Un très grand merci aux éditions Intervalles et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce livre lors de l'opération Masse critique du mois dernier.
Après être passé près de la mort en voulant manger les légumes de son potager, Bill Carter s'est intéressé aux poisons infestant le sous sol de son terrain. Introspective légitime lorsque l'on vit près d'une des plus grandes mines de cuivre de l'Arizona.
Sans prétention, nous suivons l'enquête de ce père de famille, soucieux de son environnement et de ce qu'il en restera pour ses enfants.
Le style est sobre, clair et précis. Même les digressions sur les luttes au sein des réserves, les témoignages d'une vie de labeur au fin de l'Alaska apportent quelque chose à l'ensemble.
Il s'agit avant tout d'un témoignage, du récit d'un homme en quête de réponse, et les questions qu'il se pose, nous renvoie à notre propre perception du monde qui nous entoure.
Je dois avouer que , plutôt sensible à l'environnement, certaines questions qu'il pose ne m'avaient jamais traversé l'esprit ; alors merci monsieur Bill Carter pour ce livre.
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"Boom, bust, boom" est le titre original et peu se traduire par "Boom, faillite, boom", d’ailleurs un film documentaire est sorti avec un tel titre en 2016. Le sous-titre est plus parlant "Petite histoire du cuivre qui gouverne le monde" mais ne correspond pas au contenu réel du livre.
C’est un témoignage intéressant de la présence du cuivre dans nos vies et de son coût pour notre santé, notre économie et notre environnement. Après avoir été empoisonné par des légumes cultivés dans son jardin, qui a reçu il y a un demi-siècle de la terre tirée d’une mine de cuivre, Carter réfléchit sur ce métal, ses merveilleuses propriétés, son histoire dans l'évolution humaine et son omniprésence dans la vie contemporaine.
L'auteur Bill Carter explore globalement les questions minières historiques et modernes de l'Égypte à Bisbee, en Arizona, jusqu'en Alaska. En fait il se centre sur les enjeux que ce métal a eu dans l’économie des USA, y compris dans le cadre de la Conquête de l’ouest sur les indiens.
Il évoque les implications que l'extraction du minerai de cuivre a sur notre environnement. Carter relie les coins de son humble jardin aux salles de conseil d'investisseurs à Londres et aux mines de l'Indonésie. Il parle de la Loi minière de 1872 et des fortunes des PDG de l'industrie mondiale du cuivre de plusieurs milliards de dollars. Nous sommes face à une ressource qui est vitale mais a le potentiel de causer des dommages horribles et irrévocables à notre planète et à notre santé.
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Dans ce récit bouleversant, captivant, d'une force remarquable, on ressent totalement l'engagement de l'auteur qui a mis " ses tripes " dans l'aventure humaine dont il a été l'acteur, mais aussi dans l'écriture du livre qui est un message sur l'horreur des guerres, sur leur absurdité, et surtout sur les souffrances et la résistance des populations qui les subissent. Bill Carter a 26 ans en 1992, battu par son père dans son enfance, follement amoureux de sa compagne Corinna, qui vient de mourir, complètement détruit par cette perte, pour donner un sens à sa vie, il part en Bosnie, s'engage aux côtés d'une association humanitaire atypique, constituée de marginaux de multiples nationalités, pour venir en aide aux habitants de Sarajevo. Munis de nez rouge de clown, ils distribuent des denrées de première nécessité principalement pour la survie des enfants. Installé au cœur de la ville dans des tours partiellement détruites, il croise tous les acteurs qui gravitent autour du conflit, les autres humanitaires, les journalistes, les représentants de l'ONU, de l'Union Européenne , les soldats des forces d'interventions de divers pays, il en fait des descriptions sans concessions. Il partage le sort des Sarajéviens qui vivent sous les décombres, et risquent leur vie pour échapper aux tirs de snipers, à chaque fois qu'ils traversent une rue. Il se lie d'amitié avec certains et constate que malgré l'enfer dans lequel ils sont pris, la vie culturelle garde sa place, ils échangent des livres, des groupes de musique se produisent dans des caves. Apprenant que le groupe de rock irlandais U2 se produit en Italie, il lui vient l'idée de solliciter le groupe pour organiser des liaisons satellites afin de faire intervenir pendant les concerts des habitants de Sarajevo, qui viendront décrire sur les écrans géants leur quotidien sous les bombes, leur déchirement familiaux, la mort de leurs amis, et leur passion pour la culture, notamment pour la musique. Ainsi, après avoir