AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Bernard Lecomte (62)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les secrets du Vatican

En 17 chapitres Bernard Lecomte analyse des épisodes marquants l’histoire du Vatican de 1917 à 2010. Passionnant, nourri par une biographie consistante et par les réseaux de l’auteur (journaliste à La Croix) cet essai analyse aussi bien les silences et les discours « politiques » de Pie XII ou Jean-Paul II, le Saint Suaire ou le Secret de Fatima, les prêtres ouvriers ou l’Opus Dei. C’est dire son intérêt et j’ai globalement apprécié ce livre instructif que je recommande d’autant plus qu’il a peu de concurrents sérieux sur ces questions.



Mais il est émaillé d’erreurs d’inattentions, par exemple page 131 « les évêques sont sanctionnés » (en réalité ce sont les 73 prêtres ouvriers signataires d’un communiqué) ou page 214 « le cardinal Benelli, archevêque de Gênes, … le Cardinal Siri, archevêque de Florence » (la réalité est inverse), qui sèment et font regretter l’époque pré conciliaire où une relecture précédait le « nihil obstat » puis un « imprimatur ». Aujourd’hui les correcteurs ont disparu d’où ces coquilles, hélas.
Commenter  J’apprécie          968
Clément V : Le sacrifice des Templiers

BD HISTOIRE / MOYEN-ÂGE.

On rejoue dans cette bande dessinée la querelle du temporel et du spirituel, et malgré ses échecs Clément V pape jugé faible fait bonne figure face à Philippe le Bel jugé fort, surtout au vu des moyens à sa disposition et de sa santé fragile. Dans ce tome Bertrand Lecomte s'efface devant le texte de France Richemond toujours très forte en bons mots, et les beaux dessins de Germano Giorgiani joliment colorisés par Florence Fantini. L'alchimie m'a semblé très réussie donc j'ai passé un très bon moment. A vous désormais de vous faire une idée !
Lien : https://www.portesdumultiver..
Commenter  J’apprécie          510
Saint Pierre : Une menace pour l'Empire rom..



C'est une nouvelle collection lancée par Glénat sur l'histoire des Papes, calquée dans sa forme sur «Ils ont fait l'Histoire» du même éditeur ce premier tome est dédiée à, tout seigneur (si j'ose dire) tout honneur, Saint-Pierre, les fondations de l'Eglise chrétienne repose sur son tombeau.



Un style d'un grand classicisme qui permet de transmettre les émotions, nous somme s sous Néron en pleine persécution des Chrétiens, Saint-Pierre est sur sa croix d'agonie et il revient sur son parcours depuis sa rencontre avec le messie jusqu'à son dernier souffle.



Pour ma part je me serai cru au Catéchisme, (que je n'ai pas fait) en effet la religion y est abordée de façon trop directe (pouvait-il en être autrement?) en occultant quelque peu l'histoire avec un grand H.

C'est un parti prix des auteurs qu'il faut respecter, cela reste un ouvrage d'un grand intérêt mais a quelque peu heurté L'athée que je suis.



Ce n'est plus que jamais que mon humble avis.
Commenter  J’apprécie          507
Saint Pierre : Une menace pour l'Empire rom..

Après avoir lancé avec Fayard la collection "Ils ont fait l'Histoire", les éditions Glénat s'associent à cerf pour lancer la collection "Un pape dans l'Histoire" : les auteurs sont bons, mais le plotmaster qui s'occupe des appendices est Bernard Lecomte entre autres choses ancien rédac-chef du journal La Croix donc la biographie devient hagiographie et le côté historique disparaît devant le côté prosélyte… Soupir...

Cet album inaugural est consacré à Saint Pierre et est intitulé "Une menace pour l'empire romain". Nous sommes en 64 après Jésus Christ après le plus terrible incendie qu'ait connu la Ville Éternelle, et parmi d'autres les premiers chrétiens objets de tous les rumeurs faute de coupables font office de boucs émissaires… On reprend sans aucun recul la légende noire de Néron et sans aucun esprit critique tous les ragots de fond de caniveau de l'élite aristocratique repris tels quels par les historiens chrétiens : non, Néron n'a pas chanté devant Rome en flammes puisque que la nuit de l'incendie il était en bord de mer dans la Baie de Naples ; non, ses premières actions n'ont pas été de faire des plans sur la comète en redessinant Rome selon ses souhaits mais de porter assistance aux sinistrés quand tout dirigeant digne de ce nom… En bref cette BD commence là où finissaient le roman "Quo Vadis" et ses adaptations : par la crucifixion à l'envers de Pierre. L'apôtre du Christ se confie voire se confesse au centurion Marcellus pro-chrétien, et sa vie défile autant dans sa mémoire que devant nos yeux. On reprend à la lettre le texte du Nouveau Testament, et on piochant dans les témoignages de Jean, Luc, Marc et Matthieu (qui comme chacun devrait le savoir se contredisent entre eux) on aboutit à quelque chose qui ressemble fort à un évangile selon Pierre.



Les textes de Pat Perna sont bons, les dessins de Marc Jailloux sont aussi précis que réalistes, les couleurs de Florence Fantini sont claires et chaudes… Mais cela reste du catéchisme, et moi en tant qu'athée cela ne m'a pas intéressé. Néanmoins j'aimerais bien l'avis d'un chrétien croyant sur le sujet, car on ne pas nier la qualité du travail effectué !
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          440
Les secrets du Kremlin

Les remparts de brique rouge du Kremlin (en russe kreml’ la forteresse) renferment toute une kyrielle d’ombres sinistres, de mensonges cyniques , de mystères épais , de trucages éhontés , de censures mortelles , d’aveux sulfureux , de révélations impudentes , de coups tordus audacieux , de redoutables complots, un pan de l’Histoire de la Russie soviétique, que Bernard Lecomte, journaliste , fin spécialiste de l’URSS, dévoile de façon claire, parfaitement documentée, fort compréhensive, des épisodes jusqu’ici cachés, peu ou mal connus, déformés, tronqués , seize chapitres des plus intéressants, de Raspoutine à Poutine, en passant par Lénine , Staline, Eltsine et bien d’autres qui révèlent un siècle de secrets d’ Etat.

Hasard des lectures. Le livre que je venais d’achever Les temps sauvages de Kessel , relatait l’envoi du corps expéditionnaire français pour combattre l’Armée rouge. Je recroise dans cet ouvrage le général Koltchak et les légions volontaires composées de tchèques et de slovaques engagés aux côtés de l’arme russe .

Commenter  J’apprécie          412
Alexandre VI, tome 1 : Le règne des Borgia 1/2

Avec les Borgia il y a largement manière au romanesque historique, et c’est donc tout naturellement qu’on a confié le scénario à une habituée du genre à savoir l’italienne Simona Mogavino !

