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Critiques de Boris Bergmann (37)
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Déserteur

Déserteur est une œuvre singulière et alarmante, effrayante, même.

Déserteur, c'est la projection de nos peurs, à travers l'aventure informatique et désertique d'un hacker devenu programmeur de drones militaires, sorte de fonctionnaire de la mort à distance.

Dans ce futur tellement proche ou pas si lointain, ce sont les drones qui, désormais, mènent la guerre sainte contre les terroristes du Califat! Une guerre quasiment aseptisée, comme un jeux vidéo pour un gouvernement plus soucieux du zéro pertes chez ses soldats que du zéro bavures.. La fin justifie les moyens, avec les bénéfices en plus! Le financier technocrate à calculette et arguments marketing s'est substitué au général.

Le drone, expression de la démission de l'homme et de sa confiante cécité face à une intelligence artificielle toujours plus puissante et invasive: On est plus très loin du cauchemar des Terminator, et de l'être virtuel qui s'émancipe de son créateur.

C'est ce désert, au milieu duquel le narrateur nourrit ses drones, qui exerce sa fascination. le désert immuable et inhospitalier comme dernier refuge et ultime point de fuite lorsque toute révolte des soldats contre la machine s'avère vaine et vouée à l'échec.

Un livre qui fait froid dans le dos, mais plus qu'utile et passionnant à lire.

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Les corps insurgés



Dans son troisième roman, Boris Bergmann nous (ra)conte trois destins emblématiques, entremêlés par la même quête d'identité et cette volonté d'occuper une place importante dans ce monde



Il tisse, un peu comme le faisait un artisan des canuts, des liens entre ces destinées en apparence que tout éloigne et qui finalement sont liées par un même désir et quête de liberté trois mêmes visions d'une même passion.



Trois époques, trois exils, qui sont tous habités par une colère sourde qui les poussera à faire des choix qui scelleront à jamais leur destin.



Chacune de ces trois voix va livrer son propre combat avec une volonté farouche d’exister.



Raconter une histoire en trois époques, trois vies, trois destins qui s'entrelacent avec une plume imagée et puissante , voici le défi réussi de Boris Bergmann
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les corps insurgés

B.Bergman n'en est pas à son premier roman , et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a du talent, ancien pensionnaire de la Villa Medicis en 2018, il a déjà reçu quelques lauriers.

Ce bras et cette main qui se tendent sur la couverture rappellent "la création d'Adam" de Michel-Ange et démontrent la passion de 3 jeunes hommes, Lorenzo pour la Beauté, Baptiste pour changer le monde, et Tahar pour faire quelque chose de l'exil, en des lieux et des époques différentes.D'où l'universalité de la fougue de la jeunesse.

De leur enfance , au déroulement de leur vie avec toutes les vicissitudes rencontrées; on suit Lorenzo le jeune italien qui à l'époque de la Renaissance arrive à Rome puis au Vatican, baignant dans les oeuvres des Maîtres, qui brûle de passion de peindre et d'aimer jusqu'à s'y perdre.

Baptiste,parisien, jeune fils de bonne famille destiné à suivre les traces de son père, qui, en 1967 , s'encanaille et s'émerveille pour des pré-révolutionnaires, il casse son chemin pour le regretter plus tard et à quel prix.

Tahar , jeune garçon marocain banni par son père pour une faute dite d'honneur;il va connaître le périple misérable des immigrés.Alors que son avenir s'éclaircit, il chute, mais pourra peut-être se relever.

Tout cela est écrit avec fougue et passion, chaque vie racontée appelle à tourner la page.

Je comprends bien le dessein de l'auteur, être au plus près de ces jeunes gens , traquer les similitudes de leur désir, la construction du livre le prouve avec talent:

Chacun des 21 chapitres qui rappellent une partie du corps( la main, les seins, etc... )est composé de 3 parties consacrées à chaque jeune homme. : Lorenzo- Baptiste- Tahar.

Pour faire court, pour suivre les péripéties de l'un , il faut lire entre temps celles des 2 autres.

Si on a la chance de pouvoir lire longtemps: parfait, sinon je crains que ces chapitres morcelés demandent des efforts de mémoire assez soutenus...peut-être. D'où 4 étoiles.

Merci aux Edts Calmann-Levy et à NetGalley pour leur confiance renouvelée. Parution le 19/08/20



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Nage libre

Récit haletant d'un jeune des cités au sortir d'un bac qu'il n'a pas eu, échec qui se rajoute à une longue liste. Haletant car cet univers est oppressant. On est toujours aux lisières de points de non-retour. Mais Issa a un ami et se lance avec lui dans une nouvelle activité, atypique, qui le sort enfin de l'engrenage.

L'auteur décrit bien la métamorphose permise par cette opportunité saisie à bras le corps. Il cherche ses mots, avance à petits pas, et se place au plus près de cet anti-héros touchant qui survit tout en conservant une certaine ingénuité.

Une belle découverte.
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Nage libre

Dans le grand bain

Quand on a raté son bac, qu’on vit dans un quartier difficile avec une mère célibataire, l’avenir n’est pas rose. Issa réussira-t-il à s’en sortir ?



