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Citations de Bernard Friot (197)


Bernard Friot
Amour engourdi
amour oreiller mou
j'y pose ma tête endormie
et je rêve d'orage
et d'ouragan.

Réveille-moi
par un baiser enflammé
sur les lèvres ou dans le cou
Réveille-moi
et dis-moi
oh oui dis-moi
que la nuit est finie.
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griffé de jour en jour écorché
une mouche vibrionne se cogne bruit agaçant
faire semblant de s'amuser
ongles arrachés paupières fermées
soupir blanche rythme pointé
a tempo s'il vous plaît

(p. 34)
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j'apprendrai à me taire
je remplirai de blancs
la conversation
je traverserai des plages de silence
et je noierai les mots
dans une tasse de café

fermé le dictionnaire
il faut ouvrir les portes
et puisque vivre est une langue étrangère
j'apprendrais à me taire
définitivement
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je ne sais pas dire les choses simplement
les mots se nouent les uns aux autres
en phrases indémêlables
et voilà
tu ne comprends pas
m'écoutes même pas
alors je parle encore j'essaie et ma voix
s'embrouille dans un trop long discours
pour couvrir le vide où tu me laisses
et c'est là
que je me noie
loin
ah loin
de toi

(p. 14)
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Dans la poésie chinoise ancienne, les mots sont agencés de façon à permettre plusieurs lectures. Le lecteur doit donc interpréter.
Voici, par exemple, la traduction littérale d'un poème de Wang WEI :

Accompagner voyageur / jusqu'à la Haute-Tour
Fleuve-plaine / obscur sans bornes
Soleil couchant / oiseaux entrant voler
Homme cherchant / s'en aller sans répit

François CHEN ( L'Ecriture poétique chinoise ) propose cette interprétation :

Sur le haut de la Tour, pour dire adieu :
Fleuve et plaine perdus au crépuscule.
Sous le couchant, reviennent les oiseaux ;
L'homme, lui, chemine, toujours plus loin.

Et voici celle de Claude ROY ( Le Voleur de poèmes ) :

Accompagner celui qui part jusqu'à la tour.
Le fleuve dans la plaine se perd dans le crépuscule.
Soleil couchant. Vols d'oiseaux qui rentrent.
Un homme s'éloigne vers le lointain.
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J'aime aussi vague à l'âme
doucement mélancolique
tête dans les nuages
et le coeur en écharpe .
Sourire à moitié
léger goût d'amertume
comme un regret
de ne pas aimer assez.
J'aime aussi vague à l'âme
aux couleurs de l'automne
bientôt il fera froid
chez moi.
Mais j'irai vers toi
me réchauffer
tête sur ton épaule
le coeur sous l'édredon.
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La litanie est, au sens propre, une longue prière, faite de formules brèves, récitées sur le même ton uni et construites sur la même structure.

Tu vas écrire la litanie des mauvaises excuses, en utilisant la structure suivante :
" Désolé, ..., je...parce que..."
Exemple :
" Désolé, maman, j'ai pas pu ranger ma chambre parce que le premier étage s'est envolé. "
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J'ai dessiné une gorgone : c'est une femme qui a des serpents à la place des cheveux et dont le regard vous pétrifie. On pouvait trouver une certaine ressemblance entre ma gorgone et la prof de français, mais Mme Croazic n'y a vu que du feu.
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Dis rien s’il te plait, Brahim, dis rien, ça sert à rien. Te fais pas remarquer et tout ira bien.
C’est le refrain de ma mère, pauvre mama, je t’aime, alors je ne dis rien, je presse sur mon ventre pour que ça s’enfonce tout au fond, et que ça sorte pas, hein, que ça sorte pas. Lisse, toujours lisse… Bien lavé, bien peigné, bien habillé, clean, cool, poli, propre sur moi, bon élève, délégué de classe, club de judo, groupe de rock, et aide aux devoirs pour les minots, tout comme il faut. Comme notre pelouse, devant notre pavillon de banlieue, la plus belle pelouse du lotissement, taillée aux ciseaux, pas une mauvaise herbe. Et les jardinières de fleurs sur mes rebords de fenêtres, et les rideaux lavés tous les quinze jours. Mes pantalons bien repassés, même les jeans – non, maman, on ne repasse pas les jeans-, et les baskets nettoyées tous les samedis… Lisse, bien lisse… Même le vocabulaire, propre, bien astiqué – dis pas ça Brahim, parle correctement Brahim – Et j’obéis, oui, maman, oui, maman… Lisse, lisse, lisse… ça sert à quoi ? Je m’appelle Brahim, justement, et j’ai les yeux noirs. Et ça, ça ne s’efface pas, ça ne se lisse pas.

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Samedi. Suis épuisé. C'est drôle, quand même : pendant l'année scolaire, le samedi, c'est repos ; ouf, on respire après la semaine agitée, on se détend, on prend son temps. En vacances, c'est le contraire : on s'ennuie du lundi au vendredi, et le samedi on tourne à 100 à l'heure.
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POÈME À RÉCITER QUAND ON EST TIMIDE, AMOUREUX ET DOUÉ POUR LES CODES SECRETS

C'est très difficile à avouer…
Je suis trop intimidé(e)
Alors je le dis de manière codée
Comme tu es futé(e)
tu comprendras, c'est assuré.
Bien. Es-tu prêt(e) à noter
mon message chiffré ?

Oh là là, mon cœur bat
vraiment je n'ose pas.

