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Citations de Bernard Lavilliers (21)


Bernard Lavilliers
Tu n'as pas sommeil,
Tu fumes et tu veilles
T'es toute écorchée
T'es comme un chat triste
Perdu sur la liste
Des objets trouvés
La nuit carcérale, tombant sur les dalles
Et ce lit glacé
Aller et venir, soleil et sourire
Sont de l'autre côté

Ces murs, ces grillages,
Ces portes et ces cages
Ces couloirs, ces clés
Cette solitude,
Si dure et si rude
Qu'on peut la toucher
Ce rayon de lune, sur le sol allume
Visage oublié
De celui que t'aimes, qui tire sur sa chaîne
Comme un loup blessé

Betty, faut pas craquer
Betty, faut pas plonger
Je sais, ils t'ont couchée là
Et puis, ils ont fermé leurs barreaux d'acier
Betty, faut pas pleurer
Betty, faut pas trembler
Je sais, tu vas rester là
T'aimerais plus t'réveiller, plus jamais rêver

Je te dis 'Je t'aime', dans ce court poème
Dans ce long baiser
Tu es ma frangine, juste une féminine
Que j'avais rimée
Je te donne ma force, mes mots et mes notes
Pour te réchauffer
Je hais la morale, les prisons centrales
Les maisons d'arrêt

Je n'ai pas sommeil,
Je fume et je veille
Et j'ai composé
Une chanson d'amour,
Une chanson-secours
Pour l'autre côté
Pour ceux que l'on jette,
Dans les oubliettes
Dans l'obscurité
Pendant que les gens dorment,
Au fond du conforme
Sans se réveiller...

(...)

• Betty, in 'Nuit d'amour' (1981)
parolier : Larry Raspberry
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=vS2HBDWcu5w
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Bernard Lavilliers
Au petit jour on quittait l'Irlande
Et, derrière nous, s'éclairait la lande
Il fallait bien, un jour, qu'on nous pende
On the road again, again
On the road again, again
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Bernard Lavilliers

J'me tuais à produire
Pour gagner des clous
C'est moi qui délire
Ou qui devient fou
J'peux plus exister là
J'peux plus habiter là
Je sers plus à rien - moi
Y a plus rien à faire

(Les Mains d'Or)
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Je vois des guerres tribales comme des cancers
Qui rongent des pays déchirés
La propagande aveugle, totalitaire
Et l'addition qu'on va payer
Je vois des océans couleur d'encre
Je vois des poissons irradiés
Je vois des canicules hallucinantes
Toutes ces villes inondées

Que la nature assure,
les animaux s'en sortent
Que le point de rupture ne soit pas lettre morte
Après nous le déluge,
bombardé de neutrons
L'univers qui nous juge nous donne le frisson.
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Je sens le désespoir
Je suis entré dans son champ magnétique
J'entends ses ailes noires
Une fois encore sur ma musique
J'ai cherché une autre vision du réel
Pour soigner cette blessure mortelle
J'ai crié très fort pour qu'on entende
Tous les mots qu'on a pas su comprendre
Tous les mots d'amour que j'écrivais
Un jour

Encore une fois je pars
Poussé par les alizés synthétiques
Encore une fois je pars
En solitaire sur l'Atlantique
Ce piano qui sait raffiner ma douleur
Ce piano qui sait lorsque c'est l'heure

Qui disait que quand on aime
Il faut partir
Ne pas s'installer
Ne pas dormir
Dévorer l'espace
Ne pas laisser de traces

Je ne veux pas mourir
Je ne veux voir que le couchant du Pacifique
Je ne veux pas vieillir
Avec cette précision mathématique
Oublier la notion du bien et du mal
Je suis libre comme un animal
J'ai souvent changé ma peau pour du métal
C'que tu penses de moi, m'est bien égal
Si je chante c'est pour ne pas mourir

