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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
A peu près au centre du hangar, un ruisseau impétueux jaillissait d’une fissure ouverte dans le mur. Grossi par les pluies continues des derniers jours, il s’était creusé un lit confortable dans le sol de terre et s’échappait, non sans de puissants gargouillements, par un passage creusé sous les fondations du bâtiment. Les garçons furent obligés de contourner cette étendue d’eau noire animée de redoutables remous en marchant sur une étroite bande de terre recouverte par une planche, le long du mur.
― Attention de ne pas tomber, recommanda Patrick. Ca a l’air drôlement profond...
Sans en avoir vraiment conscience, il avait parlé à voix basse, comme pour éviter de donner l’éveil au menaçant assemblage de bois pourri et de tuiles précairement suspendu au-dessus de leurs têtes. Alain hocha la tête, attentif à bien poser ses pieds au centre du pont improvisé :
― Mon père racontait un jour que le Chemin de Fer a abandonné tout plein de matériel ici : des pièces destinées aux locomotives, des outils... Oh, regarde ça !
Cette exclamation venait de saluer la vision stupéfiante.
― Un autorail !.... C’est complètement fou, ça : en fermant le hangar, ils ont oublié un autorail.
― Je pense plutôt qu’ils l’ont abandonné, rectifia Patrick.
― Mais pourquoi l’auraient-ils abandonné ? demanda naïvement Alain.
― Cette machine était déjà une antiquité lorsque la ligne a été fermée.
De fait, l’allure de l’engin parlait d’un temps révolu. Son long capot arrondi, son gros phare rond planté devant une cabine de conduite surélevée n’avaient rien de commun avec les lignes effilées des matériels modernes.
― En tous cas, estima Patrick, il ne donne pas l’impression d’avoir trop souffert de son long séjour dans le dépôt. On dirait... on dirait qu’il attend juste son conducteur pour reprendre du service.
― Tu as vu ? lança Alain. Cet autorail possède même un nom.
Sur le flanc de la machine, un peintre plus riche d’enthousiasme que de technique avait en effet écrit au pinceau le mot « Bonheur ».
― Un autorail nommé Bonheur, dit Patrick. C’est vrai qu’il a une bonne bouille, cet engin.
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Du couple qu’il forme avec moi, Monsieur Chaussette constitue l’élément le plus turbulent. Assez souvent, en cours, il décide de mettre son grain de sel et il commence à amuser la classe. Certains professeurs tolèrent ses interventions, du moins tant qu’elles ne dépassent pas certaines limites. D’autres réagissent plus... hargneusement. Monsieur Robin, le professeur de mathématiques, paraît imperméable à toute forme d’humour. Une seule fois en début d’année scolaire, Monsieur Chaussette a montré le bout de ses moustaches pendant un cours de maths… Il a vite regagné mon cartable.
Mais aujourd’hui, Monsieur Chaussette est en humeur de hardiesse, peut-être à cause de cette histoire de trésor. Allez savoir ce qui peut se passer dans la tête d’une marionnette…
Dès le début du cours, mon petit rouquin pointe ses moustaches par-dessus le bord de la table. Il profite des moments où l’intransigeant professeur de mathématiques a le dos tourné pour se mettre à gesticuler. Les élèves se mettent à pouffer et se poussent du coude. Monsieur Robin pivote vivement mais le petit perturbateur s’est replié sous la table. Le professeur balaye du regard la classe soudain studieuse. Sans le moindre commentaire il reprend, face au tableau, sa démonstration. Monsieur Chaussette poursuit ses clowneries. Des rires étouffés saluent les pitreries de mon cher petit moustachu. Monsieur Robin pose son marqueur, posément, refait face à la classe. Puis soudain, tendant l’index dans ma direction :
― Et… si vous nous récitiez les « produits remarquables », mademoiselle Rhubarbe ?…
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Girafe posa sur un bord de fenêtre le carton contenant les boules de Noël et mania vigoureusement la pelle pour déblayer la neige qui s’était accumulée sur le trottoir depuis le précédent déblayage, deux heures plus tôt ; cette besogne accomplie, il appuya un escabeau contre la façade du garage. A quelques pas de lui, Michel Prost, le boucher du village, poursuivait le récit d'une désastreuse journée :
— Et alors, il me lance, comme ça : « Patron j’ai un peu renversé le camion »...
Michel Prost fit claquer sèchement ses deux mains, répéta, prenant l’univers à témoin :
— « Un peu renversé le camion ». Il fallait oser la sortir, celle-là ... Non mais, vous vous rendez compte ?
Le boucher avait une voix qui portait loin, surtout quand il s’emportait. Et ce géant rougeaud s’emportait souvent. Girafe, qui ne l’aimait guère, l’avait surnommé : « l’agacé perpétuel ».
— Oui, répondit machinalement le jeune noir que ce récit ennuyait au plus haut point. Oui, je me rends compte. Il l’avait vraiment renversé ?
— Il l’avait bel et bien couché dans le fossé, oui !... tonna monsieur Prost. Vous auriez vu l’état : tout le côté complètement enfoncé. Et je ne vous parle pas du châssis. Le camion est foutu, oui… « Un peu renversé »... qu’il disait. On croit rêver !...
Il émit un sonore et bref ricanement qui résonna jusqu’au bout de la rue.
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Elle tendit en direction du ciel son visage si remarquablement laid :
— Nous n'allons pas les attendre, bien entendu. Je vous propose plutôt d'entamer sans retard une gentille partie de « Trompe-Couillon ».
Le visage de Béatrice se fendit d'un large sourire ; elle bondit sur ses pieds : enthousiaste !...
— D'accord. Qui jette les dés ?
— C'est toi, ma vieille, répondit Laurence. En compagnie de notre ami Sornon.
Laurence se tourna vers le capitaine :
– Mon cher Boniface, Béatrice aura besoin de l’un des canots de l’Alcyon. Pourrez-vous le mettre à la mer en sorte que nul depuis le port ne devine la manœuvre ?
— Bien sûr, acquiesça le vieux marin.
— Fort bien. Béatrice, tu sais ce que tu as à faire.
— Certes, répondit Béatrice. Nous jouerons les morts dans cette partie.
— Pour notre part, nous jouerons les cartes retournées, conclut Laurence.
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