Ils vivaient là, sans se quitter, attelés au même chargement de petites misères et de petites joies, à marcher du même pas depuis des années, et voilà qu'il s'apercevait aujourd'hui qu'il connaissait à peine sa femme. Voilà qu'il n'osait même plus l'embrasser. Lorsqu'on vit ainsi, on croit se connaître, mais c'est seulement valable pour l'habituel, c'est à dire la peine et toutes les petites joies qui font l'existence. Mais qu'un évènement survienne qui vous jette brutalement en dehors de l'ornière, et voilà qu'on ne se retrouve plus. On se prend à regarder sa femme comme si on la rencontrait pour la première fois.