juin 2020. Je tiens à remercier Babelio de m'avoir sélectionnée et les éditions Paulsen pour leur envoi. —
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Tabarly

UN GRAND HOMME, UN GRAND MARIN.
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Le gardien des pôles



« Premier homme à atteindre les pôles Nord et Sud en solitaire et en autonomie totale (en 1994 et en 1996), premier aussi à traverser de part en part le continent antarctique et l’océan Arctique (en 1997 et en 2001), sans oublier bien d’autres réalisations remarquables (la traversée du Groenland, une circumnavigation arctique, etc.). Berge Ousland a atteint, sans contestation possible, les plus hautes cimes du genre, illustrant à son tour et à son niveau un second âge d’or de la conquête des confins planétaires. »



Børge Ousland, le gardien des Pôles - Benoît Heimermann @editionspaulsen #paldhiver



Borge Ousland, ce Norvégien, conquérant des Pôles, n’est certainement pas l’explorateur polaire contemporain le plus médiatisé et pourtant il s’inscrit dans la droite lignée de Fridtjof Nansen ou Roald Amundsen, Norvégiens tout comme lui!



Faut-il être Norvégien pour conquérir les Pôles? C’est une question qu’on est en droit de se poser 🤭 mais cela n’a rien à voir avec la nationalité, même si tous trois on fait preuve de courage, de détermination et d’abnégation!



L’auteur prend d’ailleurs le parti de nous raconter Børge à la lumière de ses prédécesseurs…



« Børge Ousland est un homme d’aujourd’hui, il a accumulé quantité de raids et de découvertes en utilisant des méthodes et un matériel up to date. Il est tenu, à juste titre, pour le plus grand « polaire » contemporain, mais il s’est toujours inscrit dans un continuum et exprimé au gré d’un acquis préalable. Sa modestie naturelle l’incite à être redevable.

Envers ceux qui l’ont précédé, les avancées qu’ils ont mises au jour et lui ont permis de progresser à son tour. »



… et nous brosse une rapide présentation de Nansen et Amundsen afin de bien comprendre ce qui relie ces hommes, leur histoire commune ou plutôt la transmission qui existe entre eux.



De cette manière, il nous présente aussi Børge comme un conquérant solidaire, un homme qui aime partager son expérience et qui considère qu’il faut être uni dans l’aventure…



« De son point de vue, l'exploration est affaire de solidarité, pas de rétention d'informations. Il en convient : lui-même doit beaucoup à ses prédécesseurs. Une raison suffisante pour sans cesse entretenir le naturel processus des compétences. Børge ne croit pas au savoir spontané, mais il a toujours fait grand cas, à l'inverse, de l'efficacité des traits d'union. »



J’ai aimé découvrir le portrait de cet homme qui semble réservé et taciturne, à l’inverse de Mike Horn avec qui il a affronté le Pôle Nord en pleine nuit polaire, et qui est pourtant plus authentique, plus inspirant!



« Dans le domaine des pôles, tout a été dit, tout a été fait. Il n'empêche, fréquenter l'Arctique et l'Antarctique, de quelque manière que ce soit, restera toujours quelque chose d'exceptionnel. »



Un aventurier qui mérite d’être connu et reconnu pour ses valeurs, sa modestie et sa force, aussi d’inspiration!
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Les champions d'Hitler

Ce livre sur l'histoire du sport, nous en conte un chapitre sombre ; celui du détournement du sport dans la dérive idéologique du nazisme. le titre du livre se réfère à Hitler mais celui-ci est un peu relayé dans un second rôle par Benoît Heimermann. le vrai protagoniste de ce détournement est le ministre des sports Hans von Tschammer und Osten qui s'est comporté comme le parfait relai du ministre de la propagande.

Le grand intérêt de ce livre est de nous faire découvrir ce second couteau du système nazi qui même s'il n'a pas directement été impliqué dans le génocide, a participé en profondeur à la cancérisation de la société allemande.

La bibliographie de ce personnage que nous propose l'auteur est largement plus détaillée que ce que l'on peut trouver sur internet. Cela suppose donc un travail de recherches en profondeur. Ce qui fait que ce livre peut être considéré comme un document historique; tout du moins pour un amateur d'histoire du sport.

Si la plupart des champions, sportifs ou pas, cités sont connus, les détails de leur histoire funeste le sont un peu moins.

L'auteur rétabli aussi certains faits historiques quelque peu transformés au cours du temps par intérêt historique.

Ce livre se lit facilement car écrit dans un style journalistique quelque peu enrichi d'un langage soutenu tout à fait à propos avec le contexte historique.

