AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Biz Fréchette (97)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Cadillac

Derek Lamothe est un Québécois des plus génériques. Pas qu’il est sans personnalité, bien au contraire, mais il représente tout à fait le Québécois typique. Il en incarne l’essence même. Du moins, à mes yeux. Avec une famille un peu éparpillée, pas particulièrement proche de son frère et de sa sœur, en couple mais pas marié, vendeur de voitures, grand amateur de hockey, il joue dans une ligue du samedi à défaut d’avoir pu percer professionnellement. L’annonce de la grossesse de sa copine est l’occasion pour lui de renouer avec son passé, ses origines. C’est que, voyez-vous, il est un descendant du fameux Antoine Lamothe, fondateur de la ville (aujourd’hui américaine) de Détroit. Les quelques jours de congé parental qu’il obtient sont l’occasion pour Derek de faire un road trip là-bas, vers cette ville avec laquelle il partage des liens plus importants qu’il ne l’avait jamais imaginé. Ce parcours presque initiatique lui permet de reconnaître son héritage, d’affirmer son identité et de visualiser l’avenir.



Donc, Cadillac est un roman assez court qui devrait plaire à tout le monde. Bien écrit, ayant un protagoniste avec lequel on peut rapidement sympathiser et qui est préoccupé par des questionnements que presque tout le monde peut comprendre. Aussi, j’ai adoré apprendre sur la ville de Détroit. Je me rappelais qu’elle avait été fondée par des Français (comme d’autres villes de la région) mais rien de plus. Et les connaissances générales de l’auteur Biz Fréchette ne s’arrêtent pas là. Il déborde sur la présence française en Amérique du Nord, l’apport autochtone, les origines du rappeur Eminem et plus encore. Et il réussit à tisser des liens entre tout ça. Wow !



Ceci dit, par moment, j’avais un peu l’impression que l’auteur forçait la note, qu’il nous obligeait à lire une leçon d’histoire. Ça m’agace quand je sens l’auteur derrière la narration. Ses messages. Pareillement pour sa morale. Tout le monde est gentil et serviable, tout le monde mérite le respect et la reconnaissance, etc. C’est vrai, tout ça, mais quand c’est souligné au gros crayon, ça me fait l’effet inverse et j’y crois un peu moins. Trop, c’est comme pas assez. Mais peut-il en être autrement ? À l’ère du multiculturalisme, apprendre à vivre-ensemble passe non seulement par le respect des différences mais la reconnaissance et l’acceptation de ces différences. Leur rôle dans notre histoire (que ce soit les commuanutés autochtones et afro-américaine) ou dans le futur à construire (toutes les communautés qui y participent). Je lis les romans de Biz Fréchette comme un message d’harmonie et d’espoir dans un monde imparfait, où la crise économique sévit et affecte des groupes en particulier, où le français recule dans une marée anglophone.
Commenter  J’apprécie          472
Naufrage

Naufrage est un roman qui me laisse ambivalent, c’est que mon opinion à son sujet changeait constamment. Il y a eu ce début que j’ai détesté et dont la mauvaise impression m’a accompagné un certain temps. On y rencontre Frédérick à l’hôpital, pendant que sa femme accouche. Et, au moment de couper le cordon ombilical du poupon, il perd connaissance. Je croyais que c’était une légende urbaine, que celle de l’homme qui faiblit à ce point. Y a-t-il vraiment des hommes à qui ça arrive ? Est-ce si répandu pour que tant d’œuvres y fasse référence ?



Heureusement, on passe vite è autre chose : Frédérick perd son emploi. Bon, il n’est pas renvoyé mais, à cause de restructurations (comme j’ai appris à haïr ce mot !), il est muté au service des Archives. Il garde son salaire et ses avantages (et la possibilité de continuer à assurer financièrement sa famille) mais ce n’est pas un changement positif et encore moins stimulant. Un analyste qui se retrouve à faire du classement n’a aucun défi à relever.



Cette mutation permet à Biz Fréchette, auteur mais également chanteur engagé, à dénoncer les absurdités du système en place, des mauvaises décisions et orientations du gouvernement (coupures, remaniements, etc.).



