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Citations de Bernard-Marie Koltès (195)


Si toutefois je l’ai fait, sachez que j’aurais désiré ne pas vous avoir regardé. Le regard se promène et se pose et croit être en terrain neutre et libre, comme une abeille dans un champ de fleurs, comme le museau d’une vache dans l’espace clôturé d’une prairie. Regarder vers le ciel me rend nostalgique et fixer le sol m’attriste, regretter quelque chose et se souvenir qu’on ne l’a pas sont tous deux également accablants. Alors il faut bien regarder devant soi, à sa hauteur, quel que soit le niveau où le pied est provisoirement posé.
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lorsque je travaillais, mon salaire, moi, c'était un drôle d'oiseau tout petit qui rentrait, que j'enfermais, et qui, dès que j'entrouvrais la porte, s'envolait tout d'un coup et ne revenait jamais, il ne restait plus qu'à le regretter tout le reste du temps
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Le langage est pour moi l’instrument du théâtre ; c’est à peu près l’unique moyen dont on dispose : il faut s’en servir au maximum.
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Vous n’êtes pas là pour satisfaire des désirs. Car des désirs, j’en avais, ils sont tombés autour de nous, on les a piétinés ; des grands, des petits, des compliqués, des faciles, il vous aurait suffi de vous baisser pour en ramasser par poignées; mais vous les avez laissé rouler vers le caniveau, parce que même les petits, même les faciles, vous n’avez pas de quoi les satisfaire. Vous êtes pauvre, et vous êtes ici non par goût mais par pauvreté, nécessité et ignorance.
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Nous ne nous quitterons plus ; nous ne nous lâcherons plus. Dix ans, vingt ans, trente ans, que je veux passer à toucher le plus de toi ; je ne veux pas cesser de te toucher, de te tenir. Heure après heure, trente ans d'heures après heures, quarante ans à t'embrasser, à me remplir de toi. Nos oreilles se rempliront ; et bouchées, les tiennes par moi, les miennes par toi ; nous n'entendrons plus rien des menaces qui viennent et repartent, et sont toujours prêtes à revenir encore plus fortes et grossies. Nous serons épuisés l'un par l'autre ; je t'épuiserai jusqu'à une fatigue mortelle, ou je m'épuiserai moi-même. Nous n'entendrons plus rien que le bruit de notre fatigue l'un l'autre ; plus que la résonance des bruits de nos corps dans la profondeur de nos abîmes mêlés ! Car nous aurons mangé dans les mêmes couverts, cinquante ans, soixante ans ; et bu dans le même verre, quatre vingts et dix ans ; et nos chaises percées elles-mêmes auront voisiné au fond d'un seul réduit, cent ans, cent ans ; un seul réduit pour nous deux, épuisés ; épuisé, épuisé, je sombre !
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J'ai toujours pensé que la meilleure manière de vivre tranquille était d'être aussi transparent qu'une vitre, comme un caméléon sur la pierre, passer à travers les murs, n'avoir ni couleur ni odeur ; que le regard des gens vous traverse et voie les gens derrière vous, comme si vous n'étiez pas là. C'est une rude tâche d'être transparent ; c'est un métier ; c'est un ancien, très ancien rêve d'être invisible.
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Roberto Zucco. Je n'oublierai jamais ce nom.
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Quelle obscurité serait assez épaisse pour vous faire paraître moins obscur qu'elle
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Où est le temps où les anarchistes préféraient sauter avec leur bombe que de risquer de blesser un enfant?
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Non, je ne veux pas remuer, je ne suis pas payé pour remuer. Si je le faisais, on me le reprocherait ; et, si je ne le fais pas, on me le reprochera aussi, alors je préfère ne rien faire, j'aurai les reproches mais pas la fatigue.
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Ma fille fait une dépression nerveuse, voilà tout. Cette ville pourrie ferait faire une dépression nerveuse à une montagne.
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Il faut tenir son imagination comme sa petite fiancée : s’il est bon de la voir vagabonder, il est sot de la laisser perdre le sens des convenances.
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Le problème, avec la bière, c'est qu'on ne l'achète pas ; on ne fait que la louer. Il faut que j'aille pisser.
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(...) parce que, mec, qu'est-ce que tu crois ? comment avoir une idée sur quelqu'un sans avoir baisé avec elle ? cent mille ans avec elle sans baiser, et tu ne sais toujours rien, que les grandes phrases qui te rendent dingue, qu'est-ce que tu connais d'elle avec les grandes phrases, si tu ne sais pas comment elle est avant, si tu ne sais pas comment elle bouge, comment elle respire, si elle parle et fait des histoires, ou si au contraire tu lui plais vraiment bien, et qu'elle ne dit rien, se retient, garde tout en secret juste pour toi et pour elle, qu'est-ce qu'on connaît de quelqu'un si on ne sait pas comment elle respire après avoir baisé, si elle garde les yeux ouverts ou fermés, si on n'écoute pas, longtemps, le bruit et le temps qu'elle met pour une respiration, où elle pose son visage et comment il est maintenant, plus le temps est long où elle respire et que tu l'écoutes, sans bouger, respirer, plus tu connais tout d'elle, (...)
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J'ai toujours détesté le théâtre, parce que le théâtre c'est le contraire de la vie ; mais j'y reviens toujours et je l'aime parce que c'est le seul endroit où l'on dit que ce n'est pas la vie.
(Un hangar à l'ouest, notes)
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Ainsi la distance qui se maintiendra toujours entre les brutes et les demoiselles qui peuplent le monde vient non pas de l'évaluation respective des forces, parce qu'alors, le monde se diviserait très simplement entre les brutes et les demoiselles, toute brute se jetterait sur chaque demoiselle et le monde serait simple ; mais ce qui maintient la brute, et la maintiendra encore pour des éternités, à distance de la demoiselle, c'est le mystère infini et l'infinie étrangeté des armes, comme ces petites bombes qu'elles portent dans leur sac à main, dont elle projette le liquide dans les yeux des brutes pour les faire pleurer, et l'on voit brusquement les brutes pleurer devant les demoiselles, toutes dignité anéantie, ni homme, ni animal, devenir rien, que les larmes de honte dans la terre d'un champ.
C'est pourquoi brutes et demoiselles se craignent et se méfient tout autant, parce qu'on inflige que les souffrances que l'on peut soi-même supporter, et que l'on ne craint que les souffrances qu'on n'est pas soi-même capable d'infliger.
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Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu, il pleut, cela ne met pas à son avantage quand il pleut sur les cheveux et les fringues, mais quand même j’ai osé, et maintenant qu’on est là, que je ne veux pas me regarder, il faudrait que je me sèche, retourner là en bas me remettre en état - les cheveux tout au moins pour ne pas être malade, (...)
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Mais j'avoue, que vous faut-il de plus ? Vous n'aurez rien de moi, comment l'espérez-vous, que dirais-je encore ?
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Pourtant de toute façon, ils finissent tous par vous coller à l'usine, tandis que l'idée que je te dis, c'est: un syndicat à l'échelle internationale - c'est très important, l'échelle internationale (je t'expliquerai, moi-même, c'est dur pour bien tout comprendre), - mais pas de politique, seulement de la défense, moi, je suis fait pour la défense, et alors là, je me donnerai à plein, je serai celui qui exécute, dans mon syndicat international pour la défense des loulous pas bien forts, fils directs de leur mère, aux allures de jules plein de nerfs, qui les roulent et qui tournent, tout seuls, en pleine nuit, au risque d'attraper les maladies possibles.
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L'intelligence n'est qu'un bijou que les bourgeois veulent porter à leur doigt pour éblouir encore plus le peuple.



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