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Citations de Bernhard Schlink (862)


Apprendre, c’était un privilège. Ne pas apprendre quand on en avait la possibilité, c’était se montrer bête, enfant gâté, prétentieux.
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Seulement voilà : fuir n'est pas seulement partir, c'est aussi arriver quelque part.
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Elle aimait les cimetières parce que là ils étaient tous égaux, les puissants et les faibles, les pauvres et les riches, les gens qui avaient été aimés et ceux dont personne ne s’était soucié, ceux qui avaient connu le succès et ceux qui avaient échoué. À cela le mausolée ou la statue d’ange ou l’imposant tombeau ne changeaient rien. Ils étaient tous également morts, nul ne pouvait ni ne voulait plus être grand, et trop grand ne voulait plus rien dire. 
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Je voulais à la fois comprendre et condamner le crime d'Hanna. Mais il était trop horrible pour cela. Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension (...) Je voulais assumer les deux, la compréhension et la condamnation. Mais les deux ensemble, cela n'allait pas.
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Je n'ai pas manqué un seul jour du procès. Les autres étudiants s'en étonnaient. [...]
Une seule fois, Hanna regarda vers le public et vers moi. [...]
Parfois son chignon serré laissait échapper des mèches qui venaient boucler sur le cou et flottaient dans un déplacement d'air. Parfois, Hanna portait une robe assez décolletée pour qu'on voie le grain de beauté qu'elle avait en haut de l'épaule gauche. Je me rappelais alors que j'avais soufflé sur cette épaule pour en écarter les cheveux, que j'avais embrassé ce cou et grain de beauté. Mais ce souvenir, je ne faisais que l'enregistrer, je ne ressentais rien.
Tout au long des semaines que dura le procès, je ne ressentis rien : ma sensibilité était comme anesthésiée.
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Je songeai que quand on a laissé passé le bon moment, quand on a trop longtemps refusé quelque chose, ou que quelque chose vous a trop longtemps été refusé, cela vient trop tard, même lorsqu'on l'affronte avec force et qu'on reçoit avec joie.
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Quand j'écoute Bach, j'ai le sentiment que la musique contient tout, le léger et le lourd, le beau et le triste, et qu'il les réconcilie.
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En RDA, il y avait des plans de « Berlin capitale de la RDA » où Berlin-ouest n’était qu’une grande tache blanche, une terra incognita. C’est ce qu’est devenue pour moi la RDA après ma fuite : une grande tache blanche, une terra incognita. Elle mérite d’être étudiée mais ça ne m’intéresse pas.
(page 91)
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Elle combattait depuis toujours, non pour montrer ce dont elle était capable, mais pour dissimuler ce dont elle était incapable. C'était une vie dont les élans consistaient à battre vigoureusement en retraite, et les victoires à encaisser de secrètes défaites.
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[...] ... Quelquefois, Hanna remporta une sorte de succès. Je me rappelle son interrogatoire sur les sélections dans le camp. Les autres accusées nièrent avoir jamais rien eu à voir avec cela. Hanna reconnut si facilement y avoir participé, non pas seule, mais comme les autres et avec elles, que le président jugea bon d'insister.

- "Comment se déroulaient les sélections ?"

Hanna expliqua que les surveillantes s'étaient mises d'accord pour retirer dix déportées de chacun des six groupes de même effectif dont elles avaient la responsabilité, soit en tout soixante déportées, mais que, l'état sanitaire pouvant être très différent d'un groupe à l'autre, c'est finalement en commun qu'elles décidaient qui serait renvoyé. [= à Auschwitz et à la mort.]

- "Aucune d'entre vous n'a refusé de procéder ainsi, vous avez toutes agi en plein accord ?

- Oui.

- Vous ne saviez pas que vous envoyiez ces détenues à la mort ?

- Si, mais les nouvelles détenues arrivaient, et il fallait que des anciennes leur laissent la place.

- Donc, pour faire de la place, vous avez dit : toi, toi et toi, vous allez être renvoyées et mises à mort ?"

Hanna ne comprit pas ce que le président voulait lui demander.

- "J'ai ... Je veux dire ... Qu'est-ce que vous auriez fait ?"

Il y eut un moment de silence. Il n'est pas d'usage, dans la procédure en vigueur en Allemagne, que des accusés posent des questions aux juges. Mais voilà, la question avait été posée, et tout le monde attendait la réponse du président. Il était obligé de répondre, il ne pouvait éluder la question ni la balayer d'une remarque acerbe ou en posant lui-même une question en contre-feu ; c'était évident pour tout le monde, y compris pour lui, et je compris pourquoi il avait choisi ce truc de prendre l'air irrité. Il en avait fait un masque, derrière lequel il pouvait se donner un peu de temps pour trouver la réponse. Mais pas trop de temps : plus il attendait, plus la tension montait ; et plus la réponse devrait être bonne.

- "Il est des choses dans lesquelles on n'a tout simplement pas le droit de tremper et qu'il faut fuir, si cela ne vous coûte pas la vie."

Cela aurait peut-être suffi s'il avait dit la même chose, mais en parlant d'Hanna, ou encore de lui-même. Parler de ce que l'on doit et ne doit pas, et de ce que cela coûte, cela ne répondait pas au sérieux de la question qu'avait posée Hanna. Elle avait voulu savoir ce que, dans sa situation, elle aurait dû faire, et non s'entendre dire qu'il y a des choses qu'on ne fait pas. La réponse du juge était désemparée et pitoyable. Tout le monde le sentit. On réagit avec un soupir de déception, et l'on eut un regard étonné pour Hanna, qui avait en quelque sorte gagné cet échange. Mais elle restait plongée dans ses pensées.

