.C'est un premier roman paru lors de la rentrée littéraire 2013 écrit par un certain Boris Razon. J'avais beaucoup entendu parler de ce roman, ardemment défendu par la critique et figurait parmi les finalistes du Goncourt, mais j'avais peur de lire, de par son sujet, particulièrement anxiogène pour un angoissé et pas loin de l'hypocondrie que je suis...
Et puis finalement, lorsque je l'ai vu paraitre dans la sélection des blogueurs du livre de poche du mois de septembre ( car c'est aussi la rentrée pour les poches), je me suis dit que je pouvais quand même pas passer à côté de ce livre qui nous présente de l'intérieur la brusque descente aux enfers d'un homme qui se retrouve paralysé en quelques semaines, puis six mois qu'il passe sur son lit d'hôpital, en proie à de nombreuses hallucinations.
Le livre commence de manière très fort, avec cent premières pages, haletantes, addictives, qui défilent comme un compte à rebours implacable, où la maladie accapare progressivement le corps de ce journaliste qui ne sait pas comment parer ce corps étranger qui s'immisce en lui de façon de plus en plus terrifiante.
Boris Razon cherche à comprendre comment il a bien pu se retrouver paralysé de la tête aux pieds sur un lit d'hôpital; à la recherche de l'instant fatidique, et j'ai trouvé cette démarche passionnante et effrayante en même temps.
Ensuite, dans un second chapitre, on part dans un univers totalement barré, dans lequel l'auteur nous narre les voyages totalement hallucinés que son esprit a pu faire. Si l'idée de mélanger hallucinations du malade et extraits bruts de son dossier médical est vraiment épatant, mix saississant de froideur clinicienne et de délires inhérents à la maladie et aux médicaments, il faut reconnaitre qu'on a quand même du mal à suivre ces passages tellement hors de toute raison, où l'on croise pirates sanguinaires, prostituées japonaises, chiens maquillés, et bout d'une centaine de passages on perd le fil et on a du mal à s'accrocher à quelque chose de tangible, malgré l'évidence du style littéraire.
Heureusement, la dernière (courte) partie, lorsque l'auteur recouvre peu à peu ses esprits, captive à nouveau, et surtout bouleverse totalement, notamment dans cette scène magnifique où Boris Razon ne se reconnait pas dans le miroir de l'ascenseur et voit son double d'avant la maladie lui dire au revoir...
Une scène absolulement déchirante comme on en lit rarement dans la littérature française. Une lecture dérangeante, inconfortable mais en même temps déchirante et indispensable.
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