À 25 ans, Boris Bergmann nous offre déjà son quatrième roman. On se souviendra notamment de Viens là que je te tue ma belle, paru en 2007, alors couronné par un prix créé pour l’occasion, le Prix de Flore du Lycéen et de Déserteur paru en 2016. Cette fois le jeune homme s’est mis dans la peau d’un jeune métis prénommé Issa, un héritage du Mali d’où vient Fatumata, sa mère. De son père on ne saura rien d’autre qu’il a fui avant même sa naissance. À la périphérie de Paris, pas la banlieue chaude mais plutôt un «bourrelet tiède», l’horizon se résume aux barres d’immeuble et au désœuvrement. Quand, comme Issa, on ne veut pas sombrer dans la délinquance, il n’y a guère que les petits boulots pour essayer de seconder une mère qui connaît mieux que personne la chanson métro, boulot, dodo. Car Issa vient de rater son bac, sans espoir de rattrappage.

Fort heureusement, il n’est pas seul dans sa galère. Élie, son voisin, lui propose de quitter la Cité du Parc, bât. B, esc. 2, 3e ét., appt. 24C pour une nouvelle expérience: la piscine municipale.

Ce qui semble à priori un loisir comme un autre a tout d’un rite de passage pour Issa. Dans tous les sens du terme, il doit se découvrir, oublier sa pudeur et les interdits que les intégristes entendent lui faire respecter. C’est peu dire qu’il rentre avec appréhension dans l’eau. Mais il va surmonter le traumatisme et apprendre à regarder son corps et celui des autres, notamment celui des femmes. « Il saisit l’importanoe de ce premier pas vers le corps de l‘autre. Il a réussi, sans avoir le choix, à partager un peu de salive, de langue, de dent, de peau. C’est quand même son premier baiser. Sa passion naissante d’adolescent solitaire n’est plus confrontée à son propre vide mais à la passion d’un autre (…) Issa sent pousser en lui la plante commune – désir d’être désirable. » Et la métamorphose est spectaculaire. L’anxieux, le mélancolique, le résigné, l’envieux de son copain extraverti va avancer ses pions. Au fur et à mesure de ses progrès en natation, il va se transformer, tenter de dépasser ses propres limites, mais aussi celles que les ancêtres de Tombouctou veulent lui imposer en jufeant sa pratique sportive impure. Sa situation sociale ne lui fait plus peur, lui qui né « dans le tiroir du bas. Dernière petite tache de pourriture sur la carte de la capitale, en haut à droite. » Il s’enhardit à franchir le prériphérique, à répondre aux attaques des bandes qui hantent la cité, à venir en aide à Élie qui doit subir les coups d’un père violent.

Du coup, il s’inscrit à la formation de maître-nageur sauveteur. Un autre moyen de s’insérer… et d’épater les filles.

« Toutes ses lourdeurs tombent au sol, abandonnées comme de vieux vêtements sales. Profanation des certitudes, des évidences, des lacunes, des pauvretés, des temporalités. Tout chavire, tout se mélange… »

Boris Bergmann sait admirablement rendre compte de cette métamorphose. À l’inverse de Delphine de Vigan qui raconte une descente aux enfers dans Les Loyautés, ce roman d’apprentissage tente d’oublier le malheur et les drames pour nous montrer qu’une autre voie est possible. Mais le combat est rude. Ici, il n’est pas question de lendemains qui chantent, mais de petites victoires, d’une rencontre qui permet d’avancer encore un peu davantage vers l’émancipation. À tel point qu’on aimerait quelquefois pousser Issa, l’aider à faire de plus grands pas. Mais Issa avance à son rythme, mesuré mais déterminé. N’hésitez pas vous aussi à vous lancer dans le grand bain. Vous verrez combien cette Nage libre peut faire du bien.
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Nage libre

Encore un roman découvert grâce à net galley et cette fois ci, les éditions Calmann-Lévy :)

Ce soir, je vous présente : Nage Libre de Boris Bergmann.

L'histoire est simple : Issa vient de rater le baccalauréat.

Il est issu de la "zone", vit dans un HLM parisien et il se demande ce qu'il va faire.

Il va avoir l'occasion de sortir de sa zone grâce à Elie. Cette amitié va lui apporter beaucoup, dont peut-être un emploi de maître-nageur...

Sortir de cette banlieue ne pourra que lui faire du bien, lui faire découvrir de nouveaux horizons, et qui sait peut-être une vie autre que celle qu'il pouvait espérer...

Nage libre est un très joli roman, poignant, touchant et très très bien écrit. Je ne connaissais pas l'écriture de Boris Bergmann mais je le relirais avec plaisir.

Tout m'a plu dans ce livre, que je recommande chaudement, et à qui je mets cinq étoiles.
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Nage libre

Un livre plaisant à lire, le style est vivant, dynamique, et le personnage principal Issa est un jeune un peu paumé mais attachant.

Le livre démarre très bien, nous apprenons à découvrir Issa et son monde, une cité dans l'est parisien, sa mère originaire du Mali, son seul ami Élie, et ses doutes.

Le récit est très rythmé et l'on se laisse embarquer avec plaisir à la piscine du quartier aux côtés d'Issa et Élie.

A noter que les passages sur la natation et les sensations que l'on peut ressentir dans l'eau sont particulièrement réussis.

La découverte de l'eau va créer un déclic chez Issa qui va peu à peu prendre confiance en lui, cet aspect de l'histoire m'a bien plu.

La deuxième partie du roman m'a moins convaincue, certaines rencontres me semblant trop improbables, et l'histoire s'intéressant un peu trop systématiquement aux désirs sexuels d'Issa.

Une lecture plaisante tout de même, mais qui ne sera pas un coup de coeur comme j'ai pu le croire au début du livre...
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Nage libre

Que faire comme projets d'avenir quand on vient de rater son bac et que l'on ne fait pas partie des nantis de la République ?