Un jour...
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Bernard Lavilliers
Nous vivons au ras des pavés
N'ayant jamais connu la plage
Et jamais le roi des étés
Ne s'est inscrit au paysage
Nous avons la haine au profond
Une haine fondamentale
De la hiérarchie et des cons
Du quotidien et du fatal
(extrait de "Utopia)
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Bernard Lavilliers
Préface (Bernard Lavilliers)
La poésie contemporaine ne chante plus... elle rampe. Elle a cependant le
privilège de la distinction... Elle ne fréquente pas les mots mal famés...
Elle les ignore. On ne prend les mots qu'avec des gants: à "menstruel" on
préfère "périodique", et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux qu'il
ne faut pas sortir des laboratoires et du codex.
Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain. Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse. Ce n'est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot.
Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte
de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes. Le poète
d'aujourd'hui doit appartenir à une caste à un parti ou au "Tout Paris". Le
poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé.
La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique. Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche. L'embrigadement est un signe des temps. De notre temps. Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes. Les sociétés littéraires c'est encore la Société. La pensée mise en commun est une pensée commune.
Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des
fantômes. Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes. Ravel avait une
tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique. Beethoven était sourd. Il
fallut quêter pour enterrer Bela Bartok. Rutebeuf avait faim. Villon volait
Pour manger. Tout le monde s'en fout. L'Art n'est pas un bureau
d'anthropométrie. La lumière ne se fait que sur les tombes. Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien d'épique. La musique se vend comme du savon à barbe. Pour que le désespoir même se vende il ne reste qu'à en trouver la formule. Tout est prêt: les capitaux - la publicité - la clientèle.
Qui donc inventera le désespoir?
Avec nos avions qui dament le pion au soleil. Avec nos magnétophones qui se souviennent de ces "voix qui se sont tues".
Nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande à
Regarder passer les révolutions. N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale, c'est que c'est toujours la Morale des autres.
Les plus beaux chants sont les chants de revendication. Le vers doit faire
L'amour dans la tête des populations. A l'école de la poésie et de la musique,
On n'apprend pas -
On se bat.
Paroliers : Bernard Lavilliers / Leo Ferre
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Bernard Lavilliers
♪♫ J'entends le cœur du monde battre de plus en plus fort
Celui des multitudes
Et de la solitude
Je croise de plus en plus la haine, la peur, la mort
C'est presque une attitude
Ça devient l'habitude ♪♫
(...)

------

• 'Le Coeur du Monde', in 'Sous un soleil énorme', 2021
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=lRwYeGATgYE
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Bernard Lavilliers
Les Mains d'Or

Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminée muettes - portails verrouillés
Wagons immobiles - tours abandonné
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé
On dirait - la nuit - de vieux châteaux forts
Bouffés par les ronces - le gel et la mort
Un grand vent glacial fait grincer les dents
Monstre de métal qui va dérivant
J'voudrais travailler encore - travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore - travailler encore
Acier rouge et mains d'or
J'ai passé ma vie là - dans ce laminoir
Mes poumons - mon sang et mes colères noires
Horizons barrés là - les soleils très rares
Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l'espoir
On dirait - le soir - des navires de guerre
Battus par les vagues - rongés par la mer
Tombés sur le flan - giflés des marées
Vaincus par l'argent - les monstres d'acier
J'voudrais travailler encore - travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore - travailler encore
Acier rouge et mains d'or
J'peux plus exister là
J'peux plus habiter là
Je sers plus à rien - moi
Y'a plus rien à faire
Quand je fais plus rien - moi
Je coûte moins cher - moi
Que quand je travaillais - moi
D'après les experts
J'me tuais à produire
Pour gagner des clous
C'est moi qui délire
Ou qui devient fou
J'peux plus exister là
J'peux plus habiter là
Je sers plus à rien - moi
Y'a plus rien à faire
Je voudrais travailler encore - travailler encore
Forger l'acier rouge avec mes mains d'or
Travailler encore - travailler encore
Acier rouge et mains d'or..
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BERNARD LAVILLIERS ?
NON NON ...

