Enfin on voulut arracher la langue à ce martyr du Diable : mais quelque constance qu’il témoignât en ses paroles, comme celui qui se disait plus constant et plus résolu que le Fils de Dieu, il découvrit bientôt qu’il lui fâchait de mourir. On ne put du premier coup que lui emporter le bout de la langue parce qu’il la retirait. Mais au second coup, on y mit si bon remède, qu’avec les tenailles on la lui arracha tout entièrement avec la racine. Ce fait, son corps fut jeté dans le feu, et ses cendres au vent, tandis que son âme alla recevoir aux Enfers le juste châtiment de ses horribles blasphèmes et impiétés.
Pour appuyer sa vision tragique de l'existence, Baudelaire invoquait volontiers Pascal. Debord met également les Pensées à contribution pour décrire l'atonie qui guette la jeunesse la plus libre, en l'identifiant à la suspension infinie du jugement et de l'action. (...) Ce n'est évidemment pas à l'illusion religieuse, ni à n'importe quelle aliénation, que Debord demande de couvrir le fond d'indifférence et d'ennui attaché à la condition humaine : à cette misère existentielle, il préfère trouver des dérivatifs plus conformes à l’éthique baudelairienne. La révolte contre l'ordre établi en est un.