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3.92/5 (sur 136 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Léningrad , le 16/01/1928
Mort(e) à : Munich , le 11/01/2022
Biographie :

Boris Khazanov (Борис Хазанов), de son vrai nom Guénadi Moisseevitch Fayboussovitch, est un écrivain, essayiste et traducteur.

Il entreprend des études de philosophie classique à l’université de Moscou qu’il ne pourra achever : en 1949, il est arrêté pour avoir participé à un mouvement de propagande antisoviétique et est condamné à huit ans de travaux forcés.

Libéré en 1955, il s’oriente vers la médecine et obtient son diplôme de médecin à l'Institut de médecine à Kalinine (Tver). Il exerce alors quelques années en tant que médecin avant de s’orienter définitivement vers l’écriture.

D’abord traducteur d’ouvrages allemands et français, il devient rédacteur en chef du "Khimiia i Zhizn" (La chimie et la vie) publie, sous pseudonyme, des articles via les samizdat.

Il émigre en 1982 en Allemagne et s’installe à Munich. Il a été l'un des cofondateurs et éditeurs du magazine russe Strana i Mir (Munich, 1984-1992). De 1983 à 1993, il a travaillé pour la Radio Free Europe.

Il a reçu en 1998 le prix "Littérature en exil" de la ville d’Heidelberg.

En marge de son activité de romancier, il a traduit en russe la correspondance philosophique de Gottfried Wilhelm Leibniz et d'autres ouvrages de théologiens allemands.
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Source : litteraturerusse.net
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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Du point de vue d'un être humain, l'affaire relevait de l'absurde. La répugnance et la tristesse que fit naître l'identification avec un pays enfant renversé d'un coup de poing par un bandit plongèrent Cédric non dans le désespoir, mais dans un état connu des malades mentaux : le sentiment d'irréalité. Comme s'il n'avait été jusqu'à présent qu'un spectateur, confortablement installé dans son fauteuil, fixant la scène où l'on représentait la pièce d'un écrivain d'avant-garde devenu fou : subitement, les comédiens descendent des tréteaux, un pistolet dans chaque main, et dévalisent le public. Or, incontestablement, le spectacle absurde dont le souffle naissait précisément de son invraisemblance totale, n'était pas une mystification, ni du délire, ni une fiction littéraire, mais la vraie réalité.