Sa grande idée est de rejeter en la banalisant la légende noire des Borgia qui se perpétue et se renforce œuvre après œuvre parce que le sexe et la violence font vendre. A la fin du Moyen-Âge les vœux de chasteté et de pauvreté ne sont respecté par personne à tous les échelons de l’Église, alors pourquoi accabler une personne plutôt qu’une autre ? Parce que les Borgia sont espagnols et que le game of thrones pontifical serait réservé aux Italiens ? Comment appelle-t-on cela au fait... Ah oui de la xénophobie, et au sein des élites, chrétiennes qui plus est, c’est d’autant plus détestable qu’on n’ont pas lésiné sur les moyens pour les discréditer en les faisant passer pour des monstres... (Syndrome Néron : les élites l’ont haï parce que comme outsider totale il a court-circuité toute l’aristocratie dans le game of throne de celui qui veut être empereur à la place de l’empereur, donc elles se sont vengése en le faisant passer à la postérité pour un monstre alors qu’il était sans doute meilleur que n’importe quel membre de l’autoproclamée haute et bonne société)



Durant l’époque où la chrétienté est divisée en papes et anti-papes, Rodrigo de Borja monte rapidement en grade en tant que neveu et fils adoptif (fils naturel ?) de Callixte III. On nous le montre comme un patriarche qui dirige son clan d’une main de fer, mais pour un « monstre » il a aimé et placée à de très respectables et très confortables positions ses maîtresses successives dont la dernière en date est la célèbre Giulia Farnèse, et il a tout fait pour placer le plus haut possible ses enfants qu’ils voyaient à la fois comme des moyens et comme des fins : Juan le guerrier, César le prêtre meilleur guerrier que son frère aîné, Lucrèce la belle princesse, le petit Geoffroi, etc. On n’en dira pas autant de bien des aristocrates et de bien des ploutocrates !

Fin politicien il intrigue encore et encore et parvient finalement par ravir le pontificat aux crevards Della Rovere à la mort d’Innocent VIII. C’est un pragmatique expert en « real politik » et sa devise c’est « do ut donnes » / «  donnant - donnant », mais dans une péninsule où Rome est déchirée entre ses grandes familles et l’Italie déchirée entre ses grandes cités il est aussi « seul contre tous » et coincé entres les ambitions espagnoles et les ambitions française. D’autant plus que son ami Laurent le Magnifique maître de Florence vient de mourir et que Savonarole l’un des pire fanatique religieux de tous les temps veut sa tête sur une pique (sérieux ce mec à encore des statues à son effigie en Italie, putain les terroristes artistiques ne font pas leur boulot comme il faut !)



Rodrigo de Borja / Alexandre VI a aimé le pouvoir, l’argent, et les femmes, comme tous les puissants de son temps. Mais ses admirateurs comme ses détracteurs reconnaissent qu’il a été un administrateur hors pair faisant entrer la papauté déjà en avance sur son temps dans une nouvelle ère, un mécène brillant faisant de Rome l’un foyer majeur de la Renaissance, et un homme d’État qui s’est battu sans relâche pour unifier une Italie minée par des siècles de divisions, de rivalités et de conflits larvés (ce qui l’obligea à donner des bâtons pour se faire battre à ses adversaires : spoliation des grandes familles, usage massif de la simonie, ventes d’indulgences à grande échelle). S’il avait réussi, la face du monde en aurait été changé (d’ailleurs la BD insiste beaucoup sur le découverte des Amériques et ses conséquences), et OMG on peut se demander quel monde il aurait créé face à une contestation légitime qui allait donner naissance au protestantisme ! (ah ça, les appendices du plotmaster Bernard Lecomte sont ici bien réalisés)





Malheureusement le dessinateur n’est pas du tout à la hauteur de la tâche. Les fastes de la Renaissance passent à la trappe, les arrières-plans sont tout juste esquissés, les décors sont presque escamotés et le charadesign est au mieux inégal et moyen. En plus l’encrage mauvais, et la coloration n’est pas guère au niveau du sujet. Sommes-nous en face d’une Erreur Terrible de Casting ? Est-ce qu’un responsable éditorial s’est dit que comme le sujet était bankable on pouvait se permettre d’engager un tâcheron parce que lecteurs et lectrices sont cons, ou est-ce que le petit monde de l’entre-soi a encore aboutit à une énorme connerie népotiste ??? Après tout n’est pas affreux non plus, et peut-être qu’Alessio Lapo issu du vivier sans fin des artistes italiens est appelé à s’améliorer et à monter en gamme et en grade...
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          412
Léon le Grand : Défier Attila

Après avoir lancé avec Fayard la collection "Ils ont fait l'Histoire", les éditions Glénat s'associent à cerf pour lancer la collection "Un pape dans l'Histoire" : les auteurs sont bons, mais le plotmaster qui s'occupe des appendices est Bertrand Lecomte entre autres choses ancien rédac-chef du journal La Croix donc la biographie devient hagiographie et le côté historique disparaît devant le côté prosélyte… Soupir...

Le pape Léon prévient et menace, et la Divine Providence se charge de châtier ceux qui ne l'ont pas écouté : comme il est facile de réécrire l'Histoire à posteriori ! Nous sommes évidemment et malheureusement dans l'hagiographie où l'homme s'efface pour laisser au mythe toute sa place : le pape est courageux et généreux, intègre et travailleur, intelligent et cultivé mais aussi humble et modeste… Mais bien sûr ! Et c'est d'autant plus voyant qu'en face de lui on met en scène les derniers épisodes du game of thrones romain, avec ces aristocrates et élitistes et suprématistes (ah ça entre racisme et xénophobie on cultive bien l'intolérance dans le petit monde de l'entre-soi ploutocratique) qui alors que l'empire est au bord du gouffre continuent leurs petites combines pour monter en grade, être supérieur aux autres et qui sait peut-être remporter le jackpot en devant calife à la place du calife, euh pardon empereur à la place de l'empereur. Les joutes verbales remplies de punchlines sont de véritables mines à citation : cela ferait une excellente série télé, d'ailleurs Alexandre Astier y avait pensé à la fin de son "Kaamelott" ! Tout est dans prétexte à nous monter les malheurs du temps : l'Empire coupé en deux doit faire face à la concurrence de l'Empire d'Attila, les autorités civiles qui ont fort à faire avec les sécessions sont peu à peu remplacées par les autorités religieuses qui ont fort à faire avec la multiplication des hérésies, et après l'invasion des Huns vient l'invasion des Vandales, le tout sur fond de trahisons et d'assassinats et les meilleurs partent toujours les premiers pour que les homines crevarices puissent se loler sur leurs tombes… Et au final c'est le conseiller d'Attila qui remporte le Trône de Fer, mais comme les mêmes causes produisent les mêmes effets il est emporté à son tour par les intrigues et les complots des « premiers de cordées » qui n'ont jamais su quoi faire de leur temps et de leur argent si longuement et si savamment extorqué aux peuples du monde entier. France Richemond a désormais l'expérience nécessaire pour très bien nous raconter cela en 48 pages, et pour ne rien gâcher j'ai beaucoup aimé les dessins de Stefano Carloni mis en couleurs par Luca Merli !
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          410
Jean-Paul II :

Jean-Paul II aka Carol Wojtyla est un personnage hors-norme. Sur l’échelle de Kohlberg du développement moral, il a clairement atteint le 6e niveau capable de transcender l'optique légaliste du 5e niveau et qui se soucie du bien commun et des réalités éthiques supérieures, indépendamment des frontières nationales, culturelles ou sociologiques. On ne va pas se mentir, pas mal gens pensent sans doute, et avec raison, qu’il a atteint le 7e niveau, celui de ceux qui obéissent uniquement aux principes universels comme Jésus, Bouddha ou Gandhi… Comment résumer sa vie en moins de 48 pages ? Ah ça les auteurs ont longtemps réfléchit à la question avant de tenter d’y répondre avec ce chouette album !