Et cette dénonciation passe de différente manière, en particulier par l’humour. Pas de blagues, ou très peu, plutôt par l’ironie des situations et les remarques sarcastiques qui peuvent passer inaperçues ou anodines mais qui sont cinglantes pour quiconque les comprend. Des dialogues percutants, quoi ! Les associations (ou fausses associations, antithèses) sont également employées. Par exemple, le Service des ressources humaines manque d’humanité, les employés y sont traités presque comme du bétail. Aussi, la description des employés est juste et peu flatteuse, tout le monde y passe, des secrétaires aux directeurs en passant par les adjoints. Et surtout quelle hypocrisie ! « - Si vous avez la moindre question ou le moindre problème, ma porte vous sera toujours ouverte. Adieu, monsieur Limoges. » (p. 16). C’est à peine si le directeur ne demande pas à Frédérick de refermer la porte derrière lui.



Ainsi, la critique sociale, du monde du travail ou des services gouvernementaux, elle m’a plu. Toutefois, après cent pages, on se dit que ça ne peut être que ça, l’histoire d’un type désabusé par son emploi.



Et, effectivement, j’avais raison. La fracture arrive. Je ne l’ai pas du tout vu venir et elle frappe fort. Elle change complètement l’idée que je me faisais du roman. Tout déraille dans la vie de Frédérick.



Cette nouvelle intrigue (vraiment nouvelle, au poitn où je me dis que Biz Fréchette aurait pu écrire deux histoires, l’une sur les déboires d’un employé insatisfait et une autre sur… l’incident et ses suite) est puissante, surprenante, bien amené considérant qu’il s’agit d’un sujet sensible, et dévelopé avec crédibilité. Je n’ai jamais rien lu de senblable, du moins dans un roman parce que j’ai déjà entendu des histoires pareilles aux nouvelles.



Malgré cela, j’ai gardé l’impression que cette deuxième partie s’est déroulée à la vitesse de l’éclair. Est-ce parce que je l’ai lue trop vite ou bien la narration avance à un rythme plus rapide ? Et que dire de cette fin qui n’en est pas vraiment une ? Les amateurs de happy ending n’aimeront pas mais je crois que c’est approprié. Ce n’est pas tout le monde qui a beaucoup d’enfants et qui vit heureux jusqu’à la fin des temps.



Bref, sous les premières impressions d’un roman léger et drôle – quoique pertinent –, Naufrage cache des thèmes troublants, dérangeants, que certains lecteurs pourraient avoir de la difficulté à terminer.
Commenter  J’apprécie          430
Naufrage

Je voulais commencer en écrivant que ce roman comprend deux parties assez distinctes mais je préfère utiliser l’expression « deux romans en un » qui correspond davantage à l’impression qu’il me laisse. J’exagère un peu car les deux parties sont intrinsèquement liées, mais je m’en tiens à mon ressenti de lectrice : je n’ai trouvé aucun intérêt à cette première partie, tandis que la seconde m’a davantage plu, sans effacer toutefois le sentiment mitigé né dès le début du texte.

Nous commençons par faire la rencontre de Frédérick qui accompagne sa femme lors de son accouchement et perd connaissance en coupant le cordon ombilical. Nous le retrouvons ensuite alors qu’il apprend qu’il perd son poste actuel et qu’il est muté au service des Archives. Commence alors le récit de son inactivité dans les sous-sols de son entreprise, lui, l’analyste, à qui l’on ne confie aucune tâche, à qui l’on promet de donner un code d’ordinateur pour pouvoir travailler, à qui l’on assure des explications à venir sur la teneur du travail à effectuer. Bref, il doit classer, Frédérick, mais quoi et pourquoi, et quel sens donner à tout cela ? Il trouve le système absurde et cela finit par l’obséder. On sent qu’il approche du point de rupture et celui-ci prend une voie que l’on n’avait absolument pas devinée, c’est le début de la seconde partie et c’est un vrai coup de poing. Je n’ose pas dire un coup de génie car ça aurait pu l’être si l’ensemble du roman avait été meilleur, mais c’est en tout cas une partie qui m’a été plus agréable à lire et qui aurait pu être plus convaincante que la première. Seulement, cette seconde partie est très rapide et le sujet est survolé. L’idée est bonne mais traitée sans épaisseur. Comme si l’auteur tenait à écrire sur ce sujet mais n’en avait pas mesuré la difficulté. J’ajoute un dernier point négatif : je n’ai pas du tout été séduite par le style, mais alors pas du tout, et j’ai même été très gênée par le vocabulaire et les expressions québécois ; en l’occurrence je plaide coupable puisque j’ai moi-même choisi de lire ce titre en connaissance de cause, puissent les Québécois me pardonner ! Je termine sur une note positive : les chapitres sont entrecoupés de petits récits qui semblent détachés de l’ensemble mais font sens à la toute fin, très bonne idée ! Là, on tenait vraiment quelque chose… Dommage !


