AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Cielvariable


Nous sommes tous les cinq dans la voiture, Sylvia, nos deux enfants, le chien et moi. Il grêle si fort que toute la carlingue résonne comme une batterie : caisse, grosse caisse, cymbales ride, charleston et crash, et puis le tom basse. Je monte le son pour couvrir ce déluge angoissant et la musique de Dire Straits se mêle au concert du cyclone : le saxo suave de mon enfance semble avoir été enregistré pour cet instant. La fin du monde. Nous traversons un paysage de tempête blanche aux voitures arrêtées sur le côté, contrôlées par les brigades du nouveau régime. Un homme de mon âge, la cinquantaine, ouvre sa portière. Je vois son regard effrayé sous la capuche de son imperméable. Il montre ses papiers à la police écologique, reconnaissable à son uniforme vert. Son véhicule disparaît dans mon rétroviseur. Puis, après avoir roulé longtemps ainsi, la neige s’arrête et la lumière revient.

Telles sont les images qui me reviennent de cette époque, lorsque le temps s’est déréglé, que le nouveau pouvoir s’est installé et que beaucoup ont dû fuir. Nous étions de ceux-là. C’était il y a longtemps.

Cette histoire est mon histoire. Mais aussi celle de notre famille et de toute une génération. Elle commence à une époque où le désir d’accumulation de biens dirigeait encore le monde. Elle raconte le sursaut de conscience, lorsque, au bord de l’abîme, la France a ouvert les yeux des autres États sur la possibilité d’un futur sans pollution. Elle est le récit vécu des premiers jours d’une dictature écologiste, instaurée pour le bien du plus grand nombre. Mais n’est-ce pas ainsi que se justifient tous les régimes totalitaires ?
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}