Issa, musulman d'origine malienne qui a grandi dans la "zone", a été élevé par une mère célibataire cabossée par la vie qui a du mal à joindre les deux bouts en faisant des ménages. Mal dans ses baskets et classé dans la catégorie des asociaux par ses professeurs, Issa n'a qu'Elie pour ami. Nullement mieux loti que son camarade, Elie subit les brutalités de son beau-père, un juif ultra-orthodoxe qui s'avère être un tyran domestique d'une grande violence. Cachant sa souffrance derrière une assurance feinte, le jeune homme protège du mieux qu'il peut son ami Issa qui est le souffre-douleur des petits caïds de la cité.

Désoeuvrés et fauchés en cet été qui s'annonce particulièrement morose malgré le beau temps, Elie décide d'initier son ami aux joies de la natation. Au départ très réticent, Issa va bientôt surmonter son malaise initial et partager l'engouement de son ami pour la nage. Un sport qui va lui apprendre à maîtriser un corps dont il a honte et l'amener progressivement à apprécier la présence des autres ainsi qu'à vivre ses premières expériences amoureuses.

Pourtant, tapie dans l'ombre, une menace plane sur les deux amis.

Issa pourra-t-il échapper à l'emprise délétère de la "zone" et sauver son ami Elie d'un péril imminent ?



Poignant roman d'apprentissage célébrant l'amitié et la liberté, Nage libre nous entraîne dans l'univers abrupt des quartiers de relégation où la délicatesse et la poésie n'ont pas le droit de cité. de sa plume aussi caressante que percutante, Boris Bergmann distille un superbe souffle poétique à ce récit. En chapitres courts et rythmés, l'auteur brosse un portrait saisissant d'une jeunesse désabusée et en mal de repères qui cherche désespérément à sortir la tête hors de l'eau.

Si je devais résumer ce roman en une seule phrase, je dirais que c'est une bouleversante plongée en apnée dans les territoires secrets d'une amitié qu'aucune barrière ne peut briser.

Alors si le voyage vous tente, n'hésitez pas à vous immerger dans ce récit teinté d'espoir !

Je remercie Babelio et les éditions Calmann-Levy de m'avoir fait découvrir ce très beau roman.
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Déserteur

Le narrateur, un jeune prodige parmi les hackers, vient d’être recruté par l’armée pour programmer des drones. Il permet à l’armée de combattre efficacement l’ennemi tout en évitant à nos soldats français d’aller se faire tuer sur le terrain ; Les drones, pilotés par nos soldats à l’abri et loin de la guerre, se chargent de repérer l’ennemi puis de l’abattre. Sur le papier, tout semble propre, net, et surtout efficace. C’est aussi ce que pense le narrateur (« Pourquoi en vouloir à une machine qui prend tous les risques, même celui de mourir, à notre place ? »), qui méprise la crainte des soldats à l’encontre de machines qu’il croit pouvoir contrôler de son simple clavier. Jusqu’à ce qu’il côtoie de plus près ce monde où les drones prennent de plus en plus d’importance…



Son journal de bord nous éveille alors au revers de la médaille : Envoyé dans un désert du Proche-Orient pour s’occuper des drones, le narrateur constate que les soldats ont petit à petit été privés de leur rôle, des batailles pour lesquelles il se sont engagés : Ce sont les drones qui combattent l’ennemi sur le terrain, tandis que les soldats ont pour mission principale de veiller sur les locaux où ils sont précieusement entreposés. L’aversion des soldats pour les drones devient difficile à canaliser… A moins d’utiliser les drones eux-mêmes pour cela. Mais du coup, les soldats auraient-ils raison de se méfier de ces robots bourdonnants ? Car ils sont bien placés pour savoir comment ils opèrent et combien ils sont efficaces, vous épient et ne vous laissent aucune chance.



« Avant, le soldat qui tuait acceptait d’être tué. Il était bourreau et victime à la fois. Le drone n’est que bourreau. Caché derrière lui, le soldat tue mais n’est jamais tué. »



Dans le même temps, le narrateur se rend compte que ses programmes sont modifiés pour certains drones, qui semblent avoir une existence propre. Plus agressifs, plus menaçants, les drones deviennent lentement mais sûrement l’ennemi à abattre, le robot qui menace l’Homme et plus seulement les combattants adverses, ciblés. Et la paranoïa s’installe…



*****



J’ai bien aimé que le thème classique de la machine qui se retourne contre son créateur, alors même qu’il est sensé être le génie le plus à même de le contrôler, nous soit proposé à partir de technologies que l’on utilise actuellement. L’Homme demande au drone à tuer à sa place mais, en s’épargnant, il se désengage. En se désengageant, il tue plus facilement d’un côté, mais se sent inutile et lâche de l’autre. Et quand on se rend enfin compte que le système dérive, peut-on le quitter ? Ou bien est-il trop tard, les machines décidant déjà pour nous de ce que nous pouvons faire et ne plus faire ? Comment fuir cette guerre lente et inactive, enlisée ? Aucune rebellion ne semble possible : Les drones sont là, qui veillent sur leurs troupes…



Au delà de la question des guerres « dématérialisées », la plume directe et percutante de Boris BERGMANN nous incite à réfléchir plus largement sur la place que prennent les avancées technologiques dans nos vies et notre avenir : Saurons-nous garder le contrôle ? Abordons avec prudence ce que nous prenons pour un progrès, mais qui entrave toujours un peu plus nos libertés et notre humanité. Son scénario n’est pas poussé à l’extrême et c’est un thème classique. Mais il est implacable, offre une piqûre de rappel moderne et peut-être un point de vue nécessaire.



