Elle fut instantanément plongée dans le noir. Puis de minuscules points lumineux se mirent à danser derrière ses paupières, et la petite maison blanche près de la baie se matérialisa. Quand l'image fut parfaitement nette, la Fille Corneille fut prise d'un mouvement nostalgique, elle éprouva un désir violent de mer, d'herbe, de ruisseau, du lieu tout entier. Après quoi l'apparition s'évanouit, et l'obscurité reprit ses droits.
Sur la table, la bougie était à moitié consumée. Il s'appelait Alek, la nuit était encore longue, ses yeux roulèrent.
Son prénom résonnait toujours en lui lorsqu'il se réveilla. Alek. Ce prénom aux accents étrangers, âpre, radicalement différent de Dap qui pour sa part était d'une rondeur et d'une petitesse enfantines- pareil à une bille sur la langue.
"Il faut s'acharner à souhaiter et à espérer car alors, on finit par obtenir ce qu'on désire et espère. Même si c'est d'une tout autre façon que ce qu'on avait cru."
- Dis-moi, vous ne tondez que l'arrière-train de vos bestioles ou quoi?
- Non Monsieur, répondit Eidi poliment. Nous tondons le mouton dans sa totalité.
- Et vous la planquez où, alors, la laine propre?
Eidi ne put s'empêcher de sourire.
- Ici, dit-elle en tirant une balle de laine blanche.
- Tu te moques de moi, en plus?
- Non, Monsieur. je pensais juste qu'il est plus facile pour vous de constater par vous-même la propreté de la laine lorsqu'elle est parfaitement blanche.
Puis il se retourna et rejoignit la baie aux Corneilles, ce lieu auquel il appartenait, où il se sentait chez lui, où il avait décidé de rester.
Et puis elle m'avait expliqué que je devais m'imaginer la vie comme une longue, très longue journée. Finalement, le soir venait, on était fatigué et on avait envie de dormir. Le plus important, c'était de bien profiter de sa journée. Alors, on n'avait pas de regrets qu'il soit temps de se coucher.