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Critiques de Bernard Bourgeois (3)
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La philosophie allemande

Spécialiste de l'histoire de la philosophie allemande moderne, et plus particulièrement de Hegel, Bernard Bourgeois produit là un ouvrage de synthèse (Que Sais-je ?) très documenté, et plutôt difficile d'accès sur le sujet.



Dès le début de l'ouvrage, il délivre sa thèse suivant laquelle, contrairement à ses voisins français et italiens, il n'y eut pas au moyen-âge de philosophie allemande, mais tout au plus des philosophèmes, d'essence religieuse et non organisés, qui peut se résumer en ces mots : "il n'y eut pas de Sorbonne en Allemagne". Il cite pour cette période Eckhart, Nicolas de Cues et Jacob Bhoeme.



Ensuite, une philosophie classique non allemande s'étend peu à peu dans le pays, et c'est alors que l'Allemagne luthérienne, puis post luthérienne, va se doter d'une philosophie classique qui lui soit propre, forme de synchrétisme entre l'universalisme instinctif religieux des premiers temps et le rationalisme qui s'impose au XVIIème siècle en Europe.



C'est Leibniz qui, le premier selon l'auteur, réalise ce syncrétisme, ouvrant la porte à l'aufklarung, ainsi défini par Kant : « L'Aufklärung, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de minorité dont il est lui-même responsable. L'état de minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de minorité quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! [Ose savoir !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement! .. » Dans cette lignée, Wolff, puis Lessing, en viennent à exalter la souveraineté humaine à travers l'expression du beau.



Enfin, observant les évolutions de cette philosophie de Kant à Hegel, il montre que le postkantisme, dans sa tentative de dépasser la notion kantienne de toute connaissance comme chose "en-soi", va progressivement dériver vers le romantisme, à l'image de Fichte et Schelling,, qui assimilent le moi au tout divin, dans un système d'identité abstraite. En cette fin de XVIIIème siècle, on est alors au coeur de l'idéalisme allemand.



En fidèle de Hegel, c'est évidemment à lui que se réfère Bernard Bourgeois. Chez Hegel, toute distance entre l'objet connu et le sujet connaissant disparaît, au profit d'une continuité : : « l'identité et la différence ne sont plus saisies comme différentes l'une de l'autre en leur contenu propre et réunies simplement de façon extérieure [...] elles sont par elles-mêmes leur passage l'une dans l'autre »



Un instant tenté par une approche politique de cet accomplissement, puis déçu par les suites de la Révolution Française, Hegel se retourne finalement vers une métaphysique religieuse. Dès lors, la porte se trouvait ouverte à la critique de son système au XXème siècle par Marx et Nietsche, le premier au travers du matérialisme historique, le second s'appuyant sur la primauté des volontés pour nier toute vérité absolue et prôner un scepticisme libérateur.



Suivent enfin l'étude la la phénoménologie de Husserl, du positivisme logique et de l'école de Francfort de Adorno et Habermas.



Intéressant dans ses premiers chapitres relatifs à l'émergence de la pensée philosophique allemande jusqu'à Hegel, cet ouvrage de synthèse s'avère très vite très insuffisant pour réellement appréhender les auteurs ultérieurs. Une référence probablement utile pour le doctorant en philo ayant déjà étudié tous ces auteurs, mais abordable -car sous-tendu par un fil directeur voulu par son auteur- seulement dans sa 1ére partie.



Dommage, car il laisse entrevoir au lecteur moyen qui, comme moi, n'a lu que quelques-uns des philosophes allemands et survolé quelques autres, toute la richesse de cette pensée, aussi nationale qu'universelle.



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Science de la logique, tome 3 : Le concept

Dans ce dernier tome la Science de la logique devient davantage une science de la logique car l'on étudie explicitement les figures du syllogisme en fonction du système métaphysique hégélien (les interprétations du syllogisme sont d'ailleurs assez spécifiques et même, à certains égards, personnelles). C'est aussi le tome le plus élégant conceptuellement, une sorte d'achèvement de la dialectique générale hégélienne. La logique subjective ici décrite revient dans l'objectivité. C'est l'achèvement du concept qui passait subjectivement dans le jugement qui lui-même passait dans le syllogisme. La téléologie, la vie, le mécanisme : tout cela figure dans la suite de la réflexion portant sur cette objectivité dans laquelle le concept fait retour. Et l'Idée vient achever la doctrine du concept - Hegel venant achever la métaphysique depuis Platon selon bien des sources.
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Science de la logique, tome 1 : l'Être

Hegel est-il logique ? Il pourrait assurément apparaitre qu'il confonde le mouvement de va-et-vient de sa propre pensée, mouvement qui correspondrait à des lois psychologiques de l'être, avec le mouvement même de l'être - la détermination subjective de l'être n'étant pas, à l'image d'un auteur d'histoire, le contenu historique même de l'être posé (et Hegel ne fait pas que décrire, à son sens, une psychologie comme on le sait très bien). Il se pourrait bien que sa tentative, hautement spéculative et très hautement totalisante, bute sur la confusion entre phénoménalité et conceptualité, même si c'est justement là le but de l'effort. Mais le sens est là et il serait bien injuste, ne serait-ce qu'à l'égard de l'importance considérable du projet, d'ignorer Hegel parce qu'il ne serait pas assez "sensé et clair".



La logique de Hegel passe par trois étapes principales : l'être, l'essence et enfin le Concept. L'identité immédiate et vide de l'être se supprime dans celle de l'essence, dont l'identité est plus identique encore - l'identité essentielle étant différente de l'étant dans son indifférence. La résolution et l'unité viendront du concept, dans la logique subjective, un tel concept faisant de l'être unitaire ce qui se différencie en soi-même et ce qui retourne en soi. La Logique de l'être dont il est question ici, le premier degré de la logique objective, suit, à cette image, sa propre dialectique : la déterminité (qualité) doit passer le stade de l'être immédiat, puis celui de l'être-là extérieur et enfin celui de l'être-pour-soi qui est en soi. Il se pose ensuite quantitativement et le quantum, qui suit la quantité pure et continuelle et en revient à la discrétion, va au-delà de soi et se supprime, la discrétion et la continuité se réunissent dans ce mouvement. Pas de ce que Hegel nomme "mauvais infini" : la limite ne répond pas à un progrès à l'infini de fuite en avant mais à une intégration. La mesure, quant à elle, réunit le rapport-de-mesure et la mesure spécificatrice et permet ainsi d'achever la Doctrine de l'être en résolvant les oppositions qualitatives et quantitatives, en réconciliant qualité et quantité. La qualité se détermine et se supprime pour se retrouver dans la suppression du quantum qui revient à lui-même et place sa limite à son intérieur. L'être immédiat pose le non-être comme différent mais un tel non-être, étant lui indifférent à son égard, revient à l'être et est en soi l'être dans la mesure. On observe toujours, dans chaque dialectique, trois termes. On observe toujours, dans chaque dialectique, un retour à soi par sa négation.



Sur l'édition VRIN : on peut comparer les textes de 1812 et 1832, celui de 1832 apportant de grosses modifications de forme à celui de 1812. On regrettera pourtant la contrainte du va-et-vient qui handicape la lecture comparative.
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