Lien : http://aperto.libro.over-blo..
Commenter  J’apprécie          330
Mort-Terrain

Un roman d’arrière-pays québécois, d’exploitation minière, d’écologie et de Premières Nations.

Sur la jaquette, on mentionne un roman « fantastique », un « thriller d’horreur », mais il ne faut pas s’y fier, le fantastique et l’horreur prennent peu de place et arrivent surtout à la fin du livre.



Il s’agit de l’histoire d’un jeune médecin en peine d’amour qui s’exile à Mort-Terrain, un village fictif du nord de l’Abitibi. La bourgade isolée vivote d’exploitation forestière après avoir connu des jours meilleurs grâce à une mine d’or fermée depuis plusieurs années. Une population de bûcherons et de chômeurs, une grande consommation d’alcool, une violence latente et un racisme envers la communauté autochtone voisine.



La clinique du médecin située dans le village des Premières Nations permet de survoler l’histoire : depuis la colonisation, la création des réserves et les pensionnats du vingtième siècle, mais aussi les fléaux sociaux modernes de l’alcool, de la malnutrition et les problèmes de santé qu’ils entraînent.



Lorsque le héros découvre que de nouveaux forages sont en cours, il constate la puissance des entreprises minières dont le droit au sous-sol prime sur la propriété du sol (le propriétaire légitime d’un terrain ne peut empêcher une minière de creuser des galeries sous sa maison ), et tant pis si la contamination de la nappe phréatique empoisonne votre eau.



Ne cherchez pas Mort-Terrain sur la carte, il n’existe pas et l’auteur mélange à dessein les repères géographiques. Mais les situations dramatiques qu’il concentre dans ce village existent réellement quelque part : les tensions entre les industries qui apportent des emplois et l’écologie qui détruit la nature, le racisme, le désespoir ou la violence des milieux isolés.



Et peut-être y a-t-il quelque part aussi un Wendigo qui apporte les cauchemars et implante le mal dans le cœur des hommes…

Commenter  J’apprécie          310
Naufrage

Il était une fois un gars heureux dont la vie a fait naufrage.



À l’aube de la quarantaine, Frédéric a une belle vie, une femme amoureuse et un petit garçon dont il est fou. Il travaille comme fonctionnaire, il est content de travailler fort pour le service public. Mais un jour, il est convoqué par les « ressources Humaines », son poste est aboli par une restructuration, on l’envoie aux archives. Le vrai travail archivistique est important, mais dans son cas, c’est un lieu où on « tablette » les employés qui jouissent d’un statut « permanent » qui empêche de les mettre à la porte. Ce n’est que le début du naufrage, il sera frappé par un drame personnel bien pire…



L’auteur manie une plume incisive et utilise des métaphores inattendues. Pour décrire les méandres de l’univers bureaucratique, l’auteur est sans pitié. Les personnages secondaires sont caricaturés et ses descriptions des lieux et de la société tiennent souvent de la charge mordante. Le ton change cependant dans la deuxième partie où le héros s’enfonce dans la tragédie, Biz réussit à exprimer les émotions, la stupeur, la douleur, le remords…



Un court roman, plus noir que rose, mais qui vaut la peine d’être lu.