Mais si, voici : je t'13.
As tu compris ?
Oui ? Tu es balèze !
(Non ? Fermons la parenthèse ! )
Suffit de compter
les lettres de l'alphabet :
A, B,C… la treizième
n'est-ce pas, c'est M…
Donc je t'13 = je t'M

Un peu compliqué ? OK !
Mais je t'ai prouvé
par A plus B
que je t'aimais.
Réponds-moi s'il te plaît
avec un code secret
ou à l'encre sympathique
sur ton cahier d'arithmétique !

(pp. 86-87)
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Lilo ne sait pas lire. Mais il aime les livres. [...] Quand il est seul, il retourne le livre et le regarde à l'envers. Il l'agite, le secoue, en espérant que les mots vont tomber. Comme ça il pourra les ramasser, et peut être les avaler. Mais non, ça ne va pas.
Il a une autre idée. Il colle le livre à son oreille. Et...oui... Il entend les mots écrits sur la page. les mots lui racontent une histoire. Une histoire à l'envers bien entendu.
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J'ai ouvert la porte de la salle de bains. Je suis entré. Je me suis cogné le genou contre un tabouret qui traînait là. J'ai refermé la porte derrière moi. Je me suis déshabillé. Nu de la tête aux pieds. Et je me suis contemplé dans le miroir [...].
Je suis beau.
Mes yeux sont beaux. Bleus, tout bleus. Mon nez est beau, ma bouche aussi. Mon menton est beau. Mon torse est beau. Et mes biceps, super beaux. Tâtez, c'est de l'acier.
Mon nombril est beau. Et tout ce qu'il y a dessous. Oui, oui, c'est vrai. Mes genoux sont beaux. Mes mollets sont beaux. [...].
En résumé : je suis beau. Je trouve.
Et puis ma mère a ouvert la porte. Zut ! j'avais oublier de fermer à clé. Vite, j'ai pris une serviette, l'ai enroulée autour des hanches.
Elle a allumé la lumière.
- Qu'est-ce que tu fais là dans le noir ? a-t-elle demandé.
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au moins j'ai les mots

je ne les aime pas
vraiment
ne joue pas avec eux
ils ne sont pas à moi
je les prends les assemble les polis à ma voix
c'est suffisant

s'en méfier un peu
toujours entre eux poser un souffle de silence
pour troubler
leur vérité

et s'en servir
pas dupe
pour soulager
des blessures
qu'on ne guérit pas
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C'est là
dans un carré de lumière
un point tombé dans l'angle.
C'est ça.
Immense.
Hasard.

Joie.

Ne pas toucher.
Fragile.
Fermer les yeux.
La lumière est à l'intérieur.

Joie.

Et tendre la main
serrer la main du voisin.
Partage
de proche en proche
chaîne invisible.

Joie.
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je le crie sur les toits…


je le crie sur les toits
je le hurle à la lune
je grimpe aux murs en y pensant
je saute en l’air en le disant
je t’aime je t’aime à la folie
j’en ai des frissons dans le dos
les cheveux qui se dressent sur la tête
les dents qui claquent les genoux qui tremblent
yeux exorbités doigts de pied électrisés
hou là là c’est excitant
exaltant étonnant époustouflant
vraiment
d’aimer
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La lecture, c'est comme la pêche à la ligne. Vous pouvez rester des heures à ne rien prendre et soudain vous prenez quelque chose. Ce n'est même pas une question de patience, parce qu'être patient c'est être passif, mais plutôt d'être vigilant et de prendre son temps.

Citation de Emmanuel Hocquard
Page du 20 avril
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Dimanche. Encore une journée de soleil et de ciel bleu paresseux. En face, le sommet du Patscherkofel a perdu quelques plaques de neige ; il ressemble à un crâne qui se dégarnit.
Martin est dans l'ancien atelier de menuiserie. Jean usé et tee-shirt blanc avachi, il s'est vêtu à la hâte. Il est dix heures à peine. Hier soir, il est rentré avant onze heures. Il a quitté la répétition de son groupe après une violente engueulade avec Miro, bassiste et à l'occasion trompettiste. Miro veut absolument que le groupe reprenne un titre des 36 Crazyfists. Opposition totale de Martin. Et Jonas qui envenime la discussion avec ses blagues à deux sous.

(p. 57)
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Moi, je suis poli. Mais ce n'est pas ma faute. Je suis trop timide. Alors, quand une grande personne me parle, je sais juste dire : " Bonjour, madame. Merci beaucoup. S'il vous plaît. Oui, monsieur... "
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Compte
Je suis entré dans le salon. Ma mère lisait un magazine. Elle n’a pas levé les yeux, elle ne m’a pas regardé.
Je me suis dit : Je compte jusqu’à vingt. Si à vingt, elle ne m’a pas adressé la parole, je fais mon baluchon et je disparais pour toujours. Je le jure.
Un… deux… trois… quatre… cinq…
Je sais bien qu’elle ne m’aime pas.
Six… sept… huit… neuf…
Si je n’existais pas, elle pourrait sortir, s’amuser, se remarier peut-être.
Dix… onze… douze… treize…
L’autre jour, j’ai entendu ce qu’elle disait à sa copine Annie. « J’ai beaucoup de soucis avec lui. » Voilà ce qu’elle a dit.
Quatorze… quinze… seize…
Ça fait des mois qu’elle ne m’a pas embrassé.
Dix-sept… dix-huit…
Cette nuit, elle a pleuré.
Dix-neuf… dix-neuf… dix-neuf…
Maman… maman…
Dix-neuf… vvv…
— Mais qu’est-ce que tu fais là ? File te coucher ! Et plus vite que ça, ou je te fiche une claque !
Il était temps…
Merci, maman !
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