Bernard Oulion naît, le 7 octobre 1946, d’un père ouvrier et d’une mère institutrice. Enfant chétif, Bernard Oulion souffre de congestion pulmonaire. Plus tard, mauvais élève et adolescent rebelle, il sera placé dans une maison de redressement. À 13 ans, le jeune Bernard se passionne pour la boxe et rêve d’une carrière de professionnel. Très vite, il abandonne ce projet, contraint de travailler à l’usine pour subvenir aux besoins de la famille. Artiste dans l’âme, Bernard occupe son temps libre à écrire ses premières chansons. Résolu à ne pas suivre le modèle paternel, il fuit l’usine et Saint Etienne et s’embarque pour Rio.

Entre petits boulots et grosses galères, il poursuit son chemin initiatique au fil de voyages en Amazonie, au Brésil, Caraïbes, Amérique centrale et Amérique du nord. De retour de ce long périple, le jeune homme est rattrapé par l’armée française et envoyé dans un bataillon disciplinaire en Allemagne.

En 1967, décidé à percer dans la musique, Bernard prend le chemin de la capitale et se produit dans les cabarets. Repéré lors d’une prestation dans un bar brésilien, l’artiste signe, en 1971, son premier contrat avec une grande maison de disques. L’année suivante, il choisi le pseudonyme énigmatique "Lavilliers" et enregistre l’album "Les poètes" tandis que sa femme, Evelyne, donne naissance à sa seconde fille, Virginie.

En 1975, Bernard Lavilliers publie "Le Stefanois", dont sera extrait "San Salvador", l’un de ses premiers succès. Le public s’enthousiasme pour ce jeune artiste engagé qui s’insurge et n’hésite pas à affirmer ses opinions. Dans "Barbares", son premier album véritablement rock, il évoque sans complexe la drogue, la misère sociale et la perversité du pouvoir. En 1977, il assied sa popularité avec "15ème round", l’un des albums les plus aboutis.Baroudeur, voyageur infatigable, Bernard Lavilliers ne tarde pas à fuir son succès pour se ressourcer à New York, au Brésil, en Amérique Centrale… En 1982, il semble pourtant enclin à la mélancolie. Séparé de sa dernière compagne, il plonge dans une douce torpeur, matérialisée dans l’album "Etat d’urgence".

L’année suivante, il fait la rencontre d’une danseuse Mlle Li, qu’il épousera en 1984. De nouveau, il s’embarque pour un périple africain ; l’occasion de découvrir une nouvelle culture, source intarissable d’inspiration.
En 1986, il publie "Voleurs de feu" sur lequel figure le titre "Noir et blanc", interprété en duo avec le chanteur Nzongo Soul.

En 1988, il enregistre l’album "If" et connaît un énorme succès avec le titre "On The Road Again", suivi en 1995, de "Melody Tempo Harmony", interprété en duo avec Jimmy Cliff, autre titre phare de son répertoire.

Après "Clair-Obscur" enregistré, en 1998, entre la Jamaïque et Bruxelles, Bernard Lavilliers publiait, en 2001, un nouvel album baptisé "Arrêt sur images". Né sur les routes, enregistré entre Paris, New York, Bruxelles et Toulouse, cet opus est un nouveau carnet de voyages. Comme à son habitude, l’artiste allie les couleurs et les styles, passant d’une reprise Salsa des "Feuilles mortes" à l’ambiance électronique du titre "Les tricheurs". Dans "Les mains d’or", l’artiste évoque ses origines ouvrières modestes et fait l’éloge de ses anciens compagnons ouvriers.

En 2003, Bernard Lavilliers publiait "Americas", florilège de ses plus grands succès : "On The Road Again", "Stand The Ghetto", "Melody Tempo Harmony", ou encore "Les Mains d’or"… Admirateur de Léo Ferré, Bernard Lavilliers rend hommage à ce grand chansonnier poète, disparu en 1993. C’est avec émotion qu’il interprète quelques-uns de ses plus beaux morceaux : "Avec le temps", "Paris Canaille" ou encore "Jolie môme". Depuis plus de trente ans, cet éternel vagabond sillonne les villes du monde, s’imprègne des rythmes locaux, des images et des couleurs pour écrire et composer ses chansons. Depuis sa sortie en octobre 2004, "Carnets de bord" le nouvel album de Bernard s'est vendu à plus de 250 000 exemplaires.