Chapitre 4.
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Dans cet article […] les lecteurs reconnurent sans peine le style flamboyant du célèbre penseur du Reich, Ulrich Lohe — qu'on appelait la " conscience du siècle " —, à l'époque général SS et directeur adjoint du Département des Recherches Théoriques au Service Principal de Sécurité.
« Cet effondrement, continuait Ulrich Lohe, était rendu inéluctable par les dix siècles de son histoire. Les fameuses Écritures — à la fois histoire de cette nation et credo par lequel (par e biais du Tout-Puissant) elle se proclame le peuple élu —, la peignent telle qu'elle est : un peuple élu de criminels, car il s'agit là d'une suite interminable de meurtres, de fraudes et d'incestes.
N'importe quelle autre lecture alternative de la Bible l'accablerait tout autant, car même si ce peuple y avait inscrit les commandements du bien (comme l'affirment ses avocats), il a été le premier à les violer. La malédiction qui le frappe consiste, entre autres, en ce que tout parle contre lui : aussi bien les preuves d'accusation que leur réfutation. Qu'on prouve cela ou son contraire, ce peuple, ce peuple n'en reste pas moins coupable.
Coupable du crime contre l'humanité pour avoir tué son messie Jésus-Christ mais également pour avoir fondé et propagé la christianisme. Coupable aussi bien du point de vue des chrétiens que de celui des athées. Souillé par le sang de l'Homme Dieu, il porte la responsabilité de l'avoir engendré tout autant que celle de sa non-existence, si cette non-existence est un jour démontrée. En fin de compte, la malédiction qui pèse sur lui consiste précisément en ce qu'il est coupable du fait même qu'il peuple la terre.
Après sa déchéance, il s'est infiltré parmi les nations pour y semer des graines de déclin et de décomposition, entreprise qui aurait réussi si les peuples nordiques ne l'avaient déjouée à temps. Ils ont percé à jour ces étrangers, vifs, rusés, débrouillards, extraordinairement vivaces, prodigieusement prolifiques, bien que physiquement débiles, avec leur front fuyant et dégénéré, leurs yeux fureteurs, leur long nez crochu ; ces individus enclins à la schizophrénie, au diabète, aux maladies des pieds et à la syphilis. Les jeunes nations européennes ont pris des mesures : en moins de deux cents ans, entre le début du XIVe siècle et 1497, ce peuple a été chassé d'Allemagne, de France, d'Espagne et du Portugal.
Pour une seconde fois, il fut alors possible de s'en débarrasser pour toujours, mais les nations n'ont pas profité de l'occasion. Grâce à leur débrouillardise congénitale, les Juifs ont vite rattrapé le temps perdu. Avec une énergie formidable, ils se sont mis à nuire partout où ils le pouvaient, en militant pour le progrès bourgeois, pour la démocratie, tout en consolidant leur puissance financière. Ils ont mis la main sur le commerce et les crédits : avec une perfidie bien calculée, ils se sont infiltrés dans la médecine, ont instauré le monopole sur les métiers et gagné la confiance des grands par leurs conseils pernicieux. À qui, sinon aux ploutocrates juifs, faut-il demander les comptes des malheurs qui ont frappé l'Europe et les reste du monde durant ces derniers siècles ? Dans les ténèbres de leurs synagogues, ils célébraient leurs triomphes ; dans leur joie vengeresse, ils communiaient avec l'hostie préparée, comme cela a été démontré d'une façon irréfutable au XIIe siècle déjà, avec le sang des enfants innocents.
Parmi les conséquences les plus néfastes du progrès bourgeois libéral, il faut compter les droits civiques accordés aux Juifs d'abord en Amérique, ensuite en France lors de la Révolution bourgeoise que les Juifs eux-mêmes avaient inspirée. Ce qui eut pour conséquence l' "enjuivement" radical des nations en question. Progressivement, partout en Europe, les Juifs s'emparèrent des droits civiques, en sorte qu'au début de notre siècle, deux pays seulement conservaient le sain instinct de l'autodéfense : la Russie et la Roumanie, même si par ailleurs, cette dernière n'est pas irréprochable…
Le résultat de tout cela fut une "assimilation apparente " des Juifs. La capacité de se faire passer pour des gens ordinaires figure parmi les traits les plus dangereux du mimétisme judaïque. Cependant, la "substance" du peuple juif n'a pas changé. Ni dissoute ni modifiée, elle a conservé intacte sa force funeste, comme le montre l'exemple de la pseudo-révolution bolchevique dont les chefs principaux étaient, comme on le sait, tous des Juifs.
Aujourd'hui, les nations ont de nouveau une chance d'accomplir leur tâche historique et de secouer le joug juif. Les modalités de cette tâche ont pu être définies avec précision grâce aux découvertes de la génétique. La grande révolution national-socialiste de février a indiqué le chemin à suivre. La conscience révolutionnaire des nations, l'humanité progressiste tout entière ne peuvent plus supporter la domination du capital ploutocratique juif, ni le complot international sioniste. "Prolétaires de tous les pays, réunissez-vous pour la lutte contre la juiverie." Les peuples demandent d'en finir avec l'ennemi juré du genre humain, le sionisme mondial. Les peuples demandent d'en finir avec l'oppression. "Samuel, va-t-en !" disent-ils avec fermeté. "Rebecca, fais tes valises !" »

Chapitre 15.
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Le chef d'entreprise se présenta devant lui en tricot de corps bleu ciel et chaussettes de soie ; sur un signe du médecin qui voulait procéder à un examen général, il souleva le tricot d'un geste pudique et soumis, pour découvrir une poitrine flasque embellie d'un dessin représentant un long poignard à manque recourbé et de l'inscription " Mort aux Juifs ", tatouée, bien entendu, dans la langue maternelle du propriétaire. Le tatouage confirmait l'hypothèse sur les origines démocratiques du chef d'entreprise. Sur l'avant-bras gauche on découvrait un cercueil et un cœur transpercé, surmontés d'une seconde devise : " Es gibt kein Glück im Leben. " (Il n'y a pas de bonheur dans la vie.)
Légèrement embarrassé, le malade murmura quelque chose sur les égarements de la jeunesse…

