Les Psaumes sont remplis d’appels où des croyants expriment à Dieu leur incompréhension, parfois leur révolte, et le conjurent de leur parler et de les délivrer :
Combien de temps, Seigneur, vas-tu m’oublier, combien de temps, me cacher ton visage ?
Combien de temps aurai-je l’âme en peine et le cœur attristé chaque jour ?
Combien de te temps mon ennemi sera-t-il le plus fort ?
Regarde, réponds-moi, Seigneur mon Dieu. [Ps 12, 2-4].
De tout temps, les croyants ont éprouvé le silence de Dieu, et les saints ne furent pas épargnés.
Dans les moments difficiles nous avons besoin de la présence d’amis proches. A l’heure du doute, les croyants peuvent alors faire mémoire de frères ou de sœurs, chrétiens ou non, qui les ont précédés et dont la vie généreuse ― donc évangélique ― donne foi en l’humanité et confère à la vie un sens et même une espérance. […].
Tous les croyants devraient avoir la chance de connaître des personnes qui, d’une façon ou d’une autre, pourront être pour eux des ambassadeurs de Dieu.
Le refus de Jésus de briguer ou d’accepter tout pouvoir s’exprime par sa volonté d’être le témoin d’un Dieu qui laisse les hommes libres et ne veux pas se substituer à eux dans l’accomplissement de leurs tâches. Une sentence rapportée par Luc, est à cet égard significative :
Du milieu de la foule, quelqu’un dit à Jésus : « Maître, dit à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui dit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »
Jésus ne veut pas régler les affaires humaines ni se, comporter en chef temporel, car il estime qu’il revient aux hommes de trouver leur propre chemin pour vivre entre eux selon l’Evangile qu’il annonce. L’une des raisons majeures de la discrétion de Dieu nous est ici confirmée : Dieu veut des hommes libres et responsables. Jésus, lui-même, si attentif à la volonté du père s’est manifesté comme une personne souverainement libre, ayant autorité et prenant des initiatives hardies.
Dieu crée l’homme pour qu’il soit le gérant de la création qui lui est confiée. Cela suppose que l’humanité ai confiance en elle-même et assume ses responsabilités sans attendre qu‘un sauveur face à sa place ce qu’elle doit accomplir. […].
La discrétion de Jésus, loin d’être un refus de s’engager, entend donc susciter l’action.
Un autre visage de Dieu
Le dieu dont Jésus témoigne n’est plus menaçant. Jean-Baptiste annonçait un Dieu qui punit, Jésus, lui, manifeste un Dieu de compassion et miséricorde. […]. Jésus bouleverse les idées reçues. Il se veut le témoin non d’un Dieu qui exige, mais d’un Dieu qui propose ; non d’un Dieu lointain, accessible par le truchement de médiations complexes, telles la Loi ou les coûteux sacrifices du temple de Jérusalem, mais d’un Dieu qui s’invite ; non d’un Dieu qui condamne, mais d’un Dieu qui fait grâce, d’un Dieu qui aime et protège toute vie sortie de ses mains.
Dieu n’est pour rien dans les malheurs qui accablent une grande partie de l’humanité. Les maladies font parties de notre condition mortelle. Il revient aux hommes de se montrer solidaires et de faire reculer la souffrance dans le monde. Qu’en est-il alors de la prière de demande, si présente dans les Evangiles ?
Quand intervient la ruine du temple de Jérusalem en 70, Paul est mort depuis environ six ans. Cet évènement est considérable pour les chrétiens, car il est le symbole essentiel du judaïsme. Ils peuvent dès lors y reconnaître un signe précurseur de la fin des temps, comme en témoignent les références qu’en font les Evangiles à cette époque dans la rédaction apocalyptique du discours de Jésus sur la fin du monde (P. ex. en Mc 13) Mais le temps passe et la parousie ne se produit pas.
Comment désormais comprendre l’histoire qui ne semble pas affectée par la résurrection du Christ ? Le Ressuscité est vivant, et pourtant il tarde à associer les siens à sa victoire.
Quand la Parole de Dieu se fait chair, elle se met en quête des hommes et des femmes qui ont soif et qui cherchent. Ainsi fait Jésus de Nazareth, ainsi fait le ressuscité : c’est bien le même.