Certains y voient le retour en grande forme d'un grand frère bourlingueur, conteur entier et enchanteur. Depuis longtemps, Lavilliers suivait la voix de Césaria Evora. Emu par sa grâce et sa vérité, il tente d'en faire une chanson. Ainsi est née "Elle chante" , premier extrait de cet album. La justesse des mots, la beauté immédiate de la mélodie ont provoqué ce duo inédit dont les voix se répondent à merveille.

En 2008, le chanteur sort "Samedi soir à Beyrouth", un album reggae-soul réalisé à Kingston en Jamaïque, et à Memphis aux Etats-Unis, avec des musiciens locaux.

On le retrouve deux ans plus tard avec l'album "Causes perdues et musiques tropicales". Son titre vient d'une discussion avec François Mitterrand dans les années 1980. Alors invité au ministère de la Culture en compagnie d'autres artistes, Lavilliers se voit répondre au président de l'époque qui lui demande ce qu'il fait de ses journées : "comme toujours, je chante des causes perdues sur des musiques tropicales". Cet album est une ode à la musique tropicale du monde entier, de la salsa à la musique traditionnelle sud-américaine et comme une invitation au voyage, du Brésil à New-York en passant par l'Angola et par Paris.

En 2013, Bernard Lavilliers revient sur le devant de la scène et sort "Baron samedi", un album qu'il a enregistré en Haïti. Pour son 21eme album, le chanteur sera en tournée dans la toute la France à partir de février 2014. En 2017 le 21ème album studio de Lavilliers est très ancré dans l’actualité. Pour cet album l’artiste s’est entouré de réalisateurs artistiques aux univers marqués : Romain Humeau, Fred Pallem, Benjamin Biolay, Feu!Chatterton, Florent Marchet. Il accueille également Jeanne Cherhal pour un duo.
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Plus la vie croit en la vie, plus s’efface la douleur
Pour ces semaines aux traits noir, pour ces belles assassinées
Pour retrouver la mémoire, pour ne jamais oublier
Il faut te lever aussi, il faut chasser le malheur
Tu sais que parfois la vie a connu d’autres couleurs

Et si l’espoir revenait
Tu me croiras jamais
Dans le secret, dans l’amour fou
De toutes tes forces va jusqu’au bout
Et si l’espoir revenait
(L'espoir 2017)
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Bernard Lavilliers
Quand tu n'entends plus
Dans ton cœur trop lourd
Battre ton sang noir
Voiler les tambours
Et quand le soleil
Comme une blessure
Fait place à la nuit
Quand la mort rassure....
Faut vivre encore

(Vivre Encore)
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Je fais des mauvais rêves, j'suis sur un mauvais câble
Dans la paranoïa, pas de marchand de sable
J'vois en panoramique urgente et désirable
Une blonde décapitée dans sa décapotable
Cauchemar, highway, bad trip
Fumée noire

(Idées Noires 1983)
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Caruarú Hotel Centenario, suite princière
Vue sur les chiottes, télé couleur, courant alternatif
Les pales du ventilateur coupent tranche à tranche
L’air épais du manioc

Le dernier Texaco vient de fermer ses portes
Y a guère que les moustiques pour m’aimer de la sorte
Et leurs baisers sanglants m’empêchent de dormir
Bien fait pour ma gueule ! J’aurais pas dû venir

Calé dans ton fauteuil tu écoutes ma voix
Comme un vieux charognard tu attends que je crache
La gueule jaune des caboclos, Antonio Das Mortes
Capangas machos à la solde des fazendeiros
Pour te donner un avant-goût de vacances intelligentes
Ceux qui vendent du soleil à tempérament
Les cocotiers, les palaces et le sable blanc
Ne viendront jamais par ici
Remarque il paraît que voir les plus pauvres que soi, ça rassure
Alors allez-y, ici, tout le monde peut venir, ici il n’y a rien

Un soleil ivre de rage tourne dans le ciel
Et dévore le paysage de terre et de sel
Où se découpe l’ombre de Lampião
D’où viendront les cangaceiros de la libération ?
Le cavalier que je croise sur son cheval roux
Son fusil en bandoulière qui tire des clous
A traversé ce désert, la sèche et la boue
Pour chercher quelques cruzeiros à Caruarú