Commenter  J’apprécie          280
Les abysses

Comment continuer à vivre lorsque son père est condamné pour meurtre et qu’on est harcelé par les médias ?



Jeune étudiante à Baie-Comeau, Catherine a du mal à survivre seule. Son père était son meilleur ami, elle partageait avec lui sa passion pour la chasse et la pêche.



En prison, le père passe le temps en dessinant des créatures luminescentes des fosses abyssales. On apprendra peu à peu ce qui lui a valu cette plongée dans les grands fonds et le surnom de « boucher de Baie-Comeau ». Il avait pourtant une petite vie bien tranquille, lui qui ne vivait que pour sa fille depuis le décès de sa femme morte en couches.

Un livre d’expériences humaines et de nature, avec un suspens qui tient du roman noir.



Une écriture recherchée mais accessible, qui manie la métaphore avec bonheur.



Un plus pour la couverture qui illustre bien les abysses, la noirceur et la lumière verte d’une bête qui survit dans un milieu hostile des profondeurs.

Commenter  J’apprécie          250
L'horizon des événements

Roman de critique sociale dans le milieu universitaire.



Un prof de littérature à l’université, un « bonhomme blanc » quinquagénaire et hétérosexuel. C’est un grand amoureux de Céline qu’il met au programme de ses étudiants. Il jette un regard sur ce qui se passe autour de lui.



Son propos tient de la caricature sarcastique et du règlement de compte avec les groupes de militants qui remettent en question les pouvoirs du « bonhomme blanc » : les revendications excessives des étudiants qui refusent les livres obligatoires sous prétexte que certains mots heurtent leur sensibilité, la multiplication des groupes de pression de crins et la virulence des attaques sur réseaux sociaux.



Le livre parle aussi de littérature, beaucoup de Céline, et d’œuvres qu'il ne faut pas juger d’après les opinions de leur créateur.



Une belle écriture imagée, un roman impeccable sur la forme, mais dont le propos ne m’a pas accrochée, moi qui n’ai pas aimé Céline.

Commenter  J’apprécie          220
La chute de Sparte

Steeve, un jeune Québécois de la rive-sud de Montréal, vit sa dernière année à l’école secondaire. Une année assez mouvementée. Pour lui, d’abord, qui connait les derniers tourments de l’adolescence. Mais pour les élèves et le personnel de l’établissement en général qui sont marqués par le suicide du quart-arrière de leur équipe de football américain, les Spartiates. Un héros est tombé et, avec lui, son équipe et le climat de l’école.



L’auteur, Biz, dresse un portrait plutôt réaliste de l’adolescence et de la vie dans une école secondaire. Quoique la vision qu’il en a est pessimiste, sombre à plus d’une occasion et cela dans des circonstances n’ayant pas toujours un lien avec le suicide du jeune quart-arrière. D’ailleurs, cet événement tragique ne survient que tardivement dans le récit. Donc, contrairement à ce que le résumé en quatrième de couverture le laisse croire, l’histoire porte davantage sur les tribulations de Steeve.



Ce personnage principal est très cultivé et surtout critique de la société dans laquelle il évolue. Dans les deux cas, peut-être un peu trop? À plusieurs moments, j’ai eu l’impression d’entendre davantage la voix et les opinions de l’auteur que celle d’un jeune homme de dix-sept ans. Mais bon, dans la catégorie littérature jeunesse, ce roman se démarque tout de même, entre autres par son style et par l'habileté avec laquelle y sont insérés une grande quantité de référents culturels.
Commenter  J’apprécie          212
Cadillac

