Bernard Berrou

Je n'ai pas connu de plus grand dépaysement qu'en marchant seul dans les dédales d'Inishmaan, pendant les longues heures de cette fin d'automne, où la qualité et les nuances des gris du ciel, de l'océan et de l'île tout entière se diluaient en un absolu de l'espace. Dans un monde en devenir, d'avant ou d'après l'homme, où tout se forme en cherchant une assise, c'est comme une interférence des éléments de la matière. Tout est perte et reconquête, acharnement et résignation, et l'on se trouve à l'intérieur du chaos, oublieux de soi-même, libéré enfin des contraintes matérielles.
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