Citations de Bertrand Gatignol (45)
Mundus nostrum catillum est
(Trad. : Le monde est notre assiette)
Dès son plus jeune âge, Emione développa un amour étrange pour les livres, alors que ses proches ne s'y intéressaient que pour allumer un feu.
Quand un ennemi est à terre, on l'achève. On ne lui laisse pas le temps de se relever pour préparer sa revanche.
Nous allons donner des promotions à tous les nobles-nés, notamment dans l'armée. Des postes honorifiques, des titres ronflants, des rémunérations somptueuses.
Peu importe ce que ça coûte. Mais pas une once de pouvoir réel. Je ne veux que des hommes neufs aux postes clés, des hommes qui me doivent entièrement leur ascension.
- Desdée ?
- Oui mon Petit.
- Maman dit que si tu ne t'étais pas enfuie, tu aurais pu être reine.
- Moi ? Peut-être... Desdéebaal... Mais cette vieille charogne de roi-dieu n'en finissait pas de mourir. Je voulais autre chose, je ne me voyais pas passer ma vie au milieu de ces barbares. De toute façon, ils voulaient un roi, pas une reine.
Desdée aimait les humain, elle ne les mangeait pas, ce qui faisait d'elle une originale dans la famille, presque une hérétique.
Déjà toute petite, elle aimait observer les danses des serviteurs humains et les reproduire dans ses appartements devant l'immense miroir que lui avait fait construire son père. Elle était d'une grâce peu commune pour une géante de cette taille.
Parfois en voulant éliminer un problème de façon précipitée, on élimine une solution.
Parfois, il s’endormait sur le sein de cette femme paysage, et elle le berçait doucement.
p.152.
Il aurait voulu crier la vérité, mais il comprit que personne ne l'écouterait.
"Tu ne dois jamais oublier qui tu es, petit.Tu es fils de Roi. Tu n'es pas un de ces misérables rampants dont la vie ne vaut pas tripette."
Tu es capable de beaucoup de choses, Lours, mais pas de te résigner. Tu as ça en toi...
- Il n'y a rien de plus dangereux que les idées toutes faites.
- Les dieux n'existent pas alors?
- Les dieux existent mais il faut parfois leur donner un coup de main
Depuis quelques générations, les membres de la famille naissaient moins grands que leurs parents et vivaient moins longtemps. Inquiet du phénomène, le roi Arrabaal, successeur du Roi-Dieu, ordonna à son chambellan de faire venir à la cour tout ce que le royaume comptait de savants, médecins et alchimistes, promettant la richesse à celui qui parviendrait à expliquer le problème, et à tous les autres une mort rapide.
Il y a des moments où l'absence d'ogres se fait cruellement sentir.
Aussi, quand elle lui annonça qu'elle attendait un enfant, il fut fou de joie. Il posait son oreille contre le ventre de son épouse, écoutant battre à l'intérieur le cœur de l'enfant à naître. [...] Pourtant, le dixième mois écoulé, l'enfant n'était toujours pas né, et le ventre de la reine continuait à grossir. "Ce n'est pas normal, disaient les femmes assemblées autour d'elle. Il se passe quelque chose d'étrange." Le Fondateur se mit à changer. Il contemplait fixement l'énorme proéminence qui déformait la robe de son épouse. Ses yeux se détournaient quand elle cherchait son regard. Et l'on voyait parfois son sourire inquiétant flotter sur ses lèvres quand était évoquée devant lui l'étrange grossesse de son épouse. "Ne vous inquiétez pas. Il sortira quand il sera temps, répondait-il alors. Il lui faut encore grandir."
Mais le nouveau chambellan baissa les taxes afin d’encourager les échanges, selon le principe qu’il valait mieux prélever un peu sur beaucoup que beaucoup sur très peu. Ce fut un temps béni pour le commerce.
J'essaie d'en faire quelqu'un de bien. Quelqu'un que j'aurais plaisir à connaître. Pas une sombre brute comme tous les mâles de cette génération.
p.138.
C'est bien ce que je craignais. C'est lui que tu aimes, pas moi. Les belles paroles, c'est facile, mais les actes, c'est autre chose. Moi, je t'ai tout donné, je me suis battu pour que nous ayons une vie meilleure. Et toi, qu'est-ce que tu me donnes, des mensonges ? Tu m'as trahi.
Il s'efforçait désespérément de paraitre prévisible et rassurant. Quoi qu'il fasse, on pouvait être sûr qu'il le faisait non parce qu'il le désirait, mais parce qu'il pensait que c'était ce qui paraîtrait adéquat aux yeux des autres Nobles-nés. Il tentait d'incarner à lui seul toutes les qualités et les défauts attendus d'un Noble-né. Mais loin de lever les suspicions, ses efforts ne faisaient que les renforcer : comment savoir ce que pouvait cacher une façade si consciencieusement construite ?
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