À L'aube de la trentaine le grand-père d'une homme décède, sa conjointe devient enceinte et il découvre des liens généalogiques avec le fondateur de Détroit, ville où ses rêves de hockeyeur professionnel se sont éteints suite à une blessure majeure. Le cumul de ses évènements l'entraînera dans une visite de cette ville, sorte de pèlerinage. L'idée est bonne, les questions qu'aborde l'auteur sont pertinentes, l'écriture est vivante. Mais sur le fond, le traitement ne me semble pas à la hauteur. D'abord j'ai cru pendant plusieurs pages lire un dépliant touristique sur Détroit. Mais surtout, Biz a voulu mettre trop de choses dans un si court roman, à peine 92 pages. C'est peu pour aborder une remise en question majeure d'un jeune adulte, explorer les aléas des liens familiaux, réfléchir à la paternité, illustrer le racisme aux États-Unis, mettre en évidence la contribution des Français à la découverte de l'Amérique, déplorer les effets du colonialisme et aborder la place des francophones sur ce continent. Tout n'est qu'effleuré, rien n'est développé. Dommage car ce sont tous des sujets d'intérêt et l'auteur nous a prouvé ailleurs qu'il pouvait élaborer beaucoup mieux sa vision du monde qui est aussi percutante que bien campée.
Commenter  J’apprécie          200
La chaleur des mammifères

Roman constitué de trois parties renvoyant à une époque éteinte, il met en scène René McKay, professeur de littérature à l'université, qui vient de signer les papiers de son divorce. Il a 55 ans. Il est désabusé, envieux de la réussite ses collègues et de la jeunesse de ses étudiants qu'il critique allègrement, conscient de son marasme et de sa médiocrité. Il est en perte de sens, et vieillissant, de sa valeur sur le marché de la séduction, où il se sent déclassé. Le cynisme de ses propos nous faire réagir, tantôt nous choquant, tantôt nous faisant réfléchir, nous reflétant une part de nous-mêmes, de nos angoisses et de nos jugements. C'est la grève étudiante qui va le ramener sur la voie de l'évolution. En tout cas, j'ai juste une chose à lui dire, à René: j'ai aimé ça, moi, le fluo. C'était mon premier roman de Biz, et j'ai bien hâte d'aller lire les autres.
Commenter  J’apprécie          190
La chute de Sparte

Quel roman jeunesse! La réalité du secondaire y est dépeinte avec tellement justesse qu'il est impossible de rester insensible au quotidien des adolescents. La lecture de ce roman devrait être obligatoire pour tout adulte œuvrant auprès d'adolescents.
Commenter  J’apprécie          190
Naufrage

Biz, un auteur que j'aime bien. Un amoureux de la langue française. Un homme engagé, qui dénonce. J'ai toujours aimé le propos des chansons des Loco Locass, leur position politique. Je l'ai retrouvé un peu dans ce court roman, du moins dans le premier tiers du bouquin. Biz y dénonce l'absurdité des remaniements ministériels, des coupures qu'un gouvernement fait sans réfléchir et des fonds publics dilapidés d'un façon qui n'est pas toujours des plus judicieuse. Pour quiconque scandalisé par le mesures d'austérité de notre beau gouvernement, ce premier tiers du roman vous enragera plus encore.

Et puis, survient l'impensable, l'horreur. Et là, c'est une décente aux enfers. L'histoire vous happe, vous prends dans les tripes...

Un livre dur, mais un livre à lire.
Commenter  J’apprécie          170
L'horizon des événements

Elle est caustique, mais nuancée, cette critique de la modernité actuelle dans l'univers universitaire québécois. Vu de la lorgnette d'un prof de littérature, spécialisé dans Céline, et accessoirement aussi par trois de ses collègues blancs submergés dans leur département par les incontournables de nos jours: féministes, personnes racisées, autochtones, minorités sexuelles etc. On est toutefois loin d'un livre de dinosaures qui s'ennuient du bon vieux temps, sauf, bien sûr, lors de leurs discussions de tavernes . . .



En quelques deux cents pages l'auteur aborde avec lucidité et humour des thèmes aussi variés que le wokisme, la dictature des minorités, l'évolution sociale extrêmement rapide, les changements du paradigme universitaire etc. Ces enjeux sociologiques sont contre balancés par l'espèce de renaissance du narrateur dont l'histoire personnelle allège et approfondit à la fois le thème central.



