"Cachalot" est un roman tour à tour aussi précis qu?Alain Bombard dans "Naufragé Volontaire" et aussi inquiétant que Lautréamont dans les "Chants de Maldoror".
« Vois ! Regarde ! Les images diffusées : ce camion blanc avançant dans la foule et dévorant les corps ; le conducteur relançant sa machine quand elle ralentit, détruisant la vie. Je ne sais pourquoi, j?ai absolument, tout de suite, associé le camion à Moby Dick»
L?attentat de Nice choque tellement l?homme qui parle qu?il s?embarque avec fièvre sur son voilier en Méditerranée et file vers les Açores à la recherche du monstre à terrasser, comme une image du mal qui ronge notre monde. Une odyssée en solitaire, où il parlera aux éléments, aux animaux et à des naufragés, morts ou vivants, avant de croiser son destin. Un voyage initiatique plein de fantaisie et de gravité, comme un conte philosophique.
Daniel Besace est né en 1970 à Brest. Devenu mousse à 16 ans, il fait le tour du monde comme timonier sur un navire militaire. À 27 ans, il marche de Bayonne à Saint Malo en quarante jours, expérience racontée dans Océan. En 1998, il fait le tour de la péninsule Ibérique à vélo, 5500 kilomètres en 55 jours. En 2005, il fonde la maison d'édition artisanale Carnets-Livres, qui a fabriqué 15 000 livres à la main.
Des exemplaire de "Cachalot" sont disponibles en spécimen de presse pour les booktubers qui souhaiteraient faire une critique du livre!
Une vidéo de Soraya Belkhiria et Aurélien Pontillo
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(8-11-1951) « J'ai toujours hâte que la nuit vienne, d'abord parce que ça fait un jour de passé, ensuite parce que je m'endors, m'en remettant de tout à la Providence, enfin parce que je ne vois pas les événements inquiétants. »
Cette espèce de passivité est assez typique de l'homme qui est resté longtemps tout seul ; il finit par ne plus dominer, mais par courber le dos en se demandant ce qui va bien lui arriver. Ainsi toute journée où rien ne m'est arrivé est une journée favorable.
2289 – [Le Livre de poche n° 368, p. 195]
Naufragés des légendes, victime raides et hâtives, je sais que vous n'êtes pas morts de la mer, que vous n'êtes pas morts de la faim, que vous n'êtes pas morts de la soif, car, ballottés sous le cri des mouettes, vous êtes morts d'épouvante.
De tous côtés, je recevais des demandes, plus ou moins sérieuses, pour m'accompagner. Les journaliste m'assaillaient.
Parmi les lettres, se trouvaient parfois de charmantes ou baroques idées; l'un me proposait de s'embarquer dans un but purement culinaire: il nous autorisait à le manger en cas d'échec de l'expérience. Un autre m'avouait qu'il avait tenté trois fois de se suicider; il me demandait de partir avec nous, estimant que j'avais trouvé là un moyen valable.
Un troisième m'offrait sa belle-mère comme passagère me proposant de commencer mes efforts de sauvetage, en repêchant un ménage de l'abîme où il tombait par la faute de cette douce créature.
Dans la nuit la pluie devint telle que je crus que j'allais avoir trop d'eau douce après en avoir si cruellement manqué, et j'écris : "Ce serait vraiment paradoxal d'être noyé dans l'eau douce : c'est pourtant ce qui va m'arriver s'il continue de pleuvoir comme il a plu. J'ai de l'eau au moins pour un mois. Quelles averses, Seigneur !"
Naufragées des légendes ,victimes raides et hâtives ,je sais que vous n'êtes pas mort de la mer, que vous n'êtes pas morts de la faim, que vous n'êtes pas morts de la soif ,car ,ballotés sous le cri des mouettes , vous êtes mort d'épouvante.
Nous devons quitter la Méditerranée pour rentrer dans quelque chose de beaucoup plus grand, qui me semble démesuré. L'Atlantique, cet océan qui a englouti un continent pour lui prendre son nom, que serait-ce pour lui de submerger notre frêle esquif!
Je reste encore ému, maintenant, en relisant mon journal des jours où je commençais à m'épuiser, car je vois progressivement mon écriture changer. La solitude y apparaît de plus en plus douloureuse, de plus en plus obsédante, et ce journal était devenu mon interlocuteur unique : alors que, dans les premiers temps, j'écrivais une page, une page et demie, maintenant je noircissais chaque jour de deux à trois pages et demie. J'écrivais peu à la fois, mais souvent. Je craignais pourtant de ne pas avoir assez de papier.
2288 – [Le Livre de poche n° 368, p. 191/2]
Naufragés des légendes, victimes raides et hâtives, je sais que vous n'êtes pas morts de la mer, que vous n'êtes pas morts de la faim, que vous n'êtes pas morts de la soif, car, ballottés sous le cri des mouettes, vous êtes morts d'épouvante. Ainsi ce fût bientôt pour moi une certitude : beaucoup de naufragés meurent bien avant que les conditions physiques ou physiologiques ne soient devenues, par elles-mêmes, mortelles. Comment combattre le désespoir, meurtrier plus efficace et plus rapide que n'importe quel facteur physique ?
Atlantique ,
Mardi 2,
Casablanca-las palmas ,
Mon canot de sauvetage , dont les possibilités de navigation avaient été niées par tous , me stupéfie chaque jour de plus en plus .
Mon anémie à l'arrivée sembla prouver que la vitamine B12 (facteur anti-anémique) ne se trouve en mer qu'en quantité restreinte.