Tout commence le 13 mai 1981 sur la Place Saint-Pierre de Rome : il est 17h17, le jeune militant nationaliste turc Ali Agça tire sur le pape Jean-Paul II, et pour le monde entier c'est forcément une vengeance du KGB (l'attentat n'a jamais été élucidé, les documents déclassifiés de l'URSS n'apportant aucun éclairage sur l'événement). Entre le vie et la mort, la convalescence et le rétablissement le pape revoit son passé…

Carol Wojtyla était le fils pacifiste d'un officier militaire polonais, et il perdit sa mère et son frère aîné avant d'accéder à la majorité. Il passa de la passion du théâtre où il voulait devenir comédien à la passion de la religion où il voulait devenir prêtre, et il fut victime du nazisme hitlérien avant d'être victime du communisme stalinien. Après un voyage d'étude en France (vous savez ce pays qualifié de pourri par ses élites autoproclamées, mais qui a inspiré tous les réformateurs de ces 3 derniers siècles), il se lance à corps perdu dans la reconquête des âmes et des cœurs pour redonner de l'espoir là où il n'y en avait plus. Il monte vite en grade dans l'Église polonaise décimée par la guerre et le totalitarisme, et après avoir travaillé auprès de lors du Concile Vatican II auprès de Paul VI il se retrouve en bonne position après la mort très controversée de Jean-Paul Ier. C'est le premier pape issu d'Europe de l'Est, mais c'est aussi le premier pape non italien depuis 1523, donc la papauté entre avant l'heure dans le IIIe millénaire avec un défenseur des opprimés qui va dézinguer les dictatures du monde entier : ah le voyage en Pologne en 1979, où il ridiculisa tous les sicaires du Ministère de la Propagande ! (en Pologne, on en rit encore)

Staline s'était moqué de la papauté en demandant combien de divisions possédait le Vatican. le Destin est farceur puisque quelques décennies plus tard après le « fakir va-nu-pieds » qui fit trembler l'Empire britannique sans haine ni violence, ni mépris ni indifférence, le « pape globe-trotter » a très largement contribué à l'effondrement de l'Empire soviétique sans haine ni violence, ni mépris ni indifférence.



Ensuite on repousse le quatrième mur, puisqu'on suit un journaliste réalisant un documentaire sur Jean-Paul II qui se demande comment parler du personnage sans tomber dans l'hagiographie en n'omettant pas ses ambiguïtés, les contradictions entre son modernisme sur certains sujet et son conservatisme sur d'autres sujets. Entre les paroles et les actions, la vérité est quelque part entre les deux… Ses interrogations sont celles des auteurs, et il décide de commencer son documentaire par le 13 mai 1981 où il a démarré sa carrière de journaliste. Les auteurs parviennent à réaliser la biographie de l'un des personnages les plus importants du XXe siècle par une mise an abyme qui raconte la vie de l'un de ceux dont il a changé la vie : c'est génial ! Manquerait plus qu'on soit dans l'autofiction du plotmaster Bernard Lecomte et la boucle serait bouclée...





Tome après tome, Dobbs prouve qu'il est un bon voire un très bon scénariste. Les dessins de Fabrizio Fiorentino colorisés par Josie de Rosa sont agréables, et pour ne rien gâcher le dossier de Bernard Lecomte est très complet. Ici on se heurte a un personnage « bigger than life : les choses humaines ont de vastes de rivages, et on ne peut les contenir bien longtemps dans un chenal trop étroit… La pensée et l'action de JPII sont beaucoup trop vastes pour tenir en 48 pages, et elles appellent à bien d'autres adaptations sous bien des formes tellement il y a à dire !
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          351
KGB la véritable histoire des services secret..

Déjà en 1881 l'Empereur Alexandre III avait créé l'Okhrana (en russe Okhranka) qui devait prendre la suite de la "troisième section", police politique secrète, notamment à cause de la recrudescence des attentats politiques et notamment de celui qui avait couté la vie à Alexandre II.

A la révolution de 1917, afin de mâter la contre révolution et seconder les soviets locaux, les bolchéviks créent eux aussi leur police politique intérieure, la Tchéka, sous l'autorité de Félix Dzerjinski, avec quelques centaines d'agents. Dès 1921, ils seront plus de 200 000.



Successivement GPU, OGPU, GUGB (intégré au NKVD), NKGB, MGB, et KGB en 1954 (Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti ou Comité pour la Sécurité de l'Etat), ce service de renseignement voit très vite son rayon d'action se développer, à l'intérieur (aussi par des actions de propagande), comme à l'extérieur de l'Union Soviétique (espionnage et désinformation).



Jusqu'en 1991, date de la dissolution officielle du KGB (dont les missions ne seront cependant pas abandonnées pour autant, et qui survivra sous les acronymes de GRU, SMERSH, FSB, SVR...), les services secrets soviétiques peuvent s'enorgueillir de beaux succès mais aussi d'échecs retentissants.

Très en avance sur leurs homologues américains, la CIA et les services secrets britanniques, ils ont notablement permis à la Russie de rattraper son retard en matière d'arme atomique et d'avoir souvent un coup d'avance dans les négociations au plus haut niveau de l'Etat.



Engagé sur une très large zone géographique, ils auront joué un rôle fondamental durant la seconde guerre mondiale, infiltrés en Allemagne et dans toute l'Europe.



C'est ce que raconte ce livre, en mettant en lumière les personnages centraux de cette police politique, responsable de milliers de morts, notamment durant ses premières années d'existence, sous Lénine puis Staline, mais aussi les espions notables.



Il évoque ainsi à la fois les différents maitres de ces services, souvent limogés ou assassinés, ainsi que les purges menées au nom de la révolution bolchévik.

Il évoque aussi les périodes moins glorieuses et la nécessité de mise en sommeil de réseaux dont l'existence était mise à jour par les services secrets concurrents.



Bref, c'est un livre assez complet sur les services secrets soviétiques, facile à lire bien que la multiplicité des protagonistes rende certaines explications parfois difficiles à relier entre elles.

En tout cas, c'est assez instructif.



Retrouvez d'autres avis sur d'autres lectures, sur mon blog :

https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
Lien : https://blogdeslivresalire.b..
Commenter  J’apprécie          310
Clément V : Le sacrifice des Templiers

La torture ne sert pas la vérité.

-

Ce tome contient une biographie partielle du pape Clément V qui se suffit à elle-même et ne nécessite pas de connaissances préalables. Il a été écrit par France Richemond, médiévaliste, dessiné et encré par Germano Giorgini, et mis en couleurs par Florence Fantini. Il comprend quarante-six pages de bande dessinée, et la première édition date de 2021. La scénariste a également écrit un autre tome de cette collection consacrée aux papes : Léon le Grand : Défier Attila (2019), dessiné par Stefano Carloni. le tome se termine avec un dossier documentaire de huit pages, réalisé par Bernard Lecomte, composé des parties suivantes : Clément V premier pape d'Avignon, Un Bordelais nommé Bertrand de Got, Les 17 papes français, Philippe IV le Bel plus puissant que le pape ?, Qui étaient les templiers ?, Les routes des trois grandes croisades, Les moines soldats iront-ils en enfer ?, La croix rouge, La fin des templiers, Un procès scandaleux, Jacques de Morlaix trahi par le pape, le pape Formose, le vin des papes, Les rois maudits, un lexique.