Il y a tellement de références à Louis-Ferdinand Céline que j'ai regretté de ne pas avoir pu me rendre au bout du “Voyage au bout de la nuit” ni n'avoir rien lu d'autre de lui. Car l'auteur apostrophe régulièrement Ferdinand, lui suppose des réactions face aux aberrations qu'il expose, digresse de temps à autre sur son œuvre, bref s'en sert abondamment. Ce n'est pas agaçant mais, à la longue, ça titille la curiosité . . . Au total j'ai adoré, le mot est choisi, ce livre qui non seulement est écrit de façon lumineuse, mais surtout suscite une réflexion sur des débats de société actuels. Une perle.

Commenter  J’apprécie          161
Mort-Terrain

« Mort-Terrain. Totalement glauque comme nom de village. » Réflexion pas très rassurante pour Julien Daigneault, le narrateur, qui a quitté Montréal afin d’accomplir son stage de médecin dans le nord abitibien, pour la paie mais surtout pour décanter une peine d’amour récente. Sa plus grande découverte sera celle de la mythologie amérindienne entretenue par les habitants de la Réserve indienne accolée au village. Un monde méconnu du Québécois moyen, les deux univers n’étant pas poreux. Entre les luttes intestines de ceux qui souhaitent l’implantation d’une minière multinationale attirée par les gisements d’or souterrain et ceux qui prônent la protection de l’environnement, Julien devra trouver sa place au sein de la communauté, étroitement surveillé par l’un et l’autre clan.

Biz est un auteur engagé qui aborde, dans ses romans, des thèmes chargés émotivement et socialement. Mort-Terrain est son troisième d’une bibliographie qui s’étoffe peu à peu. Il offre un point de vue inspiré de la situation existant entre les nations amérindiennes et le Québec moderne. Un humour cynique parcourt le récit qui abonde en métaphores et en figures régionales. Un roman vivant et vibrant du début à la fin.

Commenter  J’apprécie          140
La chaleur des mammifères

Que faire à 55 ans lorsque la vie est plate, que les illusions se sont envolées, que le travail devient une corvée, que la famille a éclaté et qu'e l'on juge que la société va du mauvais coté ? C'est ce genre de personnage, prof de littérature, spécialiste de point-virgule, désabusé au cube, que l'auteur promène d'une déception à l'autre, d'un ricanement à de pathétiques tentatives pour donner un sens à sa vie. Aucun apitoiement sur soi ici, juste une prise de conscience implacable de la vacuité de son existence. Malgré la noirceur du thème, j'ai trouvé ce texte rafraichissant !



Car le regard sans compromis que pose le héros sur le monde qui l'entoure est d'une lucidité admirable. Que ce soit quant à la dégradation de la qualité de l'enseignement universitaire, du terrorisme des wokes ou de l'égoïsme dans les relations humaines, les réflexions sont toujours pénétrantes, même celles qu'on ne partage pas nécessairement. L'écriture est fluide, le vocabulaire riche, les propos caustiques et l'atmosphère, noire à souhait, enveloppe le tout presque jusqu'à la fin, fin qui m'a semblé détonner un peu trop du reste. Mais c'est un tout petit bémol par rapport à l'ensemble. Un auteur à suivre.
Commenter  J’apprécie          130
Cadillac

Cadillac, la voiture ou la naissance de Detroit, Michigan. Biz trace un lien historique entre cette marque mythique que son héros, Derek Lamothe, conduit de Montréal à Detroit sur l'autoroute 401, à la recherche de son ancêtre, Arthur Laumet dit de Lamothe, sieur de Cadillac et la colonie que ce dernier a établi sur les rives de la rivière Detroit en 1701.

Roman intéressant à bien des points de vue mais pas nécessairement le meilleur de Biz, dont les précédents contenaient plus de charge émotive.