« Aujourd’hui, on manque de déserts au centre de nos vies et de nos villes, où même la nuit, ultime no man’s land, a été régulée, avortée de ses imprévus, de sa liberté. Le désert recule chaque jour un peu plus et personne ne peut mesurer la gravité de cette perte. »



Le fait que le message émane d’un informaticien convaincu renforce le propos de l’auteur. Surtout, ce qui est intéressant dans ce roman est le glissement, net mais progressif, du point de vue du narrateur : De l’informaticien convaincu ironisant sur les soldats « à l’ancienne » qui revendiquent le droit de retourner se faire tuer, il devient celui qui les comprend en vivant à leurs côtés, puis il se rend compte que la machine peut lui cacher des choses à lui aussi, et enfin qu’elle peut être incontrôlable même par lui et donc néfaste pour l’Homme.



« La soumission doublement pathologique - boulimique et aveugle - à la technologie est un déni de volonté. Elle prive d’acte donc d’honneur. On se désengage par les drones, on leur laisse le monopole de la peur. l’ennemi n’est pas celui que l’on croit, l’ennemi c’est le drone en soi. C’est pour ça qu’il a déserté : pour retrouver l’action. Il a déserté en lui pour éprouver qu’il revivra. »



Boris BERGMANN parvient très bien à rendre cet effet avec une écriture imagée, acérée, et un sens de la formule réjouissant. C’est pourquoi, malgré une fin un peu romanesque, je suis ravie de l’avoir découvert grâce aux masses critiques de Babelio et aux éditions Calman-Lévy.
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Nage libre

J'étais très curieuse de lire ce roman qui avait retenu l'attention de mon libraire et dont j'avais entendu parler en des termes très élogieux par une journaliste de France Inter. Il s'agit du quatrième roman d'un jeune auteur de vingt-six ans actuellement en résidence dans la prestigieuse Villa Médicis de Rome où, j'imagine, il compose son cinquième roman. Il a vécu une enfance parisienne dans le 19e arrondissement de Paris, seul avec sa mère.

Peut-être y a-t-il un peu de lui dans le personnage d'Issa qui vit dans une barre du même quartier avec sa mère. En ce mois de juin, celui-ci apprend qu'il est recalé au bac. Sa mère, Fatumata, femme de ménage d'origine malienne, est furieuse, elle crie, donne des coups. Issa ne proteste pas, il se terre dans sa chambre. Son ami Elie aussi a raté. Tous deux sont « citoyens de la Zone. Dernier îlot populaire d'un Paris désormais trop cher pour les gens nés dans le tiroir du bas. Dernière petite tache de pourriture sur la carte de la capitale, en haut, à droite. Même lavée, standardisée, sécurisée, embourgeoisée, starbuckisée, la ville se doit de conserver quelques bactéries dans son estomac.» Elie est le seul ami d'Issa. Il est arrivé plus tard dans la cité, il a eu une autre vie avant, il connaît autre chose mais Issa ne sait pas vraiment quoi. En tout cas, c'est l'été et Elie propose à Issa un truc impensable : quitter la Zone, le territoire où « on involue. On rêve vers le bas.», échapper au carcan familial pour... aller à la piscine. Issa résiste : il a de mauvais souvenirs de ce lieu où l'on doit exhiber son corps, c'est d'ailleurs en séchant les cours de piscine qu'il a fini par ne plus mettre un pied en maths ou en français. Mais bon, Elie a l'argument qui touche : il y aura des filles. Métaphore de la société, la piscine est un lieu où il faut se plier à des codes, des lois qu'un enfant de la Zone ne possède pas forcément et auxquels il va devoir se soumettre pour être accepté. Y parviendra-t-il ? Quel sera le rôle de l'ami dans cette aventure en lieu inconnu ?

Ce roman est l'évocation d'une renaissance, d'une métamorphose : Issa, l'adolescent mal à l'aise dans la société où il vit, apprendra à aimer son corps, à se sentir bien dans l'eau libératrice, à regarder autour de lui, à considérer le monde autrement. C'est aussi un éveil à la sensualité, au désir, à la sexualité. Mais surtout, Nage libre exprime avec beaucoup de beauté et de sensibilité une histoire d'amitié forte et belle dans un monde dur, plein de haine et de misère, où la religion sépare les êtres, les enferme et les rend malheureux.

La phrase, pleine de poésie, est courte, acérée, rythmée, elle est le souffle puissant, presque lyrique, de garçons en fuite qui cherchent à échapper au ghetto parce qu'ils refusent d'y faire leur vie. Une ode à la jeunesse, à la liberté et à l'amitié. Une belle découverte.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Déserteur

Collaboration contre résistance.

Le roman se passe de nos jours, comme le prouvent les technologies utilisées et le contexte historique. Pourtant, j’ai eu l’impression que rien n’avait changé depuis la seconde guerre mondiale, du point de vue de ce qui pousse ou non un homme à s’engager.

D’ailleurs, qu’est-ce que s’engager ?

