C'est dans son cœur plutôt que dans le regard des autres qu'il convient d'abord de s'apprécier.
Les enfants, c'est essentiel, vous savez : ce sont à la fois des sources de bonheur, de lâcher-prise et de générosité. Il faut se mettre à leur niveau et les encourager à nous dépasser, puis à nous quitter...
Tenez, mon brave... - Ce n'est pas assez ! - Je vous demande pardon ? - Ta pièce, ce n'est pas assez ! - Comment ça, pas assez ? Vous devriez être content de ce qu'on vous donne ! - Mais je suis content. C'est toi qui ne le seras pas. [...] Je t'ai vu hésiter entre des centimes et des euros. Tu me donnes finalement les centimes. Ce n'est pas assez : plus tard, tu vas regretter de ne pas avoir été assez généreux. Lorsque l'on hésite, il faut toujours donner le montant le plus important. Il ne faut jamais être radin avec la générosité. - Je donne ce que je peux donner... Et qu'est-ce que vous avez d'abord à me tutoyer ? [...] - Je te tutoie parce que tu es debout et que je suis par terre, parce que tu es dans la société et que j'en suis exclu : je crée un lien entre deux postures antinomiques. Tu considères mon tutoiement comme un manque de respect alors que j'essaie simplement de me mettre à ton niveau. En acceptant cela, en ne te considérant pas comme supérieur [...] tu fais aussi preuve de générosité à mon égard. Je t'en donne encore plus pour ton maigre argent...
Une légende raconte la rencontre entre les deux sages et la réaction de Confucius, tellement bouleversé qu'il resta trois jours sans prononcer un mot. L'un de ses disciples lui en demanda la raison :
«Quand je vois un homme, dit Confucius, se servir de sa pensée pour m'échapper comme l'oiseau qui vole, je dispose la mienne comme un arc armé de sa flèche pour le percer ; je ne manque jamais de l'atteindre et de me rendre maître de lui. Lorsqu'un homme se sert de sa pensée pour m'échapper comme un cerf agile, je dispose la mienne comme un chien courant pour le poursuivre ; je ne manque jamais de le saisir et de l'abattre. Lorsqu'un homme se sert de sa pensée pour m'échapper comme le poisson de l'abîme, je dispose la mienne comme l'hameçon du pêcheur ; je ne manque jamais de le prendre et de le faire tomber en mon pouvoir. Quant au dragon qui s'élève sur les nuages et vogue dans l'éther, je ne puis le poursuivre. Aujourd'hui j'ai vu Lao-tse ; il est comme le dragon ! À sa voix, ma bouche est restée béante, et je n'ai pu la fermer ; ma langue est sortie à force de stupeur, et je n'ai pas eu la force de la retirer ; mon âme a été plongée dans le trouble, et elle n'a pu reprendre son premier calme.»
«Comment cet âne de Confucius pourrait-il comprendre quoi que ce soit à des matières qui laissèrent perplexe l'empereur Jaune lui-même ?» s'interroge le Zhuang zi. Les rivalités et les piques à l'encontre du «vieux sage» abondent dans les textes taoïstes mais Lao Zi n'était apparemment pas tout jeune non plus.
Une autre légende raconte en effet la naissance de Lao Zi, vieillard à la barbe blanche, à l'âge de 72 (6 x 12) ou 81 (9 x 9) ans, d'où le découpage en 81 chapitres de l'oeuvre ! Témoignage du respect des Chinois pour la vieillesse, traditionnellement associé à une sagesse supérieure ? Il pourrait inversement s'agir de souligner que Lao Zi a réussi, tout au long de ses 160 années mythiques, à conserver la souplesse d'un enfant. «Peut-on, en cultivant son Qi, devenir aussi souple qu'un nouveau-né ?» demandera le chapitre 10.
[lăozi] signifie littéralement «vieil enfant» ce qui nous gratifie, dès le nom de plume de l'auteur d'un magnifique paradoxe à la chinoise. Le texte les multipliera.
Quand chacun comprendra le Beau, le vice disparaîtra.
Quand chacun comprendra le Bon, le non-bon disparaîtra.
Ainsi, il y a et il n'y a pas s'engendrent,
Difficile et facile s'entremêlent,
Qualités et défauts se complètent,
Supérieur et inférieur s'inversent,
Bruits et voix s'harmonisent,
Avant et après se suivent.
Ainsi, le sage s'affaire à non-agir,
Transmet sans parler,
Ne refuse rien,
Vit sans se posséder,
S'accomplit sans rien attendre,
OEuvre sans s'attacher.
Solitaire, sans attache, présence.
D’où vient alors cette conception surnaturelle des pouvoirs cachés de l’homme ? C’est William James, le célèbre psychologue américain, qui énonça cette théorie. Elle fut ensuite reprise par la plupart des manuels de développement personnel, ainsi que nombre de sectes, gourous et même par Einstein : notre cerveau tourne à bas régime et nous avons en nous des capacités prodigieuses de développement. Nous pourrions être intellectuellement dix fois plus que ce que nous sommes !
Mais bien sûr que j'ai le temps ! Comment sinon ne pas le perdre ? Comprenez-le bien, jeune homme, la vie ne donne du temps que si nous en donnons au préalable.
Nous pensons que l'homme est bon et en bonne santé par nature. C'est le système qui le corrompt et en fait un être faible, malheureux et dégénéré.
Se connaître relève donc d'un double enjeu :
1. Savoir où je suis, d'une part, afin de marcher dans la bonne direction en ayant tout à la fois le bon équipement et le bon rythme.
2. Savoir comment je pense le monde, d'autre part, et donc pourquoi tel événement m'affecte alors qu'un autre me laisse indifférent
Au cours des vingt dernières années, la puissance des mémoires des ordinateurs a suivi une croissance exponentielle. La mémoire de l’homme n’a malheureusement pas profité du mouvement. Au contraire. La mémoire artificielle s’est développée aux dépens de la mémoire naturelle.
« La mémoire se cultive par l’usage » dit le dicton. Or, la vie moderne sollicite de moins en moins nos neurones. Les ordinateurs retiennent tout pour nous, les calculatrices donnent les résultats avant que nous ayons posé l’opération. Les bibliothèques ou internet mettent le savoir du monde à notre disposition et la photocopie permet de « fixer la mémoire sur le papier ». A la limite, photos et vidéos nous dispensent même de nous souvenir de nos vacances ! La vie en société semble s'accommoder très bien d’une mémoire inexploitée