surmonté de multiples obstacles, dans toutes les capitales d'Europe, des centaines de milliers de spectateurs prennent conscience de ce que subit la ville martyre, cette audience contribuera à obliger les pays occidentaux à redoubler d'efforts pour résoudre le conflit. Tout est très fort dans ce récit, depuis l'amour et le chagrin de l'auteur suite au décès de sa compagne, jusqu'à l'amitié avec les autres membres de l'association, et avec les Sarajéviens, en passant par les traversées périlleuses de la ville, les témoignages des massacres, jusqu'aux relations avec les membres de U2 pour faire aboutir son idée. Sans compter les analyses sur les raisons de cette guerre entre religions, ethnies, nationalisme, lutte de pouvoir des grandes puissances sur fin de régime soviétique, volonté de domination d'individus assoiffés de pouvoir(Karadzic, Milosevic) qui sont à la fois passionnantes et effrayantes, quand on pense que cela c'est déroulé, il y a moins de 30 ans au centre de l'Europe. Au delà du sujet difficile, la force du livre vient également de la belle écriture de Bill Carter, qui a également filmé et réalisé un documentaire produit par U2 qui portait le titre de " Miss Sarajevo ", titre dont U2 a fait une chanson, qui a été chantée en 1997 à Sarajevo. On trouve sur internet des images des interventions des amis de Bill Carter pendant les concerts. Les ailes de Sarajevo est le genre de récit que l'on ne peut pas oublier.
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Le titre ''Boom, bust, boom'' m'étant totalement incompréhensible (et n'étant jamais évoqué dans le texte pour en comprendre la signification), j'ai heureusement pu me baser sur le sous-titre pour savoir de quoi allait parler cet essai du documentariste Bill Carter. du cuivre donc. Ce qui est plus original que le pétrole (sur lequel j'ai d'ailleurs acheté un gros bouquin il y a quelques mois, il faudra que je le lise), les diamants ou le gaz de schiste. Car effectivement pour moi le cuivre c'est surtout les jolies casseroles de ma grand-mère… Mais non, le cuivre est à la base de tout, on en trouve dans les voitures, les téléphones, les éoliennes. Il en faut donc de plus en plus, et donc creuser le sol de plus en plus, et c'est là que Bill Carter s'est senti un peu concerné quand il s'est rendu compte que - en plus du fait que son jardin était contaminé - la mine toute proche risquait de rouvrir et de polluer toute la région. Tel Michael Moore et sa ville de Flint, Bill Carter nous parle alors de sa ville de Bisbee, Arizona, et enquête sur les entreprises minières des Etats-Unis, nous faisant voyager jusqu'en Alaska notamment où les saumons ont bien du souci à se faire au sujet des produits dangereux utilisés pour extraire le cuivre des sols.
Mêlant descriptions de ses voyages, dialogues avec des partisans ou opposants des mines et éléments documentaires, l'auteur nous offre une enquête très vivante et agréable à lire, à laquelle il aurait simplement fallu ajouter une ou deux cartes de localisation (voire quelques photos de mines et d'engins de chantier dont les descriptions sont impressionnantes).
Pourtant, je reste sur ma faim. Les mines, leur puissance financière et leurs risques écologiques, tout cela est très complet et intéressant, mais bien loin de faire le tour du sujet : quid de l'industrie, de l'utilisation concrète du cuivre, de son recyclage, de son histoire, de la situation dans d'autres pays, etc. ? Sans en faire un livre technique ou trop informatif, j'attendais, avec un tel sous-titre (trop) ambitieux, un ouvrage plus complet, pas seulement centré sur les mines américaines.
Enfin, une dernière remarque : le livre est paru en 2012 aux Etats-Unis, et seulement en 2017 en France. Pourquoi une telle durée, dans un monde qui va si vite ? Et justement, pourquoi ne l'avoir pas mis à jour, a minima en complétant quelques notes ? En effet, les données datent souvent de la fin des années 2000, et à plusieurs reprises sont évoquées des prévisions pour… 2015.
Malgré tout, un livre très abordable par tous sur ce métal méconnu, et qui laisse réfléchir sur nos choix de société.
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Lu dans sa version anglaise "Fools rush in" lors d'un voyage en Ex-Yougoslavie justement, j'ai trouvé que le thème était de circonstance. Mi témoignage, mi documentaire engagé, le livre rappelle qu'il est important de connaitre, ne serait-ce que pour se souvenir, ce qu'a été l'horreur de cette guerre pas si lointaine (j'étais alors enfant).
Petit clin d'œil, j'y ai également appris l'engagement du groupe U2 à cette époque lors d'un de leur concert.
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