AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Brian Catling (48)


Le sommeil est une affaire complexe. Le corps n’en a besoin qu’une heure environ. Mais il en faut plus à l’esprit, si bien que parfois l’âme s’en mêle, et devient avide.
Commenter  J’apprécie          103
Il savait d’instinct que la mémoire et l’imagination se partagent les mêmes quartiers fantômes du cerveau, qu’elles sont comme des empreintes de pas dans la neige, des impressions dans du sable mou. En temps normal, les souvenirs pesaient plus lourd, mais pas ici, où la forêt les balayait en lissant tous les contours, en leur ôtant leur signification vitale. Ici, il emploierait son génie à graver des fondations durables, qui chasseraient le vent des érosions insidieuses soufflant tout autour de lui. A force de rêver l’impossible, il retrouverait le chemin de la vie.
Commenter  J’apprécie          70
A force de rêver l’impossible, il retrouverait le chemin de la vie.
Commenter  J’apprécie          60
Les massacres à pleurer auxquels il avait assisté avaient surtout servi à lui prouver que la rapacité, l'orgueil et l'aveuglement avaient tôt fait de se combiner en une mécanique épouvantable, et que c'était maintenu en cage et régulé par des contrôles sévères que l'homme montrait le meilleur de lui-même. Aucun conflit, aucune des innombrables blessures de Williams, n'avait entamé son enthousiasme à l'égard des armes à feu. Si ces beaux outils bien conçus et bien usinés n'avaient qu'une finalité, ce n'était pas leur faute. Leur unique fonction, celle d'ôter la vie, se serait exercée de toute manière, même si on n'avait disposé que de lourdes pierres et de lances en guise d'instruments de mort. De fait, Williams avait été témoin d'une guerre de tranchées se transformant en corps à corps glissants où même la baïonnette avait une portée trop longue. Lors de ces épisodes de rage aveugle, la chair éclatait sous l'acier aiguisé à la main et sous les gourdins improvisés. Alors, tant qu'à devoir massacrer son prochain, autant le faire en professionnel talentueux, avec un outil de précision. C'est cet onguent-là qui lui avait permis de continuer.
Commenter  J’apprécie          60
Première œuvre de fantasy marquante du XXIe siècle et se classant parmi les meilleures jamais écrites, Vorrh nous présente un organisme immatériel tentaculaire qui imprégnera le lecteur de ses graines et ses spores, débouchant sur un repeuplement important de nos imaginaires.
Nos écrits, entre comédies de mœurs enchâssées dans des méandres ayant perdu tout sens et soliloques autohéroisants pataugeant dans des fondrières pseudo médiévales, sont de plus en plus dépassés par notre expérience et trop étroits pour décrire, contenir ou même nommer la situation actuelle. Au sein des tunnels de croissance de la Vorrh, de nouveaux itinéraires s’affirment, et de nouveaux programmes sont implicites dans son maquis menaçant. Alors que le réseau urbain de nos idéologies et de notre réflexion tombe inéluctablement en ruine, l’œuvre stupéfiante de Catling offre dans ses possibilités tropicales des alternatives viables doublées d’une évasion porteuse de sens.
Elle nous souhaite la bienvenue dans sa forêt vierge.
[Introduction par Alan Moore]
Commenter  J’apprécie          60
Voici où rampe l'home-bête au corps naguère vertueux, mais désormais retourné, cru et dénué de peau. Des lianes et des tendons lui croissent vers le dedans. Des plumes primitives roides panachent dans ses poumons. Ses entrailles ne sont qu'épines et rouille nouées autour de barbelés. Peur et culpabilité lui ont rongé le bout des doigts, laissant voir des griffes acérées qui se crochent en serres depuis qu'il a creusé son nid dans une piètre tombe.
Commenter  J’apprécie          50
J’ai l’impression que chaque pas me fait grimper hors du passé, me soulève de la gravité de l’attente. À compter d’aujourd’hui, les souvenirs ne couleront plus que vers l’avant. Ils guetteront mon arrivée comme dans les songes, où ils fournissent continuité et élan. De la même manière, les flèches sont parties plus tôt pour sentir le vide, goûter sa couleur et nommer son hasard. Este en a écrit ma compréhension haut sur le sentier perpétuel. Ce qui m’attend dans mes rêves pour reprendre la route me sera expliqué entre le vol de chaque trait. Dans leur intervalle, mon parcours à pied dévoilera la connaissance, tandis que mes pieds effaceront le chemin de toutes les arrivées.
Commenter  J’apprécie          40
Prends la femme que je t'ai envoyée, partez vers l'est et les terres maritimes, où les arbres ne sont rien. Va vers les grands océans. L'eau est la mémoire du monde et toutes les forêts ne sont que son ambition aveugle. [...]
Pars avec courage, ruse et passion et survis pour redevenir unique.
Commenter  J’apprécie          40
Eadweard [Muybridge] avait admis, bien des années plus tôt, l'évidence criante que lui révélaient ses archives de mouvements : jusque-là, il s'était complètement fourvoyé. La mise à distance calculée qui avait empli son existence était un mensonge. L'observation n'était pas la fonction première de la photographie, mais un effet secondaire de son véritable but. La collecte constante d'images de la vie ne fournissait qu'un matériau élémentaire. La partie suivante pour donner sa saveur, recelait une signification plus profonde : l'appareil photo n'était pas récepteur de lumière, mais de temps, et le temps qu'Eadweard chérissait avant tout résidait dans l'anticipation de la mort.
Commenter  J’apprécie          40
Trois jours plus tard, il s'éveillait, frais et décrassé, flottant dans la blancheur figée de draps qui sentaient bon. L'odeur de leur brillance amidonnée peignait l'intérieur de son crâne d'un glacis de lait parfait.
Commenter  J’apprécie          30