- "Donc j'aurais ... Je n'aurais pas ... Je n'aurais pas dû, chez Siemens, aller m'engager ?"

Ce n'était pas une question adressée au juge. Elle parlait pour elle-même, se posait à elle-même la question, en hésitant, parce qu'elle ne se l'était jamais posée, qu'elle doutait que ce fût la bonne question, et qu'elle en ignorait la réponse. ... [...]
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Il fit une pause. Devait-il ajouter qu'il était fier d'elle?
Mais il voyait venir l'échange où elle se dirait fière d'etre une Allemande, et il répondrait qu'on ne peut pas être fier de ce qu'on est, mais seulement de ce qu'on a le mérite d'avoir fait, et il n'avait certes pas mérité Sigrun. II décida aussi de ne pas lui dire qu'il était heureux qu'elle soit sa petite-fille; soit il lui manifesterait ce bonheur et elle le remarquerait en de nombreuses situations, et alors il n'aurait pas besoin de l'exprimer, soit l'exprimer ne servirait à rien là où il échouerait à le manifester et à le lui faire remarquer. Il ne souhaitait pas avoir d'autre petite-fille, il avait trouvé celle-ci et voulait la garder.
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Si l'on vit dans un pays sous un mauvais régime, on espère un changement, et un jour il advient. À la place du mauvais régime, un bon se met en place. Quand on a été contre, on peut de nouveau être pour. Si l'on a dû s'exiler, on peut revenir. Le pays, pour ceux qui sont restés et pour ceux qui sont partis, est à nouveau leur pays, le pays dont ils rêvaient. La RDA ne deviendra jamais le pays dont on rêvait. Elle n'existe plus. Ceux qui sont restés ne peuvent plus se réjouir. Ceux qui sont partis ne peuvent pas y revenir ; leur exil est sans fin. D'où le vide. Le pays et le rêve sont perdus irrémédiablement.
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Comme elle ne savait rien des auteurs, elle supposait que c'étaient des contemporains aussi longtemps que ce n'était pas manifestement exclu. J'étais stupéfait de voir la quantité d’œuvres anciennes qui peuvent effectivement se lire comme si elles étaient d'aujourd'hui.
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Qu’on vive en Allemand völkisch, en Allemand tout court ou en immigré devenu allemand, que les noces soient célébrées sur le pré, ou le mariage à l’église, ou que les Juifs brisent un verre à l’abri d’une tente – qu’est-ce que ça peut faire ? Laisse les gens vivre comme ils veulent, laisse-les vivre.
(page 314)
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 Les gens sociables vivent dans le présent, les solitaires dans le passé. 
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Le bois débité et empilé sentait. Pourquoi, se demanda Kaspar, le bois coupé sent-il si bon ? Parce que nous, les hommes, habitions dans du bois avant de construire des maisons en pierre ? Parce que nos premiers outils étaient en bois ? Parce que le bois est vivant, qu’il grandit et vieillit comme nous grandissons et vieillissons ?
(page 190)
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Il m’est arrivé ce que j’ai vu arriver en grand aux Allemands de l’Est après la chute du Mur. D’abord, ils furent joyeusement accueillis comme étant les bienvenus. Ils furent aussi questionnés avec intérêt sur ce qui s’était passé à l’Est et comment ils avaient vécu. Mais on les interrogea comme on interroge quelqu’un qui rentre de voyage.
(page 110)
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Puis, contemplant l'écriture d'Hanna, je vis combien d'énergie et de lutte lui avait coûté d'écrire. J'étais fier d'elle. En même temps, j'étais triste pour elle, triste de sa vie retardée et ratée, triste des retards et des ratages de la vie en général. Je songeai que quand on a laissé passer le bon moment, quand on a trop longtemps refusé quelque chose, ou que quelque chose vous a trop longtemps été refusé, cela vient trop tard, même lorsqu'on l'affronte avec force et qu'on le reçoit avec joie. A moins que le "trop tard" n'existe pas, qu'il n'y ait que le "tard", et que ce "tard" soit toujours mieux que "jamais". Je ne sais pas.
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Il s'assit sur un banc à côté d'un couple. Les deux vieux étaient assis là sans parler, elle avait posé sa main sur celle du monsieur. Est-ce que cela existerait encore une fois pour lui : être assis avec une femme sur un banc, main dans la main, échangeant des paroles ou pas ? Lorsqu'il essaya de se l'imaginer, ce fut Birgit qui fut assise à côté de lui, Birgit qui continuait de lui manquer, quand il se levait tôt et n'avait pas à le faire sans bruit, quand il rentrait à la maison et ne pouvait pas lui raconter sa journée, quand en mangeant il voyait la place vide face à lui, quand en dormant il étendait le bras, la cherchait et ne la trouvait pas. Mais parfois il se rendait compte avant de s'endormir que de toute la journée il n'avait pas pensé à elle. Quelquefois il arrivait même qu'il ne repense à elle que le lendemain matin. Il voulait la garder dans sa vie. Elle s'en retirait.
(p.324)
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Mais, au bout d’un certain temps, mon souvenir d’elle cessa de m’accompagner. Elle resta en arrière, comme une ville quand le train repart. Elle est là quelque part, derrière vous, on pourrait s’y rendre et s’assurer qu’elle existe bien. Mais, pourquoi ferait-on cela ? P 99
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