Un éternel été émiette le sertão
Le temps s’est arrêté en plein midi
Il y a déjà longtemps
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bernard Lavilliers
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C'est le moment,c'est pas trop tôt,pour vous parler des troisièmes couteaux
Ils ne font rien ,ils se situent,ils sont consultants ambigus des hydres multinationales
pas de nom..
que des initiales
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Viens, petite sœur au blanc manteau
Viens, c’est la ballade des copeaux
Viens, petite girl in red blue jean
Viens, c’est la descente au fond de la mine
Viens donc, grande shootée du désespoir
Viens donc visiter mes laminoirs
Viens donc chevaucher les grands rouleaux
Et t’coincer la tête dans un étau
Viens, petite femme de St-Tropez
Nous on fume la came par les cheminées
Et si le bonheur n’est pas en retard
Il arrive avec son gros cigare

Viens dans ce pays
Viens voir où j’ai grandi
Tu comprendras pourquoi la violence et la mort
Sont tatouées sur mes bras comme tout ce décor
Pour tout leur pardonner et me tenir tranquille
Il faudrait renier les couteaux de la ville

Viens petite bourgeoise demoiselle
Visiter la plage aux de Wendel
Ici pour trouver l’Eldorado
Il faut une shooteuse ou un marteau
La vallée d’la Fensch, ma chérie
C’est l’Colorado en plus petit
Y a moins de chevaux et de condors
Mais ça fait quand même autant de morts
Viens belle femelle de métal
Je t’invite dans mon carnaval
Ici, la cadence c’est vraiment trop
Ici, y a pas d’place pour les manchots

Tu ne connais pas, mais t’imagines
C’est vraiment magnifique une usine
C’est plein de couleurs et plein de cris
C’est plein d’étincelles, surtout la nuit
C’est vraiment dommage que les artistes
Qui font le spectacle soient si tristes
Autrefois y avait des rigolos
Ils ont tous fini dans un lingot
Le ciel a souvent des teintes étranges
Le nom des patelins s’termine par -ange
C’est un vieux pays pas très connu
Y a pas de touristes dans les rues
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Aquarium sans musique dirigeable échoué
M’ouvrant la porte de son unique bras de fumée
Séparant deux engeances d’une barrière muette
D’un côté le couteau de l’autre la fourchette

Au milieu de ma nuit torride inévitable
Il avance sournoisement ses tables
Ses garçons ses caissières sa bière son pinard
Sa crasse ses mégots son rire son regard

La poésie est là Verlaine ressuscité
Trône en lettres d’or sur la salle à manger
Verlaine au ventre creux au regard caustique
Ton nom va tournoyant vers le néon gothique

La fête des fêtards s’englue dans un sourire
Un coup de main raté sur la croupe du désir
Les cigares s’allument entre deux seins géants
Où l’on plonge les bras comme dans le néant

Solitude solaire pour rêveurs de banquise
Militaires châtrés dormant sur des marquises
Pleines d’échafaudages et de ravalements
Entourées de cafés au lait et de croissants

Et je restais cloué à ces tables sans charme
J’attendais le matin et la femme inouïe
Un vieux baron déchu tombait dans le vacarme
Que la caissière rétablit.
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Voyages, d’abord et avant tout.
Partir, sans repérage sans aucune règle.
Prendre tous les risques même les plus étranges.
Partir !
En secret, je tire sur le fil d’une mélodie obsédante et familière ;
je peux traverser méridiens et pôles pour en trouver la source
et ce qui fait battre son cœur.
Je tiens surtout à rencontrer les créateurs de ces mots
et harmonies qui racontent tellement mieux et avec quel
charme la beauté, la violence de leur vie.
Voilà, je sais que j’ai encore du chemin à faire.

À bientôt, amigos !

Dormant dans un container, ailleurs.
Ne me réveillez pas, j’écris !
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Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminées muettes – portails verrouillés
Wagons immobiles – tours abandonnés
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé
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