S’engager pour ou contre ? Le narrateur anonyme s’engage non pour une cause, mais contre ce qu’il a fait jusque là, à la suite d’une déception sentimentale – comme beaucoup de jeunes hommes de ces années d’occupation (voir, par exemple, le film Lacombe Lucien). L’utilisation de la forme désuète, presque féminine du journal intime étonne de la part d’un homme qui a fait des nouvelles technologies son quotidien. Manière de montrer le caractère périssable des données informatiques ? Leur obsolescence programmée ? Comme si l’écriture était sa dernière part d’humanité.

Ce qui se dégage ? La solitude, immense, y compris au milieu des soldats, la solitude face à son écran, sa solitude depuis son enfance. Rien n’a pu la combler, même les mots ne le peuvent – alors, les codes, leur craquage, ou, à l’inverse, la programmation à outrance.

Ce livre est le récit d’une guerre où les noms, des combattants, des lieux, sont omis (comme pendant la première guerre mondiale), une guerre où tout semble virtuel, y compris les morts.

Dans quelle mesure est-on un combattant alors que l’on reste dans le virtuel ? J’aurai aimé que le ressenti des combattants soient davantage creusés, eux qui, finalement, ne sont pas devenus soldats pour vivre la guerre par procuration.

Ce journal montre que la guerre technologique, la guerre par drones interposés, est impossible. La guerre reste la guerre, en dehors de tout droit, de toute convention. Dans le centre opérationnel, le corps reprend ses droits de la manière la plus triviale qui soit. Je me suis parfois sentie très à l’étroit dans ce monde uniquement masculin.

Déserteur n’est pas un livre facile, il questionne le lecteur, pas seulement sur les motivations du narrateur, mais sur les guerres qui ne disent pas toujours leur nom qui sont menées actuellement.
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Déserteur

Tout d’abord, je remercie l’équipe Babelio et les éditions Calmann-Lévy pour ce livre obtenu lors de la dernière Masse critique Babelio ! C’est avec grand plaisir que j’ai découvert le plume de Boris Bergmann dans ce récit prenant.



Le récit – assez court – se passe dans un futur proche et est divisé en trois parties. La première raconte la vie parisienne du narrateur, hacker qui vit de ses méfaits mais qui va devenir un « honnête » citoyen en travaillant pour la Défense. Après quelques mois de travail bien fait, on lui propose de partir sur le terrain pour programmer les drones de guerre. La deuxième partie du roman se présente sous forme de journal, annoté jour après jour pendant les 4 mois que le protagoniste passe sur place. Il y raconte sa vie de soldat en marge des autres, la solitude qui l’étreint, les difficultés de la vie en communauté. Il dépeint cette guerre imperceptible et ce désert qui l’appelle sans cesse. La dernière partie est rédigée à la troisième personne et relate le voyage du protagoniste dans le désert. Le « Je » disparaît et prend du recul par rapport à son identité précédente.



Qui est le narrateur ? Nous ne connaissons jamais son identité de tout le roman. Tout ce que nous savons de lui, c’est ce qu’il écrit dans son journal sur sa vie, sur ce qu’il ressent et sur ses convictions idéologiques. A-t-on vraiment besoin du nom et prénom d’une personne pour s’identifier à elle? Ce roman nous prouve que non !



L’auteur a une plume très particulière : incisive et analytique, son écriture rend le récit à la fois bien réel – comme un accès direct aux pensées du personnage – mais aussi très poétique. Ses phrases sont des fragments : courtes mais percutantes. Même si le protagoniste a l’impression de rater la guerre en restant dans son camp au milieu du désert, le conflit est omniprésent dans le vocabulaire utilisé, dans les images proposées, dans les réflexions. Tous les élément de la vie du narrateur se rapporte à un combat, à une lutte, mais rarement à une victoire.



Le sujet traité par l’auteur pose déjà problème actuellement et risque de créer de plus en plus de polémique au fur et à mesure des avancées technologiques en la matière. Boris Bergmann nous parle de la problématique de l’utilisation des drones par l’armée, utilisation non seulement en tant qu’outil de surveillance, mais également en tant qu’arme contre d’autres êtres humains. Des soldats jetables qui évitent les pertes humains : mais comment une machine décide-t-elle de l’innocence d’une personne? Comment fait-elle la différence entre l’ennemi et l’allié? Comment les soldats de métier vivent-ils cette situation? Toutes ces questions et bien plus encore sont abordées et nous pousse à la réflexion. Un roman qu’on pourrait aisément qualifié de pré-apocalyptique.



Un roman percutant qui donne à réflexion sur la guerre du futur, une guerre déshumanisée, presque invisible pour la civilisation occidentale. Une critique de l’évolution de notre société sous forme de journal à la plume poétique et acerbe que je recommande vivement !
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Les corps insurgés

Trois jeunes hommes, nés à des époques différentes, rêvent de révolution. Lorenzo est un jeune peintre de la Renaissance italienne. Il est né en 1729, à Bomarzo, près de Rome, et est de condition modeste. Sa mère a confié son éducation au curé du village. C’est ainsi qu’il découvre la peinture, grâce à laquelle il veut changer la vision du monde. Baptiste est un lycéen, né à Neuilly, en 1949. Il est issu d’un milieu bourgeois. Il rêve de s’opposer au système et à ses origines. Enfin, Tahar est né en 1999, à Mohemmedia, près de Casablanca. Il a été éduqué dans un environnement religieux. Lorsqu’il a été mis à la porte du domicile familial, il a fui, en France. Des trois garçons, il est le seul à ne pas chercher la révolution, c’est la violence qui vient à lui.





