Emanuel Bergmann : « La vie est dure mais les rêves sont doux »
Première partie de notre rencontre avec Emanuel Bergmann pour la sortie de son livre « Max et la grande illusion » disponible aux Éditions Belfond.
" Cool, dit-il. ET qu'est- ce que vous faisiez ?
___Je pistais les communistes.
____Quoi ?
-____Les communistes. Il fallait que je les traque.
-_____C'est quoi un communiste?
_____Un communiste est quelqu'un qui rêve d'un avenir meilleur ....".
"Bienvenue au plus grand spectacle du monde, claironna l'homme. N'ayez plus confiance en rien, mesdames et messieurs, car vos yeux vont vous mentir. Tout ce que vous allez voir ici est réel, mais rien n'est vrai."
Ses mots ensoleillaient l'obscurité de l'existence comme la lueur d'une bougie.
Grace à son turban richement décoré et à ses tuniques flottantes, il était aux yeux de tous un gentilhomme perse, un personnage tout droit sorti des Mille et Une Nuits, un pur descendant des Aryens. Personne ne se doutait qu’en vérité il était le fils d’un rabbin. Protégé par le tissu de mensonge de sa nouvelle identité, il assistait aux représailles de plus en plus violentes contre les juifs sans être touché par elles.
Qu'est-ce que l'amour ? demanda Zabbatini.
L'amour, c'est quand on ressent ce que pense l'autre. Quand on sait les secrets que cache son coeur. L'amour, c'est quand on connaît l'âme de l'autre mieux que la sienne. L'amour n'est pas une illusion. C'est la chose la plus vraie au monde. Notre raison de vivre. Il existe ou il n'existe pas. Nous pouvons seulement en faire l'expérience. Nous ne pouvons pas le fabriquer.
« – Comment les mensonges peuvent-ils être vrais? – Comment? Les gens sont avides de se faire berner. Ils veulent croire à quelque chose de plus grand. Nous, on leur donne quelque chose d’un peu plus petit, et c’est pour cette raison qu’ils reviennent. La magie est un magnifique mensonge. »
« Harry fouilla ses poches. « Ça marche, un portable? ». Zabbatini hocha la tête d’un air paternaliste ; à vrai dire, il aurait aimé que ce soit un objet plus romantique. Lorsqu’il avait commencé à montrer ce tour, à Berlin, les objets qu’on lui présentait étaient bien plus jolis. À l’époque, les gens possédaient encore des montres à gousset sur lesquelles étaient gravées des mots affectueux que l’on pouvait lire à voix haute, ils avaient des boutons de manchette et des épingles de cravate à leurs initiales, ou encore des mouchoirs aux broderies sophistiquées. Le monde était moins impersonnel. Et aujourd’hui? Aujourd’hui, tout le monde avait le même téléphone, de la même marque, et pourtant ils se prenaient pour des individualistes. »
- Il s'agit de mes parents, continua Max, imperturbable. Ils divorcent.
- Parfait, fit le Grand Zabbatini. Tu sais pourquoi un divorce coûte si cher ?
Max fit non de la tête.
"Parce que ça vaut le coup", lui expliqua Zabbatini avec un large rictus.
Mais, pour ce qui était des mésaventures, le destin avait des réserves presque inépuisables.
Il avait toujours cru qu'avant sa naissance, dans la nuit des temps, le monde n'avait existé qu'en noir et blanc. Un vieux film qu'il avait vu à la télé lui avait donné cette idée. Jusqu'à ses six ans, il avait été persuadé que c'était sa naissance qui avait amené la couleur dans le monde. Avec la couleur, tout était tout de suite bien plus gai.