L'association des lecteurs et la rédaction d'Alternatives Economiques ont débattu le 8 mars 2012 avec Armand Hatchuel et Blanche Ségrestin, professeurs à Mines ParisTech, autour de leur livre: Refonder l'entreprise,.
Le droit est [...] asymétrique: faute de définir l'entreprise, il rend possible la réduction des objectifs de l'entreprise à ceux de la société (anonyme). En ne définissant ni l'entreprise ni la propriété des résultats communs, il autorise les actionnaires à se comporter de facto comme propriétaires de l'entreprise. Et en ne protégeant pas l'autorité des dirigeants, il n'empêche pas qu'ils soient transformés en simples agents des actionnaires. Dès lors, il compromet sérieusement le potentiel de progrès collectif incarné par l'entreprise. (p.68).
L'entreprise apparaît comme le premier collectif qui prend en charge à la fois l'activité innovante, son organisation et sa valorisation marchande. (p.29).
L'entreprise n'est plus une société chargée de gérer le patrimoine de ses associés. Elle ne se définit ni par ses associés initiaux, ni par l'objectif de valoriser les biens sociaux, ni par une technique particulière, elle se décrit comme une capacité de développement, sans limite quant à la nature des biens qu'elle produira, aux techniques qu'elle mobilisera ou aux personnes qui participeront à son aventure. (p.33).
Un nouvel "être collectif", l'entreprise. Celle-ci constitue un collectif inédit: elle implique dan un projet commun non seulement ceux qui apportent un capital initial, mais aussi ceux qui pourront développer dans l'action collective de nombreux potentiels. Sa cohésion renvoie à un projet d'innovation collective qui s'inscrit dans la durée et qui exige compétence, autorité de gestion et organisation. (p.15-16).
Au début du XXè siècle, l'entreprise moderne ne tente pas une vaine réconciliation du capital et du travail : elle veut les subvertir l'un et l'autre par un projet radicalement différent, celui d'une création collective appuyée sur l'innovation scientifique et technique, sur un ordre social solidaire et une autorité dédiée au bien commun. (p.45).
A la place des intérêts de l'entreprise, les dirigeants se sont mis à privilégier les intérêts des actionnaires. (p.18).
L'entreprise, dans sa conception moderne, est une invention collective qui date de seulement un siècle. (p.22).