Il savait d’instinct que la mémoire et l’imagination se partagent les mêmes quartiers fantômes du cerveau, qu’elles sont comme des empreintes de pas dans la neige, des impressions dans du sable mou. En temps normal, les souvenirs pesaient plus lourd, mais pas ici, où la forêt les balayait en lissant tous les contours, en leur ôtant leur signification vitale. Ici, il emploierait son génie à graver des fondations durables, qui chasseraient le vent des érosions insidieuses soufflant tout autour de lui. A force de rêver l’impossible, il retrouverait le chemin de la vie.