Lyon, basilique Saint-Just. le 14 novembre de l'an de grâce 1305. Couronnement de Bertrand de Got. Qui devient le pape Clément V. Il reçoit la tiare à la double couronne. Couronne du royaume terrestre. Couronne du royaume spirituel. Il devient ainsi le père de tous, princes et roi, le recteur de la Terre, le vicaire du seigneur Jésus-Christ. Alors que la procession du nouveau pape monté sur sa mule pontificale avance dans les rues de la ville, un mur sur lequel étaient montés des spectateurs s'écroule. Plusieurs jours ont passé. le duc de Bretagne est mort. Gaillard de Got agonise. Onze décès jettent un voile de ténèbres sur le couronnement du pape. le roi Philippe le Bel vient le trouver : il a besoin de lui. Les rapports restent tendus avec l'Angleterre malgré les traités. le roi veut donner sa fille Isabelle, au prince héritier et il lui faut une dispense. le pape la lui accorde bien volontiers.



Le roi Philippe le Bel continue : La perte du royaume chrétien d'Orient est terrible. Son grand-père Saint Louis s'est sacrifié pour le créer. Aujourd'hui son oeuvre est anéantie ! Cette nouvelle croisade doit les implanter définitivement. Quelques croisés désordonnés ne suffisent pas. Il faut une armée de métier. Or les templiers ont failli. Leur stupide rivalité avec les hospitaliers a tout gâché. Ils ont oublié quel est l'ennemi. le pape répond que certes, mais ils ont défendu leur dernier bastion Saint-Jean-d'Acre jusqu'à la mort. le roi insiste : Élire l'orgueilleux Jacques de Morlay à la tête du Temple fut une erreur. Il se perd dans un jeu de puissance. le pape reconnaît que ce choix fut maladroit car Molay est si rigide. Il refuse la fusion avec les Hospitaliers. Il faut pourtant bien réformer le Temple puisqu'il n'y a plus de pèlerins à protéger. Ils ne peuvent être juste des banquiers. le roi intime au pape de faire cesser ce scandale qui souille l'Église. Il doit imposer la fusion ou les supprimer et créer un nouvel ordre.



Ce tome permet à la scénariste de revenir sur la disparition de l'ordre des Templiers, événement auquel elle faisait déjà référence dans Jeanne, la Mâle Reine, tome 1 (2018) avec Michel Suro. le titre annonce que l'ouvrage s'attache principalement à la vie du pape Clément V, et également à la fin de l'ordre des Templiers. le choix de la scénariste est de se focaliser sur la vie de Bertrand de Got (1264-1314) uniquement pendant la période où il fut pape. le récit commence donc avec son sacre en 1305 et il se termine avec son décès. La première séquence s'accompagne d'un moment spectaculaire, propice à capter l'attention du lecteur : le mur qui s'écroule et les badauds pris en dessous. Puis vient la biographie en elle-même qui parvient à mêler les tracas personnels de Bertrand de Got, en particulier ses problèmes de santé, ses difficiles décisions politiques pour essayer de résister à Philippe le Bel, et à maintenir l'autorité du pape sur l'Église, l'itinérance de sa curie, les événements historiques majeurs en France et en Italie, les attaques de Philippe le Bel contre les Templiers pour asservir leur ordre. France Richemond impressionne le lecteur par la dextérité avec laquelle elle parvient à gérer le volume d'informations nécessaires pour établir les enjeux et rendre compte des défis à l'échelle de l'Église, par le biais de dialogues plausibles, ce qui lui permet de limiter la taille des cartouches de texte, évitant ainsi l'effet exposé massif et indigeste.



La fluidité de l'exposé des informations revêt un tel naturel que le lecteur peut ne pas se rendre compte de la densité de la reconstitution. Si cet aspect l'intéresse, il consulte le lexique en fin d'ouvrage et se rappelle qu'effectivement les personnages représentés dans la bande dessinée ont évoqué Albert Ier de Hasbourg, Arnaud de Pellegrue, Boniface VIII, Célestin V, Charles d'Anjou, Charles II d'Anjou, Charles de Valois, Guillaume de Beaujeu, Guillaume de Nogaret, Henri VII de Luxembourg, Hugues de Payns, Jacques de Molay, Robert d'Anjou, Geoffroy de Charnay, etc. le lexique continue avec la liste des lieux traversés ou évoqués, au nombre d'une dizaine, avec par exemple Anagni (ville d'Italie où le pape Boniface VIII s'est fait arrêter en 1303 par l'envoyé de Philippe le Bel) ou Ferrare (puissante seigneurie italienne dans le delta du Pô). Vient ensuite une vingtaine de termes relatifs à la religion, dont concile cadavérique, gibelins, relaps. Ces trois registres de vocabulaires transcrivent bien les différentes dimensions du récit : politique et historique, française et italienne, histoire de l'Église et de son dogme. La scénariste sait transcrire toutes ces dimensions, sans faire de prosélytisme ou du dénigrement systématique, sans occulter le religieux.



Par la force des choses, un récit historique de cette nature impose une narration visuelle descriptive pour une reconstitution historique rigoureuse et documenté. le dessinateur impressionne également par sa capacité à remplir cet objectif : représenter les tenues d'époque et les costumes liés aux fonctions au sein de l'Église, montrer les cathédrales avec fidélité, ainsi que les rue des villes, les environnements particuliers comme des cellules ou la muraille d'un fort. Il représente les arrière-plans dans plus de 80% des cases, même celles avec des gros plans sur les personnages : le lecteur peut donc se projeter dans chaque et il ne ressent pas de solution de continuité qui serait provoquée par l'absence de décors plusieurs cases d'affilée. La séquence d'ouverture lui permet de mettre à profit la dimension spectaculaire de la cérémonie, puis du mur qui s'écroule. le lecteur constate que la scénariste a fait l'effort de penser en termes visuels chaque fois que la séquence s'y prête : un affrontement entre Templiers et infidèles à Saint-Jean-D'acre, le déplacement de la curie itinérante du pape, l'entrée en ville du roi et de ses soldats, l'arrivée à Avignon, celle au petit prieuré de Groseau, l'attaque des remparts de Ferrare par l'armée d'Arnaud de Pellegrue, les Templiers mis au bûcher à l'orée du bois de Vincennes, le banquet de clôture du concile, l'exécution de Jacques de Morlay. de la même manière, il est visible que le dessinateur a conçu des plans de prise de vue spécifique pour chaque discussion, évitant l'alternance mécanique de champ / contrechamp, montrant ce que font les personnages pendant les échanges, où il se trouvent. L'investissement de l'artiste sur la mise en scène participe de manière significative à la fluidité globale de la narration, à se tenir à l'écart de tout impression de texte copieux limitant les cases à de simples illustrations.



Le lecteur se retrouve vite transporté auprès du pape Clément V. Il sait bien qu'il ne s'agit pas d'un reportage pris sur le vif, qu'il n'existe pas d'archives visuelles ou audio permettant d'avoir la certitude que les événements se sont bien déroulés de cette manière, que les personnages ont prononcé ces paroles ou ont pris ces positions. Les auteurs savent rendre plausibles ce qu'ils racontent, le lecteur étant d'autant plus convaincu par la solidité des références, par la densité d'informations. Il éprouve la sensation que cette reconstitution lui montre pour partie la vérité. Il voit bien que les auteurs se tiennent à l'écart d'une représentation manichéenne ou simpliste : le pape n'est pas un héros ayant permis d'éviter le pire face à un roi omnipotent, ni un lâche ayant abdiqué toute responsabilité et se pliant aux diktats de Philippe le Bel. La réalité décrite s'avère complexe. Les personnages agissent conformément à la structure sociale de l'époque, à l'existence d'une religion d'état, aux jeux des alliances politiques et des guerres. La narration n'essaye pas d'intégrer tous les événements, de gaver le lecteur de passages encyclopédiques : elle s'appuie plutôt sur des événements montrés, et d'autres évoqués, laissant le lecteur libre d'aller se renseigner plus longuement s'il le souhaite. le dossier documentaire en fin d'ouvrage apporte des informations complémentaires, ou présente certaines sous une autre facette que la bande dessinée, s'avérant très intéressant.



