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Citation de Erik35


Erik35
04 septembre 2017
Les vertus amoureuses de la fontaine excitent l'imagination des poètes, mais horrifient les missionnaires puritains qui se voilent la face et ne veulent pas y boire. La fontaine est le miroir de la fée, y regarder reviendrait à se perdre. La fontaine au milieu des bois est l'inverse du «bassin» à l'intérieur de l'église, ces fonds baptismaux où l'innocent est plongé et ces bénitiers où le chrétien se garde des démons en se mouillant le bout des doigts.
La symbolique de l'eau est réduite à sa plus simple expression, détournée par le christianisme qui condamne l’Ève tentatrice et l'eau vive. La fée à la fontaine se métamorphose en sorcière, l'amour en luxure, l'image devient mirage. Après le siècle d'or que fut le XIIème siècle dans le domaine de la pensée et de l'art en Occident, le renversement des valeurs est perceptible dès le XIIème siècle avec notamment Jean de Meung, le continuateur du Roman de la Rose (1270) qui prend le contre-pied du licencieux Guillaume de Lorris (1235). La «matière de Bretagne» s'imprègne d'images empruntées au christianisme. Dans le roman de l'estoire dou Graal, Robert de Boron introduit le personnage de saint Blaise, qui convertit Merlin.
La fontaine va peu à peu quitter l'espace sauvage pour s'intégrer dans l'espace clos des jardins, elle cesse d'être le lieu de rencontre entre les mondes, tout au moins dans la littérature officielle car le peuple n'a jamais cessé ses dévotions. A l'incompréhension et à l'ignorance des prêtres succède la fascination des folkloristes, qui redécouvrent au XIXème siècle des rites étranges. La fontaine redevient mystérieuse.
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