Lorenzo est un être exalté, qui veut approcher la beauté avec tous ses sens. Baptiste est un jeune homme enflammé, qui n’est pas à sa place, dans son environnement social et familial. Tahar, au début, voudrait vivre en paix, il est en quête d’identité et se laisse porter par les personnes qui lui en donnent une, qu’elle soit réelle ou non. Les trois sont différents, mais ils sont poussés par l’envie de changer le monde, dans lequel ils vivent. L’Italien vit à l’époque de la Renaissance, il désire amoindrir l’influence du pape. Le Français grandit en pleine révolte de la jeunesse, en mai 68 : il ne veut pas rater sa révolution. En 2020, le Marocain subit le joug des traditions et des intolérances, toujours présentes. Alors qu’ils semblent vivre des moments n’ayant aucun rapport, chaque chapitre comporte un évènement qui correspond au fil directeur. Chacun éprouve des sentiments, des peurs, des rejets, des épreuves, des exaltations, des espoirs, etc. qui sont dissociables et pourtant si semblables. Ils vivent un chemin de vie parallèle, analogue par l’expérience, mais divergent, en raison des contextes distincts et de leurs personnalités.





La suite sur mon blog...






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Les corps insurgés

Ce roman lie inextricablement trois vies, créant des ponts entre la Renaissance, Mai 68 et notre présent, entre Italie, France et Maroc. Hymne à l'humanité qui confine parfois au philosophique, Les corps insurgés se lit avec avidité, un système d'échos et rimes ciselées accompagnant les mouvements des trois protagonistes que le lecteur suit avec une certaine curiosité détachée (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/08/18/les-corps-insurges-boris-bergmann/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Déserteur

Inutile de résumer l'histoire, la quatrième de couverture le fait très bien. Et puis j'aurais presque envie d'inviter les lecteurs à plonger dans ce roman sans trop en savoir. Parce que j'ai vraiment adoré ce livre. J'ai été frappée dès les premières pages par cette maîtrise ébouriffante de l'écriture ; l'auteur a la petite vingtaine mais il balance ses mots comme s'il avait 35 ans et qu'il avait déjà vécu plusieurs vies. C'est brut, c'est trash, c'est incisif, et c'est exceptionnel. Chaque phrase est chargée de cynisme – bouclier contre le désespoir ? – et ça balance, ça dénonce, avec une audace impitoyable et un culot absolument génial.

Dans ce roman écrit à l'acide, on attaque Internet et sa génération du « Big Brother » réciproque qui fonctionne sur le mode du « tout le monde m'espionne et j'espionne tout le monde. » Mais c'est surtout la guerre qui est accusée ici. Et qu'est-ce qu'elle prend dans la face, la guerre. Boris Bergmann nous questionne, nous bouscule, nous fait sortir de nos petits cocons : alors, dis-moi, c'est quoi la guerre pour toi ? Qu'est-ce que t'en penses ? Qu'est-ce que t'en comprends ? Il y a une véritable et puissante réflexion sur les drones, engins d'acier sans chair, machines de mort qui remplacent les hommes, qui tirent sur les hommes, qui tuent et sont tués à la place des soldats vivants. Mais c'est aussi un livre sur la science et sa toute-puissance aveugle qui pourrait mener à la dissolution de l'être humain, celui-là même qui l'a construit et qui lui a donné la vie. On rejoint ici l'un des thèmes les plus centraux de la Science-fiction : l'humanité annihilée par ses propres découvertes, créations, expérimentations.

J'ai d'autant plus aimé le livre lorsque débute le journal du narrateur. Se dégage au fil des pages une immense solitude que rien ne semble pouvoir consoler ni soigner, une sensation d'absurdité totale, de désordre incompréhensible dans un lieu où tout est pourtant réglé à la lettre, une incompréhension douloureuse de tout ce qui arrive alors qu'on est l'un des plus grands génies du hacking. Violemment mis à l'écart par les autres soldats qui ne le considèrent pas comme l'un des leurs, enserré par l'isolement, la peur et toutes ces choses qu'on lui cache, le narrateur n'a que les pages de son journal – seul objet non surveillé – qu'il noircit dans son coin pour avoir l'illusion de respirer encore, de comprendre des bouts de ce monde encore.

Même si c'est illusoire. Même s'il sait qu'il se ment.

C'est un texte plutôt court mais incroyablement dense où aucune phrase n'est de trop, où chaque mot est réfléchi, sculpté, et percute, cogne et gifle. L'écriture va droit au but et ne s'encombre pas de décorations. Elle est moderne, acérée, emportée mais aussi lasse, inquiète, désabusée. L'auteur a une réelle capacité à toucher vite et fort en jetant sur le papier le mot juste, le mot parfait. Quant à la fin, elle est tout simplement superbe : bouleversante, poétique, brûlante, apocalyptique.

C'est un livre terriblement actuel et percutant ; une vraie révélation pour moi. Et on ressort de cette lecture sonné, écœuré et livide. Un roman que tout le monde devrait lire pour prendre conscience des dangers réels de l'évolution technologique lorsqu'elle est mal utilisée… Pour tenter de stopper l'Homme avant qu'il ne détruise l'Homme. Même si depuis longtemps déjà le mal a commencé.

Merci aux éditions Calmann-Lévy et à Boris Bergmann pour ce magnifique moment de poésie.
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Les corps insurgés

La délicate et actuelle photo du bandeau du livre évoque « La création d'Adam» chef-d'oeuvre de Michel-Ange.

Boris Bergmann a écrit son troisième roman durant son année de résidence à la Villa Médicis à Rome.