La reconstitution historique est un genre à part entière, particulièrement exigeant en termes de recherches, de compréhension du contexte de l'époque, et assez difficiles à restituer de manière agréable sous forme de bande dessinée. le lecteur fait le constat par lui-même de la rigueur et de l'investissement des auteurs dans leur ouvrage, ainsi que de leur coordination et de leur complémentarité pour réaliser une narration agréable à la lecture, sans rien sacrifier à l'ambition de cette reconstitution. L'ouvrage donne envie de découvrir cette époque, les actions de ce pape, et une fois terminé, le lecteur en ressort avec l'envie d'en apprendre plus. Une belle réussite.
Commenter  J’apprécie          280
La Russie des Tsars : De Ivan le Terrible à V..

Merci à Express-Roularta/Perrin et à l'opération Masse Critique qui m'ont envoyé ce livre !

Il s'agit d'un ouvrage collectif qui nous décrit dix-huit Tsars, sous ce vocable sept personnages de la période après 1917 sont également repris (Kerenski, Lénine, Poutine...).

La préface donne la ligne directrice du livre :

- Expliquer la Russie par ses chefs

- Le pouvoir absolu des Tsars : tous ne furent pas dictateurs, mais aucun ne partagea ses prérogatives. Celui qui ne s'impose pas échoue. Le Tsar a tous les pouvoirs, c'est un autocrate.

- Les réformateurs furent emportés par les événements ou éliminés

- La Russie n'est pas asservie par un tyran, elle se donne un tyran parce que c'est sa nature.

- La mission du Tsar est multiple : assurer la pérennité de l'empire, contre ceux qui veulent sa perte, de l'extérieur ou de l'intérieur (d'où le besoin tant d'une armée que d'une police secrète),

- affirmer sa solidarité avec les orthodoxes de tous pays.

- La Russie a un peuple mais pas de citoyens.

Certes, certains de ces points de vue peuvent être critiqués mais ils donnent une cohérence à l'œuvre.



Suivent ensuite les portraits, en commençant par Ivan le Terrible et en s'achevant par Vladimir Poutine.

Nous croisons des fous (Ivan IV, Paul Ier), de grands personnages (Pierre le Grand, Catherine II), des bourreaux (Staline), des victimes (Pierre III, Nicolas II, Kerenski, Gorbatchev), des comploteurs (Alexandre Ier, Brejnev) et des idéalistes (Nicolas Ier, Alexandre III, Lénine).

L'histoire est sanguinaire : infanticides, parricides, Catherine II élimina son mari, les successions se font souvent dans le sang.

Ouvrage collectif comme noté ci-dessus, tous les chapitres ne se valent pas, celui consacré au siècle des Tsarines m'a déçu, d'autres notamment ceux sur Ivan le Terrible, Alexandre III ou Leonid Brejnev sont passionnants.

Évidemment, parcourir la vie de dix-huit Tsars dans un seul livre peut paraître réducteur, chacun d'eux méritant à lui seul un ouvrage. Ces ouvrages existent toutefois, et en nombre, il est donc loisible au lecteur d'approfondir sa connaissance !

La lecture est aisée, les personnages toujours intéressants.

Lecture à recommander donc.

Commenter  J’apprécie          280
La Bourgogne pour les nuls

C'est avec "La Bourgogne pour les nuls" que j'ai eu le privilège de découvrir la collection "pour les nuls" qui s'est déclinée en une multitude de thématiques. Pour avoir consulté et feuilleté auparavant un de ces exemplaires, je dois reconnaitre que je n'avais pas été trop emballé par le contenu et la présentation de l'ouvrage, d'autant plus qu'il s'agissait du Droit et de la Justice, et que bon nombre de clichés et approximations y étaient présents.

Avec cet exemplaire dédié à la Bourgogne, on est loin de cela car tout ce qui est abordé (histoire, géographie, gastronomie, culture pour les plus grosses références) est fourni avec minutie et l'envie de faire partager cette région française qui est certes connue pour sa capitale, ses vins, mais pas uniquement fort heureusement car il n'est pas fait l'impasse sur les autres départements qui la composent.

Un ouvrage qui se laisse déguster avec délice, fort d'anecdotes et de références et qui donne envie de partir à la rencontre des terres bourguignonnes sans plus attendre !
Commenter  J’apprécie          260
Les secrets du Kremlin

Le titre est un peu trompeur. D'abord, il faut bien lire le sous titre 1917-2017 : l'ouvrage traite de la période soviétique et un tout petit peu de la suite, avec un chapitre final sur Poutine. Le Kremlin n'est là que pour rappeler qu'il était alors le centre du pouvoir, mais les événements repris ont aussi eu lieu à Saint-Pétersbourg, en Crimée ou ailleurs. Et il ne s'agit pas à proprement parler de secrets, juste de moments historiques précis, dont certains sont largement référencés par ailleurs (l'exécution de la famille impériale dans la maison Ipatiev en 1917, l'exécution de Trotski au Mexique, la mort de Staline, etc).

Ceci étant dit, ce livre est passionnant. L'histoire de l'URSS est profondément liée à celle du XX éme siècle, de la Révolution de 1917, alors que la guerre en Europe continue, jusqu'à la guerre froide et l'effondrement final du mur de Berlin.

Certains chapitres sont remarquablement précis, comme ceux sur le pacte germano-soviétique, qui montre bien les tractations diplomatiques, qui jusqu'au dernier moment auraient pu amener Staline à faire d'autres choix, ou celui sur Katyn, qui reprend très clairement la chronologie de la guerre de propagande qui a résulté de ce massacre d'officiers polonais par le NKVD.

Le rappel de l'incrédulité de intelligentsia française au sortir de la seconde guerre mondiale face à la divulgation de la réalité du système policier communiste lors de l'affaire Kravchenko est nécessaire pour inciter chacun à prendre du recul et à s'informer complétement, plutôt que d'avaler des thèses toutes prêtes (aujourd'hui sur internet).

Des chapitres rappellent les conditions de l'arrivée au pouvoir et les ambitions de Krouchtchev et d'Andropov. Les quelques pages sur la tentative de putsch contre Gorbatchev en 1991, qui va permettre à Eltsine de se poser en alternative au régime communiste finissant, expliquent bien ce moment clé de l'histoire russe.

Au final, cet essai compile de façon éclairante et dans une langue accessible à tous quelques moments forts du temps du pouvoir soviétique.
Commenter  J’apprécie          241
Léon le Grand : Défier Attila

Vous êtes étranges, vous les chrétiens. Vous adorez des perdants qui ont été mis à mort.

-

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il s’agit d’une reconstitution de la vie de Léon Ier le grand de l’an 452 à l’an 455. Sa première édition date de 2019. Il a été réalisé par France Richemond, médiéviste, pour le scénario, Stefano Carloni pour les dessins, et Luca Merli pour la couleur. Il comporte quarante-six planches de bande dessinée. En fin d’ouvrage, se trouve un dossier écrit par Bernard Lecomte, développant le contexte historique dans lequel a vécu le quarante-cinquième pape : Le déclin de l’Empire romain, Un pouvoir impérial en déconfiture, La primauté de Rome, Que sait-on de Léon ?, Léon triomphe à Chalcédoine, La lutte contre les hérésies, Le face-à-face avec Attila, Après Attila, Genséric, Ce qui reste de Léon.



