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Citation de bernardcollombet


A peu près au centre du hangar, un ruisseau impétueux jaillissait d’une fissure ouverte dans le mur. Grossi par les pluies continues des derniers jours, il s’était creusé un lit confortable dans le sol de terre et s’échappait, non sans de puissants gargouillements, par un passage creusé sous les fondations du bâtiment. Les garçons furent obligés de contourner cette étendue d’eau noire animée de redoutables remous en marchant sur une étroite bande de terre recouverte par une planche, le long du mur.
― Attention de ne pas tomber, recommanda Patrick. Ca a l’air drôlement profond...
Sans en avoir vraiment conscience, il avait parlé à voix basse, comme pour éviter de donner l’éveil au menaçant assemblage de bois pourri et de tuiles précairement suspendu au-dessus de leurs têtes. Alain hocha la tête, attentif à bien poser ses pieds au centre du pont improvisé :
― Mon père racontait un jour que le Chemin de Fer a abandonné tout plein de matériel ici : des pièces destinées aux locomotives, des outils... Oh, regarde ça !
Cette exclamation venait de saluer la vision stupéfiante.
― Un autorail !.... C’est complètement fou, ça : en fermant le hangar, ils ont oublié un autorail.
― Je pense plutôt qu’ils l’ont abandonné, rectifia Patrick.
― Mais pourquoi l’auraient-ils abandonné ? demanda naïvement Alain.
― Cette machine était déjà une antiquité lorsque la ligne a été fermée.
De fait, l’allure de l’engin parlait d’un temps révolu. Son long capot arrondi, son gros phare rond planté devant une cabine de conduite surélevée n’avaient rien de commun avec les lignes effilées des matériels modernes.
― En tous cas, estima Patrick, il ne donne pas l’impression d’avoir trop souffert de son long séjour dans le dépôt. On dirait... on dirait qu’il attend juste son conducteur pour reprendre du service.
― Tu as vu ? lança Alain. Cet autorail possède même un nom.
Sur le flanc de la machine, un peintre plus riche d’enthousiasme que de technique avait en effet écrit au pinceau le mot « Bonheur ».
― Un autorail nommé Bonheur, dit Patrick. C’est vrai qu’il a une bonne bouille, cet engin.
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