Il conte l’histoire de trois destinées alternant époques et lieux.

Trois histoires entrelacées se font écho, conjuguées avec une partie du corps pour chacun des chapitres.

Le désir profond d’absolu.

Des corps qui se rencontrent.

Le feu de la passion les prend, ils succombent à la chair qui les en délivre, ou les brûle.

Les corps s’insurgent. Rébellion de la jeunesse. Découverte de la sexualité.

Des corps consumés qui se révoltent, puis s’enlisent.

Des personnages qui, confrontés à leurs démons, étreignent colère et rage. A tout prix, ils cherchent à donner du sens à leur vie.

Puissent-ils être sauvés par la grâce d’un regard. A moins qu’ils ne chutent.

*

En Italie à la Renaissance, Lorenzo, jeune paysan, se découvrant peintre prodige, est en quête de la Beauté à peindre, visionnaire, osant braver l’interdit.

« Pour lui, ce qui compte dans la toile, au fond, ce n’est pas le sujet mais la vibration de la lumière et de l’obscur : dans ce duel réside le sacré ».

« Il a besoin du toit et de toile. Esclave de son art et de ceux qui le font vivre, ces maîtres et ces prêtres qui à Rome sont souvent les mêmes ».

*

A Paris, Baptiste, lycéen, issu de milieu bourgeois, veut sortir du carcan paternel, se révolte contre le modèle parental qui l’étouffe ; les évènements de mai 68 couvent.

« Tout commence et va mourir dans la violence ».

« Trouble à l’ordre public. Il aurait préféré un meurtre, ton père. Au moins, c’est dans la Bible, ça n’a jamais fait de mal au monde ».

*

De nos jours, Tahar, jeune marocain, forcé à l’exil suite à un drame familial, est réfugié en France.

« J’entends battre nos cœurs, j’en entends les additions, tachycardie inouïe dans les vagues, glissant ensemble, laissant derrière les vies initiales ».

« Hassan a raison quand il dit que la malédiction des hommes, c’est d’être toujours en exil : on les renvoie sans cesse de leur bonheur à peine trouvé. »

*

Un rythme effréné et un style romanesque et sensuel, libre et original.

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Les corps insurgés

Quelle est la partie du corps qui facilite le plus la rencontre avec l’autre, avec les autres ? Celle qui permet le toucher, qui vous indique le chemin, la voie à suivre. Celle qui peut faire ressentir quelque chose lorsqu’elle serre, qui est la première porte du désir par la caresse. Celle aussi qui peut frapper, faire mal, faire exploser le monde en appuyant sur un détonateur. Cette partie est un tout et c’est par elle que commence le roman de Boris Bergmann : la main, celle qui a tenu la plume pour contourner chaque partie du corps en chapitre, le dernier s’élevant hors du corps : l’âme.



Lorenzo, Baptiste, Tahar. Ce sont ces trois hommes qui vont dessiner l’anatomie de leur destin. Tout les éloigne, distance et temps, et pourtant, ils ont tous quelque chose en commun : réaliser quelque chose, soit en cherchant la beauté, soit en renversant le monde, soit en donnant un sens à un bouleversement. Chacun empruntant une conjugaison particulière.



Lorenzo, troisième personne du singulier, nous plonge dans le passé, dans une Italie du dix-huitième siècle avec le pouvoir des prélats et du Vatican. Il est né dans un petit village, Bomarzo, mais suite à un acte jugé répréhensible par le seigneur des lieux, il est envoyé par le prêtre à Rome mais avec une recommandation pour un cardinal. Lorenzo a un don, il peint et de façon spectaculaire. Il va alors rechercher toute la beauté possible pour la retranscrire sur des toiles. Mais Rome le déçoit. Il se réfugie dans la prière jusqu’au jour où il rencontre une femme, une résidente d’un bordel. On ne tombe pas amoureux d’une pute, mais Lorenzo, si. Et il croit en cet amour. Jusqu’où la passion pourra-t-elle le mener ?



Baptiste, deuxième personne du singulier, est plus particulier. Né à Neuilly, habite un bel immeuble du XVI° arrondissement où rien ne lui manque. Matériellement. Car l’amour est bien absent. Dans cette famille traditionnaliste, le jeune garçon grandit et cherche d’autres repères, comme cette femme qu’il va suivre dans le V° arrondissement et où le lieu du Moineau deviendra un rassemblement pour celles et ceux qui rêvent de révolution. Il rencontre une jeune femme, électron libre et déjantée. Ils s’aiment et ensemble pensent refaire le monde à un an de mai 68. Mais quelques mois auparavant, la jeune femme est enceinte. Que va-t-il se passer à la naissance du fils ?



Tahar, première personne du singulier, est contemporain à notre époque. Il est né à Tanger, une vie qui se fond dans la société comme pour la plupart de ses concitoyens. Mais un jour son cousin Selim l’entraîne dans un acte jugé comme déshonorant pour le père qui le chasse, ne lui donnant que l’argent nécessaire pour le passeur. C’est le début de l’exil, la rencontre en Italie avec Hassan, la traversée des Alpes et enfin l’arrivée à Paris. Seul au monde. Dans un centre pour réfugiés, il fait la connaissance de Fiona, une jeune humanitaire qui va l’aider et l’aimer. Pour un temps. Ensuite, Tahar sera la proie potentielle de tous les rapaces, comment va-t-il résister ?



