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Citations de Bernard Noël (279)


Bernard Noël
tu cherches tes yeux

dans ce corps sorti du corps
peut-être une femme à rebours

l’un est soi et l’autre
est qui vient qui part

à moins que tout cela
un creux dans la tête

une pensée debout
devant son ombre
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Quand l'ampleur du paysage donne l'impression d'aller à perte de vue, le regard éprouve l'infini...
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On naît homme, puis on le devient.
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La Force des fédérés était dans leur élan révolutionnaire, et l’erreur fut sans doute de vouloir discipliner cet élan au lieu d'essayer d'en faire surgir une forme originale d’organisation.
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Tout au long du XIXe siècle, l'État a fait faillite sous les noms successifs d’Empire, de Royauté, de République et à nouveau d’Empire. Depuis la Révolution de 1789, l'État ne saurait, pour le peuple, avoir que trois principes : “Liberté, Égalité, Fraternité“, or chaque État ne fait que développer, aux dépens du peuple, un esclavage économique, pire peut-être que l'ancien pouvoir absolu. Donc l'État est mauvais, quel qu'il soient, à moins qu'il n'émane directement du peuple et ne reste sous son contrôle permanent. La Commune va essayer d'être cet État là : un gouvernement direct, responsable et révocable. 
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Le regard monte vers la crête que dentelle la cime des arbres. Et soudain, cette ligne brisée est une présence. J’en suis tout ému. Mais de quoi ? me dis-je bientôt.
Ce doute ramène le regard dans mes yeux. Pourtant, alors même qu’il se retrousse, voilà qu’il se prend aux branches nues d’un arbre tout proche : branches hérissées de fines brindilles.
Si peu de temps dure cela.
Et parmi les nervures, je vois le bleu du ciel.
     
Le bleu. Le bleu. Le bleu.
     
Le bleu est ce qui touche à tout.
En lui, chaque chose est à la fois dans son isolement et dans l’intimité de toutes les autres. …
     
Comme s’il y avait sous la peau le bleu du ciel.
Sous la peau, sa claire substance, et le monde au milieu, et le regard partout.
     
(La pensée des yeux)
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Le désert, pareillement, offre l'infini à celui qui marche mais sans lui permettre jamais d'entrer dans ce qu'à chaque pas il lui promet.
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Bernard Noël
Le bât de la bouche


Fragments
À Jan Voss .

Extrait 3

Parfois
ouvert à ce qui s’ouvre
je suis ce que j’écris
mais l’ouvert est trop vaste
pour ma bouche
Parfois
j’écris contre moi
j’écris mon nom sur mon corps
et ma peau voudrait se retourner

Les dieux sont bêtes
ils gardent notre vieille maison
pendant que l’immédiat s’écroule
dans l’idée
Entre les choses et moi
je vois la venue
du là
qui n’est jamais tout à fait là
Chaque mot maintient la distance
et pourtant dans chaque mot
je la mange
Le présent n’a pas de lieu
La source n’est pas dans la source
Je me dénombre
pour dérouiller mes yeux


/Revue Les Lettres nouvelles février-mars 1977
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Ceux qui agissent ont la chance de pouvoir être ce qu'ils font : ils plongent ainsi dans le temps qui est à la fois leur vie et leur élément. Le spectateur, devant ce bonheur-là, comprend que lui-même et la plupart des autres sont, par comparaison, des exilés du temps.
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– Que cherchez-vous ?
– Je voudrais pouvoir vous le dire sans mots.
– Comme on oublie ?
– Oui, comme parle l’oubli.
     

Je suis immobile. Un merle approche, me regarde, picore quelques miettes, puis se retire, très lentement. L’espace qu’il a d’abord rétréci, qu’il approfondit maintenant à mesure qu’il s’éloigne, cet espace est greffé à un autre, en moi : un volume d’attente, qui est aussi la confiance de l’oiseau. L’attente est une écoute : je suis tout prêt d’entendre une langue oubliée…Tout à coup, des mots, et, distinctement :
     
– J’ai perdu l’alphabet.
     
Une à une, j’entends les lettres dégringoler dans un lointain qui… Mais non, je m’aperçois que je suis toujours immobile, et que les mots, les bruits, sont un écho…Je me mets à écrire tout cela, en pensant remonter de l’écho à l’origine, mais il n’y a qu’un grand vide scintillant…et ma main, et mon désir, et mon ouverture à… à un espace vers lequel les mots devraient me porter, alors qu’ils n’en sont plus que l’oubli constaté…
     
L’oubli est la maison des dieux.
La mémoire est liée à la volonté ; l’oubli au seul regard, au regard pur. …
La mémoire s’éloigne de l’expérience, et déjà elle l’imagine…On ne crée pas avec la mémoire mais avec l’oubli.
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À l’abondance de sens que faisaient circuler l’éducation et les institutions culturelles succède la privation de sens organisée par le pouvoir et le culte de la consommation, toujours plus superficielle et par conséquent insignifiante. Désormais, nul besoin de main-d’oeuvre : les têtes d’oeuvre suffisent, surtout
si elles se laissent orienter vers la seule recherche utilitaire. Abêtissez-vous est le mot d’ordre secret : abêtissez-vous par la consommation du flux d’images qui, en coulant en vous, vous chasse discrètement de vous-même. Le pouvoir n’a pour plan social que la soumission. Il lui fallait autrefois des travailleurs,
des soldats, des fonctionnaires : ils ne lui sont plus nécessaires. Devenu économique, le pouvoir ne souhaite former que des consommateurs, et le consommateur idéal est un trou inconscient de sa condition qui avale, tantôt des marchandises, tantôt des ersatz d’informations. Cependant, les mercenaires chargés de la répression s’entraînent pour le cas où surviendrait une révolte…
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Bernard Noël
GRAND ARBRE BLANC
     