« Les humains marchent toujours en rond », avait expliqué Seth, en ajoutant qu’ils n’étaient jamais d’équerre ; quelque chose les déséquilibrait fondamentalement, et ce depuis la naissance. Poser un pied devant l’autre en regardant droit devant ne suffisait pas à guérir de ce mauvais penchant.
Commenter  J’apprécie          30
Il y a un changement de direction forcé chez les personnes âgées. Comme quand le courant s'inverse dans la Tamise avec la marée. Plus elles vieillissent, moins leurs souvenirs leur ouvrent d'avenir, moins elles comprennent le présent et plus le passé les happe. Les souvenirs deviennent alors plus vifs, plus vivants qu'autre chose. Si c'est parfaitement équilibré, elles parviennent en même temps à leur naissance et leur mort.
Commenter  J’apprécie          20
Tenant à dissiper sa fureur pour avoir les idées plus nettes, il parcourt les alentours à grandes enjambées, incapable de chasser ce qui l’obsédait: la conclusion aterrante de ce qui aurait dû être une opération sans bavure. Qu'avait bien pu trafiquer ces deux imbéciles pour gâcher une solution aussi parfaite ? Voilà qu'il fallait mettre au point un nouvel artifice pour empêcher ce pauvre anglais de se faire massacrer dans la Vorrh puisqu'il comptait la traverser une seconde fois . Personne n'avait jamais accompli un tel exploit : l’immense forêt s'abritait en aspirant, et en effaçant l’âme de toute homme - à part celui-là , semblait-il, puisqu'il la franchissait en tout impunité, au point même d’y trouver un bénéfice. Sidrus ignorait comment et pourquoi cette capacité inédite s’était manifestée. L’enfant-sorcière des Vrais Humains devait avoir concocté une recette magique blasphématoire pour son protégé . En tout cas ce qui était sûr, c’est que si Williams parvenait à retraverser, il aurait la chance unique de comprendre l'équilibre interne de la forêt , son avenir et peut-être son passé . Alors qu'aucun être depuis Adam n'avait réussi à modifier la finalité et le destin de la Vorrh, il se retrouvait traqué par un mercenaire barbares que ces idiots avais laissé échapper.
Commenter  J’apprécie          20
Sidrus lui jeta un regard cinglant, comme pour le faire taire à jamais : de l'alun pour la langue. Cet instant d'astringence s'éternisa.
Commenter  J’apprécie          20
On lui avait escroqué amour et argent. Il ne commettrait jamais plus cette erreur. Il attribua sa faiblesse à sa santé fragile et aux conviction puériles que les mères inculquent à tous les hommes : Celle que trouver une épouse convenable et créer un foyer sont les fins inexorables et inexpugnables de la maturité. Lui-même ne s'était jamais vraiment senti attiré par cette ambition, juste par son effet secondaire : la respectabilité.
Commenter  J’apprécie          20
Il y avait deux pouls parallèles chez l'homme, Sidrus en avait bien conscience. Celui de l'âme résidait dans celui du corps et aucun ne pouvait survivre sans l'autre. Ce qui lui était inacceptable, c'était l'hypothèse que l'homme ne soit pas seul en cela. Que la forêt possède une intelligence invisible basée sur un échange de nutriments plutôt que sur la pensée. Cela dépassait son entendement, même si, en cet instant, cette idée habitait son cerveau. La Vorrh, influence modificatrice, était assez puissante pour changer la météo et déformer le climat de façon spectaculaire. Son énergie collective exerçait son emprise à des centaines de kilomètres à la ronde. Comment imaginer la force qui devait résider en son centre ? Invisible, omniprésente. Des atmosphères minuscules, des digues mouvantes, par touches si subtiles qu'aucun instrument ne parvenait jamais à mesurer. Des millions de réalignements sans qu'une seule paroi cellulaire ne soit percée. La Vorrh piégeait aussi l'électricité, bousculait les bases et les acides. Elle renversait les équilibres chimiques avec des vibrations de l'eau qui étaient moins que des ombres.
Commenter  J’apprécie          10
Pour qu’une cité coloniale existe et prospère à des milliers de kilomètres de sa mère patrie et sur un continent complètement autre, elle doit réunir deux critères essentiels : le sens inébranlable de son bon droit, manifesté par la constante démonstration d’un sentiment de supériorité aveugle, et un approvisionnement illimité en une matière première de grande valeur. Essenwald possédait les deux.
Commenter  J’apprécie          10
(...) il existait toujours un vide, un creux qui ne se remplirait jamais, chez ceux qui disposent de tout en abondance.
Commenter  J’apprécie          10
Elle savourait sa solitude inattendue, le silence de cette maison libérée pour la première fois des postures et des hâbleries masculines, de ces bruits incessants que font les hommes pour se convaincre et convaincre les autres de la nécessité de leur présence ou du fait qu'ils s'activent.
Commenter  J’apprécie          10
Son feuillage chamarré, tout comme les grands arbres qui respiraient son air riche, étaient une manne pour les hommes, mais pouvaient aussi dévorer un millier de leurs petites vies en une micro-seconde de sa chronologie insondable et ininterrompue. Si vaste était son étendue qu'elle imposait ses exigences au temps, divisant le soleil torride en plusieurs zones étrangères à toute calibration normale: le voyageur qui l'aurait traversée à pied sur toute sa largeur aurait dû faire halte au centre, puis attendre au moins une semaine pour que son âme se mette au diapason. Et si dense était son souffle qu'il influençait le climat alentour.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Brian Catling (171)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Harry Potter (difficile:1-7)

De quoi la famille Dursley a-t'elle le plus peur?

des voisins curieux
des hiboux
de Harry
de tout ce qui peut les faire paraître étranges

20 questions
8132 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}