À Milan, des barbares à cheval, poursuivent des citoyens et les exterminent avec leur épée : c’est un massacre ! Quelques temps auparavant, à Ravenne, dans le palais de l’empereur d’Occident, Valentinien III reçoit le vénérable Léon, évêque de Rome. Avant que l’hôte ne soit autorisé à entrer, la discussion s’engage entre l’empereur, son épouse Licinia Eudoxia et Honoria la sœur de Valentinien. Son épouse lui reproche de ne pas s’intéresser à la religion, de ne pas avoir l’envergure de son cher père, l’empereur d’Orient qui a tant lutté pour la Foi, que son manque d’ambition a pour conséquence que l’empire restera éternellement divisé entre l’Orient et l’Occident. Il rétorque qu’il n’a peut-être pas d’envergure, mais qu’il est vivant, alors que son père Théodose vient de se tuer bêtement, d’une chute de cheval. Elle réagit : il aurait pu en profiter pour réclamer l’empire d’Orient puisqu’elle est la seule héritière, au lieu de laisser sa tante Pulchérie se saisir de la pourpre avec Marcien, son époux fantoche. Il décide de faire entrer le pape Léon premier.



Le pape l’informe que c’est un jour heureux : le concile de Chalcédoine que la défunte impératrice Galla Placidia souhaitait tant a rétabli la pureté de la Foi. Licinia en rajoute : la mère de l’empereur savait, elle, que le destin de l’empire est lié à celui de l’Église. Léon premier synthétise les faits : une grave hérésie est venue du moine Eutychès, supérieur d’un puissant monastère de Constantinople. Sa réputation de sainteté et d’ascèse rayonnait dans tout l’Orient, pourtant il s’acharnait dans l’erreur monophysite. Eutychès refusait de croire que le Seigneur Jésus ait une âme humaine. Il la jugeait incompatible avec sa divinité. Honoria rappelle que l’empereur Théodose avait tout fait pour protéger ce moine. Jusqu’à convoquer un concile dans le seul but de faire lever l’excommunication lancée contre lui. Concile où l’on refusa la parole aux légats du vénérable pape Léon, et où Flavien, le patriarche de Constantinople, fut arrêté violemment en pleine séance. Les rappels théologiques continuent ainsi jusqu’à l’irruption d’un soldat qui les informe qu’Attila et ses Huns sont en train de massacrer les romains dans la cité de Milan.



Un défi ambitieux : une reconstitution historique, devant en plus évoquer la Foi catholique puisqu’il s’agit d’un pape. Le lecteur habitué des bandes dessinées à caractère historique s’est déjà forgé son horizon d’attente : des dessins descriptifs, avec beaucoup de dialogues ou d’exposition à rendre vivants, quelques exagérations romanesques dans les prises de vue, une nécessité contraignante pour la scénariste d’exposer de nombreux éléments historiques dans une pagination restreinte, également par le biais de cartouches. La première séquence comporte deux pages consacrées au massacre des habitants de Milan par les Huns. La prise de vue est dynamique, avec des angles et des cadrages accentuant l’impression de mouvement par des plongées et des contreplongées, de la violence. Il n’y a que quatre phylactères très courts pour laisser la place à l’action visuelle. La seconde séquence se déroule sur six pages, des discussions en deux parties, d’abord entre l’empereur, sa sœur et son épouse, puis avec l’interlocuteur supplémentaire qu’est le pape Léon. L’artiste met en œuvre un réel savoir-faire, avec une forte implication pour que la prise de vue ne se limite pas à une simple alternance de champ et contrechamp. Il ne lésine ni sur la représentation des arrière-plans, ni sur les angles de vue travaillés, avec par exemple une vue de dessus de la salle du trône pour établir la configuration de la pièce. La scénariste entremêle les informations avec l’état d’esprit des personnages, faisant ainsi passer leurs émotions. La narration s’avère vivante, retenant l’attention du lecteur.



Au vu du titre et du sujet, cette bande dessinée attire le lecteur qui y vient en toute connaissance de cause : un récit historique sur un moment précis de la vie du quarante-cinquième pape, dans un contexte bien défini. Pour autant, les auteurs doivent s’adresser aussi bien au néophyte qu’à celui qui dispose déjà de quelques notions. Pour être crédible, le dessinateur doit être en mesure de proposer des visuels plausibles, et de nature descriptive, ce qui induit un bon niveau de recherches de références historiques, ainsi qu’un degré de détails suffisant, sans devenir trop pesant. S’il a déjà lu d’autres bandes dessinées historiques, le lecteur se retrouve très favorablement impressionné par l’investissement de Stefano Carloni pour donner à voir cette époque. Le lecteur prend le temps de savourer les différents lieux et leurs aménagements : la salle du trône de Valentinien III avec son dallage, ses colonnes, son plafond, le camp des huns et leurs tentes, celle d’Attila où il reçoit le pape, les meubles, les tapis, les plats et les mets servis, l’extérieur du palais impérial à Rome, sa piscine pour les bains, le port de Rome alors qu’arrivent les navires de la flotte de Genséric, roi des Vandales et des Alains, la grande place de Rome, l’étude dans laquelle Léon dicte ses missives et rédige ses sermons, etc. Le dessinateur ne se contente pas de représenter le décor dans la première case de chaque séquence, puis de laisser les fonds vides au bon soin du coloriste : il les représente dans presque toutes les cases, ce qui permet au lecteur de se projeter dans chaque lieu, d’avoir à l’esprit où se déroule chaque scène, de découvrir d’autres aspects du lieu dans les cases suivantes en fonction des mouvements de caméra.



D’une manière tout aussi solide et documentée, la scénariste dose habilement les informations historiques et leur exposé, avec des moments faisant ressortir la personnalité ou l’émotion des personnages. Le lecteur n’éprouve jamais la sensation de se perdre en route, ou de passer à côté des enjeux. La scène d’ouverture établit visuellement qu’il s’agit d’éviter que Rome et ses habitants ne subissent le même sort que Milan et les milanais. Les personnages historiques bénéficient d’une présentation savamment dosée pour être définis, sans jamais avoir l’impression de lire une fiche dans une encyclopédie. Le lecteur fait ainsi connaissance avec Valentinien, son épouse Licinia Eudoxia, sa sœur Honoria, le pape Léon, Flavius Aetius, Attila, le sénateur Flavius Bassus Hercolanus, Dame Lucina et son époux, etc. Dans le même temps, il prend note de ceux qui sont évoqués lors de conversation : Priscillien (340-385), Marcien (392-457), Pélage (v. 350 - v. 420), etc. Leur mention se fait avec ce qu’il faut d’informations pour qu’il ne s’agisse pas d’une liste désincarnée, sans devenir trop pesant. Lorsque se produit le face-à-face promis par le titre, le lecteur situe aussi bien Attila en tant que chef de la horde des Huns, et les enjeux pour lui, que le pape Léon, d’où il vient et sa foi. L’entretien s’avère passionnant, sans que les auteurs n’aient besoin de recourir à une dramatisation artificielle ou appuyée.