Chapitre 14.
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L'ambassadeur du Reich présenta un mémorandum au gouvernement. Le document expliquait en substance que, soucieux de préserver la paix en Europe, l'Empire avait estimé nécessaire de protéger le pays en question de l'agression des alliés occidentaux ; si le gouvernement ne partageait pas cette analyse, tant pis pour lui : l'État concerné serait effacé de la carte en l'espace de dix minutes. Il allait de soi que la référence à l'agression des alliés occidentaux aurait pu être remplacée par n'importe quelle autre formule, et même par son contraire : le texte n'avait rien à voir avec le fond de l'affaire, le document lui-même n'étant que le tribut rendu aux usages dont les autorités du Reich se souvenaient de temps en temps et d'une façon parfaitement imprévisible.

Chapitre 2.
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L'absurde possède une capacité à s'intégrer à la réalité, à y acquérir une sorte de légitimité, de la même façon que, dans la cervelle d'un fou, le délire et les fantasmagories cohabitent avec un reste de bon sens suffisant pour lui permettre de vivre parmi les gens sains d'esprit.

Chapitre 13.
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Comme lors des campagnes précédentes, l'invasion se déroula sans surprise pour le commandement, en stricte conformité avec le plan. […] Vers cinq heures du matin, une colonne de motards apparut sur la voie menant au poste frontière. Ils roulaient en première, quatre par quatre, les mains collées au guidon, suivis d'énormes véhicules blindés tonitruants, qui avançaient en creusant des trous dans la chaussée ; derrière eux, une limousine transportait le guerrier en chef, alors que les officiers de l'état-major fermaient la marche, doucement brinquebalés dans leurs voitures. Cela surgissait du brouillard comme engendré par le néant. Le poste frontière : deux poteaux reliés par une barre transversale. À côté de la route se dressait une maisonnette en brique à un étage. Lorsque le premier quatuor, dont les casques gris-vert évoquaient des pots de chambre renversés, eut atteint le passage à niveau, le garde-frontière en costume d'opérette, debout à côté de la manivelle, n'eut aucune réaction : majestueux, une hallebarde à la main, svelte et immobile comme sur une carte postale, il fixait l'horizon d'un regard exalté et limpide. Un sous-officier dut descendre pour actionner lui-même la manivelle. La barrière colorée remonta avec un grincement mais, à mi-chemin, se coinça, et le sous-officier, éructant, jurant, secoua la poignée de la machine rouillée dans tous les sens. Un retard menaçait de compromettre le déroulement impeccable de l'opération minutée avec précision.

Chapitre 1.
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Mais comment savoir si cet ordre, supérieur et nouveau, dans son désir d'hégémonie n'était pas légitime : trop souvent les hommes prennent pour de la violence ce qui n'est qu'une loi.

Chapitre 2.
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Le nouvel ordre apportait une nouvelle philosophie de la vie, une vision et une écoute nouvelles. Le nouvel ordre se déployait comme un tapis. […] Pareille à une flaque d'eau qui attire et absorbe une simple goutte, l'occupation se mit en place presque instantanément, avec la facilité d'une loi naturelle. […] Les habitants, surpris, s'accommodaient du nouvel état des choses comme un malade qui revient à lui après une anesthésie et qui apprend qu'on l'a déjà opéré et qu'il ne lui reste plus qu'à s'habituer à vivre sans ses jambes.

Chapitre 2.
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Tout y était considéré comme secret d’Etat, enveloppé d’un mystère jalousement préservé, de la politique étrangère aux catastrophes naturelles en passant par le taux des divorces. Personne ne savait rien, personne n’avait le droit de savoir ; il convenait de se méfier de chacun, car nul n’échappait à la suspicion - et la population vivait dans la certitude d’être entourée d’une foule d’ennemis, extérieurs et intérieurs.
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Un certain laps de temps sera nécessaire avant que l'idée qu'un ordre puisse n'être que le masque du crime se fraie un chemin dans leurs braves têtes à l'esprit étroit.

Chapitre 2.
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