Néanmoins, une lecture porteuse de réflexions sur la persistance du fait français en Amérique du Nord, du déclin rapide de villes industrielles comme Detroit ainsi que des revendications autochtones et afro-américaines. Ce territoire a connu plusieurs déchirements entre anglo-saxons, français et amérindiens tout au long de son histoire dans une fluctuation incessante de ses frontières et il est bon de se le faire rappeler de temps à autre.
Commenter  J’apprécie          130
La chaleur des mammifères

Roman psychologique dont l'action se déroule en 2012, alors que s'amorce le mouvement étudiant (les carrés rouges/ printemps érable) contre la hausse des frais de scolarité universitaires. L'antihéros est un professeur de littérature française désabusé, cynique, mal dans sa peau de cinquantenaire nouvellement divorcé qui retrouvera la flamme (au travail et en amour) grâce aux manifestations et à la grève étudiante.



Le personnage principal est peu sympathique, mais on arrive tout de même très bien à imaginer le désabusement d'un professeur de littérature à notre époque, face à des étudiants sûrs d'eux malgré leur ignorance et leur peu de culture et de maîtrise de la langue. C'est donc plutôt de la pitié que l'on ressent d'abord pour lui, même si on ne peut s'empêcher de juger sa propre médiocrité avouée. Dans sa vie personnelle, il est également plutôt pathétique, mais heureusement, on assiste à son "réveil" dans la troisième partie du roman, ce qui aide à l'apprécier davantage. Les thèmes abordés plairont certainement davantage aux lecteurs universitaires (le milieu est décrit de manière très réaliste), cinquantenaires ou en quête de sens.



Commenter  J’apprécie          110
Naufrage

Un chef d’œuvre. Plume enlevante, un récit qui fracasse l’âme. On y marche dans la peau du personnage principal comme si on vivait sa vie à travers lui. Sa vie qui lui échappe, sa chute, son naufrage. Dès la première ligne on ne peut plus y échapper. Un hurlement à la face de la société, de ses faux semblants et de ses errances. Exceptionnel.
Commenter  J’apprécie          1113
L'horizon des événements

De quoi peuvent bien souffrir Achille Santerre, prof de littérature, et ses collègues amis René, Stéphane et Gervais? Du syndrome du bonhomme Blanc hétéronormatif exacerbé par les adeptes du wokisme sévissant sur les campus universitaires nord-américains. L’Université de Montréal au Québec (UMAQ) n’y fait pas exception.

Biz remet en scène certains de ses personnages entrevus dans La Chaleur des mammifères, cette fois-ci aux prises avec la censure et la bien-pensance du milieu étudiant. C’est incisif, caustique et fort à propos. J’ai pensé au roman d’Abel Quentin, Le Voyant d’Etampes, de la même trempe mais transposé outre-Atlantique.

J’ai toujours grand plaisir à lire Biz Fréchette et sa prose corrosive teintée d’humour noir. Il propose dans son univers romanesque un portrait cinglant de nos travers sociaux et il fait mouche à tout coup. On rit (jaune parfois) mais toujours, on est incité à la réflexion et à l’analyse. Un auteur d’actualité doué, que je suis assidûment depuis ses débuts!

Commenter  J’apprécie          100
Les abysses

Le roman se divise en trois parties à la chronologie inversée. Il part de la zone la plus profonde des fosses abyssales, la zone hadale (-11000 m), en passant par la plaine abyssale (-6000 m), pour finir par la zone photique (-200 m). C’est la remontée que l’auteur nous convie à faire, jusqu’à la lumière, la compréhension du drame qui s’est joué, ayant fait basculer inexorablement le destin de Catherine, jeune étudiante au cégep, élevée seule par son père, et de ce dernier, maintenant surnommé le « boucher de Baie-Comeau », et incarcéré pour une peine de dix ans à la prison à sécurité maximale de Port-Cartier. J’ai été touchée par la descente aux enfers de ce duo père-fille, psychologiquement bien rendue, particulièrement par celle de Catherine, qui perd pied entre les visites à son père, l’attention médiatique négative qu’elle reçoit, et les regards sur elle qui changent.
Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Biz Fréchette (486)Voir plus

Quiz Voir plus

Viviane Moore, Le seigneur sans visage

Quel est l'animal de compagnie de Michel ?

une hermine
un chat
une salamandre
un chien

15 questions
810 lecteurs ont répondu
Thème : Le Seigneur sans visage de Viviane MooreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}