L’année passée à Rome à la Villa Médicis a été inspirante pour le jeune écrivain – déjà remarqué pour Nage libre – et offre un récit original teinté de philosophie. Original par la construction mais également pour la trajectoire des trois personnages, une triade que semble tout opposer et pourtant qui renferme bien des composants identiques. La partie italienne est personnellement celle que je préfère pour la référence latine et artistique mais le personnage de Tahar est certainement le plus émouvant. L’écriture est recherchée mais avant-gardiste tout en respectant le principe des belles lettres.



Quand les corps s’insurgent, les esprits émergent.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Nage libre

Ce roman narre l'histoire d'Issa, un jeune issue de la Zone (quelque part dans la banlieue parisienne défavorisée) qui est en quête d'identité. On n'a qu'une envie, c'est que Issa arrive à sortir de cette Zone qui le retient et l'oppresse. Il va être aidé par une amitié inattendue.

Je sors de mes lectures habituelles grâce à ce livre qui m'a été envoyé par Version Femina dans le cadre du Coup de Cœur des lectrices du mois de janvier.

Une écriture incisive, percutante, quelques fois poétique.
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Viens là que je te tue ma belle : Journal ima..





Viens là que je te tue ma belle est le premier roman de Boris Bergmann. En 2007, quand ce roman-tout-neuf reçoit le prix Flore du Lycéen, son auteur a seulement 15 ans. A l’époque, il paraît que la promotion du livre a vraiment tourné autour de cela, l’âge de l’auteur. Cet auteur si jeune et si… Bref. On disait qu’il était le nouveau Beigbeder. Sans rien savoir de ce livre, j’ai été attirée par le titre alors je l’ai acheté.



Viens là que je te tue ma belle est en partie autobiographique. Mais pas seulement puisque l’auteur précise bien qu’il s’agit d’un journal imaginaire. Soit. Peu épais, écrit gros avec des chapitres courts, très courts, Viens là que je te tue ma belle nous raconte l’histoire d’Isidore un collégien parisien de 13 ans qui découvre le rock et accessoirement, la vie. Isidore, le timide, le craintif, le mec effacé va devenir celui que l’on connaitra sous le nom d’Aldo. Aldo boit, baise, se bat et méprise le monde entier et n’a qu’un but : faire aux autres ce qu’il ne voudrait pas qu’ils lui fassent.



Le souci principal de ce roman est qu’il tourne en rond. Au final, Aldo ne nous parle que de ses soirées passées dans les salles underground de Paris. Musique, transe, alcool, filles-à-franges, mère-pas-contente, encore de l’alcool, encore des filles… Ok. Au final on comprendra une chose : à coups de répétitions sans intérêt qui semblent combler un vide immense, ce livre n’a aucun contenu et le peu qu’on nous propose sonne creux tant l’auteur semble vouloir se donner un style sulfureux.



S’il y a quand même un certain style qui pourra paraître intéressant aux yeux de certains lecteurs, voire prometteur, le tout est prétentieux, très cliché et j’imagine qu’à l’époque (il y a quand même 6 ans qu’il est sorti), son succès n’a été que le fruit d’un phénomène de mode.



A savoir malgré tout : l’auteur en est à son 3ème roman et apparemment, Viens là que je te tue ma belle va être adapté pour la télé.
Lien : http://cellardoor.fr/critiqu..
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Viens là que je te tue ma belle : Journal ima..

Est-ce bien raisonnable? Un si jeune auteur? Un pré-ado: 13/ 14 ans. Elève de quatrième à la conception, 14/15 ans à l’écriture et à la sortie! Immédiatement le prix de Flore des lycéens sous l’égide de Beigbeder, le grand mage littéraire de Saint Germain des Près.

Indications précieuses, situant d’emblée le contexte du jeune écrivain. Parisien, éminemment parisien, des beaux quartiers. Collégien, avec une belle petite plume et une grande spontanéité.

Comme vous et moi, comme tout le monde, il est à l’âge de la révolte familiale et des grandes découvertes personnelles, livrées à son journal intime, avec rage, prétention, enthousiasme, emphase et excès en tous genres

Il vient de découvrir le rock’n’roll, suit avec sa bande les concerts des groupes en vogue, Shades, Second Sex, Naast, fréquente les nuits des boîtes parisiennes à la mode, le Baron, le Gibus, le Tryptique, s’enivre à mort, se drogue, délire, sort avec des filles sans s’y attacher, bref, c’est l’éternel parcours initiatique des premières expériences, toujours brutales, violentes, décevantes mais nécessaires .

Sa différence? Il aime lire et il lit. Pour son livre «1000 mensonges», écrit après celui-ci, il cite Céline, Michel Leiris, les surréalistes, James Ellroy, Matthew Terrence, James Joyce. Mais c’est vrai qu’ il a désormais quelques années de plus

Le livre se lit à toute allure comme il semble avoir été écrit, en accéléré et au fil de la plume, avec beaucoup de lyrisme haineux et vomissant, à la Lautréamont. J’ai senti aussi l’influence de Bret Easton Ellis et de son héros aux pulsions criminelles de serial killer mais l’imaginaire domine et quelques éclairs dans l’écriture illuminent parfois la banalité des excès adolescents et l’inévitable état de provocation permanente qui caractérise ce genre de héros.

On verra bien par la suite, ce que vaut réellement comme auteur cet écrivain en herbe. Je lui souhaite la persévérance et l'inspiration des plus grands. Qu'il devienne un maître en littérature et non plus un disciple.
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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