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Citation de BernadetteROUSSILLE


A la fin du printemps 75, un jour ensoleillé de mai, près de deux ans après l’implantation réussie de la représentation française en RDA, l’ambassadeur est interrompu dans la signature de ses parapheurs par l’huissier qui lui fait part, tout bas – oreilles dans les murs – de la demande de l’ambassadeur du Sénégal d’être reçu en urgence. Immédiatement introduit dans le bureau de M. de Certeuil, son Excellence M. Ndiaye met un doigt sur sa bouche et le pointe vers la cage dite « de Faraday », une sorte de kiosque, en verre épais, sur pilotis acoustique, installé dans toutes les ambassades occidentales à Berlin-Est pour soustraire les entretiens confidentiels aux écoutes de la Stasi. M. de Certeuil s’y enferme avec son visiteur, tellement pressé qu’il manque de s’assommer en entrant dans cette petite verrière.
- Cher collègue, je vous apporte une information que mon chauffeur vient de me donner : votre chauffeur à vous, M. Hamidou Diouf, transporte dans le coffre de votre voiture de fonction des Allemands de l’Est vers Berlin-Ouest.
Long silence effaré. M. de Certeuil se lève précipitamment. Il fait appeler Hamidou qui revient à l’instant de ses courses à l’Ouest. Dans la cage, après s’être, lui aussi, cogné la tête, celui-ci reconnait immédiatement son acte, aussi simplement que s’il avait parlé de la composition de son petit déjeuner. Il reste évasif sur le nombre de personnes à qui il a fait traverser Checkpoint Charlie en contrebande.
Bernard se dresse, traversé par un choc électrique. Il attrape Hamidou par le bras, le presse, le pousse, le précipite dans la voiture diplomatique et le conduit lui-même à l’Ouest. Le lion ne saute qu’une fois et il n’a pas droit à l’erreur. Il appuie sur l’accélérateur, rouge, front crispé et lèvres serrées : ne rien dire dans la voiture, peut-être truffée de micros. Mais à peine dépassée la guérite des Alliés à Checkpoint Charlie, M. de Certeuil arrête la voiture et là, dehors, en pays libre, lui, d’habitude calme et maitre de lui, explose en une colère homérique.
- Hamidou, vous avez fait ça ? Vous êtes passible de la peine de mort et moi, de la prison. Je vous conduis immédiatement à l’aéroport de Tegel et je réquisitionne un avion pour vous ramener à Paris. Et, croyez-moi, vous aurez eu bien de la chance.

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