L’évocation d’un moment de la vie d’un pape ne s’arrête pas à une reconstitution historique de nature politique : le lecteur attend également que soit évoqué l’Église et la Foi. La scénariste n’occulte pas cette dimension, sans faire ni œuvre de prosélytisme, ni se montrer moqueuse. Elle établit l’Église comme une force politique indissoluble de l’unité de l’empire. Elle ne se limite pas à ça : elle intègre le fait que le pape est le chef de l’Église et le montre à l’œuvre. Il ne s’agit pas de le montrer accomplissant les rituels catholiques : elle met en scène son apport décisif à l’unité de l’Église en luttant contre les hérésies. À nouveau, pas besoin d’être versé dans l’histoire du dogme catholique pour comprendre les enjeux. La narration comporte les éléments nécessaires à la compréhension d’hérésies comme le monophysisme, le pélagianisme ou le manichéisme. Libre au lecteur de continuer en allant chercher de plus amples informations dans une encyclopédie. Après avoir parcouru le dossier en fin d’ouvrage, il prend mieux la mesure de la qualité d’écriture et de narration de la bande dessinée : ce texte vient étoffer ce qui est exposé dans la bande dessinée, attestant qu’elle contient bien tous les éléments essentiels.



Parfois, un lecteur doute que les auteurs parviennent à tenir leurs promesses, tellement le projet est ambitieux. Ici, il vient pour découvrir qui fut le pape Léon premier, pourquoi il a laissé une trace dans l’Histoire, et dans quelles circonstances il s’est retrouvé face à Attila, sans forcément nourrir un goût prononcé pour la religion. Il reconnait bien les spécificités propres à la majeure partie des bandes dessinées historiques : dessins descriptifs pour donner de la consistance à la reconstitution, et volume d’informations important. Il se rend vite compte que dessinateur et scénariste se montrent très compétents et investis pour réaliser des planches sans dramatisation artificielle ou arrière-plans sporadiques, avec un dosage de l’information remarquable. Les personnages historiques sont animés par des motivations et des émotions réelles, tout en restant cohérents avec la vérité historique. Le rôle de l’Église est au cœur du récit, ainsi que l’importance du pape, sans prosélytisme, tout en établissant les enjeux tant politiques que théologiques de l’institution. Remarquable.
Commenter  J’apprécie          230
La Russie des Tsars : De Ivan le Terrible à V..

J'ai passé mon adolescence avec Henry Troyat. C'est lui qui m'a donné le goût de la littérature russe et c'est avec lui que j'ai un peu appris de son histoire, par les superbes biographies qu'il a écrites sur les tsars, de Ivan le Terrible à Nicolas II, et sur les grands écrivains du 19e siècle. Ces biographies retraçaient, dans une belle écriture romanesque, non seulement le vie du personnage, mais son contexte social et politique. C'est pour ça qu'elles étaient si agréables à lire et qu'elles m'ont donné l'envie d'en savoir toujours plus. Mais, je me suis arrêtée à la révolution d'octobre 1917.



Aussi, quand j'ai vu "La Russie des tsars" d'Ivan le Terrible à Poutine, je me suis dit que c'était l'occasion de combler mes lacunes contemporaines.



C'est un ouvrage collectif et de manière chronologique, chaque tsar fait l'objet d'un chapitre, par un auteur différent.

Je ne sais pas ce qu'en retiendrai réellement. L'avènement au pouvoir est un jeu politique qui me passe au-dessus de la tête. Mensonges, revirements, destitutions, hasards, avidité et manipulations. J'ai envie de dire que tout est pareil partout. Il y a ceux d'en haut qui gouvernent et choisissent pour tous les autres.



Ce livre a été assez difficile pour moi, car bien qu'il soit très précis dans les événements, il m'a paru confus. Trop de dates, de noms, trop de changements. Plus de 500 ans d'histoire en 400 pages, il est impossible d'analyser, de le digérer. Trop d'informations et trop de manques.

En fait, c'est un ouvrage de références pour qui veut approfondir l'une ou l'autre période. Mais je ne le conseillerai pas comme première lecture à ceux qui veulent découvrir cette grande Russie et son histoire.



Par contre, la préface de Christophe Barbier est superbe. En quelques phrases, il a su appâter le lecteur. Il aurait dû écrire la suite...
Commenter  J’apprécie          215
Les derniers secrets du Vatican

Le Vatican fascine. Croyant ou non-croyant, chacun investit le sujet de certitudes et lui donne toute la subjectivité qui trouble le quidam. Voilà le danger, il semblerait que Bernard Lecomte ait voulu le contourner en nous permettant d'accéder à des secrets, sans aucune prise de position, si ce n'est de nous les livrer après un travail de fourmi sur chaque thème traité (il suffit de lire l'éloquente bibliographie en fin de livre). Cependant, certaines conclusions laissent entrevoir des supputations, marques de celui qui a écrit ce livre, mais existe-t-il vraiment une écriture neutre ?

Les différents chapitres survolent des « secrets » dont certains étaient déjà parvenus à nos oreilles. Bernard Lecomte nous en offre un résumé dense.

Dans ce monde dans le Monde, que de cachoteries, que de dissimulations, que d'interprétations fausses, que de malaises : depuis les recherches du présumé Tombeau de Saint-Pierre, en passant par le rôle de Pie XII durant la seconde guerre mondiale jusqu'aux vérités et mensonges sur la pédophilie au sein de l'Eglise.

L’Histoire se déroule devant nos yeux qui ne peuvent que s'agrandir devant une mauvaise foi (sans jeu de mots) et devant l'immense nœud de vipères qui grouille au milieu de cet État religieux dont on eut aimé qu'il fut un exemple sans reproches. Mais l'homme reste l'homme et où qu'il se situe, l'ambition, le désir de pouvoir, les oreilles indiscrètes, les gens achetés, etc... montrent et démontrent que notre vigilance est nécessaire et que l'homme intelligent, libre de pensée, ne peut/doit s'allier à des dogmes.

Le rôle de la presse (ancienne ou actuelle) est pourvoyeuse de fausses nouvelles, d'exagérations, de déformations. L'éthique est une fois de plus bafouée et débouche parfois sur des « catastrophes ». La phrase polémique du fameux discours de Ratzinger (Benoît XVI) à Ratisbonne en est l'illustration. Qui croire ? Disons que la maladresse dans l'état actuel du monde arabe était bien malencontreuse... et la phrase de Camus en exergue de ce chapitre prend toute sa saveur : « Mal nommer les choses, c'est ajouter du désordre dans le monde. » La démonstration est concluante.

Il y a quelques lueurs qui mettent un baume sur le malaise que nous pouvons ressentir. Je pense à Jean XXIII, au rôle oublié qu'il a joué au moment de la guerre froide et je pense à ce qui se passe en ce moment pour les victimes des trop nombreux cas d'abus sexuels.

On sort de ce livre la tête pleine de renseignements, de questionnements, de mouvements intérieurs. La dernière page ne se referme pas sur de simples histoires « croustillantes », on remet en cause les fondements d'une institution qui, au nom d'un Dieu aléatoire, a commis tant d'erreurs et ne cessent d'en commettre, même si des remises en question depuis Vatican II ont eu lieu. L’Église, depuis les derniers scandales, a perdu beaucoup de ses adeptes qui ont choisi l'apostasie, ce qui indique un revirement énorme qui, lorsqu'on lit ces pages, se justifie. Quand sera-t-elle dans la réelle compréhension du monde moderne, à l'écoute de ses prêtres et de ses fidèles?

Il y a de telles énormités : leur position vis-à-vis de la franc-maçonnerie et certains débats moyenâgeux...

