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La « désaffection » pour les études scientifiques, ou comment un problème peut en cacher un autre

on contente de voir fuir ses cerveaux, la France ne les fabriquerait même plus. Elle souffrirait d’une « crise des vocations scientifiques », d’une « désaffection » de ses jeunes pour les études scientifiques. Cette « crise », dont on verra qu’elle n’est pas tout à fait celle que l’on croit, n’est pas anodine. Elle est révélatrice d’une évolution majeure du système scolaire français : l’inexorable poussée, avec la croissance du nombre d’étudiants, d’un enseignement supérieur professionnalisé, au détriment des disciplines théoriques. L’accroissement à marche forcée du taux d’accès au baccalauréat, dans un contexte de chômage persistant des jeunes, a produit une évolution de la demande étudiante dans le sens d’un utilitarisme accru des choix d’orientation. En réponse à cette demande, la multiplication des filières professionnalisées est aussi une solution à la nécessité pour les universités de trouver de nouvelles sources de financement. Elle est encouragée par le secteur privé de l’économie, qui rémunère mieux les diplômes « appliqués » que les diplômes « théoriques ». Ce déplacement vers un enseignement supérieur plus appliqué et plus en accord avec la demande économique du moment affecte toutes les universités, toutes les disciplines, et entraîne une conversion des valeurs universitaires : les valeurs d’universalité, d’autonomie, de liberté critique incarnées par l’enseignement supérieur et la recherche cèdent progressivement la place à des valeurs « managériales » de performance, de contrôle de qualité et d’efficacité économique. Derrière cette « crise des vocations scientifiques », c’est bien toute la question de l’évolution de l’enseignement supérieur et de la recherche qui est en jeu.

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