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— Vous devez changer Julien ! Vous allez nous faire mourir votre beau-père et moi ! C’est ce Jules et cette femme qui vous ont dérouté du chemin de Dieu, des bolcheviques cela ne fait aucun doute !
— Je suis sûr que vous auriez préféré qu’il me tue ! Il vous aurait enfin débarrassé de moi. Un avortement ou un crime c’est péché, mais tuer votre fils c’est faire œuvre de salut public.
Pour la première fois de sa courte vie, sa mère se mit à le tutoyer.
— Comment oses-tu proférer de telles accusations ? Dire de telles monstruosités ! Tu as été envoûté, manipulé, embrigadé. Dis-moi... que tu n’es pas un inverti, pas dans notre famille, un homme avec un homme, pour la seconde fois ! Julien !!! Tous ces péchés contre nature que tu répètes ad vitam aeternam, encore et toujours. Je n’ose imaginer cette offense faite à Dieu ! Il va te falloir confesser toutes tes fautes et faire pénitence pour ne pas subir le châtiment de Dieu... après celui des hommes, nous y tenons.
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J’attends patiemment que Julien vienne contre moi et glisse prudemment une main sous mon pyjama, nos visages n’ont jamais été aussi proches, ses yeux dans les miens, son souffle aspiré par ma bouche. Sa langue sur mes lèvres, son index traçant sur mon visage le contour de mes paupières, de mon nez, de ma bouche et dans cette proximité délicieuse Julien me glisse au creux de l’oreille ces quelques mots.
— Cela fait si longtemps que j’attends ce moment... Mais tu trembles ? Tu as peur ?
— Non, enfin... oui... oui, j’ai peur quand je pense à ce que tu as subi, j’ai peur de ton beau-père, de sa réaction, qu’il te fasse encore du mal, que tu souffres encore à cause de moi ou de ma grand-mère. Mais, je tremble parce que le bonheur que tu me donnes en cet instant est si fort et si puissant que je... tu ne sais pas Julien combien de fois j’ai rêvé de toi. Et même dans mes rêves les plus fous, jamais je n’aurais pu imaginer pouvoir être dans un lit avec toi.
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Après cette entrevue, Julien est interné sans jugement et sans avis médical, dans ce centre de rééducation aux faux airs de clinique. Une prison pour adolescent que Valentine et ses amis tentèrent de faire fermer bien plus tard, un lieu où Julien est martyrisé, avec l’accord et la complicité de ses parents.
Il subit des séances d’électrochocs deux fois par jour, cela s’appelle « la thérapie par aversion ». Le but est de provoquer un effet désagréable devant un stimulus sensé être agréable et à le supprimer par un réflexe pavlovien... Ces séances de tortures alternent avec des douches froides ou des bains d’eau brûlante.
Il subit différents traitements chimiques et privations diverses. Le corps de Julien n’a plus aucun secret pour ces bourreaux, électrodes, humiliations sans fin, infantilisation, camisoles chimiques et la lecture de la bible du matin au soir.
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Cette famille se vouvoie avec une totale absence d’émotion dans la voix, les intonations sont blanches comme le givre. Je les écoute et les regarde à la manière d’un explorateur qui a découvert une tribu avec des rituels et des coutumes qui lui sont totalement inconnus. J’imagine que ces gens-là doivent bien peu aimer leur fils puisqu’ils s’adressent à lui comme à un étranger. Dans les yeux de sa mère, je ne vois que le vide, comme une absence, un oubli. Je constate ensuite que ce vouvoiement entre les parents et leur fils a des airs de film historique sans les costumes, de vieilles pantoufles ou plutôt des charentaises qui se rêveraient souliers vernis.
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Cette nuit, tous les verrous psychologiques qui m’enfermaient depuis l’adolescence dans des préjugés sociaux ou moraux ont cédé. J’ai joyeusement fait voler en éclats tous les interdits dans lesquels je m’étais laissé emprisonner. Aujourd’hui je suis libre, j’assume tout de l’amour. Que cela soit avec un ou plusieurs hommes. J’aime me nourrir de leur sève, j’aime leur sexe au plus profond de mon être, j’assume ces mains qui dansent sur mes fesses et les font sonner et teinter. Mais surtout, surtout j’aime Julien plus que tout au monde.
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