Je me réfère à cette phrase de Huang Yuan : « Méfie-toi des livres, on y croit trop par le seul fait qu'ils sont écrits ».

Ce livre fourmille d'informations mais, qui/que croire ? Sur des sujets aussi importants il faudrait prendre le temps de croiser soi-même les informations – mais qui le fera – et, dès lors, ce livre suscite finalement plus de questions qu'il n'en résout. Et c'est bien là le problème : une fois de plus il nous est demandé de croire, à nous d'y ajouter la raison.



Merci à Babelio, grâce à qui j'ai pu découvrir ce livre enrichissant en avant-première.

Merci aux Éditions Perrin d'avoir permis cette opportunité.

Commenter  J’apprécie          170
La Russie des Tsars : De Ivan le Terrible à V..

La Russie a beau être le plus grand pays en terme de superficie et faisant partie du continent européen, je ne peux pas dire que je connaisse son Histoire.

Malgré tout, je voue à ce pays une grande curiosité.

Par conséquent, j'étais la cible idéale pour ce livre.

Chaque chapitre correspond à une personnalité, d'Ivan le Terrible à Poutine en passant par Catherine II ou Lénine.

Des biographies courtes (une quinzaine de pages), accessibles et mêlant vie privée et géopolitique, ce livre fourmille d'informations et nous permet de passer un bon moment de lecture enrichissante.

Un regret néanmoins.

J'aurai apprécié un arbre généalogique ou une frise chronologique à la fin du livre car certains passages sont un méli-mélo de personnages qui sont cousines, sœurs ou tantes.
Commenter  J’apprécie          140
Clément V : Le sacrifice des Templiers

Dernière bande dessinée actuellement en ma possession de cette énorme série, je finis donc par un thème qui m’est cher, les Templiers. Et surtout par la chute et la condamnation horrible de cet ordre et des hommes qui la composaient tout ça à cause de l’avarice et de l’ego d’un roi Philippe le Bel, un des rois de France que je n’aime pas. Clément V peut être mis dans le même panier, mais il faut savoir que même un pape surtout s’il est moins populaire qu’un roi en place doit jouer prudemment ses cartes pour éviter de se retrouver très tôt dans un cercueil.

Ici, on retrace les événements les plus marquants de cette tragédie. On voit un homme qui aimerait sauver ceux qui se sont battus pour la foi, le pape et les pèlerins qui voulaient voyager jusqu’en Orient.

Malgré tous le pouvoir qu’il pouvait avoir, et les conseillers qui l’entouraient, il a dû faire des choix et à la toute fin n’était malheureusement plus en état de venir en aide aux Templiers injustement condamnés et dont Philippe le Bel convoitait le soi-disant trésor qui à ce jour est toujours une légende.

Pour conclure, cette bande dessinée m’a permis de mieux connaître le pape Clément V et les enjeux de sa position.
Lien : https://la-bibliotheque-du-l..
Commenter  J’apprécie          90
Les secrets du Vatican

Je m’attendais au pire comme tout ce qui est à base de “secrets” et relève neuf fois sur dix d’un pseudo journalisme trash ou d’un travail d’historien du dimanche. On ne compte plus les “histoires secrètes” ou “histoires mystérieuses” qui se perdent en mélange farfelu de Templiers, francs-maçons, trésors cachés, occultisme, nazisme, conspirations complotistes, Atlantes et extraterrestres.

Bernard Lecomte n’est pas Giorgio A. Tsoukalos et c’est heureux. Il livre ici une analyse sérieuse et documentée, quelque part entre le travail d’historien et celui du journaliste, la période couverte (de la révolution russe de 1917 à l’élection de Benoît XVI) étant à cheval sur les deux disciplines.

Plutôt que jouer sur le déballage de scandales sulfureux, Lecomte s’intéresse à des épisodes plus ou moins phares de l’Église catholique, avec beaucoup de recul, sans donner dans l’apologie ou la condamnation. Il rapporte des faits.

En ressort un portrait de l’Église plus nuancé que ce qu’on lit souvent, celui d’une grosse machine qui peine à évoluer parce que mastodonte justement. Une Église souvent coincée par son propre dogme, qui ne l’aide pas toujours à être en phase avec un monde, une société, des mentalités qui ont beaucoup évolué au cours du siècle dernier. Mais une Église à mille lieues de l’image d’Épinal d’un bastion archaïque et sclérosé, incapable de progressisme… même si ses membres éminents en sont encore à pondre des bulles en latin et affichent un siècle de retard sinon deux sur la place des femmes dans l’institution. Le cas de la pilule contraceptive, dont l’usage a été condamné non pas d’office mais de justesse, est parlant sur les débats internes entre pregressistes et traditionnalistes au sein d’une papauté loin d’être monolithique.

Bonne surprise au final, d’autant que le sujet ne me passionne pas à la base, mais l’auteur est parvenu à accrocher ma fibre d’historien. Comme ils disent à “Des chiffres et des lettres”, Lecomte est bon !
Lien : https://unkapart.fr/critique..
Commenter  J’apprécie          80
Les secrets du Kremlin

Bernard Lecomte nous offre ici 16 courts chapitres très intéressants relatant des épisodes clés du pouvoir Russe de 1917 à 2017. Les premiers chapitres couvrent la chute du Tsar, l'assassinat de la famille et l'arrivée de Lénine. Suivis de plusieurs chapitres sur la guerre 40, avec entre autres un chapitre bouleversant et très bien documenté sur le massacre de Katyn (celui des officiers polonais). Le livre consacre un chapitre à chaque dirigeant soviétique jusqu'à la nomination de Poutine ("Mais d'où sort Vladimir Poutine ?") et aborde également quelques grands faits d'espionnage ainsi que les rapports avec la France au temps de de Gaulle et, plus tard, de Mitterrand. Staline a droit à plusieurs chapitres, celui de son arrivée au pouvoir, celui de sa dictature et de ses crimes, et celui de sa dénonciation par les nouveaux maîtres de l’URSS quelques années plus tard (tout mettre sur le dos de Staline plutôt que sur le système…)



Le chapitre qui m'a le plus marquée, c'est celui sur Kravtchenko. Cet ingénieur russe fait défection en 1944 et se réfugie aux Etats-Unis. Il écrit « J’ai choisi la liberté ! » dénonçant la dictature stalinienne qui sera un best-seller instantané aux Usa alors qu’il est critiqué en France par la presse communiste. Un article dans l’hebdomadaire Les Lettres Françaises titre « comment fut fabriqué Kravtchenko » et accuse celui-ci d’avoir tout inventé. Kravtchenko les attaquera en diffamation et fera citer comme témoins de nombreuses petites gens réfugiés en Allemagne de l’ouest en 1945 qui confirmeront les passages les plus critiqués du livre, ceux sur la collectivisation des terres, la famine en Ukraine, la cruauté de la police politique ou l’horreur des camps de travail. En face, les avocats des Lettres françaises, vont faire comparaître comme témoins les grands héros communistes de la Résistance qui ont pour eux la renommée mais n’ont même pas lu le livre. Le procès dérive lentement d’un simple procès en diffamation au procès du système communiste. Il durera plusieurs semaines. Kravtchenko obtiendra réparation.



Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Bernard Lecomte (283)Voir plus

Quiz Voir plus

L'été où Je suis Devenue Jolie

Quel âge à Belly au début du roman ?

14 ans
15 ans
16 ans
17 ans

10 questions
62 lecteurs ont répondu
Thème : L'été où je suis devenue jolie de Jenny HanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}