Il y a d’autres vies que la mienne, d’autres mondes que le mien. Je vibre en pensant à la richesse des sentiments, de l’âme, du cœur de milliards de personnes.
Je pars en cavale dans mon univers fait de traits, de boucles, de vagues. L’écriture me déshabille. Je suis nue et je donne. Je suis moi et j’existe.
Notre vie n’est qu’une écumoire qui ne retient que les
instants forts, larmes de joie, larmes de peine.
Gouttes de pluie, point de rencontre entre ciel
et terre.
Éternel
Je me demande comment les gens font pour ne pas vivre dans leur tête et comment ils font pour vivre dans leur corps. Ils rient aux éclats. Ils parlent fort. Ils se font entendre. Ils se prennent par la taille. Ils dansent. Rien ne les arrête, pas d’obstacles entre eux et les autres. Le monde à travers mes yeux est un monde sensible. Je le vis de l’intérieur. Dans mon corps se trouve un toboggan sur lequel glissent les images, le bruit, les paroles. Ils font des loopings et sautillent, se croisent, se relient. Autour de moi, tout bouge, vit. Je me laisse absorber par les éléments. Je me sens attaquée. Il me faudrait un miroir des sentiments pour m’y retrouver, m’accommoder.
Hugo me fait manger de la barbe à papa, des roudoudous, des Bisounours, et je n’aperçois pas d’étoiles pour autant mais des trous noirs.
Nous ressentons la fragilité jusqu’au bout des ongles mais il nous suffit d’entrouvrir les doigts et d’y laisser passer le vent pour avoir l’impression de nous envoler. (...) L’exceptionnel n’est plus occasionnel. Il est notre norme. Hugo me fait connaître des sensations que je croyais irréelles. Il est mon histoire hors du corps, immatérielle, hors du temps, infini.
La science la plus fine est celle qui creuse l’imperceptible, et les non-dits.
La science du cœur ne se contentera jamais de rester à la surface des choses et des êtres.
« Lilly, la nuit
S’empare de ton regard
Pourquoi me vient-il des visions extraordinaires ?
Parce que les rêves errent. »
(...) je m’assois sur le siège en velours rouge face au piano noir ébène. Je le toise. Air austère. Costume noir et blanc. Il est splendide. Effrayant. J’hésite à y poser mes mains. Je me sens petite fille devant son maître, celle qui a rejeté les cours de solfège pour les improvisations sauvages. À son image. Je sors des photographies et des poèmes en guise de partition. Je mêle les sens. J’exprime l’invisible.
Je regarde par la fenêtre, la pâleur du ciel, le soleil triste, et je me fais la réflexion : Je connais le temps du ciel mais plus celui des hommes.