à André Pieyre de Mandiargues
     
à l’Orient vieilli
la ruche est morte
le ciel n’est plus que cire sèche
     
sous la paille noircie
l’or s’est couvert de mousse
     
les dieux mourants
ont mangé leur regard
puis la clef
     
il a fait froid
     
il a fait froid
et sur le temps droit comme un j
un œil rond a gelé
     
grand arbre
nous n’avons plus de branches
ni de Levant ni de Couchant
le sommeil s’est tué à l’Ouest
avec l’idée de jour grand arbre
nous voici verticaux sous l’étoile
     
et la beauté nous a blanchis
     
mais si creuse est la nuit
que l’on voudrait grandir
grandir
jusqu’à remplir ce regard
     
sans paupière grand arbre
l’espace est rond
et nous sommes
Nord-Sud
l’éventail replié des saisons
le cri sans bouche
la pile de vertèbres grand arbre
le temps n’a plus de feuilles
la mort a mis un baiser blanc
sur chaque souvenir
mais notre chair
est aussi pierre qui pousse
et sève de la roue
     
grand arbre
l’ombre a séché au pied du sel
l’écorce n’a plus d’âge
et notre cour est nu
grand arbre
     
l’œil est sur notre front
nous avons mangé la mousse
et jeté l’or pourtant
le chant des signes
ranime au fond de l’air
     
d’atroces armes blanches qui tue
qui parle le sang
le sang n’est que sens de l’absence
et il fait froid grand arbre
il fait froid
et c’est la vanité du vent
     
morte l’abeille
sa pensée nous fait ruche
les mots
les mots déjà
butinent dans la gorge
     
grand arbre
blanc debout
nos feuilles sont dedans
et la mort nous lèche
est la seule bouche du savoir
     
     
« La Face de silence » (éd. Flammarion, 1967 / P.o.l., 2002)
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"[...] Même le poème n'est pas définitif. C'est la différence avec autrefois. Quand il y a du récit, il y a du trajet définitif. Mais la fragmentation du poème chasse cette linéarité, ce fléchage temporel. Nous revoilà dans l'interminable, qui peut aussi s'écrire l'in-fini, et il invite chaque lecteur à défaire et à refaire. Si on impose un centre, on exclut le lecteur de son rôle.
On exclut la possibilité d'autres sens, d'autres lectures. Et le lecteur de sa capacité créatrice. C'est la chance du poème de pouvoir être lu, réinterprété."

(extrait de "L'impensable et l'insensé") - p. 34
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L'aligot est un plat qui, dans les années trente, n'était guère connu hors de l'Aubrac, sans doute parce que la tome fraîche nécessaire à sa confection ne voyageait pas.
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d'où ces immortelles cygnatures


Dante m'a toujours emmerdé ( Lope de Vega)
Laisse ta petite main près de moi ( Goethe)
Je vois de la lumière noire (Victor Hugo)
Quelle connerie (Valery)



POEME A DECHANTER (1968)
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L'art ne peut se relever d'être devenu marchandise, cette perversion du sens est irrémédiable. Dieu n'a jamais été à vendre : il est mort sans avoir été abaissé. Le sens a besoin d'aller vers quelque chose d'intact : dès qu'il se négocie, il se dégrade.
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La plus belle création de la Renaissance est la perspective, qui permet de représenter visuellement ce qui, jusque-là, n’était qu’une projection de la pensée. On a dit que si l’on retournait le point de fuite sur soi, on s’apercevrait qu’il donne sur la mort. En vérité, il donne sur l’oubli.
     

     
L’oubli ne détruit pas les parties de la mémoire qu’il absorbe : il les fait glisser hors du savoir et les change éventuellement en révélations.
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Tombeau de Lunven



3

tu as voulu démaquiller la mort
pour cela commencer par une image
tas de viscères en fleurs sur la poitrine
la tête au-dessus de la floraison
toute ahurie d’être restée intacte
plus bas trous dans la chair et os cassés
la bouche de la mort entre les jambes
plus loin tombé du dos un bout de chair
on en devine le gélatineux
et la fermentation bien avancée
ce que voient les yeux n’est que dans les yeux
disais-tu en te moquant de toi-même
on a le dégoulis mais pas l’odeur
cette fumée n’appartient qu’au cercueil
aucun moyen de la représenter
sauf à créer la charogne mentale
mais pas de mots assez avariés
pour singer justement la pourriture
il ne reste qu’à contempler l’image
se demander si la prémonition
dicta ceci sans écarter le saut
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Bernard Noël
approche 3


Extrait 3

repoussent la mémoire
ont des lèvres d’enfance
et des profils bleus
partagent l’avenir
comme fait à l’eau
le bras du nageur


disent jamais plus
s’environnent d’une lumière
sont la cause immédiate
du trop tôt
du trop tard


se lancent dans la plaie
débrident la douleur
et sa bouche obscure
posent le pas d’autrefois
dans le pas d’aujourd’hui
marchent sur les yeux


un peu de temps durcit
dans la bouche
c’est un nom
qui se tient debout
sur le nerf malade
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En tête


Extrait 2

   La poésie a trop chanté ; il faut qu’elle déchante et
trouve là le véritable chant. Quelqu’un disait : Mourir de rire et
rire de mourir… Je veux une folie sage, un gâtisme intelligent, et
un mauvais poème qui soit un poème mauvais. Je veux une
laideur qui soit plus belle que la beauté parce qu’elle aura réussi
à la comprendre.
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