Merci à Benoît Heimermann d'avoir démontré que le sport fait partie de l'histoire mais que le sport ne fait pas l'histoire.
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Hommage à Blondin : Le muscle et la plume

Le sport vu, vécu, commenté et décrypté par un écrivain de talent, telle est l'essence de ce livre qui regroupe quelques-unes des plus belles chroniques sportives d'Antoine Blondin. C'est un florilège de bons mots, de caricatures mais aussi d'émotions et de prises de parties.

Antoine Blondin quand il a quelque chose à dire, il l'écrit.

Il n'est pas toujours facile à lire à la première lecture, surtout que l'on comprend assez vite que la feinte est toujours à la pointe de l'épée. Il faut relire une ou deux fois pour être certain de ne pas avoir raté le coup de patte de l'artiste.

J'ai surtout apprécié sa vision très caricaturale du rugby mais aussi le grand respect qu'il a envers les grands champions qu'il a pu admirer et côtoyer.

C'est vrai que 27 tours de France cyclistes et 7 Jeux Olympiques cela a formé ou déformé l' amoureux du sport qu'il était.

Son propos déborde largement les frontières sportives car sa plume touchait, délicatement ou pas, tous les domaines de la société.

La plume était à Blondin ce que le muscle est au champion, UN OUTIL DE PERFORMANCE.





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Le mystère Lindbergh

De lui, on connaît l'exploit aérien, la traversée de l'Atlantique en solitaire, en 1927, aux commandes d'un engin improbable. Dans « Le Mystère Lindbergh » de Benoît Heimermann, on découvre les aspects cachés du personnage.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
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Albert Londres : La plume et la plaie

Ce livre fait un peu office d'un dossier qu'aurait laissé un enquêteur sur Albert Londres : on y retrouve des photos, des notes, des lettres, des cartes postales ainsi qu'une biographie du célèbre reporter.



Plus qu'une simple biographie narrative, cet ouvrage se veut aussi critique des incohérences et des travers du journaliste que l'auteur analyse à travers ses œuvres et le contexte dans lequel elles furent rédigées ; Benoît Heimermann nous livre une foultitude d'anecdotes sur l'époque, la France, ses régions, les rêves de ses adolescents, le développement de la presse, la censure, la course (déjà) à l'exclusivité de l'information...Une jolie plongée dans le début du XXe siècle et ses agitations captée par Albert Londres, malgré des défauts matériels : quelques fautes de frappes et un passage carrément répété deux fois, ce qui est tout de même inadmissible pour un éditeur...
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Albert Londres : La plume et la plaie

Ce beau livre retrace la vie d’Albert Londres, de son enfance à sa mort tragique avec l’incendie du paquebot qui devait la ramener en France après son long séjour en Chine.

Nous découvrons ses débuts en tant que journaliste, comment il apprend le métier, se crée des relations et sa volonté de partager ses rencontres et les émotions suscitées par ses découvertes à travers son témoignage et ses photographies.

Il permet de comprendre son engagement, notamment auprès des pays meurtris par la première guerre mondiale, des colonies mais aussi des bagnards, des aliénés d’asile, des prostituées.

Ce livre réunit des extraits de la correspondance et des articles d’Albert Londres, des reproductions de documents et surtout de nombreuses photographies, dont certaines prises par Albert Londres lui-même. Il nous propose un récit captivant du parcours du père du journalisme d’investigation, qui a su imposer son style et dont les méthodes sont encore aujourd’hui respectées.




Lien : https://www.carnetsdeweekend..
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Les champions d'Hitler

Un essai intéressant qui démontre l'utilisation faite par le régime nazi de la figure du sportif. Si Hitler est peu intéressé par ces questions, ce n'est pas le cas de Eckart Hans von Tschammer und Osten, ministre des sports de 1933 à 1943, qui cherchera à voir dans les performances sportives des athlètes allemands la supériorité de la race aryenne. A travers les portraits de dizaines de sportifs, Benoît Heimermann nous montre à quel point ces hommes n'étaient que des pantins à la solde du pouvoir en place, et que si leurs victoires étaient instantanément récupérées, leurs échecs n'étaient jamais tolérés.

Un angle nouveau qui nous permet de voir l'histoire du IIIe Reich sous un jour différent, et qui met en lumières la figure méconnu Tschammer und Osten, qui pourtant faisait partie des plus importants dignitaires nazis.Passionnant.
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Les champions d'Hitler

Benoît Heimermann, grand reporter à « L’Equipe Magazine », président de l’Association des écrivains sportifs, illustre de sa plume brillante les étapes du chemin de croix enduré par Eckart.
Lien : http://www.lesechos.fr/week-..
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